SÉANCE DU 25 THERMIDOR AN II (12 AOÛT 1794) - N° 1 519 nemi, si les esclaves ne fuyent pas devant les hommes libres. Ce brave homme, assez heureux pour pouvoir donner ses bras à la patrie, n’auroit pas voulu partir sans avoir contemplé de ses yeux le sénat français. Cet image imposant de la majesté du peuple l’auroit suivi jusque dans les combats, mais l’ordre de route étoit donné, il a fallut partir. Vive la République ! Baudin t' [La sté popul. de la comm. du Puy{ 1) , à la Conv.; Le Puy, 16 therm. II] (2) Citoyens représentans, Grâces en soient rendues à la divinité tutélaire et toute-puissante des peuples libres ! Grâces soient rendues à ces vertueux amis du peuple, dont l’austère autant qu’utile surveillance déjoue tous les complots liberticides en pénétrant l’affreux séjour où le crime les prépare ! Grâces aussi vous soient rendues, à vous, deffenseurs intrépides de la République, qui, sans cesse occupés d’en fixer les destinées sur les débris de toutes les factions, lui garantissez des triomphes, en foudroyant les conspirateurs qui voudroient la perdre, au même instant qu’ils vous sont dévoilés ! Citoyens représentans, la société populaire vous fait cette adresse pour féliciter la Convention, pour se réjouir avec elle de la chute éclattante des têtes coupables des nouveaux et infâmes Cronwell, dont la criminelle ambition, masquée par des dehors trompeurs d’amour de la patrie et de la liberté, n’égaroit le peuple, ne cherchoit à surprendre sa confiance que pour lui ravir et patrie et liberté. Les crimes contre-révolutionnaires des Robespierre, Couthon, Saint-Just et autres scélérats leurs complices, sont donc encore une nouvelle preuve que l’expérience est sans leçon pour les âmes viles des égoïstes ambitieux, pour qui l’intérêt personnel est tout, et l’intérêt général n’est rien. Mais, à côté de cette triste vérité, si nous plaçons l’indignation que nous fait éprouver le spectacle déchirant des passions étrangères à l’amour sacré de la patrie et de l’égalité, du moins est-il bien consolant, pour nous, d’être assurés que, forte de l’énergie révolutionnaire d’un peuple puissant, la République française, bravant tous les orages, triomphera de tous les efforts que fait le crime pour la renverser et la royaliser. Pitt, infâme Pitt, et vous tous, complices de ses forfaits, traîtres et rois, en remarquant quel fut, jusqu’à ce jour, l’inutile effort de votre or corrupteur, renoncez, renoncez désormais au fol espoir d’enchaîner la victoire au char de la tyrannie, à l’aide de moyens aussi lâches que (1) Haute-Loire. (2) C 316, pl. 1266, p. 31; D’après J. Sablier, (n° 1496), la sté popul. du Puy aurait envoyé une députation à la Convention. Mentionné par Bin, 1er fruct. (1er suppl1); J. Fr., n° 687. vos âmes sont atroces : vaincus et foudroyés à Paris, avec la même impétuosité que le furent à Toulon, Dunkerque, Ostende et le[s] plaines de Fleurus, les instruments aveugles de vos aristocrates fureurs. Songez que, si votre or trouve encore un accès facile dans les perfides cœurs de quelques traîtres à leur patrie et [à] la vertu, songez, disons-nous, que vos efforts, en redoublant l’énergie d’un peuple qui veut être libre, son infatiguable surveillance, prépare à tous vos soudoyés dans l’intérieur des défaites aussi éclattantes que le sont les victoires que remportent les bayonnettes républicaines sur les esclaves qu’a vomis le despotisme sur tous les points de nos frontières. Et vous, représentants du peuple, continuez à ébranler les fondements des thrônes qui écrasent la terre et les peuples, et précipités enfin leur chute. Et qu’attendrions-nous pour aller frapper à mort l’âme de la coalition royaliste qui nous combat, pour aller porter le fer et la flamme jusques dans le cabinet britanique, cet attelier de tous les crimes ? Représentans, nous abandonnons à votre sagesse le résultat de nos vœux. Nous ne terminerons pas sans que nos frères composant la comune et la garde nationale de Paris trouve ici l’expression des sentiments d’estime et d’amitié qui nous unissent à eux depuis longtems; mais sentiments qui viennent d’acquérir une activité nouvelle, depuis que nous avons appris qu’après s’être garantis des pièges que voulut tendre la perfidie à leur patriotisme, ils ont tout à coup conjuré l’orage effrayant dont fut menacée la représentation nationalle dans la nuit du 9 au 10, nuit qui mérite d’être considérée comme la rivale de celle du 14 juillet 1789. Quand à nous, représentans, si les distances nous enlèvent le mérite de seconder, lors des époques révolutionnaires, les efforts patriotiques de nos frères de Paris, du moins aurons-nous constamment celui d’avoir pour point unique de railliement ( sic ) le sein de la Convention, quels que soient les événements que traîne après soi la guerre à mort que la vertu du peuple françois fait aux crimes de l’étranger. Croyez également qu’amis inaltérables de l’égalité et de la liberté, nous ne cesserons de surveiller les intriguants et les traîtres, et de faire des efforts pour grossir le nombre des amis de la patrie, en répandant l’instruction et en propageant les principes révolutionnaires qui doivent enfin procurer aux peuples le bonheur avec la liberté. [Suivent 52 noms de signataires, sans indication de fonctions]. u' [La sté popul. de la comm. de Verrières ( 1), à la Conv.; s.d. ] (2) Pétition de félicitation présentée à la Convention nationale. (1) District de Versailles, Seine-et-Oise. (2) C 316, pl. 1266, p. 34. Mentionné par B m, 1er fruct. (1er suppl1).