702 [Assemblée nationale.] ont juré de la défendre et de mourir pour elle. Qu’il est doux pour t ous d’èire auprès de vous, Messieurs, les interprètes de pareils sentiments, et de vous exprimer combien nous avons admiré la haute sagesse qui a dirigé, dans une circonstance aussi difficile, que C'dle du départ du roi et de la famille royale, les sages opérations de cette Assemblée. « Signé : Les membres composant le conseil général de la commune de Romans. » (L’Àssemb!ée décrète qu’il sera fait mention honorable de cette adresse au procès-verbal.) M. Pierre Dedelay ( ci-devant Delley d’A-gier). Je suis chargé d’une pareille adresse des citoyens actifs du canton de Charpey, district de Valence , département de la Drôme, réunis eu assemblée primaire, qui expriment leur reconnaissance à l’Assemblée dont les travaux doivent assurer leur bonheur. Voici ce que cette adresse contient de précieux : C’est que ce canton, composé de villages et offrant plus de 800 citoyens actifs, n’a parmi ses p oprn taires nombreux pas un seul qui soit dans la classe de ceux qu’on appelait autrefois les Messieurs; ce sont tous de pauvres propriétaires. En co nséquence, leur adresse n’est point dans un style ordinaire, c’est dans on style très naïf, et ils ont trouvé le moyen d'analyser la Constitution de manière à en'faire l’éloge le plus précieux; car ils nous présentent les idées les plus saines sur lu manière dont ils l’ont comprise; ils jurent tous de la défendre; iis vous disent qu’ils ont reçu avec plaisir le décret qui suspend la nomination des députés à la nouvelle I gislature; et c’est ce qui a donné lieu à cette adresse : « Vous avez détruit des abus, y est-il dif, et vous n’avez détruit qu’eux. On vous du que vous avez des ennemis; sont-ce les nobles? Mais leurs parchemins, leurs armoiries, leurs titres renfermeraient-ils rien d’aussi vrai, d’aussi beau que les droits de l’homme que vous avez déclarés ? Une même terre nous supporte et nous nourrit. Le même soleil nous éclaire; la même fin nous attend. Pourquoi i’orgueil les fait-il errer dans des pays étrangers pour vous calomnier et y prodiguer le fruit de nos sueurs? « Et quel peuple ignore le courage des Français? Sont-ce les juges anciens ? Mais leur souvenir noos révolte. Ils s’emparaient de la substance des peuples ; la justice de paix nous suffira bientôt; vodà un grand bienfait pour nous. Serait-ce le clergé? Vous n’avez fait que renverser sa cupidité et son orgueil qu’avait alimenté la pieuse crédulité de nos pères. Depuis tant de siècles, son héritage temporel devient la richesse d’un pi uple obéré, mais religieux et reconnaissant. Nous n’en respecterons pas moins la religion, qui est la charité descendue du ciel, sortie du sein de la divinité pour instruire et consoler les hommes. Pères de la patrie, terminez vos sublimes travaux; quand vous les aurez terminés, venez recueillir au milieu de nous les bénédictions des habitants des campagnes. » Les citoyens de Romans ne pouvaient être indifférents aux attaques que les ennemis de la Constitution lui préparaimit. Ils annoncent qu’ils sont décidés à vivre pour le maintien des lois constitutionnelles. ( Applaudissements .) (L’Assemblée décrète qu’il sera fait mention honorable de cette adresse dans le procès-verbal.) [4 juillet 1791 j M. le Président fait donner lecture d’une lettre du conseil général de la commune de Strasbourg. Cette lettre est ainsi conçue : « Messieurs, « Àveriis jeudi 23 juin par une lettre des amis de la Con-titmion de Metz, de l’évasion du roi, nous n’avions pas désespéré du salut de la patrie par notre conliance dans votre sagesse et votre courage. Réunis aux administrateurs des corps administratifs, nous avons, en présence du peuple, juré de vivre libres ou mourir, et de rester fidèles jusqu’au dernier soupir à l’immortel ouvrage dont vous êtes les fondateurs. « Les citoyens des 12 sections de cetle commune, convoqués en as-emblées primaires le 2 b juin, ont prêté individuellement ce même serment. Ils ont en outre voulu consigner, dans les procès-verbaux de chaque assemblée, l’expression finèle des sentiments qui les animent tous, en déclarant que les déput es du neuple français et l’Àssembl e nationale s’éiaient honorablement acquittés des pouvoirs à eux délégués; qu’ils avaient pu et dû consacrer l’irréfiagable principe de l’imprescriptinle souveraineté ne la naiion ; ils ont en mê ne temp-s adhéré sans aucune réserve ni restriction à la Constitution française; enfin, ils ont arrêté que le corps électoral serait invité de faire p êter le même serment aux députés élus à la prochaine législature, et ce en présence du peuple. « Nous nous empressons de vous transmettre les vœux de nos concitoyens, et nous partageons leur vive reconnaissance pour l’énergique et l’immortel civisme que vous avez déployé lors du danger imminent qui menaçait la patrie. « Soyez toujours, Messieurs, les génies tutélaires de l’Empire; les Français viennent de prononcer éncrgiquemeritleura (Lésion à vos décrets, ils les feront respecter ou ils mourront. « Que tous les traîtres dont nous sommes environnés tremblent; une innombrable armée de citoyens brûle de signaler son patriotisme contre tous les ennemis delà fratrie. « L’événement qui vient de nous surprendre a donné un nouvel essor au patriotisme de nos concitoyens; ils n’attendent que le moment de voler sur les bords du Rhin, pour combattre et les traîtres qui errent sur la rive opposée et les soldats despotes qui oseraient menacer la liberté. « Un attachement invincible à la Constitution, la confiance la plus entière dans votre sagesse, la fermeté la plus déterminée à faire exécuter tous vos décrets, tels doivent être les sentiments de tous les bons citoyens, tels sont ceux qui nous suivront jusqu’à la mort. « Signé : Les membres du conseil général de la commune de Strasbourg. » (L’Assemblée ordonne qu’il sera fait mention honorable de cette lettre dans le procès-verbal). L’ordre du jour est la discussion du projet de décret du comité central de liquidation relatif à la comptabilité et tendant à parvenir à l'audition de tous les comptes à rendre jusqu' au 1er janvier 1791 exclusivement (1). M. Camus, au nom du comité central de liqui - pation, présente, en l’absence de M. Briois-Beau-(1) Voy. ce projet de décret ci-après, aux Annexes de la séance, page 712. ARCHIVES PARLEMENTAIRES.