SÉANCE DU 29 THERMIDOR AN II (16 AOÛT 1794) - N08 67-70 155 [La sté des amis de l’égalité et de la liberté, séante à Provins, à la Conv.; Provins, 24 mess. Il] (1) Citoyens représentants, La constance et la fermeté que vous avez déployées au milieu des travaux, des dangers et des revers, nous présageoient depuis longtemps la victoire. L’attitude majestueuse que vous conservez dans les triomphes fait pressentir aux tyrans que la fortune peut encore changer mais que leur rage sera toujours impuissante. Nous venons aussi, législateurs, de célébrer en hommes libres les défaites, la fuite, la honte et le désespoir de nos féroces ennemis. Les actions héroïques, les noms glorieux de nos braves guerriers ont retenti dans nos chants d’allégresse, mais au milieu de nos transports les regards et les pensées, citoyens représentants, se tournoient vers vous. C’est là, disions-nous, qu’est la source de tous nos succès : ils sont le fruit de cette vigueur, de cette énergie révolutionnaire qui comprime l’ambition, donne un nouvel élan à l’amour de la patrie et brise toutes les factions dès qu’elles ont l’audace de paroître. Nos avantages sont le résultat de ces décrets, aussi sages que justes, qui assurent une douce récompense, la brillante immortalité aux véritables défenseurs de la patrie et une punition prompte et terrible à tous les lâches et à tous les traîtres. Oui les accents de la victoire se font entendre rapidement des armées du Nord à celles du Midi, mais c’est dans votre sein, législateurs, qu’elle prend son essort; c’est au milieu de vous qu’elle s’élance et fait successivement le tour des frontières. Nos ennemis ont bien senti que la Convention nationale étoit pour eux le fort le plus redoutable et, le poignard à la main, ils lui ont déclaré sourdement une guerre de crimes et assassinats. Mais vous avez lancé sur eux la terreur et la mort. Vous avez dit : que l’infâme Anglois périsse ! Toute la France a applaudit et ces monstres ne souillent plus nos regards. Suivez, législateurs, vos glorieuses destinées. Ecrasez de la foudre révolutionnaire toute faction qui oseroit retarder un seul instant votre course sublime : tel est le voeu bien prononcé de toutes les sociétés populaires. Lorsqu’elles vous présentoient des cavaliers sortis pour ainsi dire de leur enceinte, tous armés, tous équipés afin de voler plus promptement à l’ennemi et d’anéantir plutôt les tyrans, elles manifestoient déjà leur zèle contre tout ce qui pouvoit entraver le gouvernement révolutionnaire dont le seul but est le triomphe rapide de la liberté. Législateurs, restez à vos postes : le salut du peuple vous l’ordonne. O douce récompense de votre dévouement à la chose publique, tous les cœurs sont pour vous, toutes les bouches célèbrent vos travaux. Toutes s’écrient : point de pitié envers les conspirateurs, point de quartier aux féroces Anglois, point de repos que nos lâches ennemis ne soient hors d’état de nous nuire ! Enfin que le gouvernement révolution-(1) C 316, pl. 1267, p. 48. Bm , 3 fruct. (suppl ')• naire ne cesse qu’au moment où notre liberté et notre bonheur seront posés sur des bases inébranlables. Royer ( secrét .), Atton ( ?) ( présid .). 67 L’agent national près le district d’Yvetot, département de la Seine-Inférieure, annonce que les sans-culottes du district se sont empressés de célébrer la fête du 14 juillet et à solemniser les triomphes de la République; il donne connoissance à la Convention nationale que des biens d’émigrés, estimés 41 600 liv., ont été vendus 104 550 liv. Insertion au bulletin et renvoi au comité des domaines nationaux (1). 68 L’agent national près le district de Montpellier, département de l’Hérault, donne connoissance à la Convention nationale que la fabrication du salpêtre acquiert journellement une plus grande activité. Il cite plusieurs exemples et annonce que 7 283 livres de cette matière ont déjà été expédiées à la fabrique de Perpignan. Insertion au bulletin et renvoi à la commission des poudres et salpêtres (2). 69 L’agent national près le district de Cluses, département du Mont-Blanc, annonce à la Convention nationale que quoique sur l’extrême frontière, et que le canon du roi de Chypre se fasse entendre jusque dans la salle des enchères, les biens nationaux et d’émigrés se vendent avec grand succès; divers lots, estimés 51 024 liv., ont été vendus 181 840 liv. Mention honorable, insertion au bulletin et renvoi au comité des domaines nationaux (3). 70 Le conseil général de la commune de Chély, département de la Lozère, félicite la (1) P.V., XLIII, 262. Bm, Ier fruct. Moniteur (réimpr.), XXI, 539. (2) P.V., XLIII, 262. Bin, 3 fruct. (suppl1). (3) P.V., XLIII, 262. B‘n, Ier fruct. Moniteur (réimpr.), XXI, 539. 156 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Convention sur les fruits de ses immenses travaux et l’invite à continuer l’honorable tâche qu’elle s’est imposée, celle de rendre les homme heureux. Mention honorable, insertion au bulletin (1). [Le maire de la comm. de Saint-Chély, au cn présid. de la Conu.; Saint-Chély, 30 mess. II] (2) Cytoyen président, Le conseil général de cette commune me charge de t’envoyer l’adresse cy-jointe, pour que tu veuilles bien en faire part à la Convention et être auprès d’elle l’interprette des sentiments républiquains dont mes collègues et moy sommes animés. S. et F. ! M. Bez (maire). [Le conseil gaI de la comm. de Saint-Chély, à la Conv.; s. d. ] Représentans, Vous marchés de victoire en victoire. Vous avez rétabli les Français dans leurs droits. Le fanatisme et l’athéisme ont été terrassés par vous, l’intermédiaire entre l’homme et l’Etre suprême est détruit, l’auteur de la nature paroît dans tout son éclat. Vous avez abbatu l’hydre du fédéralisme, aboli le royalisme; les traîtres, les assassins sont découverts et punis, la paix règne dans le cœur des vrais républicains; les seuls coupables tremblent; plus d’espoir pour eux ! Les tyrans coalisés et leurs supôts frémissent de rage; partout ils sont vaincus, bientôt ils n’existeront plus : voilà le fruit de vos travaux. Continués, représentans. Que l’honorable tâche que vous vous êtes imposée, celle de rendre les hommes heureux en faisant planer sur la surface de la terre le génie de la liberté et de l’égalité ne passe pas en d’autres mains. Vous avez commencé l’ouvrage, vous le finirés : c’est le vœu des Français, c’est le nôtre. Vive la Montagne, Vive la République ! M. Bez (maire), Dumas (secrét.-gal). 71 La municipalité de Méréville, district d’Etampes, département de Seine-et-Oise, trace l’énumération des approvisionnemens qu’elle a envoyés à Paris en beurre, œufs et fromages, afin d’encourager ses autres concitoyens et faire connoître ses bonnes intentions; elle promet de se restreindre, tant que Paris aura des besoins, à 100 livres de beurre par marché, qui n’a lieu que tous les 8 jours, pour la subsistance de 1 400 âmes dont elle est composée, et de faire hommage du surplus à ses frères de Paris. (1) P.V., XLIII, 262. (2) C 313, pl. 1252, p. 26, 27. Mentionné par B‘n, 2 fruct. Mention honorable, insertion au bulletin (1). [Les membres composant la municipalité de Méréville, à la Conv.; Méréville, Ier therm. II] (2) Citoyens représentans, La commune de Méréville, district d’Etampes, département de Seine-et-Oise, ayant connoissance que celle de Paris n’est pas encore approvisionnée en commestibles et denrées selon les besoins journaliers, et que beaucoup de citoyens de Paris sont privés et souffre de deffaut d’aprovisionnement de ce genre, jalouse d’ailleurs de prouver sa sollicitude pour ses frères de Paris, à qui nous avons envoyé depuis le 24 ventôse dernier 938 320 œufs, 10 353 fromages et 104 655 livres de bœure, ainsi qu’il est facile de s’en assurer en s’adressent au comité des subsistances de la commune de Paris, à qui nous faisons passer, chaque marché, le tableau de ce que la voiture de chaque marchand est chargée, afin de s’assurer davantage si tout va en direction à Paris, a arrêté qu’elle feroit cette énumération, tant pour encourager ces concitoyens à aprovisionner Paris, que pour vous faire connoistre nos bonnes intentions : notre sollicitude, disons nous, citoyens représentans, semblait nous assurer du succès du parfait approvisionnement de la commune de Paris, lors que nous croyons que, comme nous, chaque municipalité du lieu de chaque marché nommoit de temps à autre un de ses membres pour accompagner et le convoi et les marchands qui mennent à Paris, pour prévenir les déchargements en route. Seroit-il donc possible, citoyens représentans, qu’il existât encore des malveillans ? Et est-ce que le moment ne seroit pas encore arrivé où notre terre seinte ne doit plus porter ni nourrir de célérats, d’égoïstes et d’acapareurs pour ne faire qu’une seule famille de frères ? Nous le croirions volontiers, citoyens représentans, si vos yeux clairvoyans n’étoient pas là où il y en a, pour arrester les effets de leurs criminelles et perfides intentions et spéculations. Quoiqu’il en soit, puisque vous manquez de commestibles, citoyens représentans, ainsi que nos frères de Paris, nous sommes descidés à continuer à nous restreindre à 100 livres de bœure par marché, qui n’a lieu ici que tous les 8 jours, pour la subsistance de 1 400 âmes, dont est composée notre commune, et à vous faire hommage du surplus; daignez, citoyens représentans, agréer notre hommage avec bonté et nous compter au nombre des vrais républicains qui sont prest de verser, pour chacun de vous, pour la République une et indivisible, la liberté et l’égalité, jusqu’à la dernière goutte de notre sang. Vive la République, vive la Convention, vive les sans-culottes ! S. et F. ! Jivoy (maire), Piault (agent nat.), Corpechot (secrêt. -greffier) et 4 signatures d’officiers municipaux. (1) P.V., XLIII, 263. (2) C 313, pl. 1252, p. 28. Bln, 3 fruct. (suppl1).