[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES j f} 315 Suit la lettre du tribunal régénéré du district de Verdun (1). « Verdun, le 17 frimaire, l’an II de la Répu¬ blique française, une et indivisible. Convention nationale. « Le tribunal régénéré du district de Verdun s’empresse, en commençant l’exercice de ses fonctions, de t’inviter, au nom de la patrie, de rester à ton poste jusqu’à ce que tu aies déclaré qu’elle n’est plus en danger. « Il t’annonce qu’il a remplacé par le bonnet de la liberté, le chapeau qui ne pouvait que rappeler au peuple le souvenir des rois qu’il déteste et il espère que ces motifs lui mérite¬ ront ton approbation. « Il t’annonce enfin que s’il n’accompagne pas cette déclaration d’une offrande à la patrie, c’est qu’il l’a déjà versée d’avance dans la masse que recueille en ce moment la Société populaire régénérée. « J. Georgia, président; J. Pons; Lamarre; Erard, greffier; Gody; Bourguin; Ma-din, commissaire national. » Les commis du district de Rocroy font part d’une fête célébrée en cette commune le 10 fri¬ maire, en l’honneur de la Raison, Ils invitent la Convention nationale à rester à son poste jusqu’à l’entière destruction des malveillants. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (2). Suit la lettre des commis du district de Ro¬ croy (3). « Rocroy, le 11 frimaire, 2e année républi¬ caine. « Citoyen Président, « La fête de la Raison fut célébrée hier à Rocroy, 10 frimaire. La Société populaire de cette commune l’avait fixée à ce jour et de con¬ cert avec toutes les autorités constituées. Un vieillard respectable fut choisi pour président et, sur l’autel de la patrie, se sont jointes à ses côtés huit jeunes citoyennes des plus vertueuses. Ce fut là qu’aux cris touchants de Vive la Ré¬ publique, la Convention nationale, périssent les traîtres, que les citoyens réunis ont manifesté leur républicanisme et le désir de confondre les faux préjugés du charlatanisme. L’hymne des Marseillais et d’autres chers à la Révolution, y furent chantés avec enthou¬ siasme; pendant les salves d’artillerie un bûcher ardent a servi à réduire en cendres tous les titres de féodalité, le reste de la superstition et tout ce qui avait rapport au souvenir de la servitude et de l’esclavage. « Le président de la commune, avant de jeter ces hochets honteux dans les flammes, les foula à ses pieds en disant avec le ton d’un (1) Archives nationales, carton C 284, dossier 824. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 113. (3) Archives nationales, carton C 286, dossier 840. homme libre : « Disparais, tu mérites la ven¬ geance des sans-culottes! » « Le serment de ne jamais se désunir fut réitéré, nous jurâmes tous d’une voix unanime attachement inviolable aux lois, et de toujours avoir en exécration la caste des nobles, seule cause de nos maux. « Reçois ici notre reconnaissance sur les tra¬ vaux salutaires de la Montagne; restez tous à votre poste jusqu’à l’entière destruction des malveillants, cherchez à découvrir les coupables de tous les genres de ruses et de fraudes, et que la foudre écrase de son poids les traîtres et la vermine qui entravent les mesures yévolution-naires. « Salut et fraternité. « Les commissaires du district de Rocroy, « Cazuel; Potier; Letielois. « Bénit à toujours le jour qui a vu dispa¬ raître aux yeux des républicains, la louve autri¬ chienne ! » Les juges du tribunal criminel de l’Orne ins¬ truisent la Convention nationale de plusieurs jugements qu’ils ont rendus révolutionnaire-ment; ils voient avec plaisir se renouveler la motion de supprimer le lugubre et gothique cos¬ tume des juges : c’est aussi leur vœu. Renvoi au comité de législation (1). Suit la lettre des juges du tribunal criminel de VOrne (2). Les juges du tribunal criminel du département de VOrne, au citoyen Président de la Conven¬ tion nationale. « Alençon, le 16 frimaire, l’an II de la Ré¬ publique française, une et indivisible. « Nous t’informons, citoyen, qu’à défaut d’autorités constituées dans les villes de Laval et de Mayenne, département de la Mayenne, à défaut d’un jury militaire en cette ville, nous avons jugé révolutionnairement cinquante -huit individus pris parmi les rebelles de la Vendée, du nombre desquels quarante -quatre ont été condamnés à mort et sur-le-champ exécutés; d’autres condamnés à la détention à cause de leur âge, etc. « Nous voyons avec plaisir, citoyen, se renou¬ veler la motion de supprimer le lugubre et gothique costume des juges. « Le chapeau rappelle l’idée du plus grand de nos rois, Henri IV, mais le plus grand de nos rois fut un tyran; il faut détruire tout ce qui peut en perpétuer la mémoire. « Le manteau rappelle le souvenir des ci-devant conseillers d’Etat, dont le despotisme judiciaire et la basse servitude doivent être en horreur à des républicains. « Nous t’adressons notre vœu, citoyen Prési¬ dent, pour la suppression de ce costume, et nous te conjurons de le faire connaître à la Convention . (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 1X7, p. 113. (2) Archives nationales, carton Dm 194, 1er dos¬ sier