518 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE niveau de la révolution, le fanatisme qui depuis tant de siècles promenait ses cultes lugubres sur notre horison n’existe plus. Les prêtres vomis du chaos des abîmes pour tourmenter les humains viennent de disparaître. Nous sommes saisis de leurs lettres ou ils sont incarcérés; les signes du fanatisme et de la superstition ont disparu comme l’ombre; nous ne connaissons d’autre dieu que la loi à qui nous rendons nos hommages; tous les decadis nous confions nos semailles à nos guérets, ce jour jadis consacré au culte de l’ignorance et du mensonge. Courage, braves montagnards, achevez votre glorieuse carrière, que la tête des conspirateurs tombe sans pitié, que les orages ne vous effrayent point, la République est impérissable, nous avons juré de la défendre ou de périr. S. et F. » Chauvierre (juge de paix). m [Le C. révol. de Quimper-Odet, à la Conv.; s.d.] (1). «Représentants du peuple français, Vous venez de fixer les destins du premier peuple de l’univers. La République qui ne pouvait être vaincue, ne peut plus même être trahie. Deviner, dévoiler, foudroyer la conjuration qu’on crut le plus profondément combinée, le plus habilement ourdie, n’est pour vous que l’affaire d’un jour, d’une heure, d’un moment, et nous n’apprenons qu’il fut des conspirateurs que pour apprendre qu’ils ne sont plus. De tous les prodiges de notre incompréhensible révolution, celui certes dont s’étonneront davantage nos neveux, c’est le coup d’œil rapide et sûr qui paraît sonder les cœurs et lire dans les pensées, cette activité si rare que ne purent endormir ni les conseils d’une fausse modération, ni l’ivresse attachée à des succès persévérants, cette providence qui se trouve toujours en mesure et contre les armées les plus aguerries et contre les manœuvres les plus perfides. Hommes immortels, vous avez rempli de grands devoirs. Vous les avez surpassé peut-être. Vous en avez à remplir de plus grands. Lyon affranchie, Toulon subjugué, Marseille contenue, le Finistère éclairé, suffisaient à votre gloire; mais croyez que vous n’avez rien fait pour la patrie tant qu’il vous reste quelque chose à faire. Placés par elle au poste de l’honneur et du péril, c’est elle, c’est la France entière qui vous commande d’y rester fermes, tant que le péril n’aura cessé. Pilotes éprouvés, pilotes heureux, ne quittez le vaisseau de l’Etat que lorsque vous aurez pu le déposer dans le port, à l’abri des vents et des tempêtes. » Bécam, Moro, Eulriet, Roze, Cariou, Roch, Morvan, Lhotte, Montagne, Lemagne, Bouti-bonne. (1) C 302, pl. 1095, p. 22; Bln, 13 flor. n [Le district de Ri eux, à la Conv.; 3 flor. II] (1). « Citoyens représentants, Vous avez encore une fois sauvé la République : recevez le juste tribut de reconnaissance que nous devons à votre vigilance, à vos travaux, à vos grandes mesures. A la nouvelle de cette horrible conspiration qui devait en un même jour, au même instant, anéantir la liberté, la République et ses représentants, un sentiment profond d’horreur et d’indignation avait soulevé nos âmes; mais votre courage, en dissipant nos craintes, nous a rassuré sur les suites funestes de cet infâme et vaste complot. Déjà, par vos soins actifs et vigilants, tous les coupables, chefs de la conspiration, découverts, arrêtés, frappés du glaive de la loi, ont expié leurs crimes. Puisse cet exemple terrible et juste tout à la fois, répandre la terreur parmi tous les scélérats hypocrites qui, sous le masque du plus chaud patriotisme, cachent leurs principes liberticides, pour tromper et séduire le peuple, l’égarer, le replonger dans les fers du despotisme, sans qu’il s’en doute, et lui préparer ainsi un esclavage mille fois plus honteux, plus cruel que celui dont il vient de briser les chaînes. Citoyens représentants, vous avez mis la justice et la probité à l’ordre du jour dans la République. Eh bien, montrez-vous plus fermes, plus vigoureux que jamais. Que les obstacles dont on embarasse votre route, pour vous décourager, que les calomnies dont on vous poursuit, pour vous avilir; que les trahisons multipliées et sans cesse renaissantes dont on vous entoure, pour vous surprendre; que les divisions qu’on cherche à semer parmi vous, pour vous perdre, ne servent qu’à développer votre énergie, à agrandir votre âme, à l’élever à la hauteur de toutes les vertus républicaines. Plus vous aurez de difficultés à vaincre, plus vous vous couvrirez de gloire. Pénétrés de l’importance du poste éminent où la confiance du peuple vous a placés, considérez-vous comme les sauveurs de la patrie, et soyez inébranlables comme ces antiques rochers contre lesquels viennent se briser les flots impétueux, mais impuissants d’une mer orageuse. Point d’indulgence, point de faiblesse, point de pitié pour les ennemis de la liberté, de l’égalité, de la République; ils nous immoleraient, s’ils étaient les plus forts. Sévissez donc contre la corruption et les corrupteurs, vigoureusement et sans relâche, purgez le sol national de tous les traîtres, de tous les monstres farouches avides de sang ou accapareurs des subsistances; exterminez tous les conspirateurs, quelque masque qu’ils prennent, sous quelque forme qu’ils se déguisent; opposez enfin à toutes les trames contre-révolutionnaires, l’austérité républicaine dans toute son énergie, et restez fièrement à votre poste jusqu’au moment où vous (1) C 302, pl. 1095, p. 18. Reproduit dans Bin, 13 flor.; Débats, n° 591, p. 171. Dép. de la Haute-Garonne. 518 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE niveau de la révolution, le fanatisme qui depuis tant de siècles promenait ses cultes lugubres sur notre horison n’existe plus. Les prêtres vomis du chaos des abîmes pour tourmenter les humains viennent de disparaître. Nous sommes saisis de leurs lettres ou ils sont incarcérés; les signes du fanatisme et de la superstition ont disparu comme l’ombre; nous ne connaissons d’autre dieu que la loi à qui nous rendons nos hommages; tous les decadis nous confions nos semailles à nos guérets, ce jour jadis consacré au culte de l’ignorance et du mensonge. Courage, braves montagnards, achevez votre glorieuse carrière, que la tête des conspirateurs tombe sans pitié, que les orages ne vous effrayent point, la République est impérissable, nous avons juré de la défendre ou de périr. S. et F. » Chauvierre (juge de paix). m [Le C. révol. de Quimper-Odet, à la Conv.; s.d.] (1). «Représentants du peuple français, Vous venez de fixer les destins du premier peuple de l’univers. La République qui ne pouvait être vaincue, ne peut plus même être trahie. Deviner, dévoiler, foudroyer la conjuration qu’on crut le plus profondément combinée, le plus habilement ourdie, n’est pour vous que l’affaire d’un jour, d’une heure, d’un moment, et nous n’apprenons qu’il fut des conspirateurs que pour apprendre qu’ils ne sont plus. De tous les prodiges de notre incompréhensible révolution, celui certes dont s’étonneront davantage nos neveux, c’est le coup d’œil rapide et sûr qui paraît sonder les cœurs et lire dans les pensées, cette activité si rare que ne purent endormir ni les conseils d’une fausse modération, ni l’ivresse attachée à des succès persévérants, cette providence qui se trouve toujours en mesure et contre les armées les plus aguerries et contre les manœuvres les plus perfides. Hommes immortels, vous avez rempli de grands devoirs. Vous les avez surpassé peut-être. Vous en avez à remplir de plus grands. Lyon affranchie, Toulon subjugué, Marseille contenue, le Finistère éclairé, suffisaient à votre gloire; mais croyez que vous n’avez rien fait pour la patrie tant qu’il vous reste quelque chose à faire. Placés par elle au poste de l’honneur et du péril, c’est elle, c’est la France entière qui vous commande d’y rester fermes, tant que le péril n’aura cessé. Pilotes éprouvés, pilotes heureux, ne quittez le vaisseau de l’Etat que lorsque vous aurez pu le déposer dans le port, à l’abri des vents et des tempêtes. » Bécam, Moro, Eulriet, Roze, Cariou, Roch, Morvan, Lhotte, Montagne, Lemagne, Bouti-bonne. (1) C 302, pl. 1095, p. 22; Bln, 13 flor. n [Le district de Ri eux, à la Conv.; 3 flor. II] (1). « Citoyens représentants, Vous avez encore une fois sauvé la République : recevez le juste tribut de reconnaissance que nous devons à votre vigilance, à vos travaux, à vos grandes mesures. A la nouvelle de cette horrible conspiration qui devait en un même jour, au même instant, anéantir la liberté, la République et ses représentants, un sentiment profond d’horreur et d’indignation avait soulevé nos âmes; mais votre courage, en dissipant nos craintes, nous a rassuré sur les suites funestes de cet infâme et vaste complot. Déjà, par vos soins actifs et vigilants, tous les coupables, chefs de la conspiration, découverts, arrêtés, frappés du glaive de la loi, ont expié leurs crimes. Puisse cet exemple terrible et juste tout à la fois, répandre la terreur parmi tous les scélérats hypocrites qui, sous le masque du plus chaud patriotisme, cachent leurs principes liberticides, pour tromper et séduire le peuple, l’égarer, le replonger dans les fers du despotisme, sans qu’il s’en doute, et lui préparer ainsi un esclavage mille fois plus honteux, plus cruel que celui dont il vient de briser les chaînes. Citoyens représentants, vous avez mis la justice et la probité à l’ordre du jour dans la République. Eh bien, montrez-vous plus fermes, plus vigoureux que jamais. Que les obstacles dont on embarasse votre route, pour vous décourager, que les calomnies dont on vous poursuit, pour vous avilir; que les trahisons multipliées et sans cesse renaissantes dont on vous entoure, pour vous surprendre; que les divisions qu’on cherche à semer parmi vous, pour vous perdre, ne servent qu’à développer votre énergie, à agrandir votre âme, à l’élever à la hauteur de toutes les vertus républicaines. Plus vous aurez de difficultés à vaincre, plus vous vous couvrirez de gloire. Pénétrés de l’importance du poste éminent où la confiance du peuple vous a placés, considérez-vous comme les sauveurs de la patrie, et soyez inébranlables comme ces antiques rochers contre lesquels viennent se briser les flots impétueux, mais impuissants d’une mer orageuse. Point d’indulgence, point de faiblesse, point de pitié pour les ennemis de la liberté, de l’égalité, de la République; ils nous immoleraient, s’ils étaient les plus forts. Sévissez donc contre la corruption et les corrupteurs, vigoureusement et sans relâche, purgez le sol national de tous les traîtres, de tous les monstres farouches avides de sang ou accapareurs des subsistances; exterminez tous les conspirateurs, quelque masque qu’ils prennent, sous quelque forme qu’ils se déguisent; opposez enfin à toutes les trames contre-révolutionnaires, l’austérité républicaine dans toute son énergie, et restez fièrement à votre poste jusqu’au moment où vous (1) C 302, pl. 1095, p. 18. Reproduit dans Bin, 13 flor.; Débats, n° 591, p. 171. Dép. de la Haute-Garonne.