122 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. ! ,1 "'.vds(î an 11 „ J I 22 décembre 1793 Suit Vadresse de la Société populaire de Ças-tellane (I). La Société populaire des sans-culottes de Gas-tettane, département des Basses-Alpes, à la Convention nationale. «■ Délégués du peuple, « Animés du feu sacré pour la justice, vous avez appesanti indistinctement son glaive sur tous les coupables; vous venez d’en donner des exemples frappants qui font trembler eette borde impie de tyrans couronnés et de conspira¬ teurs qui désolent la République, ayant livré à la vengeance des lois le traître Capet, Marie-Antoinette, ce monstre d’iniquité, et tous les crapauds du marais. Les sans-eulottes de cette Société républicaine, par un mouvement spon¬ tané, ont délibéré, le 27e jour de brumaire cou¬ rant mois, à l’unanimité, de vous féliciter sur le décret qui a livré au glaive de la loi, la Messa-Kne du dernier des Claudes qui ont infecté le sol de la France, et sur la bienfaisance de celui qui fixe le maximum des denrées de première nécessité, vous priant de rester à votre poste jusqu’à ce que la République jouisse en paix des heureux effets de la Constitution. « Cette Société, composée de vrais sans-culottes, élevés à la hauteur des principes répu¬ blicains, ayant accepté l’Acte constitutionnel avec transport et par des cris répétés de : Vive la Bépublique ! la Convention nationale et la Montagne! a vu avec douleur qu’elle a été oubliée dans l’insertion aux Bulletins; elle espère avec confiance que la Convention natio¬ nale voudra bien lui rendre la même justice qu’aux autres Sociétés populaires de notre Répu¬ blique une et indivisible. « Le Président et les membres rédacteurs de la Société républicaine de Gastellane, « Sons, président; Mavile ; Jean-Bap¬ tiste Doits; Périmond, secrétaire-greffier. » Les communes du canton de la Floullière (la Flocellière), district de la Châtaigneraie, dépar¬ tement de la Vendée, qui ont accepté la Consti¬ tution, à l’unanimité, aussitôt que la disparition des rebelles de leur contrée leur a permis de se rassembler, adressent à la Convention le procès-verbal de leur assemblée primaire. Insertion au « Bulletin » et renvoi à la Com¬ mission chargée de recueillir les procès-verbaux relatifs à l’acceptation de l’Acte constitution¬ nel (2). Procès-verbal (3). Département de la Vendée, district de La Chataigneraye, canton, de La Flocelliere. Aujourd’hui 18 frimaire, l’an II de la Répu¬ blique française, une et indivisible. Les citoyens du canton de La Flocellière, dis¬ trict de la Chataigneraye, département de la (1) Archives nationales, carton C 289, dossier 888. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 26. (3) Archives nationales, carlon B! 31. Vendée, se sont réunis en assemblée primaire, en suite de la convocation faite en exécution du déoret de la Convention nationale, du 27 juin dernier. Le citoyen Pierre Herbouet, administrateur au conseil du district de La Châtaigneraie, reconnu le plus âgé, a fait provisoirement les fonctions de président. Le citoyen Bertrand-Henri Laidet, le plus jeune a fait provisoirement les fonctions de secrétaire. L’assemblée a procédé à la nomination d’un président, d’un secrétaire et de trois citoyens appelés au bureau pour inscrire les noms des citoyens présents et tenir note des suffrages. Le citoyen Pierre Hervouet a été élu prési¬ dent. Le citoyen Bertrand-Henri Laidet a été élu secrétaire. Les citoyens Gabriel Vincent, Chenuau, admi¬ nistrateur au directoire du district de la Chatai¬ gneraye, Pascal Redier, maire de la commune de Mallièvre et Michel Benoist, officier municipal de cette commune pour siéger au bureau. Le président a annoncé l’objet de la réunion des citoyens en assemblée primaire. Les commissaires chargés par la municipalité du canton d’apporter à l’assemblée, avec les lettres de convocation, l’Acte constitutionnel présenté au peuple français par la Convention nationale et le décret du 27 juin, en ont fait remise sur le bureau. Le président a observé à l’assemblée que cette réunion n’a pu avoir lieu avant ce jour à causé des troubles qui se sont élevés dans ce canton, Ensuite le secrétaire a fait lecture de l’Acte constitutionnel. La lecture de l’Acte constitu¬ tionnel achevée, le président a mis aux voix l’acceptation et fait faire l’appel sur la liste des citoyens présents. L’appel fini et le recensement fait, le nombre des votants s’est trouvé de 669, qui ont tous voté l’acceptation. Le présent procès-verbal a été rédigé en deux doubles, l’un pour être déposé au secrétariat de la municipalité du lieu de Rassemblée, l’autre pour être remis au citoyen Chenuau, administrateur au district, pour l’adresser à la Convention nationale, conformément à l’ar¬ ticle 6 du décret du 27 juin. Et ont signé, les président, secrétaires et scrutateurs Hervouet, Chenuau ; Benoist; Redier; Laidet, secrétaire. , La Société populaire et républicaine de Gien félicite la Convention d’avoir fait justice des traîtres, et l’invite à rester à son poste. Mention honorable, insertion au « Bulle¬ tin » (1). Les administrateurs du directoire du district de Mont-Lieu font passer la note de diverses sommes et effets qu’ils ont adressés à la Conven¬ tion, provenant de dons faits, pour les frais de (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 26. [Conveulian nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { J dè�mbre «93 123 la guerre, par différents particuliers de leur dis¬ trict; et celle de l’argenterie d’église, qu’ils ont envoyée à la Monnaie de la Rochelle. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1), La Société républicaine de Rochefort adresse à la Convention nationale les détails d’une fête civique qui a été célébrée le 30 brumaire, sous les yeux des représentants du peuple Laignelot et Lequinio, par la Société des Amis de la Cons¬ titution, les autorités constituées et les citoyens de cette commune; où les attributs du despo¬ tisme, de la féodalité et de la superstition ont été détruits, au milieu des épanchements de la fra¬ ternité, des élans du patriotisme, et des cris ré¬ pétés de : Vive la philosophie , la Convention, la Montagne ! Mention honorable, insertion au «Bulletin » (2). Suivent, les détails relatifs à la fHe civique célébrée à Rochefort le 30 brumaire (3). La Société républicaine de Rochefort, à la Convention nationale. « Rochefort, 1er frimaire, l’an II de la République française, une et indivisible. « Citoyens représentants, « Chaque jour la commune de Rochefort et celles des environs donnent des preuves de leur amour pour la philosophie et la raison. Hier, jour de décade, a encore été un de ceux qui doivent compter parmi les beaux jours qui illus¬ treront à jamais cette commune. A midi, les autorités constituées, la Société des Amis de la Constitution se sont rendues à la municipalité; là, s’est formé l’ordre de la marche. La musique de la marine en tête, jouant les airs chéris, la Société populaire, les membres du district, la municipalité, les membres du comité de sur¬ veillance et ceux du tribunal criminel révolu¬ tionnaire, précédés des officiers civils de la marine, sont allés chercher les représentants du peuple Laignelot et Lequinio. Le cortège impo¬ sant, mais né ressemblant aucunement à ceux des fêtes de l’ancien régime où le peuplé qui les payait /chèrement y était totalement étranger. Cette fête était à lui et par lui, puisqu’elle avait pour objet de porter le dernier coup à l’aristo¬ cratie et au fanatisme. Aussi, a-t-elle eu le suc¬ cès le plus grand. Le ciel, d’accord avec nos vœux, était pur. Nous sommes arrivés sur la place de la Liberté aux cris répétés de : Vive la République ! Vive la montague ! Vive la philo¬ sophie! Un bûcher, au milieu duquel s’élevait un grand madrier, garni de livres mensongers, de portraits de rois et de princes, de titres féo¬ daux, d’images de la Vierge, de chapelets, de crucifix et de toutes les folies imaginables qu’on ne pourrait pas croire si elles n’avaient été sous nos yeux, ont été lacérés et réduits en cendres ainsi qu’un drapeau, découvert on ne (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, d. 27’ (2) Ibid. (3) Archives nationales, carton C 289, dossier 888. sait comment. Mais le plus étonnant, c’est une bulle d’un pape (couronnant ce dernier monu¬ ment du fanatisme) qui avait accordé à un individu le droit d’entrer dans le ciel et de con¬ férer ce droit à 20 personnes à son choix, pourvu qu’à l’article de la mort ils fissent, ainsi que lui, un acte de contrition. Le maire, à un signal donné par Lequinio, mit le feu à ce sacré bû¬ cher; des milliers de livres furent la proie des flammes et, pour la première fois, l’Etre su¬ prême reçut enfin un holocauste digne de lui. Tous les citoyens s’empressèrent de nourrir ce feu devenu sacré par l’importance de son.objet, puisqu’enfin il purifiait une commune d’un grand fléau : le fanatisme. « Lequinio proclama, sur la place de la Liberté, les nouveaux membres de la municipalité, ainsi que les notables; le peuple témoigna par ses acclamations combien il approuvait ce choix ; sa confiance et son amour pour Lequinio et Laignelot ne peuvent plus augmenter, car ils sont dès preuves parlantes qu’il est vraisem¬ blablement un terme à l’amour et à la recon¬ naissance. Un acte philosophique, qui ne pouvait appar¬ tenir qu’à la Révolution, a prouvé jusqu’où peut aller l’esprit humain lorsqu’il suit la ligne droite de la raison. Le citoyen Anse, ministre de l’exé¬ cution des lois, a demandé de changer son nom en celui de vengeur du peuple; Laignelot lui dit qu’il l’ autorisait à porter ee nom comme ayant été le premier à vaincre un préjugé hon¬ teux. Alors il lui donna le baiser fraternel, les membres des autorités constituées imitèrent cet exemple, et Anse porte aujourd’hui le nom res¬ pectable de Vengeur du peuple. Tous les soldats tous les citoyens et citoyennes s’empressèrent de lui donner le baiser de la fraternité. « On se transporta ensuite au temple de la Vérité. Citoyens .représentants, quelle gloire pour la commune de Rochefort ! Ce temple ne présente plus aucun vestige de la superstition; partout des principes du plus pur républica¬ nisme ont succédé à des ex-voto, à des portraits de fripons ou d’imbéciles béatifiés; toutes les dégoûtantes farces, toutes les jongleries des ministres imposteurs du ci-devant culte catho¬ lique, tous ces objets sont à plus de mille anS de l’ esprit des Rochefortais. Nous sommes tous,- citoyens représentants, dignes de votre estime et de votre confiance, nos missionnaires choisis par vos collègues opèrent de grands change¬ ments et la Charente-Inférieure est bientôt digne d’être regardée comme le premier département de la République où le grands principes sont, non seulement connus, mais même pratiqués par tous les habitants. « Un jeune citoyen fit un discours qui confirma le peuple que jusqu’à notre sublime Révolution il avait toujours été dans l’erreur, et le peuple aujourd’hui est si fort à la hauteur des circons¬ tances qu’il paraît même n’avoir pas besoin d’être prêché; c’est le plus sublime éloge qu’on puisse faire de ses lumières. « Une scène intéressante attendait tout le cortège et tous les habitants dans le jardin public. Un banquet civique, mais sans somp¬ tuosité, rappelait ces plaisirs purs dont jouirent sans doute les premiers hommes dans l’âge d’or; des tables où ceux qui n’avaient, rien apporté buvaient, mangeaient comme ceux qui en avaient fait les frais; la fraternité, l’amitié, la concorde, la décence régnèrent dans cette première' fête réellement civique; les danses, les