[Convention nationale.]; ARCHIVES PARLEMENTAIRES. f novembre *793“ 443 vahie les attroupements des rebelles, an moins 60 pièces; un grand nombre encore est resté caché dans les genêts dans diverses paroisses. Les brigands ont en tout 900 hommes de cavalerie snr lesquels 100 peuvent donner, les antres ne sont propres qu’à leur occasionner des déroutes. Ils manquent de munitions de bouche. Ils auraient un peu plus tard inondé le départe¬ ment de la Mayenne et ceux qui l’avoisinent : ils faisaient particulièrement un grand éloge de celui de la Mayenne qui, disaient-ils, s’était bien montré en se portant à Caen, et s’imaginaient qu’en y faisant passer 20,000 hommes, ils insur¬ geaient tout le pays. Leur projet est d’aller en Bretagne pour s’y cantonner et de gagner son port de mer, ils répandaient le bruit que les Prussiens, etc., étaient aux portes de Paris et traitaient la gar¬ nison de Mayence de parjures en prenant les armes contre eux puisqu’ils défendaient la même cause, celle de la royauté et de la religion. Ils peuvent avoir parmi eux 100 prêtres, qui, tous les jours, bénissent les poignards, entre lesquels on remarque Gabriel, se disant évêque d’Agra, et Bernier, ex-curé de Saint -L au d d’An¬ gers, ce dernier rédige le bulletin des fana¬ tiques. Plusieurs de leurs chefs ont été tués ou blessés à la dernière affaire de Cholet; Leseure a eu la tête traversée d’une balle, et j’ai vu arriver d’Elbée à Beaupréau blessé mortellement à la poitrine. Ceux qui leur restent sont : le ci-devant prince Talmon d’Autichamp, Bauvolier, (je lui ai entendu dire, en soupant avec lui : Je vou¬ drais envoyer une charretée de têtes de pri¬ sonniers aux bleus toutes les fois qu’ils met¬ tent le feu dans un endroit. Je répondis en riant à ceux à côté desquels je me trouvais : Il me semble déjà voir la mienne en voiture. Sa femme a été arrêtée avec le secrétaire de leur conseil supérieur, tous deux sont à Angers), d’Autrive, Piron (1), La Roehejaquelin, le chevalier Ta-plin, Stofflet, garde-chasse et quelques mus¬ cadins, Duhoux, frère de Duhoux, général d’une armée républicaine. Il est bon de remarquer que la veille de la déroute de Saint-Lambert, les deux frères soupèrent ensemble à la Jumelière, et là disposèrent de la vie de plus de 4,000 hommes. Ils avaient entre eux une correspondance suivie ; au reste, Sorinière, l’un des chefs que j’ai livrés, actuellement dans les prisons de Saumur, don¬ nera et à déjà donné de grands renseignements dans son interrogatoire sur les Duhoux. Sur leur tactique. Ils n’observent aucun ordre; ils marchent en groupe. Dans la route chacun des brigands a son fusil en bandoulière, son chapeau sons son bras, et un chapelet à la main. Arrivés au champ de bataille, ils se répandent en tirailleurs, et cherchent toujours à cerner l’armée qu’ils ont à combattre; au moment de l’action, ils font un tapage épouvantable, on entend un cri continuel de vive le roi, vive la religion catholique, etc., et semblent être plus nombreux qu’ils ne sont Ont-ils une victoire, ils en profitent; ils nous poursuivent pendant 4 lieues dans nos déroutes, et c’est surtout les déroutes que nous avons à (I) Note marginale : « Piron se dit demandé par 30 paroisses en Bretagne. » craindre, elles sont toujours très meurtrières. Ils ne redoutent point le canon, mamies feux de fil© et l’arme blanche. Ils ne font point de prison¬ niers, ceux qu’ils arrêtent, ils les désarment, prennent leur portefeuille, leur montre, leurs autres effets, et les fusillent sur-le-champ. A Yarade, m’étant approché de plusieurs chefs, ils se disaient entre eux : « Nous sommes perdus, battons-nous en désespérés, choisissons, mourons les armes à la main ou sur un échafaud, « Garot. » Ce Garot est un instituteur professant la 3e à Château-Gontier, échappé sur Laval, connu des administrateurs de la Mayenne, chargé d’accom¬ pagner les caisses et archives du département de la Mayenne, en celui de l’Orne, Le Tourneur. Au comité de Salut public (I). « Le général Rossignol est arrivé fort à propos hier à Rennes. La prise de Laval, l’approche des brigands prêts à inonder ce département et ceux qui l’environnent; les mouvements extraordi¬ naires que ces circonstances ont forcé d’impri¬ mer aux gardes nationales du Morbihan, des Côtes-du-Nord et de la Manche rendaient sa pré¬ sence très nécessaire. Vergnes a inspiré de la méfiance aux patriotes, mais je crois plutôt aux accents de son amour-propre qu’aux projets de la malveillance qu’on lui suppose. Au reste, je l’ observe. « Tout se dispose pour envelopper bientôt l’ennemi dans un filet duquel il ne pourra échap¬ per, et pour rendre promptement Laval à la République, mais il faudra que cette ville cou¬ pable soit punie. Je recueille des détails sur la trahison qui l’a livrée, et je m’empresserai do vous les transmettre. « Je vous ai déjà dit que j’étais seul ici. H⬠tez-vous donc, je vous en conjure, de m’aider dans le travail dont je suis chargé, et surtout de me dire en quelle qualité je dois y rester, si je suis représentant du peuple près l’armée des Côtes-du-Nord ou représentant chargé des me¬ sures de salut public dans les départements. Mon camarade Carrier est à Nantes et paraît décidé¬ ment attaché à l’armée de l’ouest. Il est impos¬ sible que je reste plus longtemps dans l’état où je me trouve. « Je sais que Garnier et Carpentier ne sont pas loin de moi, qu’Esnne-la-Vallée et Thirion sont dans des départements voisins, mais ils ont sans doute une mission expresse et ne peuvent m’être d’aucun secours. C’est un des plus grands abus de notre gouvernement pro¬ visoire que cette multitude de missions qui se croisent souvent, qui n’ont jamais de limites de territoire bien déterminées, et qui exposent ceux qui en sont chargés à des mesures incer¬ taines et quelquefois même contradictoires. Il est pressant que vous preniez un parti à cet égard. « Salut et fraternité. « Le représentant du peuble, « Pocholle, actuellement à Bennes. (1) Archives nationales, carton AFn 170, pla¬ quette 1393, pièce 43. 444 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. I «-brumaira an il ■ b novembre. 1 / 93 « P. S. J’ai les plus grands éloges à donner à la garde nationale de Rennes, et à celle de plusieurs villes de ce département : les dépar¬ tements voisins ne paraissent pas moins bien disposés. » XIV. Les représentants du peuple près Varmée des Côtes de Cherbourg , aux représentants du peuple membres du comité de Salut public (1). « Caen, le 5e jour du 2e mois de l’an II de la République. « Sur la réquisition pressante de nos collègues Garnier et Carpentier, nous leurs faisons passer les 4 pièces de canon et le caisson qu’ils deman¬ dent. « Nous leur envoyons 1,010 fusils au lieu de 1,500, parce qu’il s’en trouve 500 qui exigent quelques réparations, ils ont déjà reçu notre premier envoi de 1,500 fusils. « Nos collègues se proposent de former une armée à Avrancbes, le général n’est point in¬ formé des dispositions que l’on fait et du plan que l’on adopte. « Nous déférons aux réquisitions de nos col¬ lègues, nous craindrions de contrarier leurs me¬ sures dans des circonstances graves. « Nous ignorons de quels officiers ils se pro¬ posent de faire le choix. « Il est très important qu’il y ait à Cherbourg un officier général qui corresponde continuelle¬ ment avec le général en chef. « Le général Peyre accompagne notre collègue Garnier, mais Cherbourg n’a point d’officier gé¬ néral. « Nous pensons que nos deux collègues se con¬ certeront pour veiller également à la défense de Cherbourg et aller au-devant des rebelles, nous les avons priés de ne jamais perdre de vue nos côtes et nos ports. « R. Lindet; F. Oudot. » XV. j Extrait de la lettre de Garnier de Saintes, datée de Granville, le 5 brumaire an U (2). Garnier de Saintes, représentant du peuple près l’armée des Côtes de Cherbourg fait part au comité de Salut public qu’une colonne de brigands échappés de la Vendée a passé la Loire, s’est portée dans le département de la Mayenne, et occupe Laval. Elle menace dans ce moment Vitré. Ce département et ceux environnants sont d’une tiédeur sans exemple. Ils ne demandent aucun secours. Ils laissent le temps à l’ennemi de se fortifier dans leur nouveau territoire et de se faire des prosélytes. Il attendait de jours à autres des secours de Caen en armes et en mu¬ nitions et rien n’est venu. Le général Peyre est incertain sur la marche qu’il doit tenir, cepen¬ dant il va former ses dispositions de manière (1) Archives du ministère de la guerre, armée des Côtes de Cherbourg, carton 5/17, liasse 2. (2) Archives nationales, carton AFu 268, pla¬ quette 2257, pièce 42. à ne pas laisser une longue durée à ce nouveau mouvement. Il fait de son côté tout ce qu’il peut pour pro - curer des subsistances à la petite armée qui brûle d’envie de se battre. XVI. Garnier de Saintes, représentant du peuple , au comité de Salut public (1). « Avranches, le 6 du 2e mois de l’an II de la République. « Nous n’avons aucune nouvelle bien positive sur les mouvements et les forces de l’armée des rebelles ; il paraît cependant que leur impé¬ tuosité se ralentit malgré le bon accueil qu’ils reçoivent dans leur marche et que leur ont sans doute fait les habitants de Laval, qui n’ont encore manifesté à qui que ce soit l’ombre d’a¬ larmes. Cette infâme ville payera sans doute le prix de ce forfait. « D’ Avranches, je vais me porter au bourg de Saint-Hilaire, le général Peyre et ses troupes m’y suivront. Je retiens avec moi l’ingénieur Dobenheim, c’est un garçon patriote, éclairé, qui nous rendra de grands services et dont jus¬ qu’ici on a laissé les talents ignorés parce que sa modestie les a tenus cachés. Après notre expé¬ dition finie, vous lui prouverez, j’espère, que la République n’est pas ingrate. « Il paraît que nos mouvements ont influé sur la marche des rebelles, qui paraissent vou¬ loir se jeter dans le Calvados, et vous sentez qu’ils trouveraient là de quoi se renforcer si nous ne nous hâtions pas à croiser leurs mesures. Aussi je viens d’écrire à mon collègue Pocholle quelles étaient nos vues sur le système offensif que nous avions combiné, le général Peyre, l’in¬ génieur Dobenheim et moi. « Je fais passer nos vues, qui ne sont que de simples réflexions, aux généraux Rossignol et Sepher,ainsi qu’aux départements environnants, et si dans l’exécution il y a quelque chose à y changer, vous verrez néanmoins, la carte sous les yeux, que s’il nous vient des forces, à la fois, des differents points indiqués, ces infâmes bri¬ gands seront exterminés sans qu’un seul s’en échappe. « Dans ce moment nous apprenons indirecte¬ ment que l’armée Mayençaise qui s’est portée sur Laval, vient de les battre complètement. Quoique le fait soit très vraisemblable, nous n’y attachons nulle croyance et je n’en suivrai pas moins la rapidité de mes mesures. « Je vais former deux compagnies de pion¬ niers qui nous seront très utiles dans le pays de chicane que nous avons à parcourir. On as¬ sure que ces scélérats ont une cavalerie de 1,500 hommes, c’est ce que je ne crois pas, mais n’en auraient -ils que la moitié, encore faut -il lemr en opposer une égale, et je m’occupe à l’orga¬ niser. « Indépendamment des six chevaux de. réqui¬ sition par canton, le district de Coutances m’en offre cent cinquante, mais on en demande la paiement; cela est juste, aussi je l’autorise à (1) Archives du ministère de la guerre, armée des Côtes de Cherbourg, carton 5/17, liasse 2.