356 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE 17 Le citoyen Testu, imprimeur, offre un almanach national. Mention honorable du don (72). [Le citoyen Testu au président de la Convention nationale, le 13 brumaire an 777] (73) Citoyen Président Le citoyen Testu, imprimeur de l’almanach national, présente à la Convention celui de l’an gème Salut et fraternité. Testu. 18 La commission du salpêtre, section Chalier [Paris], offre en don patriotique une somme de 152 L 10 sols. Mention honorable, insertion au bulletin, renvoi au comité des Finances (74). [Reçu du don fait par la commission du salpêtre de la section Chalier, Paris le 13 brumaire an 777] (75) Les citoyens employés à la fabrication du salpêtre dans la section de Chalier, ont envoyé pour le soulagement des victimes de la journée du 14 fructidor à la plaine de Grenelle, la somme de 152 L 10 s. Reçu la dite somme. Ducroisi. 19 Un secrétaire fait lecture d’une lettre des représentans du peuple Vidal et Delbrel, près l’armée des Pyrénées-Orientales. Nos intrépides défenseurs, disent-ils, ne connoissent ni retranche-mens ni obstacles; tout cède à leur bravoure (76). (72) P.-V, XL VIII, 171. (73) C 325, pl. 1409, p. 19. En mention marginale est indiquée l’insertion au bulletin. Bull., 16 brum. (suppl.). (74) P.-V., XL VIII, 172. (75) C 323, pl. 1379, p. 2. Bull., 16 brum. (suppl.). Voir ci-dessous Arch. Parlement., 14 brum., n° 3. (76) P.-V, XL VIII, 172. [Vidal et Delbrel, représentants du peuple près l’armée des Pyrénées-Orientales à la Convention nationale, au quartier général du Boulou, le 20 vendémiaire an 777] (77) Liberté, Égalité, Fraternité. Citoyens Collègues Il manquait à la collection des drapeaux pris sur les soldats du despotisme, et à l’attestation bien authentique de la honte et de la déroute de nos ennemis, d’y joindre ceux pris sur les satelites du tyran de Madrid par la brave armée des Pyrénées-Orientales. Ces intrépides def-fenseurs ne connoissent ni retranchements, ni obstacles; tout cède à leur bravoure et cette armée qui a déjà bien mérité plusieurs fois de la patrie, se rendra toujours digne de vivre dans un gouvernement qui a pour base la liberté et l’égalité, qu’elle jure de deffendre jusques à son dernier souffle. Elle voue avec tous les bons républicains, une haine implacable aux aristocrates, aux modérés, aux intrigans et aux ambitieux. Vive la République! Salut et fraternité. J. N. Vidal, Delbrel. Le général de brigade Despinois, accompagné de plusieurs de ses frères d’armes, paroit à la barre et il dit : nous venons enlacer aux palmes du Nord les palmes du Midi ; nous vous rapportons, au nom de l’armée de Pyrénées-Orientales, vingt-six drapeaux et deux guidons, gage de ses triomphes multipliés et des honteuses défaites de l’Espagnol. Il présente, en outre, comme une offrande civique, l’épée du général espagnol Saint-Maurice, enlevée par le citoyen Joseph, caporal des Allobroges. Sur la proposition d’un membre, le président donne l’accolade fraternelle au général de brigade et à ses compagnons d’armes, au milieu des plus vifs applau-dissemens (78). Le général de brigade Despinois, accompagné de plusieurs de ses frères d’armes, paraît à la barre [Un enthousiasme général s’empare de l’Assemblée. La salle retentit d’applaudisse-mens, des cris de : Vive la République] (79); il présente à la Convention vingt-six drapeaux pris sur l’ennemi, s’exprime ainsi : Dignes représentants d’un peuple libre, nous venons enlacer aux palmes du Nord les palmes du Midi; nous vous apportons, au nom de l’armée des Pyrénées-Orientales, vingt-six drapeaux et deux guidons, gages de ses triomphes multipliés et des honteuses défaites de (77) C 323, pl. 1377, p. 4. Moniteur, XXII, 413. Bull., 13 brum. ; J. Fr., n° 769 ; M. U., XLV, 226. (78) P.-V, XL VIII, 172. (79) J. Perlet, n° 771. SÉANCE DU 13 BRUMAIRE AN III (3 NOVEMBRE 1794) - N° 19 357 l’Espagnol. Nous ne vous retracerons point la glorieuse carrière qu’elle a parcourue ; vous avez mis à ses travaux la plus douce récompense, la seule qu’enviât son courage : vous avez écrit dans les fastes immortels de la République la journée mémorable du Boulou, les victoires signalées du 30 floréal, du 26 thermidor, et les combats de Belvès. Vous avez consacré par vos décrets ce jour où la garnison de Bellegarde, tourmentée par la faim, implora la clémence française. Notre territoire entièrement affranchi ; la mort et les ravages portés dans les superbes manufactures d’armes, dans les fonderies de ces usurpateurs ; cinq cents bouches à feu, quinze mille fusils, trésors militaires qui enrichissent nos parcs et nos arsenaux; des milliers d’esclaves anéantis ou faits prisonniers, tels sont les fruits de ses efforts et de sa valeur. Mais ce n’est point assez pour nos frères d’armes d’avoir purgé nos plaines et nos murs envahis, d’avoir précipité du haut des Pyrénées l’insolent ennemi qui osa les franchir; commandez-leur de nouveaux succès, ordonnez qu’aux voûtes triomphales du temple de la liberté une place soit destinée pour leurs nouveaux trophées, et bientôt ils la rempliront. Fidèles interprètes de leurs sentiments auprès de vous, organes de leur profonde reconnaissance et de leur dévouement inaltérable, nous vous jurons de vaincre, d’achever à votre voix d’écraser les tyrans et les sectateurs de la tyrannie ; nous vous jurons de cimenter de tout notre sang, s’il le faut, l’édifice du bonheur que vous avez fondé pour le peuple français, et que vous venez d’asseoir sur les bases immuables de la justice et de la probité. Vive la République! vive la Convention nationale! Citoyens représentants, je suis chargé d’ajouter aux trophées de l’armée des Pyrénées-Orientales cette épée, que le citoyen Joseph, caporal des Allobroges, natif de la cote d’Angole, a enlevée au général espagnol Saint-Maurice, et qu’il vous présente comme une offrande civique. ( Vifs applaudissements.) (80) LE PRÉSIDENT : Soldats de la patrie, la Convention nationale voit avec le plus vif enthousiasme et la plus douce émotion ces drapeaux que la valeur de l’armée des Pyrénées-Orientales a enlevés aux satellites des tyrans. Bellegarde et une partie de la frontière du Midi avaient été livrées à l’ennemi par la plus lâche des trahisons; votre valeur les a reconquises. Des montagnes fameuses nous séparaient de l’Espagne : vous les avez franchies. Vous avez trouvé au delà des monts des victimes de la tyrannie : vous avez brisé leurs fers ; le flambeau de la raison a éclairé les peuples (80) Moniteur, XXII, 422. Débats, n° 771, 627-628 ; Bull., 13 brum. ; Ann. Patr., n° 672 ; Ann. R. F., n° 43 ; J. Fr., n° 769 ; J. Perlet, n° 771; Mess. Soir, n° 808; C. Eg., n° 807; M. U., XLV, 220; F. de la Républ., n° 44; Gazette Fr., n° 1036; J. Univ., n° 1803; Rép., n° 44; J. Paris, n° 44; J. Mont., n° 21. des contrées que vous avez parcourues ; les liens de la douce fraternité les ont réunis aux républicains; et c’est alors que nous avons pu dire avec raison qu’il n’y avait plus de Pyrénées. Digne émule des autres armées de la République, l’armée des Pyrénées-Orientales a enrichi les fastes de notre heureuse révolution d’un grand nombre de victoires que ces drapeaux attesteront encore à nos neveux. Leur vue embrasera leurs coeurs du feu sacré de la liberté ; ils seront comme vous les apôtres de la raison et de l’humanité, et la terreur des despotes. Portez à vos braves compagnons d’armes l’assurance que, tandis qu’ils combattent avec tant de gloire les ennemis extérieurs, la Convention nationale leur conservera le dépôt précieux de la liberté et de l’égalité que le peuple français lui a confié ; assurez-les encore que le but unique de ses travaux est le bonheur universel. La Convention nationale vous invite aux honneurs de la séance. Sur la proposition d’un membre [GASTON] (81), le président donne l’accolade fraternelle au général Despinois et à ses compagnons d’armes, au milieu des plus vifs applaudissements (82). Insertion de la lettre, du discours de l’orateur, de la réponse du président, au bulletin (83). SOUBRANY expose que parmi les vainqueurs que l’Assemblée voit à sa barre, cinq ont cimenté de leur sang les victoires de l’armée des Pyrénées-Orientales ; l’un d’eux a été blessé dans la même armée avec ses deux frères ; ceux qui sont guéris, n’ont dit-il, d’autre désir, que de retourner à de nouveaux combats, et ceux qui sont hors d’état de servir, n’ont d’autre regret que de ne pouvoir plus défendre leur patrie. ( Vifs applaudissemens). Soubrany demande le renvoi au comité pour accorder à ces guerriers les récompenses qu’ils méritent, et pour qu’ils soient inscrits sur la liste des promotions qui sont à la nomination de la Convention. Décrété. Quant au guerrier dont vous venez d’applaudir le discours, continue Soubrany, il a eu l’honneur de verser son sang pour la patrie, sous les murs de Toulon ; c’est ce qui lui a valu le grade d’adjudant général. ( Vifs applaudissemens) (84). (81) Débats, n° 771, 628. (82) Moniteur, XXII, 422-423. Débats, n° 771, 628; Bull., 13 brum. ; Ann. Patr., n° 672 ; Ann. R. F., n° 43 ; J. Fr., n° 769 ; J. Perlet, n° 771; Mess. Soir, n° 808; C. Eg., n° 807; M. U., XLV, 220; F. de la Républ., n° 44; Gazette Fr., n° 1036; J. Univ., n° 1803; Rép., n° 44; J. Paris, n° 44; J. Mont., n° 21. J. Perlet, n° 771, précise que l’un des républicains a perdu un bras et l’autre un oeil. (83) P.-V., XL VIII, 172. (84) Débats, n° 772, 629.