SÉANCE DU 30 PRAIRIAL AN II (18 JUIN 1794) - Nos 78 ET 79 729 l’athéisme désolant, et le fanatisme hideux; vous avez porté la consolation dans le cœur de tous les citoyens, vous avez frappé de terreur le méchant, et vous avez écrasé le crime sous le poids de sa propre existence. C’est ainsi qu’en préservant le peuple français de l’immoralité sociale dans laquelle les Hébert, les Danton, les Chaumette vouloient le plonger, vous l’avez sauvé de l’âbime effrayant du chaos horrible où le crime et l’innocence, où Brutus et Néron étoient également placés, vous l’avez délivré de l’ambition de ces hypocrites qui n’ont d’autre religion qu’une volonté absurde et dominatrice, d’autre culte que l’intérêt du plus vil égoïsme, et d’autre but que celui de donner des chaînes au peuple, en arrachant à la vertu son éclat et son énergie, par l’idée coupable du néant. La lecture, dans notre société, du sublime rapport de votre comité de salut public, sur les fêtes nationales, a achevé de détruire tous les prestiges de l’erreur, du charlatanisme et de la superstition; une joie pure et universelle, qui n’étoit point celle des prêtres, s’est fait percevoir sur tous les visages; des cris mille fois répétés de vive la République ! vive la Convention ! louange à l’Etemel ! ont retenti jusques aux voûtes du temple de la nature; et dans un instant d’enthousiasme, la société en a consacré la mémoire à tous les siècles par une impression de 20.000 exemplaires, que ni la force du tems, ni la ruse de l’imposture, ni la lime du mensonge ne pourront effacer. Maintenant, monstre de la raison humaine paraissez ! la nature vous accuse; son langage s’étoit fait entendre à tous les cœurs, et vous n’avez pas craint de l’étouffer en prêchant la cruauté de l’athéisme, en dégradant les âmes honnêtes, en désespérant les amis de l’humanité, en arrachant la plus douce jouissance à l’homme malheureux ou opprimé, en déssechant le cœur de tous les citoyens justes et vertueux; et vous osiez encore nier son existence lors même que vous trembliez devant son tribunal redoutable ! Allez, l’univers vous condamne, la justice nationale vous atteint, elle frappera de même tous ceux qui seroient tentés de vous imiter. Continuez, braves montagnards, à diriger d’une main ferme et habile le vaisseau de la République au port de la félicité. N’ayez toujours pour boussole que la vertu et la force du peuple français, vous surmonterez tous les écueils. Pour nous, qui depuis l’aurore de la liberté, n’avons cessé de combattre ouvertement tous les ennemis de la République, croyez que nous ne vous démentirons pas un instant; que tous nos efforts tendront à assurer et à affermir vos succès; et que, si jamais des traitres ou des fripons s’insinuoient parmi nous, ils y passe-roient comme le serpent sur un rocher aride, c’est à dire sans y laisser le moindre vestige, si ce n’est de leur anéantissement. P.S. — En ce instant nous apprenons avec le frémissent qu’inspire l’horreur du crime le dessein médité que les agens coalisés ont manifesté de porter la mort dans l’âme de la République. Représentans d’un peuple libre, notre indignation est à son comble : Collot d’Herbois, Robespierre et vous tous, fidèles gardiens de la liberté française, vos noms sont chers à nos cœurs : des monstres ont osé attenter à vos jours ! Notre surveillance, plus active que jamais, déjouera leurs complots parricides; et malheur à la main invisible qui dirige ses coups ! sa destruction est aussi prochaine que sa lâcheté montre de foiblesse et de desespoir » (1) . 78 [ Analyse des opérations de l’agent nat. du distr. de Cusset, Allier, pendant la seconde décade de prair. II] (2) . Troisième' feuille. « Esprit public, Chaque jour, il s’améliore; les pères sentent le bonheur d’avoir une patrie; il se félicitent d’avoir donné le jour à des défenseurs de la liberté; presque tous ont la courageuse fermeté d’apprendre sans verser des larmes que des enfans chéris sont morts au champ de l’honneur; le citoyen Avignon, vieillard septuagénaire de la commune de Cusset entend dire que son fils a été tué à l’affaire de Courtrai; tout à coup il s’écrie : « mon fils est mort pour sa patrie, « il est plus heureux que moi. J’envie son « sort, vive la République ». Cette réponse héroïque mérite une place au Bulletin ». Forissier (subst de l’agent nat.). Mention honorable, inscription au bulletin (3). 79 [La Sté popul. de Digne, Basses-Alpes, à la Conv.; 11 prair. II] (4). « Representans d’un Peuple libre, Le succès qui accompagne vos Glorieux travaux; le zele infatigable qui les dirige sont pour nous les garants de la félicité publique. L’anean-tissement de tous les abus, le triomphe de la raison, de la probité et de la vertu, sont vôtre ouvrage. Tout a repris une nouvelle forme : les français sont devenus un nouveau peuple; c’est à vous qu’il doit le bonheur dont il jouit : si l’amour de la Patrie est pour lui une vertu c’est encore un devoir de soutenir ses intérêts. Pénétrés de ce principe nous venons aujourd’hui Citoyens Representans, vous faire part de quelques mesures que nous avons cru propres pour atteindre à ce but sur un objet essentiel celui des subsistances. La récolté donne les plus belles espérances; tout annonce une abondante moisson; les malveillans ne pourront plus faire naitre des craintes et jetter de fausses alarmes sur la pénurie des grains; mais pour dejoüer leurs manœuvres et surtout l’ego isme (1) M.U., XLI, 9; J. Sablier, n° 1387; J. Perlet, n° 635, (2) C 305, pl. 1152, p. 25. (3) Mention marginale datée du 30 prair., non signée. (4) F10 331. SÉANCE DU 30 PRAIRIAL AN II (18 JUIN 1794) - Nos 78 ET 79 729 l’athéisme désolant, et le fanatisme hideux; vous avez porté la consolation dans le cœur de tous les citoyens, vous avez frappé de terreur le méchant, et vous avez écrasé le crime sous le poids de sa propre existence. C’est ainsi qu’en préservant le peuple français de l’immoralité sociale dans laquelle les Hébert, les Danton, les Chaumette vouloient le plonger, vous l’avez sauvé de l’âbime effrayant du chaos horrible où le crime et l’innocence, où Brutus et Néron étoient également placés, vous l’avez délivré de l’ambition de ces hypocrites qui n’ont d’autre religion qu’une volonté absurde et dominatrice, d’autre culte que l’intérêt du plus vil égoïsme, et d’autre but que celui de donner des chaînes au peuple, en arrachant à la vertu son éclat et son énergie, par l’idée coupable du néant. La lecture, dans notre société, du sublime rapport de votre comité de salut public, sur les fêtes nationales, a achevé de détruire tous les prestiges de l’erreur, du charlatanisme et de la superstition; une joie pure et universelle, qui n’étoit point celle des prêtres, s’est fait percevoir sur tous les visages; des cris mille fois répétés de vive la République ! vive la Convention ! louange à l’Etemel ! ont retenti jusques aux voûtes du temple de la nature; et dans un instant d’enthousiasme, la société en a consacré la mémoire à tous les siècles par une impression de 20.000 exemplaires, que ni la force du tems, ni la ruse de l’imposture, ni la lime du mensonge ne pourront effacer. Maintenant, monstre de la raison humaine paraissez ! la nature vous accuse; son langage s’étoit fait entendre à tous les cœurs, et vous n’avez pas craint de l’étouffer en prêchant la cruauté de l’athéisme, en dégradant les âmes honnêtes, en désespérant les amis de l’humanité, en arrachant la plus douce jouissance à l’homme malheureux ou opprimé, en déssechant le cœur de tous les citoyens justes et vertueux; et vous osiez encore nier son existence lors même que vous trembliez devant son tribunal redoutable ! Allez, l’univers vous condamne, la justice nationale vous atteint, elle frappera de même tous ceux qui seroient tentés de vous imiter. Continuez, braves montagnards, à diriger d’une main ferme et habile le vaisseau de la République au port de la félicité. N’ayez toujours pour boussole que la vertu et la force du peuple français, vous surmonterez tous les écueils. Pour nous, qui depuis l’aurore de la liberté, n’avons cessé de combattre ouvertement tous les ennemis de la République, croyez que nous ne vous démentirons pas un instant; que tous nos efforts tendront à assurer et à affermir vos succès; et que, si jamais des traitres ou des fripons s’insinuoient parmi nous, ils y passe-roient comme le serpent sur un rocher aride, c’est à dire sans y laisser le moindre vestige, si ce n’est de leur anéantissement. P.S. — En ce instant nous apprenons avec le frémissent qu’inspire l’horreur du crime le dessein médité que les agens coalisés ont manifesté de porter la mort dans l’âme de la République. Représentans d’un peuple libre, notre indignation est à son comble : Collot d’Herbois, Robespierre et vous tous, fidèles gardiens de la liberté française, vos noms sont chers à nos cœurs : des monstres ont osé attenter à vos jours ! Notre surveillance, plus active que jamais, déjouera leurs complots parricides; et malheur à la main invisible qui dirige ses coups ! sa destruction est aussi prochaine que sa lâcheté montre de foiblesse et de desespoir » (1) . 78 [ Analyse des opérations de l’agent nat. du distr. de Cusset, Allier, pendant la seconde décade de prair. II] (2) . Troisième' feuille. « Esprit public, Chaque jour, il s’améliore; les pères sentent le bonheur d’avoir une patrie; il se félicitent d’avoir donné le jour à des défenseurs de la liberté; presque tous ont la courageuse fermeté d’apprendre sans verser des larmes que des enfans chéris sont morts au champ de l’honneur; le citoyen Avignon, vieillard septuagénaire de la commune de Cusset entend dire que son fils a été tué à l’affaire de Courtrai; tout à coup il s’écrie : « mon fils est mort pour sa patrie, « il est plus heureux que moi. J’envie son « sort, vive la République ». Cette réponse héroïque mérite une place au Bulletin ». Forissier (subst de l’agent nat.). Mention honorable, inscription au bulletin (3). 79 [La Sté popul. de Digne, Basses-Alpes, à la Conv.; 11 prair. II] (4). « Representans d’un Peuple libre, Le succès qui accompagne vos Glorieux travaux; le zele infatigable qui les dirige sont pour nous les garants de la félicité publique. L’anean-tissement de tous les abus, le triomphe de la raison, de la probité et de la vertu, sont vôtre ouvrage. Tout a repris une nouvelle forme : les français sont devenus un nouveau peuple; c’est à vous qu’il doit le bonheur dont il jouit : si l’amour de la Patrie est pour lui une vertu c’est encore un devoir de soutenir ses intérêts. Pénétrés de ce principe nous venons aujourd’hui Citoyens Representans, vous faire part de quelques mesures que nous avons cru propres pour atteindre à ce but sur un objet essentiel celui des subsistances. La récolté donne les plus belles espérances; tout annonce une abondante moisson; les malveillans ne pourront plus faire naitre des craintes et jetter de fausses alarmes sur la pénurie des grains; mais pour dejoüer leurs manœuvres et surtout l’ego isme (1) M.U., XLI, 9; J. Sablier, n° 1387; J. Perlet, n° 635, (2) C 305, pl. 1152, p. 25. (3) Mention marginale datée du 30 prair., non signée. (4) F10 331. 730 ARCHIVES PARLEMENTAIRES CONVENTION NATIONALE de ceux qui par des accaparements et de fausses déclarations au moment du recensement privent la Société d’une quantité considérable des grains pour favoriser leurs spéculations basses et sordides; nous nous empressons de soumettre à vos lumières quelques vües qui pourroient parer à ces inconvéniants : ce seroit de nommer au moment de la récolté, dans chaque commune de tous les départemens des commissaires dont le nombre seroit proportionné a la population; dirigés par le civisme et l’impartialité ils procéderoient dans leur commune respective au recensement des grains des particuliers, et en prendraient un relevé exact. Cette mesure ferait connoitre d’après la vérité nos ressources, et chaque propriétaire seroit par là obligé de produire celles dont il dispose. Cet état de situation des grains et autres denrées de première nécessité une fois formé, il seroit comparé avec celui de la population des mêmes communes pour laisser a leur disposition une provision suffisante et l’éxcedant seroit versé en payant la valeur dans les magasins de la République, soit pour servir à la subsistance des deffenseurs de la patrie, soit pour satisfaire aux besoins de ceux qui ne récoltent pas. Tels sont les moyens que la Société Populaire de Digne vous propose. C’est à vôtre sagesse à les juger, et a prononcer sur l’utilité et les avantages qui peuvent en résulter ». Clément, Borel, Lieutaud (et 2 signatures illisibles) . Renvoyé au comité d’agriculture (1). 80 [La Commission des administrations civile, police et tribunaux, au présid. de la Conv.; 28 prair. Il] (2). « Citoyen Président, Un jugement du Tribunal du District de la Rochefoucault rendu par defaut et sur en-(1) Mention marginale datée du 30 prair. et signée Rudel. (2) D III 42, doss. 662, p. 55. quête le 18 Décembre 1792 (vieux stile) a prononcé que François Sardin Doirat est le pere d’un enfant auquel a donné le jour Marie Bayeux fille domiciliée dans la commune de Foussais. Il a ordonné que Sardin se chargerait de cet enfant, le ferait nourir entretenir et élever dans les principes de la constitution, et qu’il serait tenu de lui faire apprendre un état convenable pour qu’il pût pourvoir à sa subsistance, enfin il l’a condamné au payement des frais de gesine et à tous dépens, dommages et intérêts le tout montant à la somme de 460 #. Sardin est émigré. Marie Bayeux n’a pu par conséquent faire mettre a exécution le jugement du tribunal de la Rochefoucault. Les biens de l’émigré ayant été séquestrés, elle s’est pourvue devant le département de la Charente pour obtenir non seulement le payement de la somme qui lui a été adjugée par le jugement, mais encore tous les frais de nourriture et d’entretien de son enfant. Le corps administratif a pris le 29 Germinal un arrêté portant qu’il lui sera payé les 460 # qui lui sont dues, et qu’en outre il sera accordé provisoirement à son fils tous les secours décrétés pour les enfants de la patrie, et qu’attendu que la preuve de paternité adoptée par le jugement du tribunal de la Rochefoucault n’est pas celle prescrite par l’article 8 de la loi du 12 Brumaire, toutes les pièces de l’affaire seraient adressées à la Convention Nationale pour décider si l’enfant sera considéré comme celui de Sardin ou rangé dans la classe des enfants naturels de la patrie. Nous te les fesons passer, Citoyen Président ainsi que le désire du département de la Charente et nous t’invitons a en faire rendre compte à la Convention Nationale ». [signature illisible.] Renvoyé au comité de législation (1). (1) Mention marginale datée du 30 prair. et signée Rudel. 730 ARCHIVES PARLEMENTAIRES CONVENTION NATIONALE de ceux qui par des accaparements et de fausses déclarations au moment du recensement privent la Société d’une quantité considérable des grains pour favoriser leurs spéculations basses et sordides; nous nous empressons de soumettre à vos lumières quelques vües qui pourroient parer à ces inconvéniants : ce seroit de nommer au moment de la récolté, dans chaque commune de tous les départemens des commissaires dont le nombre seroit proportionné a la population; dirigés par le civisme et l’impartialité ils procéderoient dans leur commune respective au recensement des grains des particuliers, et en prendraient un relevé exact. Cette mesure ferait connoitre d’après la vérité nos ressources, et chaque propriétaire seroit par là obligé de produire celles dont il dispose. Cet état de situation des grains et autres denrées de première nécessité une fois formé, il seroit comparé avec celui de la population des mêmes communes pour laisser a leur disposition une provision suffisante et l’éxcedant seroit versé en payant la valeur dans les magasins de la République, soit pour servir à la subsistance des deffenseurs de la patrie, soit pour satisfaire aux besoins de ceux qui ne récoltent pas. Tels sont les moyens que la Société Populaire de Digne vous propose. C’est à vôtre sagesse à les juger, et a prononcer sur l’utilité et les avantages qui peuvent en résulter ». Clément, Borel, Lieutaud (et 2 signatures illisibles) . Renvoyé au comité d’agriculture (1). 80 [La Commission des administrations civile, police et tribunaux, au présid. de la Conv.; 28 prair. Il] (2). « Citoyen Président, Un jugement du Tribunal du District de la Rochefoucault rendu par defaut et sur en-(1) Mention marginale datée du 30 prair. et signée Rudel. (2) D III 42, doss. 662, p. 55. quête le 18 Décembre 1792 (vieux stile) a prononcé que François Sardin Doirat est le pere d’un enfant auquel a donné le jour Marie Bayeux fille domiciliée dans la commune de Foussais. Il a ordonné que Sardin se chargerait de cet enfant, le ferait nourir entretenir et élever dans les principes de la constitution, et qu’il serait tenu de lui faire apprendre un état convenable pour qu’il pût pourvoir à sa subsistance, enfin il l’a condamné au payement des frais de gesine et à tous dépens, dommages et intérêts le tout montant à la somme de 460 #. Sardin est émigré. Marie Bayeux n’a pu par conséquent faire mettre a exécution le jugement du tribunal de la Rochefoucault. Les biens de l’émigré ayant été séquestrés, elle s’est pourvue devant le département de la Charente pour obtenir non seulement le payement de la somme qui lui a été adjugée par le jugement, mais encore tous les frais de nourriture et d’entretien de son enfant. Le corps administratif a pris le 29 Germinal un arrêté portant qu’il lui sera payé les 460 # qui lui sont dues, et qu’en outre il sera accordé provisoirement à son fils tous les secours décrétés pour les enfants de la patrie, et qu’attendu que la preuve de paternité adoptée par le jugement du tribunal de la Rochefoucault n’est pas celle prescrite par l’article 8 de la loi du 12 Brumaire, toutes les pièces de l’affaire seraient adressées à la Convention Nationale pour décider si l’enfant sera considéré comme celui de Sardin ou rangé dans la classe des enfants naturels de la patrie. Nous te les fesons passer, Citoyen Président ainsi que le désire du département de la Charente et nous t’invitons a en faire rendre compte à la Convention Nationale ». [signature illisible.] Renvoyé au comité de législation (1). (1) Mention marginale datée du 30 prair. et signée Rudel.