[Conventionnationale.} ARGHIVES PARLEMENTAIRES j 23 brumaire an 11 227 ' ( 13 novembre 1793 rendus, à Marat, l’ami et le représentant du peuple, dérogeant à son égard au décret qui veut que ces honneurs ne puissent être décernés à un individu que dix ans après sa mort. Le comité d’instruction publique présentera dans le plus court délai le mode de cette apothéose; 2° Que les d'eux tableaux de Marat et Lepe-letier seront gravés, et qu’une somme de 20,000 livres est affectée à cet objet. Il en sera tiré 1,000 exemplaires. Trois seront envoyés à chaque département; trois seront distribués à chaque député de la Convention; les planches seront ensuite remises à David, qui est chargé de veiller à l’exécution de cet article. III Compte rendu du Journal de Perlet (1). David. Le peuple redemandait son ami; il invoquait mon art : « David, s’écriait-il, saisis tes pinceaux, rends-nous Marat; les ennemis de notre sainte Révolution, ne pouvant le cor¬ rompre, l’ont assassiné. » J’ai obéi; le voici, j’en fais hommage à la Convention nationale, et je demande, pour le martyr de la liberté, les hon¬ neurs du Panthéon. (Vifs applaudissements.) Romme. Je vote également pour les honneurs du Panthéon. La Convention nationale doit, en faveur de Marat, déroger au décret portant qu’ils ne seront accordés à un citoyen que dix ans après sa mort. Je demande en outre que ce tableau et celui de Lepeletier soient gravés aux frais de la nation. Qu’il soit mis à cet effet une somme de 24,000 livres à la disposition du mi¬ nistre de l’intérieur, qu’on laisse à David le choix du graveur, la direction du travail et de l’impression; que 1,000 exemplaires de chaque gravure soient distribués aux députés et aux départements; enfin que les planches soient ensuite remises à David. Toutes ces propositions sont adoptées. Un membre. Je demande que Mirabeau sorte du Panthéon. Le comité d’instruction publique fera un rap¬ port à cet égard. Sous aucun prétexte les deux tableaux de Marat et Lepeletier ne pourront, après la Con¬ vention, sortir du sein du Corps législatif. CONVENTION NATIONALE Séance du 25 brumaire, l’an II de la République française, une et indivisible. (Vendredi 15 novembre 1793.) Un secrétaire a fait lecture du procès-verbal de la séance du 20 brumaire (2). Le citoyen Rignanlt, traiteur, section de la Montagne, dépose sur le bureau 2 écus de 6 livres et 2 de 3 livres. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (3). (1) Journal de Perlet |jn0 419 du 25 brumaire an II (vendredi 15 novembre 1793), p. 362]. , (2) Procès-verbaux de la Convention t. 25. p. 223. ; (3) Ibid. Un citoyen, qui a voulu rester inconnu, offre une somme de 34 livres, en argent. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit un extrait du Bulletin relatif à ces dons patriotiques (2) : Le citoyen Bouquier, membre de la Conven¬ tion, dépose sur l’autel de la patrie, au nom du citoyen Regnaud, traiteur, section de la Mon¬ tagne, la somme de 18 livres en 2 écus de 6 livres et 2 écus de 3. Il y dépose aussi la somme de 34 livres 10 sols en pièces d’argent, au nom d’un citoyen qui ne veut pas être connu. Mention honorable. Le procureur syndic du district de Ooiron (3) fait part à la Convention que le citoyen Valalon offre en don à la patrie un contrat de 3,000 livres. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (4). Suit un extrait de ce don patriotique d’après le Bulletin de la Convention (5). Le procureur syndic du district de Boiron (6) informe la Convention nationale que les ci¬ toyens Rigaud, maire de Saint-Didier-sous-Aubenas (7), et Valeton, ont offert en don patriotique, le premier sa décoration militaire et le second un contrat dé 3,000 livres. Mention honorable. La commune de Margaun (Margaux) invite la Convention à rester à son poste, et lui déclare qu’elle a fait brûler des titres des ci-dëvant seigneurs déposés au greffe de la municipalité. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (8). Suit la lettre�des officiers municipaux de la" commune de Margaux (9) ; « Citoyens législateurs, « Ci-joint un extrait du procès-verbal du brûlement des titres des ci-devant seigneurs, déposés au greffe de notre municipalité, en vertu du décret du 17 juillet dernier. « Nous vous prions instamment, citoyens législateurs, de rester à votre poste jusqu’à la paix. De cette ferme résolution dépend, n’en (1) Procès-verbaux de la Convenlion, t. 25, p. 223, (2) Bullelinfde la Convention du 5e jour de là 3e décade du ,2e mois de l’an II (vendredi 15 no¬ vembre 1793). (3) Il n’ existe aucune commune de ce nom. (4) Procès-verbaux de la Convenlion, t. 25, p. 223. (5) Bulletin de la Convenlion du 5e jour de la 3e décade du 2e mois de l’an II (vendredi 15 no¬ vembre 1793). (6) Il n’existe aucune commune de ce nom. (7) Commune du département de l’Ardèche. (8) Procès-verbaux de la Convenlion, t. 25, p. 223. (9) Archives nationales, carton C 279, dossier 753. 228 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. | fi brumai*'e “J L J (15 novembre 1793 doutez pas, le bonheur et le salut de la patrie. « Nous sommes vos dévoués frères et amis, « Les officiers municipaux de la commune de Margaux, « Loydet, maire; Don AT, officier municipal; Mellet, officier municipal ; Segonnet, secrétaire-greffier. « Margaux, le 6e jour de la 2e décade du 2e mois de l’an II de la République française, une et indivisible. » Extrait des registres de la commune de Mar¬ gaux, chef -lieu de canton (1). Aujourd’hui, troisième jour de la seconde décade du second mois de l’an deuxième de la République française, une et indivisible, les maire, officiers municipaux et membres du con¬ seil général de la commune de Margaux, chef-lieu de canton, réunis en présence des citoyens de ladite commune assemblés sur la place d’armes, en exécution du décret de la Conven¬ tion nationale du dix-sept juillet dernier, qui supprime sans indemnité toutes redevances ci-devant seigneuriales et droits féodaux, même ceux conservés par le décret du vingt -cinq août dernier et dont l’article six du décret du dix-sept juillet dernier ordonne que les titres constitutifs ou récognitifs des droits supprimés par ledit décret ou par les décrets antérieurs, rendus par les assemblées précédentes, seront déposés aux greffes des municipalités des lieux pour être brûlés, à l’expiration des trois mois de la publication dudit décret, en présence du conseil général de la commune et des citoyens. En conséquence, les titres déposés au greffe de ladite municipalité par les citoyens Leydet, notaire public, maire de ladite commune, Meyna-hard, Christophe Weltner et Simon Buard, ancien militaire, agent d’affaires du ci-devant château Margaux, ont été brûlés eejourd’hui en présence du conseil général de ladite com¬ mune et des citoyens assemblés, aux cris de Vive la République ! vive la Montagne! vive la Convention nationale ! Fait à Margaux, les susdits jour, mois et an que dessus et ont signé au registre : Leydet, maire ; Bertrand Dejean, Leya, Douât, Melet, officiers municipaux, Char-trons, Barreyres, Lagune, Douât, Vi-deau, notables, Marian, procureur de la commune et du secrétaire-greffier soussigné. Collationné, certifié conforme à Voriginal par nous, maire et secrétaire-greffier soussignés. Leydet, maire ; Segonnes, secrétaire-greffier. La Société populaire du Blanc fait part à la Convention que le citoyen Aigreîeuil (Aigre-feuille), curé d’ingrande, a épousé la citoyenne Belîond, ci-devant noble et religieuse. Elle en¬ gage la Convention à rester à son poste. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (2). Suit la lettre de la Société populaire du Blanc { 1). « Du Blanc, le 4e jour de la 3e décade du 1er mois de l’an II de la République française, une et indivisible. « Citoyen Président de la Convention nationale, « La Société populaire du Blanc, département de l’Indre, vous prie d’annoncer à vos collègues et à la République entière que le citoyen Jean-Jacques Aigrefeuille, ministre catholique de la paroisse d’ingrande, vient de donner à ses confrères de notre district un exemple que nous espérons les voir suivre bientôt, en assénant aussi son coup de massue à l’intolérance reli¬ gieuse qui, jusqu’alors, avait regardé le mons¬ trueux célibat comme la vertu première du sa¬ cerdoce. Vainqueur du préjugé, il vient d’offrir la main à la citoyenne Marie-Françoise-Rose Belfonds, ci-devant de Fougères, noble et reli¬ gieuse du ci-devant ordre de Fontevrault, reli¬ gieux lui-même de ce même ordre où, par un renversement tout à fait piquant des principes naturels, le béguinisme régnait sur le catholi¬ cisme; car si la religion avait ses Capet, ses Léo¬ pold et ses Frédéric, elle avait aussi ses Cathe¬ rine; on peut donc dire ici que la nature a re¬ couvré un droit de plus. « Cette cérémonie, dont l’intérêt semble devoir être circonscrit dans un village, s’il n’était lié avec l’intérêt des bonnes mœurs et de la saine philosophie, présente encore une heureuse parti¬ cularité dans le bon esprit du citoyen Mauvise, curé de Saint -Sabin, dont le civisme est géné¬ ralement reconnu qui, appartenant jadis à la • caste nobiliaire, a prouvé, en donnant la béné¬ diction nuptiale aux conjoints, qu’il ne s’est pas moins généreusement séquestré (sic) de La caste cléricale. Un discours simple dans lequel il a dénombré que le célibat en général est con¬ traire aux lois divines, et que le célibat des prê¬ tres n’a été qu’un raffinement de la dépravation morale, a excité les plus vifs applaudissements. A la cérémonie a succédé un banquet frugal, ouvert par une félicitation de deux députés de la Société populaire du Blanc, chargés d’offrir aux époux la couronne civique, et où l’on a porté un grand nombre de toasts à la prospérité fran¬ çaise. Vous dire enfin, citoyen Président, que plusieurs curés et autres citoyens des communes circonvoisines se sont empressés de partager les plaisirs de cette fête innocente, et que les bons habitants de la paroisse ont eux-mêmes mani¬ festé leur joie d’une manière non équivoque, par des danses et des jeux accompagnés d’une décence et d’une liberté vraiment républicaines, c’est vous dire assez combien sont rapides les progrès que le système régénérateur fait dans nos cantons. « Vive la République ! « Penault, président; Verdure, secrétaire. » Adresse des administrateurs du département de l’Aube, de la Société républicaine, du conseil général du district de la commune, contenant des principes de morale et de philosophie natu¬ relle propres à remplacer avantageusement, dans l’esprit du peuple, les impressions du fana-(1) Archives nationales, carton C 279, dossier 753. i~ (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 223. (1) Archives nationales, carton G 281, dossier 771.