[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. 11. fn maire anl I 4�3 ( l'r décembre 1793 grand pont, où, faisant des tentatives pour briser la grande porte, il a été chassé par la fu¬ sillade du plateau supérieur et des croisées, ce âui l’a forcé sur-le-champ à se retirer. Outre ces eux points où la garnison s’est défendue avec le plus grand succès, elle dirigeait encore son feu sur lé pourtour du chemin couvert, et faisait jouer sur l’ennemi, répandu dans les fossés, les pierriers qui étaient à notre disposition. L’en¬ nemi ne s’est porté sur la ville que lorsque son attaque sur la forteresse a été très bien formée. Alors il a paru en force aux quatre portes, où après avoir haché les chevaux de frise qui étaient en avant, brisé cos mêmes portes sous le feu des postes qui les gardaient, et qui ne se sont retirés que lorsqu’ils n’ont plus eu aucun moyen de résistance, il s’est répandu en infanterie dans les rues, pénétrant dans les maisons des citoyens pour les mettre à contribution et y faire des ôtages. Le château a lancé sur eux quelques bombes; nos avant-postes, qui ne pouvaient plus regagner la forteresse, leur ont échappé en totalité. Dans le nombre des prisonniers faits dans la ville, se trouve l’adjudant-major de la place, le brave Vieillard. Le feu de la garnison et l’affaire ont cessé une demi-heure avant le jour, et à 8 heures nous étant bien assurés que l’armée prussienne s’était retirée, alors on fit une sortie pour s’em¬ parer des prisonniers qui avaient été forcés de rester dans le passage sous la petite tête, d’où les faisant sortir et rendre les armes, iis se sont trouvés au nombre de 251: y compris 9 officiers, dont un émigré, officier du génie qui a servi autrefois dans cette place. On a trouvé dans la botte d’un de ces officiers une croix en or émaillé, portant cette devise : Pour le mérite. L’ennemi, qui dans sa retraite emmenait avec lui quantité de voitures chargées de blessés et de prisonniers qu’il nous a faits, a perdu en¬ core beaucoup de monde chemin faisant, par le feu de l’artillerie qui tirait de tous côtés, et principalement sur le chemin de Sarregue-mines. En parcourant les ouvrages pour y faire des recherches, nous avons encore trouvé 15 hommes faits prisonniers, ensuite nous avons levé 120 morts, dans le nombre desquels se sont trouvés un capitaine et un lieutenant. Quant à la garnison, la perte se monte à 13 hommes morts, 28 prisonniers, du nombre des¬ quels sont 15 malades pris dans l’hôpital de la ville. Cette perte n’a été presque supportée que par le bataillon du Cher, les canonniers n’ayant perdu que trois hommes qui se trou¬ vaient à l’hôpital où l’ennemi a pillé, et enlevé tout ce qui était transportable en malades, avec les deux premiers chirurgiens et un élève, qui font grande faute à la garnison. Enfin, nous avons pris sur les Prussiens 252 fusils avec leurs baïonnettes, d’énormes leviers, de très grosses masses, des haches, des ciseaux, scies, limes, cordes, lanternes sourdes, échelles en grand nombre, et autres espèces d’outils, tous imaginés pour cette expédition. Pour soutenir une attaque aussi vigoureuse, la gar¬ nison n’était composée que du 2e bataillon du Cher, au nombre de 673 hommes, y compris les officiers et sous-officiers, et d’une compagnie de canonniers du 1er régiment d’artillerie, au nom¬ bre de 64 hommes, y compris de même les offi¬ ciers, et 2 officiers de génie. Quant au courage de nos braves camarades, tant du Cher que de l’artillerie, ils se sont bat¬ tus à la républicaine. Je ne trouve pas de terme plus expressif pour faire leur éloge. Ceci n’est qu’un récit succinct et fidèle que peut rendre le commandant par intérim de la place, chef du¬ dit 2e bataillon du Cher. Signé : Huet. P. S. Il a été rapporté par des citoyens de la ville, que le général qui commandait l’armée prussienne est un prince et qu’il a été blessé à une jambe. Pour copie conforme : Le ministre de la guerre (1). La Convention décrète que ce bataillon a bien mérité de la patrie. Le ministre de l’intérieur (2) prévient la Con¬ vention nationale que le comité de surveillance de Cherbourg vient de convaincre le directeur de la poste aux lettres de sa commune du plus horrible des attentats; qu’on a découvert chez lui plus de 400 livres pesant de « Bulletins », rap¬ ports, lois, etc., encore scellés du cachet de la Convention; qu’on en a trouvé bien davantage dans plusieurs maisons, où ce lâche fonction¬ naire les vendait à raison de 7 sous la livre. « Sur la motion d’un membre (Maribon-Montaut (3)], la Convention nationale décrète ce qui suit : Art. 1er. « Le citoyen qui a dénoncé le délit national annoncé par le ministre de l’intérieur, a bien servi la chose publique. Art. 2. « Le directeur de la poste aux lettres de Cher¬ bourg, nommé Leroi, sera traduit au tribunal révolutionnaire. Art. 3. « Tous les directeurs et autres agents de la poste aux lettres, de la République, qui se ren¬ dront coupables du même délit, seront pareille¬ ment traduits au tribunal révolutionnaire. (1) Le Journal des Débats et des Décrets (frimaire an II, n° 439, p. 148) et les Annales patriotiques et littéraires [n° 335 du 12 frimaire an II (lundi 2 décem¬ bre 1793), p. 1518, col. 2] mentionnent que la lec¬ ture de cette lettre fut suivie des plus vifs applau-dissements - (2) La lettre du ministre de l’intérieur ne figure pas au dossier. (3) D’après le Moniteur universel. 484 [Convention nationale-) ARCHIVES PARLE MENTAItt (SS, j {.V�mbre 1793 Art. 4-. « La lettre du ministre de l’intérieur et le pré-sont décret seront insérés au « Bulletin de la Convention nationale (1). » Suivent les pièces transmises par le comité de surveillance de Cherbourg (2). A. Le 4 frimaire, l’an II de la République, à Cherbourg, Nous, membres composant le comité de sur¬ veillance établi à Cherbourg soussignés, certi¬ fions que ce jour d’hui nous avons été invités par le citoyen Giguet, imprimeur libre, d’entrer chez lui, rue des Corderies, pour nous y occuper d’affaires importantes. Que nous étant trans¬ portés ohez ledit Giguet et monté dans sa chambre à coucher, il nous a montré une quan¬ tité considérable de paquets de Bulletins, sup¬ pléments et d’exemplaires de la Constitution française enliassés de ficelle dans le même état qu’on lés envoie de Paris. Sur la demande que nous avons faite audit Gîguet de nous dire où il s’était procuré ces papiers, il nous a répondu que le nommé Le Buhostel (sic), marchand épicier de notre com¬ mune, demeurant rue de la Fontaine, les lui a livrés1 hier à raison de 7 sols la livre, et qu’il con¬ naissait une maison où il y en avait encore 400 livres pesant. Que pour se procurer des ren¬ seignements encore plus certains, il nous a dit que sous deux heures il allait se transporter dans le lieu de nos séances et qu’il nous y com¬ muniquerait tout ce qu’il allait apprendre. Nous pous sommes ensuite retirés dans notre local où pous avons fait intervenir le citoyen Buhotel, qui nous a passé la déclaration ci -jointe, n° 1. Nous avons de suite appelé le citoyen Chapuy qui nous a fait la déclaration n° 2. La servante de Buhotel, celle n° 3. Pendant la présence de Buhotel dans notre comité, trois de nous et un notable de la com¬ mune se sont transportés chez le nommé Leroy ou Moulin (3), directeur de la poste aux lettres dé notre commune, que les divers récits de Giguet nous font soupçonner, pour qu’ils y fissent perquisition, et y ayant trouvé un dépôt de papiers, s’en sont saisis. Buhotel, ayant sorti, est rentré au bout de deux heures et a ajouté à sa première déclaration F addition qui suit et qu’ü a également signée. Nous avons ensuite fait transporter dans notre chambre les papiers trouvés chez le nommé Leroy ou Moulin, direc-(1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 297. La minute du décret est de la main de Roger-Ducos, mais elle n’est pas signée. (2) Archives nationales, carton W 339, dossier 616. (3) C’est sous le nom de Moulin, ci-devant Leroy, que le jugement du tribunal révolutionnaire, en date du 3 germinal an II, portant condamnation à mort, a été rendu. Ce changement de nom pro¬ vient do ce que Le Roy avait renoncé, le 7 bru¬ maire, à s’appeler ainsi et avait pris le nom de Moulin qui était. celui de sa femme. tour de la poste aux lettres, lesquels papiers sont distribués en 30 paquets, gros et petits, cachetés du comité de correspondance de FAssemblée nationale, portant les adresses et les numéros ci-après : 1° Aux représentants de la nation française, armée des côtes de Cherbourg, à Cherbourg. 400 premiers suppléments n° 15 en caractères bleus, Bulletins de la Convention nationale, du poids d’environ 11 livres; 2° Même adresse. 400 Bulletins, 400 supplé¬ ments n° 15 du poids d’environ 2 2 livres; 3° Même adresse. 400 Bulletins n° 15 du poids d’environ 11 livres; 4° Même adresse. 400 Bulletins, 400 supplé¬ ments, n° 15 du poids d’environ 22 livres; 5° Même adresse. 400 Bulletins n° 15, du poids de 11 livres; 6° Même adresse. 400 Bulletins, 400 supplé¬ ments du poids de 22 livres ; 7° Un paquet double, même adresse; n° 15, du poids de 22 livres; 8° Même adresse. 400 Bulletins du poids de 11 livres; 9° Même adresse. 400 suppléments de 1 1 liv., n° 15; 10° Même adresse. 400 Bulletins et supplé¬ ments pesant 22 livres; 11° Même adresse. 400 Bulletins, n° 15, pesant 11 livres; 12° Même adresse. Un reçu à demander, en lettres rouges, ministre de la guerre. Lois,, juil¬ let, n° 15, pesant 15 livres; 13° Même adresse. 400 2e supplément n° 15, pesant 11 livres; 14° Même adresse. 400 suites du rapport, n° 15, pesant 1 1 livres ; 15° Même adresse. 400 Bulletins, n° 15, pe¬ sant 11 livres; 16° Mêmes adresse et numéro, pesant 11 livres, 400 1ers suppléments; 17° Mêmes adresse et numéro. 400 supplé¬ ments, pesant 11 livres; 18° Mêmes adresse et numéro. 400 Bulletins pesant 11 livres; 19° Mêmes adresse et numéro. 400 2e supplé¬ ment, pesant 11 livres; 20° Mêmes adresse et numéro. 400 2e supplé¬ ment, pesant 11 livres; 21° Mêmes adresse et numéro. 400 supplé¬ ment l(!f, pesant 11 livres; 22° Mêmes adresse et numéro.. 400 Bulletinsr 400 suppléments, pesant 22 livres; 23° Mêmes adresse et numéro. Lois, juillet Ministre de la guerre, pesant 4 livres un quart ; 24° Mêmes adresse et numéro. 100 Bulletins pesant 3 livres un quart; 25° Mêmes adresse et numéro. Lois. Ministre de la guerre, pesant une livre un quart ; 26° Même adresse. Lois. Ministre de la guerre, n° 15, juin, pesant 3 livres et demie; 27° Mêmes adresse et numéro. Ministre de la guerre, lois, juin, pesant 1 livre 12 onces; 28° Mêmes adresse et numéro. Ministre de la guerre. Lois, juillet, pesant 4 livres un quart; 29° Même adresse. Ministre de la guerre. Lois, juin, pesant 1 livre 3 quarts (1). Après quoi nous avons fait intervenir le ci¬ toyen Le Roy ou Moulin, directeur de là poste (1) Le n° 30 ne figure pas à l’original.