108 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE toyennes, se rendirent au son d’une musique guerrière, et en chantant les hymnes les plus révolutionnaires, à la place d’armes, où le mannequin de Robespierre, tenant en ses mains les emblèmes de la royauté, fut brûlé au milieu des cris mille fois répétés : Vive la République une et indivisible ! Périssent les tyrans ! Périssent les dictateurs, les triumvirs ! Vivent nos bons frères de Paris, qui, dans la nuit du 9 thermidor, firent un rempart de leurs corps à la Convention nationale ! Le conseil général de la commune me charge de présenter à la Convention le procès-verbal de la justice que les citoyens de Rodez ont faite de l’infâme Robespierre. J’en demande la mention honorable et l’insertion au bulletin. Cette proposition est adoptée (42). Le conseil général de la commune de Rodez [département de l’Aveyron] envoie le procès-verbal de la fête célébrée le 23 thermidor, 10 août (vieux style) dans cette commune; et informe la Convention nationale que le mannequin de Robespierre, tenant en ses mains les emblèmes de la royauté, y fut brûlé en présence du peuple, et au milieu des cris de vive la République une et indivisible ! vive la Convention! vive la liberté! Mention honorable, insertion au bulletin (43). [ Extrait du registre des délibérations du conseil général de la commune de Rodez tenu en séance publique le 23 thermidor an II] (44) Assemblés en conseil général de la commune, les citoyens Ginesty maire, Vaisse, Brassat, Guarrigue, Acquier cadet, Jouery, Raynal, Couly, Viala, officiers municipaux, Fabre, agent national. Devie, Ferrau, Besse Benoit, Besombes, Corchaud Shedenat, Vigouroux, Antoine Besse, Brunet, Boyer, Lacoste, Arlaboye Bessiere, Sales, Galy, Marty, notables Les tambours ont battu la diane au bruit d’une salve d’artillerie pour annoncer la fête. Le conseil général de la commune assemblée dans le lieu ordinaire de ses séances s’est rendu à onze heures au temple de l’être suprême où sa force armée ainsi que les citoyens et beaucoup d’étrangers l’avoient précédé. Le cortège est parti de suitte au bruit d’une nouvelle salve d’artillerie et a défilé par la rue du département, les compagnies des vétérans et des adolescens l’espoir de la patrie à la tête, des vieillards armés de piques suivis de la garde nationale et de la municipalité devant laquelle étoit portée la table des droits de l’homme par quatre vétérans, la musique éxé-(42) Moniteur, XXI, 742. (43) P-V, XLV, 218. (44) C 319, pl. 1307, p. 19. En marge, mention honorable, insertion au bulletin de la main de Louchet. Mentionné dans Bull., 27 fruct. cutant des airs patriotiques et les autres citoyens et citoyennes avec le détachement de la troisième division du bataillon de Vaucluse fermant la marche. On est arrivé à la place de la Liberté où il a été chanté des hymnes patriotiques. C’étoit un spectacle ravissant de voir flotter aux fenêtres des citoyens des drapeaux aux couleurs nationales et avec les inscriptions de Vive la République, vive la Convention; La République ou la mort, mort aux tyrans, paix aux peuples. De là on a traversé la place de la Montagne pour se rendre par la rue marchande à la place de la Fraternité au tour de laquelle le cortège s’est rangé, tandis que la musique se portant au centre et près de l’arbre de la liberté a exécuté quelques strophes en l’honneur des vainqueurs des ennemis du peuple aux Tuileries. On s’est ensuite rendu à la place d’ Armes où avoit été placé la statue de la liberté au haut d’une pyramide, et sur le vis-avis un échaffaud élevé audessus d’un bûcher sur lequel se trouvoit le mannequin de Robespierre tenant en ses mains les emblèmes de la royauté. Les chanteurs et chanteuses ont icy exprimé avec énergie les sublimes sentimens d’un peuple libre au son mélodieux des instruments. Le maire a ensuitte pris la parole entouré d’une foule immense; il a fait une vive peinture de ce qui se passa à Paris à l’époque mémorable du dix Aoust, vieux style; et après avoir montré aux citoyens tout ce qu’ils doivent de reconnois-sance et d’amour aux pères de la patrie, aux Barras qui furent immolés pour la cause de la liberté, aux législateurs encore qui ont déjoué toutes les factions de l’anarchie et de l’immoralité; aux parisiens qui ont reçemment couvert de leur corps nos dignes représentans dans le moment de crise peut-être le plus dangereux pour la patrie; il a en outre retracé d’une manière précise et frappante les horribles forfaits de Robespierre et de ses complices; et conjurant les éléments l’air et le feu d’emporter les cendres de tous ces monstres dans la région des tyrans et des esclaves, il a mis le feux au bûcher au bruit d’une salve d’artillerie et au milieu de cris redoublés de Vive la République, une et indivisible, vive la Convention, vive la liberté. Le cortège s’est après cela rendu au temple de l’être suprême où plusieurs pièces de musique ont été éxécu-tées et où le président de la société populaire a prononcé un discours analogue à la fête. On s’est retiré vers les trois heures, et il y aura ce soir des réjouissances publiques. Lecture faitte du présent verbal, il a été délibéré, ouï l’agent national, qu’extrait en sera envoyé à la Convention, et qu’il sera écrit au citoyen Louchet représentant du peuple pour l’inviter à la présenter lui-même au Président de la Convention, et ont signé les membres présents, l’agent national et le secrétaire greffier. Collationné sur le registre. Gynesty, maire, Dangles.