138 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE tyran. Les tyrans apprendront en frémissant avec quelle rapidité leur complice et leur émule est tombé sous la pique de la liberté, dont il souilla longtemps le temple et le langage. Le sceptre d’un moment de l’infâme Robespierre, ce nouveau Cromwel, s’est brisé devant la majesté du peuple, ce souverain éternel de tous les hommes. O généreux peuple de Paris, tu étois tel le 10 thermidor que tu le fus le 10 août et le 31 mai. Que l’exemple des conspirateurs, des fonctionnaires publics qui veulent un instant s’élever au-dessus du peuple, apprene aux autorités constituées que le majistrat n’est plus rien quand il abuse de ses pouvoirs. Que la France tire une grande leçon de cet événement. Ne nous faisons jamais d’idoles des hommes; que l’engouement pour tel ou tel cesse enfin de nous diriger, et la République se fondera, s’affermira, parce qu’elle sera l’unique point de ralliement de tous. Pour nous, fidelles aux grands principes, nous vouons à la mort tous les conspirateurs; nous félicitons la Convention de ce qu’elle a triomphé par son énergique courage de ses ennemis qui étoient ceux de la République; nous jurons de coopérer avec elle à l’anéantissement des traitres, de quel masque qu’ils se couvrent, et de mourir à notre poste. Vive la République ! Vive la Convention ! Périssent les traîtres et les ambitieux ! Genssane (maire), Bleny ( agent nat.) et 11 autres signatures. 26 L’agent national près le district de Vannes (1) informe la Convention nationale qu’un bien d’émigré, estimé 6 000 liv., a été vendu 14 000 liv.; qu’un autre, estimé 4 684 liv., a été vendu 13 100 liv.; qu’un autre, enfin, estimé 3 665 liv. 5 sous, a été vendu 11 700 liv. Insertion au bulletin et renvoi au comité des domaines nationaux (2). 27 Les citoyens composant la société populaire de Suziers [sic pour Juziers], district de Mantes (3), témoignent leur joie de ce que le jour que Robespierre destinoit pour son triomphe ait été celui de l’anéantissement de cet infâme conspirateur. Nous, campagnards, disent-ils, nous ignorons l’art de faire des complimens; mais nous disons tous uniment : nos Montagnards font leur devoir; que chacun de nous fasse le sien, et ne (1) Morbihan. (2) P.V., XLIII, 250, B in, Ier fruct. (divergences dans les chiffres). Moniteur (réimpr.) XXI, 539. (3) Seine-et-Oise. reconnoisse, en détestant les rois, que l’amour des vertus et l’empire des lois. Mention honorable, insertion au bulletin (1). [La sté popul. de la comm. de Juziers, à la Conv.; 26 therm. II] (2) Citoyens représentans du peuple, A la nouvelle que nous avons eu des trames perfides que l’infâme Robespierre et ses complices projettoient pour parvenir à son règne imaginaire, nous avons frémis d’horreur. Mais aussitôt, apprenant la fermeté et la sagesse que la Convention a employé et déployé dans ces momens dangereux pour elle et la liberté, nous nous sommes écriés : Vive la République et périssent à jamais tous ses ennemis ! Que leurs infâmes mémoires soient vouées à l’exécration universelle de tous les peuples de la terre ! Ombres infâmes de Robespierre, le jour même que tu destinoit pour ton triomphe fut celui de ton annéantissement et [celui] de tes exécrables complices. (Vive la République et la Convention nationale !). Tu vouloit, à l’ombre du manteau de la religion naturelle, établir ton trône sur les cadavres des patriotes et régner par le sang; tu feignoit de reconnoître l’Etre suprême et tu vouloit te substituer à sa place. Mais l’Etre suprême que tu méconnoissoit dans ton cœur a éclairé la Convention sur tes forfaits et a permis qu’elle transforma ton trône imaginaire en un échafaut et que le glève vengeur des loix fût ton septre et ta couronne. Représentans, votre sagesse et votre fermeté, que l’Europe entier contemple, fait le désespoir des despotes et, en déjouant leurs complots, consolidera la République une et indivisible. Notre jeunesse la défend aux frontières, nous la défendons au dedans; nous sommes disposés à vous faire de nos corps un rempart comme ont fait nos frères de Paris. Nous, campagnards, nous ignorons l’art de faire des complimens mais nous disons tous uniment, et nous répétrons sans cesse, à nos femmes, à nos enfans et à tous nos concitoyens : nos députés montagnards font leurs devoirs; que chacun de nous fassent le sien et tout ira bien. Et puis nous chantons tous le refrein : Nous... ne reconnoissons, en détestant les rois, que l’amour des vertus et l’empire des lois. S. et F. ! Les frères sociétaires de Juziers : Alain ( présid .), Bonnet ( secrét .) et 24 autres signatures. Les citoyens Guillaume Charpentier, Nicolas Ozanne, Pierre Chappée, Lucien Savigny et Nicolas Dumont ont déclaré ne sçavoir signer. François Lenoir (secret.). (1) P.V., XLIII, 250. (2)C 316, pl. 1267, p. 46. Mentionné par Bin, 2 fruct.