SÉANCE DU 11 PRAIRIAL AN II (30 MAI 1794) - N° 51 149 Après ce léger mélange de succès et d’échecs, le comité vous apprendra que le bombardement du fort Saint-Elme continue avec succès, et qu’une sortie, faite dans la nuit par les Espagnols, a été repoussée avec perte pour l’Espagnol. Nous avons fait des prisonniers et surtout des officiers supérieurs. Voici les lettres : [ Michaud , command * à l’A. du Rhin, au C. de S. P.; Au quartier gal à Kurweiller en Pala-tinat, 5 prair. II]. « Citoyens représentants, Hier je n’ai pu vous écrire, j’ai continuellement resté sur le champ de bataille. A 3 heures du matin, les forces combinées des coalisés nous ont attaqués sur tous les points : l’ennemi, secondé par une artillerie de gros calibre, beaucoup plus nombreuse que la nôtre, chercha d’abord à forcer notre gauche; nous lui avons vigoureusement riposté, et bientôt il s’est vu dans l’obligation d’employer toutes les ressources de la tactique pour chercher à nous donner le change sur ses véritables attaques; enfin, après divers essais inutiles, il se décida pour se porter avec opiniâtreté sur notre droite, c’est sur ce point où ils ont fait opérer leurs plus grands efforts, et c’est sur ce point qu’ils ont été mieux battus. Cette division, aux ordres du général Desaix, a fait la résistance la plus courageuse et la plus digne d’éloges. Vainement l’ennemi a voulu charger les défenseurs de la liberté; le feu soutenu de l’artillerie et de la mousqueterie, les charges de l’infanterie et de la cavalerie les ont bientôt repoussés avec un avantage extraordinaire. La perte des esclaves est estimée à 7 ou 800 hommes et beaucoup de chevaux, le nombre des blessés est proportionné. Nous leur avons fait bon nombre de prisonniers et nous avons eu le champ de bataille. La victoire enfin est totale de notre côté, et je ne peux que me louer du courage et du républicanisme de l’armée. Généraux et soldats, tous ont rempli leurs serments et soutenu dignement la cause sacrée de la liberté. Malheureusement les nouvelles qui m’arrivent de la droite de l’armée de la Moselle sont bien différentes, et rendent maintenant ma position des plus critiques. Kaiserlautem a été emporté avec Huchspeire, ainsi que Frankstein et Weldenhalt, les deux derniers postes de nos armées, qui par là se sont trouvées entre deux feux. Le général Am-bert, qui commandait à Kaiserlautem, m’annonce qu’il s’est retiré à Bermaschen. S. et F. ». Signé MICHAUD. [Le repr. près VA. du Rhin, pour l’embrigade-ment, au C. de S. P.; Au quatier gal, à Kurweiller, 5 prair. Il], «J’arrive du champ de bataille où j’étais depuis 48 heures. Nous avons été attaqués sur tous les points, dans la nuit du 3 au 4. Les autrichiens ont commencé le feu à notre droite, le 3 à 6 heures du matin, et les Prussiens à notre gauche, aussi à 2 heures du matin. Je n’ai que des succès à vous apprendre de ce côté-là. Nos braves républicains, depuis le général jusqu’aux volontaires, se sont comportés en héros. L’Autrichien a au moins perdu, tant tués que blessés, 1,000 hommes, sans compter 100 que nous avons fait prisonniers. Notre gauche a repoussé vigoureusement les Prussiens, qui cependant se sont sauvés sans beaucoup de perte. Malheureusement la droite de l’armée de la Moselle, qui fait notre gauche, ne nous a pas secondés; elle a abandonné le poste important de Kaiserslautern, et s’est retirée sur Pirmasens, d’où le général de division Ambert écrit au général en chef Michaud que, s’il est de rechef attaqué, il ne pourra pas tenir. Pour le plus, 15 000 républicains ont repoussé au moins 40,000 ennemis. J’aiderai en tout ce qui sera en mon pouvoir pour effectuer la retraite sur les lignes qui doit se faire cette nuit : d’après les mesures que les généraux ont prises, il est certain qu’elle se fera dans le plus grand ordre ». Signé, ROUGEMONT. [Le général Jourdan, command * en chef de VA. de Moselle, au C. de S. P.; Au quartier gat, à Warveille, 8 prair. II]. « Citoyens-Représentans, « Dans une lettre d’hier, je vous annonçais que j’attaquerais aujourd’hui l’ennemi à Marche, s’il jugeait à propos de m’y attendre; mais il a refusé, comme à l’ordinaire, à se mesurer avec nos braves qui lui ont donné un échantillon de leur valeur à l’attaque de Neuf château. Un de mes aides-de-camp qui s’est engagé fort avant avec un officier du 1er régiment de cavalerie, ont été les premiers qui m’ont donné connaissance de sa retraite. Demain mon avant-garde se porte sur Chini, et mon corps de bataille en avant de Marche. Le général Moreau vous a sans doute donné connaissance de la malheureuse affaire de Kaiserslautern; l’ennemi s’est précipité en force très -supérieure sur celle qui gardait ce poste, qui, malgré ses pertes, a fait une retraite qui fait honneur à l’infanterie républicaine. S. et F. Signé JOURDAN. [Ambert, gal de division, au général de division Moreau, Command * l’aile droite de l’armée; Pirmasens, 4 prair. II]. « Ce que j’avais prévu est malheureusement arrivé, mon cher ami; l’ennemi a fait usage de ses grands rassemblemens; il est tombé ce matin, à la pointe du jour, sur les postes de Hochspeier et Filsbach, qui n’ont pu tenir longtemps contre des forces supérieures. A 5 heures, nous avons été attaqués nous-mêmes vivement par 4 colonnes, qui ont débouché par Mohr-lautem, et sur les routes de Mamstein, Durkeim et Neustadt. Après 4 heures de combat, avec nos faibles moyens, chaque bataillon s’est retiré à peu près dans le plus grand ordre, jusques dans les gorges des chemins de Pirmasens, par Tripstat et Choppe. Nous en étions-là; l’artillerie légère, après avoir fait un feu très vif et très meurtrier pour l’ennemi, en était à sa SÉANCE DU 11 PRAIRIAL AN II (30 MAI 1794) - N° 51 149 Après ce léger mélange de succès et d’échecs, le comité vous apprendra que le bombardement du fort Saint-Elme continue avec succès, et qu’une sortie, faite dans la nuit par les Espagnols, a été repoussée avec perte pour l’Espagnol. Nous avons fait des prisonniers et surtout des officiers supérieurs. Voici les lettres : [ Michaud , command * à l’A. du Rhin, au C. de S. P.; Au quartier gal à Kurweiller en Pala-tinat, 5 prair. II]. « Citoyens représentants, Hier je n’ai pu vous écrire, j’ai continuellement resté sur le champ de bataille. A 3 heures du matin, les forces combinées des coalisés nous ont attaqués sur tous les points : l’ennemi, secondé par une artillerie de gros calibre, beaucoup plus nombreuse que la nôtre, chercha d’abord à forcer notre gauche; nous lui avons vigoureusement riposté, et bientôt il s’est vu dans l’obligation d’employer toutes les ressources de la tactique pour chercher à nous donner le change sur ses véritables attaques; enfin, après divers essais inutiles, il se décida pour se porter avec opiniâtreté sur notre droite, c’est sur ce point où ils ont fait opérer leurs plus grands efforts, et c’est sur ce point qu’ils ont été mieux battus. Cette division, aux ordres du général Desaix, a fait la résistance la plus courageuse et la plus digne d’éloges. Vainement l’ennemi a voulu charger les défenseurs de la liberté; le feu soutenu de l’artillerie et de la mousqueterie, les charges de l’infanterie et de la cavalerie les ont bientôt repoussés avec un avantage extraordinaire. La perte des esclaves est estimée à 7 ou 800 hommes et beaucoup de chevaux, le nombre des blessés est proportionné. Nous leur avons fait bon nombre de prisonniers et nous avons eu le champ de bataille. La victoire enfin est totale de notre côté, et je ne peux que me louer du courage et du républicanisme de l’armée. Généraux et soldats, tous ont rempli leurs serments et soutenu dignement la cause sacrée de la liberté. Malheureusement les nouvelles qui m’arrivent de la droite de l’armée de la Moselle sont bien différentes, et rendent maintenant ma position des plus critiques. Kaiserlautem a été emporté avec Huchspeire, ainsi que Frankstein et Weldenhalt, les deux derniers postes de nos armées, qui par là se sont trouvées entre deux feux. Le général Am-bert, qui commandait à Kaiserlautem, m’annonce qu’il s’est retiré à Bermaschen. S. et F. ». Signé MICHAUD. [Le repr. près VA. du Rhin, pour l’embrigade-ment, au C. de S. P.; Au quatier gal, à Kurweiller, 5 prair. Il], «J’arrive du champ de bataille où j’étais depuis 48 heures. Nous avons été attaqués sur tous les points, dans la nuit du 3 au 4. Les autrichiens ont commencé le feu à notre droite, le 3 à 6 heures du matin, et les Prussiens à notre gauche, aussi à 2 heures du matin. Je n’ai que des succès à vous apprendre de ce côté-là. Nos braves républicains, depuis le général jusqu’aux volontaires, se sont comportés en héros. L’Autrichien a au moins perdu, tant tués que blessés, 1,000 hommes, sans compter 100 que nous avons fait prisonniers. Notre gauche a repoussé vigoureusement les Prussiens, qui cependant se sont sauvés sans beaucoup de perte. Malheureusement la droite de l’armée de la Moselle, qui fait notre gauche, ne nous a pas secondés; elle a abandonné le poste important de Kaiserslautern, et s’est retirée sur Pirmasens, d’où le général de division Ambert écrit au général en chef Michaud que, s’il est de rechef attaqué, il ne pourra pas tenir. Pour le plus, 15 000 républicains ont repoussé au moins 40,000 ennemis. J’aiderai en tout ce qui sera en mon pouvoir pour effectuer la retraite sur les lignes qui doit se faire cette nuit : d’après les mesures que les généraux ont prises, il est certain qu’elle se fera dans le plus grand ordre ». Signé, ROUGEMONT. [Le général Jourdan, command * en chef de VA. de Moselle, au C. de S. P.; Au quartier gat, à Warveille, 8 prair. II]. « Citoyens-Représentans, « Dans une lettre d’hier, je vous annonçais que j’attaquerais aujourd’hui l’ennemi à Marche, s’il jugeait à propos de m’y attendre; mais il a refusé, comme à l’ordinaire, à se mesurer avec nos braves qui lui ont donné un échantillon de leur valeur à l’attaque de Neuf château. Un de mes aides-de-camp qui s’est engagé fort avant avec un officier du 1er régiment de cavalerie, ont été les premiers qui m’ont donné connaissance de sa retraite. Demain mon avant-garde se porte sur Chini, et mon corps de bataille en avant de Marche. Le général Moreau vous a sans doute donné connaissance de la malheureuse affaire de Kaiserslautern; l’ennemi s’est précipité en force très -supérieure sur celle qui gardait ce poste, qui, malgré ses pertes, a fait une retraite qui fait honneur à l’infanterie républicaine. S. et F. Signé JOURDAN. [Ambert, gal de division, au général de division Moreau, Command * l’aile droite de l’armée; Pirmasens, 4 prair. II]. « Ce que j’avais prévu est malheureusement arrivé, mon cher ami; l’ennemi a fait usage de ses grands rassemblemens; il est tombé ce matin, à la pointe du jour, sur les postes de Hochspeier et Filsbach, qui n’ont pu tenir longtemps contre des forces supérieures. A 5 heures, nous avons été attaqués nous-mêmes vivement par 4 colonnes, qui ont débouché par Mohr-lautem, et sur les routes de Mamstein, Durkeim et Neustadt. Après 4 heures de combat, avec nos faibles moyens, chaque bataillon s’est retiré à peu près dans le plus grand ordre, jusques dans les gorges des chemins de Pirmasens, par Tripstat et Choppe. Nous en étions-là; l’artillerie légère, après avoir fait un feu très vif et très meurtrier pour l’ennemi, en était à sa 150 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE seconde position de retraite, lorsqu’une terreur s’est emparée de notre cavalerie; elle se met en déroute, se précipite au milieu d’un bataillon qui en prend l’effroi, et fuit dans les bois. D’autres suivent cet exemple; l’artillerie légère, abandonnée à elle-même, s’est vue entourée par l’ennemi; une partie des canonniers se sont fait hâcher sur leurs pièces, désespérés d’être obligés de les abandonner. Le 2 e bataillon du 2® régiment, s’est de suite rallié, a chargé avec vigueur la cavalerie ennemie, et l’a contenue, ce qui nous a donné le temps de réunir un peu de forces; mais déjà, sans le savoir, nous étions coupés par Minsidel, et bientôt après sur Choppe et Tripstat. Le 80e régiment, qui occupait la ferme sur la route de Landstoult et Rambstein, a fait la plus belle résistance; il s’est retiré sur la route de Choppe, a arraché des mains de l’ennemi beaucoup de volontaires et plusieurs caissons de munitions; mais abandonné à lui-même, ayant affaire à une grande force, il s’est retiré sur Radelbein, où il s’est joint à nous. Nous avons été obligés de forcer les passages de Tripstat, à Choppe : l’infanterie s’est très-bien conduite dans ces deux occasions importantes ». P.c.c. MOREAU. [Les repr. près VA. du Nord; Au quartier gal de Thuin, 8 prair. II]. «Le 5, avant le jour, les avant-postes ont été attaqués au-dessus de Merbes; ils ont été surpris. La gauche a lâché le pied et s’est repliée précipitamment sur la Sambre et l’a repassée. Au même instant l’ennemi parut sur les hauteurs; il descendit même une pièce de 7 au bord de la Sambre sur le pont de Sobre, vraisemblablement pour nous empêcher de le détruire et pour tenir le passage; la pièce de 7 fut démontée, ceux qui la conduisaient mis en fuite et le pont a été défait. Le général Kléber en ce moment conduisait 15.000 hommes au-delà de Lobbe, pour faire une pointe au-dessus de Mons, et faciliter les mouvements de la gauche sur le camp de Gri-velle; il n’était encore que 5 h. du matin et nos divisions de droite couraient risque d’être coupées. Duhem commandait à Lobbe, Mayer à Binch; ils opérèrent heureusement leur jonction. Je leur donne de justes éloges, ils ont soutenu toute la journée le feu à mitraille de 8 ou 10 pièces de gros calibre. 3 heures d’un feu roulant de mousqueterie et de bonnes manœuvres ont tellement couvert leurs troupes que, quoique plus faibles, ils ont perdu peu de monde, se sont emparés, au pas de charge, de quelques positions de l’ennemi, lui ont tué ou blessé plus de 1200 hommes, encloué une pièce de canon et fait 200 prisonniers, en sorte que nous avons conservé le cours de la Sambre et que la journée a fini par être funeste à l’ennemi. Le 6, l’ennemi a tenté le passage de la Sambre sur plusieurs points; il a partout été repoussé avec perte; le soir, il est descendu des hauteurs de la Tombe, sous Charleroi, et a fait une attaque assez vive sur Montigny; il a perdu du monde, mais il a pris le village. Le 7, tout s’est mis en mouvement pour attaquer Montigny et le camp redoutable de la Tombe; la journée s’est passée en une canno-nade assez vive et en marches. L’ennemi a cependant tellement souffert qu’ aujourd’hui 8, il a abandonné son camp ». Signé SAINT-JUST, LEVASSEUR. [Le général en chef de l’A. des Pyrénées Orientales, au C. de S. P. Au quartier gal devant Collioure, 28 flor. II]. « Citoyens représentants, Nous sommes toujours devant Collioure et Port-Vendre. Nos canons de 24 font merveille, la brèche est très avancée. Hier, à 11 heures de nuit, l’ennemi fit une sortie sur 3 colonnes, composées de 3.000 hommes, pour enlever nos pièces. Ses mesures furent bien concertées et, sans la vigilance et surtout l’intrépidité de nos frères d’armes, il eût réussi : mais il a été repoussé avec une perte quadruple de la nôtre. Je ne peux vous exprimer l’opiniâtreté du combat. Heureusement pour nous, il faisait clair de lune et il nous était facile de distinguer dans la mêlée, parmi les habits bleus, ceux qu’il fallait frapper. Les représentants du peuple étaient avec moi et nous avons eu ensemble le spectacle agréable de la gloire de nos frères d’armes. Sans exagération, on peut assurer que la perte de l’ennemi a été considérable. Nous avons eu malheureusement environ 60 hommes tant tués que blessés. Parmi les prisonniers espagnols, il y a plusieurs officiers supérieurs. S. et F. ». Signé DUGOMMIER. BARÈRE présente ensuite le détail de quatre nouvelles prises : [ Courrier du 10 prair.; Prises entrées à Brest]. Le brick anglais le Hudson, de 200 tonneaux, venant de Trieste, et allant à Londres, avec un chargement de raisins, prunes et genièvre, faisant partie de 15 autres bâtimens anglais, pris par le vaisseau V Audacieux, et qui ne sont pas encore entrés. Un navire de 200 tonneaux, allant à Bilbao, pris par le Flibustier, et dont le chargement est en bled. Un navire de 160 tonneaux, parti d’Amsterdam, allant à Porto, chargé de bled, fer, quincaillerie et gréement, entré à Nantes, pris par les corvettes la Difficile et le Fabius. Un navire anglais de 250 tonneaux, chargé de sel, salaison, biscuit et cordages, entré à Nantes, pris par le vaisseau Lepeletier (1). (1) Mon., XX, 609. Bln, 11 prair. Débats, nos 618, p. 157, 619, p. 165 et 620, p. 189; Feuille Rép., nos 332, 333; J. Paris, n°‘ 516, 517; C. Eg., n°* 651, 652; J. Perlet, nos 616, 617; Rép., n°“ 162, 163; J. Matin, n° 679 (sic) ; J. Sablier, n° 1350; Ann. R.F., n° 182; Audit, nat., n° 615; J. Mont., n° 35; J. Fr., n° 614; J. Lois, n° 610; Mess, soir, n° 651; J. S.-Culottes, n° 470; C. Univ., 12 prair.; M.U., XL, 188; J. Univ., n08 1649 et 1651. 150 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE seconde position de retraite, lorsqu’une terreur s’est emparée de notre cavalerie; elle se met en déroute, se précipite au milieu d’un bataillon qui en prend l’effroi, et fuit dans les bois. D’autres suivent cet exemple; l’artillerie légère, abandonnée à elle-même, s’est vue entourée par l’ennemi; une partie des canonniers se sont fait hâcher sur leurs pièces, désespérés d’être obligés de les abandonner. Le 2 e bataillon du 2® régiment, s’est de suite rallié, a chargé avec vigueur la cavalerie ennemie, et l’a contenue, ce qui nous a donné le temps de réunir un peu de forces; mais déjà, sans le savoir, nous étions coupés par Minsidel, et bientôt après sur Choppe et Tripstat. Le 80e régiment, qui occupait la ferme sur la route de Landstoult et Rambstein, a fait la plus belle résistance; il s’est retiré sur la route de Choppe, a arraché des mains de l’ennemi beaucoup de volontaires et plusieurs caissons de munitions; mais abandonné à lui-même, ayant affaire à une grande force, il s’est retiré sur Radelbein, où il s’est joint à nous. Nous avons été obligés de forcer les passages de Tripstat, à Choppe : l’infanterie s’est très-bien conduite dans ces deux occasions importantes ». P.c.c. MOREAU. [Les repr. près VA. du Nord; Au quartier gal de Thuin, 8 prair. II]. «Le 5, avant le jour, les avant-postes ont été attaqués au-dessus de Merbes; ils ont été surpris. La gauche a lâché le pied et s’est repliée précipitamment sur la Sambre et l’a repassée. Au même instant l’ennemi parut sur les hauteurs; il descendit même une pièce de 7 au bord de la Sambre sur le pont de Sobre, vraisemblablement pour nous empêcher de le détruire et pour tenir le passage; la pièce de 7 fut démontée, ceux qui la conduisaient mis en fuite et le pont a été défait. Le général Kléber en ce moment conduisait 15.000 hommes au-delà de Lobbe, pour faire une pointe au-dessus de Mons, et faciliter les mouvements de la gauche sur le camp de Gri-velle; il n’était encore que 5 h. du matin et nos divisions de droite couraient risque d’être coupées. Duhem commandait à Lobbe, Mayer à Binch; ils opérèrent heureusement leur jonction. Je leur donne de justes éloges, ils ont soutenu toute la journée le feu à mitraille de 8 ou 10 pièces de gros calibre. 3 heures d’un feu roulant de mousqueterie et de bonnes manœuvres ont tellement couvert leurs troupes que, quoique plus faibles, ils ont perdu peu de monde, se sont emparés, au pas de charge, de quelques positions de l’ennemi, lui ont tué ou blessé plus de 1200 hommes, encloué une pièce de canon et fait 200 prisonniers, en sorte que nous avons conservé le cours de la Sambre et que la journée a fini par être funeste à l’ennemi. Le 6, l’ennemi a tenté le passage de la Sambre sur plusieurs points; il a partout été repoussé avec perte; le soir, il est descendu des hauteurs de la Tombe, sous Charleroi, et a fait une attaque assez vive sur Montigny; il a perdu du monde, mais il a pris le village. Le 7, tout s’est mis en mouvement pour attaquer Montigny et le camp redoutable de la Tombe; la journée s’est passée en une canno-nade assez vive et en marches. L’ennemi a cependant tellement souffert qu’ aujourd’hui 8, il a abandonné son camp ». Signé SAINT-JUST, LEVASSEUR. [Le général en chef de l’A. des Pyrénées Orientales, au C. de S. P. Au quartier gal devant Collioure, 28 flor. II]. « Citoyens représentants, Nous sommes toujours devant Collioure et Port-Vendre. Nos canons de 24 font merveille, la brèche est très avancée. Hier, à 11 heures de nuit, l’ennemi fit une sortie sur 3 colonnes, composées de 3.000 hommes, pour enlever nos pièces. Ses mesures furent bien concertées et, sans la vigilance et surtout l’intrépidité de nos frères d’armes, il eût réussi : mais il a été repoussé avec une perte quadruple de la nôtre. Je ne peux vous exprimer l’opiniâtreté du combat. Heureusement pour nous, il faisait clair de lune et il nous était facile de distinguer dans la mêlée, parmi les habits bleus, ceux qu’il fallait frapper. Les représentants du peuple étaient avec moi et nous avons eu ensemble le spectacle agréable de la gloire de nos frères d’armes. Sans exagération, on peut assurer que la perte de l’ennemi a été considérable. Nous avons eu malheureusement environ 60 hommes tant tués que blessés. Parmi les prisonniers espagnols, il y a plusieurs officiers supérieurs. S. et F. ». Signé DUGOMMIER. BARÈRE présente ensuite le détail de quatre nouvelles prises : [ Courrier du 10 prair.; Prises entrées à Brest]. Le brick anglais le Hudson, de 200 tonneaux, venant de Trieste, et allant à Londres, avec un chargement de raisins, prunes et genièvre, faisant partie de 15 autres bâtimens anglais, pris par le vaisseau V Audacieux, et qui ne sont pas encore entrés. Un navire de 200 tonneaux, allant à Bilbao, pris par le Flibustier, et dont le chargement est en bled. Un navire de 160 tonneaux, parti d’Amsterdam, allant à Porto, chargé de bled, fer, quincaillerie et gréement, entré à Nantes, pris par les corvettes la Difficile et le Fabius. Un navire anglais de 250 tonneaux, chargé de sel, salaison, biscuit et cordages, entré à Nantes, pris par le vaisseau Lepeletier (1). (1) Mon., XX, 609. Bln, 11 prair. Débats, nos 618, p. 157, 619, p. 165 et 620, p. 189; Feuille Rép., nos 332, 333; J. Paris, n°‘ 516, 517; C. Eg., n°* 651, 652; J. Perlet, nos 616, 617; Rép., n°“ 162, 163; J. Matin, n° 679 (sic) ; J. Sablier, n° 1350; Ann. R.F., n° 182; Audit, nat., n° 615; J. Mont., n° 35; J. Fr., n° 614; J. Lois, n° 610; Mess, soir, n° 651; J. S.-Culottes, n° 470; C. Univ., 12 prair.; M.U., XL, 188; J. Univ., n08 1649 et 1651.