f Convention nationale.} ARCHIVES PARLEMENTAIRES. JèSbre ' 1793 50 5 cee diverses mesures, que le comité a reçu enfin le seul prix attaché à sou travail, le succès des armées de la République. Le rapport que je viens de lire était préparé par le comité pour vous demander d’appeler solennellement à la victoire la colonne du Nord qui vient d’arriver, comme vous l’avez fait à la Vendée pour l’invasion de Mortagne et de Cholet. Voici les dernières lettres qui prouvent que le génie de la Liberté détruit les brigands à la fois dans la Vendée ancienne et nouvelle; mais avant de les communiquer à l’assemblée qu’il nous soit permis de faire une dernière réflexion. On accuse le comité d’avoir dit trop tôt : La Vendée n’est plus. Ce reproche injuste et impo¬ litique est colporté par ces hommes qui ont du regret de ce qu’elle va cesser d’exister : au lieu de nous aider à la vaincre, ils cherchent à nous attaquer, nous qui les combattons. Il faut donc qu’ils s’attachent à la cause des brigands pour nous calomnier. Les représentants du peuple et, d’après eux, le comité de Salut public, ont dit : La Vendée n’est plus. Eh bien ! la Vendée existe-t-elle alors qu’elle est dégagée de sa population atroce et fugi¬ tive? Existe-t-elle alors que l’armée de Charrette est battue sept fois de suite, que Boin est repris et Noirmoutiers bloqué? Existe-t-elle alors que les brigands sont errants comme les sauterelles dévorantes de l’Egypte? Est-ce une preuve de leur force que leur défaite à Granville, à Angers et au Mans? La Vendée existe -t -elle, alors que eette popu¬ lation hideuse va disparaître sous le glaive de la liberté, si les généraux font leur devoir et conservent le système d’agir en masse? Laissons les accusations de l’envie ou les calomnies des contre-révolutionnaires; oceu-pons-nous de la patrie. Le comité a pensé qu’il fallait à des républi¬ cains, à des Français, l’aiguillon honorable des encouragements d’opinion publique. Dites que ces troupes ont bien mérité de la patrie; appelez solennellement celles qui vien¬ nent les joindre à la victoire. Votre voix a retenti déjà avec succès à Châ-tillon, à Mortagne et à Cholet; elle retentira comme la foudre dans tout l’intérieur de la République. Voici les lettres officielles : Extrait d’une lettre du citoyen Carrier, repré¬ sentant du peuple près l'armée de l'Ouest , datée de Nantes, le 21 frimaire. (1) « Ma dernière lettre, chers collègues, a dû vous apprendre qu’il y a déjà quelque temps que j’ai levé la suspension de l’expédition de Noirmoutiers, que j’avais provoquée moi-même le premier. Depuis cette époque, nous avons pris Beauvoir et Boin, et nous venons encore de battre à Léger les brigands échappés de cette île, commandés par Charrette; ils se sont jetés (I) M. Aulard, dans le tome 9 de son Recueil des acles el ie la correspondance du comité de Salut public (t. 9, p. 331) reproduit le texte complet de cette dans la forêt de Gran-Laude, et dans les bois environnants. Le général Haxo a fait fortifier le poste de Léger, et a marché sur-le-champ, avec Dutruy, sur Noirmoutiers. J’attends des nouvelles, à tout instant, de la prise de ce der¬ nier refuge des brigands. « Signé : Carrier. » lettre qu’il emprunte au ministre de la guerre (ar¬ mée de V Ouest). Le voici : UN DES REPRÉSENTANTS A L’ARMÉE DE L’OUEST AU COMITÉ DE SALUT PUBLIC « Nantes, 21 frimaire an II (11 décembre 1793). « Ma dernière lettre, chers collègues, a dû vous apprendre qu’il y a déjà quelque temps que j’ai levé la suspension de l’expédition de Noirmoutiers, que j’avais provoquée moi-même le premier. Depuis cette époque, nous avons pris Beauvoir et Bouin, et nous venons encore de battre, à Légé, les brigands échappés de cette île, commandés par Charrette; ils se sont jetés dans la forêt de Grande-Lande et dans les bois environnants. Le général Haxo a fait forti¬ fier ce poste de Légé et a marché sur-le-champ, avec Dutruy, sur Noirmoutiers; j’attends des nouvelles à tout moment de la prise de ce dernier refuge des brigands. « Ne concevez nulle inquiétude sur la défense de Nantes, Levasseur, qui est resté ici deux jours, vous en rendra compte. Sa garnison est faible dans ce moment, parce qu’elle occupe plusieurs postes im¬ portants; mais les brigands se trouvent loin de ses murs. Il vaut bien mieux qu’elle garde des postes à portée de battre les rassemblements partiels des brigands que de rester oisive dans Nantes, surtout quand elle peut se porter facilement de ces postes sur cette place. Au surplus, trois mille hommes de troupe commandées par Haxo, servant à entretenir sa communication avec Nantes et à faire face aux brigands aux ordres de Charrette, peuvent s’y re¬ plier d’un instant à l’autre. Nantes est même im¬ prenable du côté de la rive gauche de la Loire. Au reste, vous voyez que mes mesures s’accordent par¬ faitement avec les vôtres; je ne fais que les devan¬ cer; je suis aussi intéressé que vous à la prompte extermination des brigands. Je crois que vous pou¬ vez, que vous devez même compter sur moi; j’en¬ tends, oui, j’entends aujourd’hui le métier de la guerre; je suis sur les lieux; restez donc tranquilles, et laissez-moi faire. Aussitôt que la nouvelle de la prise de Noirmoutiers me sera parvenue, j’enverrai un ordre impératif aux généraux Dutruy et Haxo de mettre à mort dans tous les pays insurgés tous les individus de tout sexe qui s’y trouveront indis¬ tinctement et d’achever de tout incendier; car il est bon que vous sachiez que ce sont les femmes avec les prêtres qui ont fomenté et soutenu la guerre de la Vendée, que ce sont elles qui ont fait fusiller nos malheureux prisonniers, qui en ont égorgé beaucoup, qui combattent avec les brigands et qui tuent im-pitoyablemedt nos volontaires, quand elles en ren¬ contrent quelques-uns détachés dans les villages, C’est une engeance proscrite, ainsi que tous les paysans, car il n’en est pas un seul qui n’ait porté les armes contre la République, dont (sic) il faut absolument et totalement purger son sol. « Ne vous alarmez pas non plus sur le passage de la Loire. Depuis Nantes jusqu’à Angers, Levasseur vous annoncera qu’il n’a vu nul bateau dans cette partie de la rivière, qu’il n’y a aperçu que des ba¬ teaux armés en station sur la rive gauche, pour s’opposer à la rentrée des brigands dans la Vendée. 11 a trouvé, à son retour, quelques bateaux du côté d’Ancenis, mais ils y étaient par mon autorisation, pour procurer du bois à Nantes et du charbon de terre aux manufactures d’Indret et de Lorient; j’en avais confié le soin à deux marins très patriotes et