SÉANCE DU 27 MESSIDOR AN II (15 JUILLET 1794) - N° 4 165 « Citoyens Représentans Nous vous envoyons le procès Verbal Civique de la fête à l’Eternel Célébrée dans notre Commune. Les Principes manifestés dans Cette auguste réunion Et l’allégresse majestueuse du Peuple ne peut qu’interesser beaucoup Ses Réprésentans. Nous avons écarté du temple tout Ce qui tendait à rappeler l’idée impie du fanatisme, et nous avons Combattu le Monstre de L’athéisme avec une égale indignation. Le Culte pur de l’Etre Suprême, la soumission aux loix, L’amour de la Patrie et l’Exercice de la Vertu, Voilà notre profession de foi Républicaine, et nous serons toujours prêts de nous sacrifier, à Votre Exemple, au Salut de notre pays. Grâces immortelles Vous Soient rendües, Pères du Peuple, pour les Sages loix que Vous Lui avez traçées et qui doivent être Reconnues du Genre humain, Vous les dictez, Sous les auspices de l’Etre Suprême, Il Bénit Vos travaux, ils dureront autant que La Nature, et Vous serez heureux du Bonheur et de la Gloire du nom français ». Pauchard, Quillard fils ( Secrét .), N. Foucher ( titre illisible), G. -B. HENDELINE [et 2 signatures illisibles] [Extr. du Rég. des arrêtés, 20 prair. II]. En exécution du Plan que la Société Populaire avait proposé, et arrêté par les autorités Constituées A 5 heures du matin, une salve d’artillerie Se fait entendre, Sur les remparts; Les Citoyens s’empressent, à ce joyeux éveil, de décorer leurs Maisons de Guirlandes de fleurs et de Verdure, légèrement Soutenües par les Couleurs Chéries de la Liberté. A 6 heures la Générale annonce de préparer la fête à l’Eternel, Chacun à l’envi, Se dispose à lui rendre l’hommage d’un Cœur pur et Vertueux. Les nuages, qui, dépuis la Veille, obscurcissaient le Ciel, Se dissipent, tout à coup, devant l’aurore, comme si la divinité Voulut donner au Peuple français des preuves sensibles de satisfaction et d’amour. Tout est animé, Sous les toits, dans les Rües et sur les places; partout la gaieté Brille. Déjà S’élèvent des arcs de triomphe formés avec le Lierre, le chêne et le Laurier ornés de Banderoles tricolores parsémées de roses et de fleurs des Champs : Meres, jeunes filles, adolescens, Viellards, En-fans, Epoux, amis; tous offrent le tableau touchant d’un Peuple Libre et Bon qui Va Se reunir en famille. Cependant, Sonne la septième heure : une nouvelle Salve réporte dans les Campagnes lointaines le Sentiment de l’allégresse publique : L’assemblée bat ; les Corps militaires Se rendent Sur le Champ de Mars et S’y ordonnent; Il est 8 heures; un détachement de 200 hommes pris, moitié dans la Garde nationale non Soldée, moitié parmi les Volontaires Soldés, Se met en Marche pour la société Populaire où tous les Corps Constitués sont Réunis à leurs frères : Départ de la Société annoncé Par une Troisième Salve La Gendarmerie ouvre la marche devant le Juge de Paix de la Commune accompagné de Son Greffier et de Ses assesseurs Sur 3 de hauteur. Avance un Groupe d’adolescens des deux sexes ayant à leur tête une Banière et des fleurs à la main. Vient un Grouppe d’Enfans Vêtus de Blanc, portant et Sémant des fleurs Parait le Comité de Surveillance précédé d’une Banière, Sur laquelle est peint l’œil de La Surveillance porté par un sergent de la Garde non Soldée et 2 Caporaux de la Garde Soldée, les plus anciens d’âge Arrive le Bureau de Conciliation. On apperçoit le Tambour major de la Garde Soldée avec 12 Tambours, Un grouppe de Musiciens Sur 3 de hauteur exécutant des airs Civiques, réligieux et Guerriers. Ils Précèdent 4 Jeunes Citoyens en uniforme portant l’arche garnie d’épis naissans, avec la déclaration des droits de l’homme : des Banderoles descendant des Angles de l’arche Sont modestement rélevées par 4 Jeunes Citoyennes Vêtues de Blanc, décorées d’un ruban tricolore en Echarpe, librement renoüé à la Ceinture, et portant à la main, un Bouquet de Mirte et de Roses. A la Suite de l’arche on Voit Venir, en paix, un grouppe de Vieillards de l’un et l’autre sexe; sur 3 de front, ils portent des Branches de chêne et précèdent un autre grouppe de Citoyens et Citoyennes. Marchent Ensemble les Corps Constitués dans Cet ordre Un membre de L’administration du District Un membre du Conseil général de la Commune Un membre de la société populaire Le sécretaire de la Société les précède avec la Bannière Le Tribunal du District réprend immédiatement la ligne marquée par l’administration, et prolongée, après le Tribunal par les membres de la société, que Continüe d’accompagner le Détachement, observant ses distances de manière qu’il suffit à la Clôture du Cortège. Arrivé à la place de la Révolution on passe sous un arc de triomphe orné de feuillages; de fleurs et d’inscriptions Civiques; La marche Continüe par la Place de l’abondance et la Rüe de l’arsenal, et on arrive Sur le Champ de Mars, au Bruit de toute L’artillerie. Du milieu de ce Champ de la fraternité, S’élève un autel à la Patrie. Cet autel à 4 faces et paré des dons du printemps, reçoit l’arche sainte de la Liberté; toujours environnée des Jeunes Citoyens et Citoyennes qui se Sont consacrés à cette intéressante fonction. Les Corps militaires et tous les Citoyens forment le Cercle autour de l’autel. Le Citoyen hendeline administrateur répète, en invocation à l’être Suprême, L’hymne de Chenier, le Peuple en partage, avec enthousiasme les pensées et les Sentimens Sublimes : et en même tems qu’il adresse Ses Vœux à l’Eternel, il bénit les pères de la Patrie, fondateurs du Bonheur Public. Un grouppe de Citoyens et Citoyennes Entonnent des Chants en L’honneur de la divinité. Le Chœur les répète avec le Couplet : Amour Sacré de la Patrie &a Tout le Cortège Se développe ensuite dans le même ordre et quitte Le Champ de Mars en faisant le tour de l’arbre de la Liberté; on gagne la Rüe de la Convention; un arc de triomphe formé par les SÉANCE DU 27 MESSIDOR AN II (15 JUILLET 1794) - N° 4 165 « Citoyens Représentans Nous vous envoyons le procès Verbal Civique de la fête à l’Eternel Célébrée dans notre Commune. Les Principes manifestés dans Cette auguste réunion Et l’allégresse majestueuse du Peuple ne peut qu’interesser beaucoup Ses Réprésentans. Nous avons écarté du temple tout Ce qui tendait à rappeler l’idée impie du fanatisme, et nous avons Combattu le Monstre de L’athéisme avec une égale indignation. Le Culte pur de l’Etre Suprême, la soumission aux loix, L’amour de la Patrie et l’Exercice de la Vertu, Voilà notre profession de foi Républicaine, et nous serons toujours prêts de nous sacrifier, à Votre Exemple, au Salut de notre pays. Grâces immortelles Vous Soient rendües, Pères du Peuple, pour les Sages loix que Vous Lui avez traçées et qui doivent être Reconnues du Genre humain, Vous les dictez, Sous les auspices de l’Etre Suprême, Il Bénit Vos travaux, ils dureront autant que La Nature, et Vous serez heureux du Bonheur et de la Gloire du nom français ». Pauchard, Quillard fils ( Secrét .), N. Foucher ( titre illisible), G. -B. HENDELINE [et 2 signatures illisibles] [Extr. du Rég. des arrêtés, 20 prair. II]. En exécution du Plan que la Société Populaire avait proposé, et arrêté par les autorités Constituées A 5 heures du matin, une salve d’artillerie Se fait entendre, Sur les remparts; Les Citoyens s’empressent, à ce joyeux éveil, de décorer leurs Maisons de Guirlandes de fleurs et de Verdure, légèrement Soutenües par les Couleurs Chéries de la Liberté. A 6 heures la Générale annonce de préparer la fête à l’Eternel, Chacun à l’envi, Se dispose à lui rendre l’hommage d’un Cœur pur et Vertueux. Les nuages, qui, dépuis la Veille, obscurcissaient le Ciel, Se dissipent, tout à coup, devant l’aurore, comme si la divinité Voulut donner au Peuple français des preuves sensibles de satisfaction et d’amour. Tout est animé, Sous les toits, dans les Rües et sur les places; partout la gaieté Brille. Déjà S’élèvent des arcs de triomphe formés avec le Lierre, le chêne et le Laurier ornés de Banderoles tricolores parsémées de roses et de fleurs des Champs : Meres, jeunes filles, adolescens, Viellards, En-fans, Epoux, amis; tous offrent le tableau touchant d’un Peuple Libre et Bon qui Va Se reunir en famille. Cependant, Sonne la septième heure : une nouvelle Salve réporte dans les Campagnes lointaines le Sentiment de l’allégresse publique : L’assemblée bat ; les Corps militaires Se rendent Sur le Champ de Mars et S’y ordonnent; Il est 8 heures; un détachement de 200 hommes pris, moitié dans la Garde nationale non Soldée, moitié parmi les Volontaires Soldés, Se met en Marche pour la société Populaire où tous les Corps Constitués sont Réunis à leurs frères : Départ de la Société annoncé Par une Troisième Salve La Gendarmerie ouvre la marche devant le Juge de Paix de la Commune accompagné de Son Greffier et de Ses assesseurs Sur 3 de hauteur. Avance un Groupe d’adolescens des deux sexes ayant à leur tête une Banière et des fleurs à la main. Vient un Grouppe d’Enfans Vêtus de Blanc, portant et Sémant des fleurs Parait le Comité de Surveillance précédé d’une Banière, Sur laquelle est peint l’œil de La Surveillance porté par un sergent de la Garde non Soldée et 2 Caporaux de la Garde Soldée, les plus anciens d’âge Arrive le Bureau de Conciliation. On apperçoit le Tambour major de la Garde Soldée avec 12 Tambours, Un grouppe de Musiciens Sur 3 de hauteur exécutant des airs Civiques, réligieux et Guerriers. Ils Précèdent 4 Jeunes Citoyens en uniforme portant l’arche garnie d’épis naissans, avec la déclaration des droits de l’homme : des Banderoles descendant des Angles de l’arche Sont modestement rélevées par 4 Jeunes Citoyennes Vêtues de Blanc, décorées d’un ruban tricolore en Echarpe, librement renoüé à la Ceinture, et portant à la main, un Bouquet de Mirte et de Roses. A la Suite de l’arche on Voit Venir, en paix, un grouppe de Vieillards de l’un et l’autre sexe; sur 3 de front, ils portent des Branches de chêne et précèdent un autre grouppe de Citoyens et Citoyennes. Marchent Ensemble les Corps Constitués dans Cet ordre Un membre de L’administration du District Un membre du Conseil général de la Commune Un membre de la société populaire Le sécretaire de la Société les précède avec la Bannière Le Tribunal du District réprend immédiatement la ligne marquée par l’administration, et prolongée, après le Tribunal par les membres de la société, que Continüe d’accompagner le Détachement, observant ses distances de manière qu’il suffit à la Clôture du Cortège. Arrivé à la place de la Révolution on passe sous un arc de triomphe orné de feuillages; de fleurs et d’inscriptions Civiques; La marche Continüe par la Place de l’abondance et la Rüe de l’arsenal, et on arrive Sur le Champ de Mars, au Bruit de toute L’artillerie. Du milieu de ce Champ de la fraternité, S’élève un autel à la Patrie. Cet autel à 4 faces et paré des dons du printemps, reçoit l’arche sainte de la Liberté; toujours environnée des Jeunes Citoyens et Citoyennes qui se Sont consacrés à cette intéressante fonction. Les Corps militaires et tous les Citoyens forment le Cercle autour de l’autel. Le Citoyen hendeline administrateur répète, en invocation à l’être Suprême, L’hymne de Chenier, le Peuple en partage, avec enthousiasme les pensées et les Sentimens Sublimes : et en même tems qu’il adresse Ses Vœux à l’Eternel, il bénit les pères de la Patrie, fondateurs du Bonheur Public. Un grouppe de Citoyens et Citoyennes Entonnent des Chants en L’honneur de la divinité. Le Chœur les répète avec le Couplet : Amour Sacré de la Patrie &a Tout le Cortège Se développe ensuite dans le même ordre et quitte Le Champ de Mars en faisant le tour de l’arbre de la Liberté; on gagne la Rüe de la Convention; un arc de triomphe formé par les 166 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Soins de Jeunes Républicains ouvre le Passage, en offrant Sur 4 Colonnes, tapissées de Chêne verd, des dévises qui respirent le Civisme et la Vertu. Enfin L’artillerie annonce l’arrivée au Temple; Chacun jette des régards satisfaits Sur le frontispice et lit dans un Réligieux Silence... « Le Peuple français Réconnait l’existence de l’Etre Suprême et L’immortalité de L’âme » Les Corps Constitués, la société Populaire, les Grouppes et les Citoyennes prennent les Places indiquées par les Commissaires de la Municipalité; Cet ordre est souvent rompu par une fraternelle Confusion, car on ne rémarque dans la fête, aucune Etiquette, aucune distinction et Cet heureux pèle mêle prouve bien que les droits d’un peuple libre Sont fondés Sur l’Egalité. on Voit au haut du temple une Pyramide Simple dans Sa Structure Surgie majestueusement de L’autel, et porter Vers les Cieux, une Gerbe réliée d’un Sarment enrichi de grappes, avec Cette inscription = A l’Etre Suprême Au Centre de la Voûte, brille l’œil du monde réfléchissant Sa Lumière. On lit des deux Côtés les Paroles Sacrémentelles de Robespierre « L’idée de l’Etre Suprême est un rappel « Continuel à la Justice : « Rappeller les hommes au Culte pur « de l’Etre Suprême C’est porter un Coup mortel au fanatisme » Le milieu de l’avant face de la Pyramide porte Cette inscription « Sans Contrainte, Sans Persécution, toutes les sectes « Viennent Se Confondre d’elles mêmes dans la Réligion universelle de la Nature : Sur les faces latérales Sont gravées les actions héroïques et Vertueuses : Les noms des deffenseurs qui Se Seront Sacrifiés pour la Patrie y seront rétracés par Sa Réconnaissance. à droite de l’obélisque est Placé Sur un pied d’estal la Statue de la Raison écrasant les monstres de la Superstition et de l’athéisme : La Déesse, d’un bras tient un flambeau; de l’autre S’appuie fièrement Sur Son Bouclier et tourne Vers le Ciel des régards de Contemplation Inscription Sur le pied d’estal, « Toutes les folies tombent devant la Raison à gauche, en parallèle, est la Vérité foulant aux pieds l’imposture qui frémit de Se voir démasquer; on apperçoit dans la fange un Septre et des Couronnes brisées : la Vérité tient d’une main un miroir et de l’autre indique, avec dignité, le Souverain auteur de la Nature Inscription « Toutes les fictions disparaissent devant la Vérité ». à la Baze de la Pyramide, on trouve gravée, au milieu de l’autel, Cette Sentence du grand homme, que des Scélérats ont failli, naguères, d’immoler à la Tyrannie; Cette pensée Philosophique et Salutaire qui achève de tüer les Projets du Sacerdoce et du Royalisme. « Fanatiques, n’espérez rien de nous Il est dû aux Citoyens Le Pourvoyeur, Gueriniër et Rousseau pour le goût de cette décoration ainsi qu’aux Commissaires un Juste tribut d’Eloges Toutes les Colonnes du Temples Sont parées de Guirlandes par les Soins actifs des Commissaires de la Société; elle Réconnait que leur zèle a répondu parfaitement au Succès qu’elle S’en était promis. A 10 heures L’orchestre ouvre L’inoguration du temple par l’exécution d’un Chœur à l’honneur de l’Eternel : Ce Chœur dont les paroles Sont Déesse et Compagne du Sage &a. Raison &a Sous ton nom de l’Etre Suprême on oza renverser l’autel Le Crime Seul prêche un Système Couvert d’un opprobre éternel La Voix annonce La puissance D’un dieu, maître de l’Univers Le Protecteur de l’innocence et l’effroi des hommes pervers Musique de Gossec a mérité aux Citoyens et Citoyennes qui l’ont exécuté les applaudissemens universels de L’assemblée. Le Citoyen Bourdon adr a fait un Discours où Sont dévéloppés les heureux Effets de la Révolution qui Se marie Si naturellement avec les Saintes maximes de la morale « Le culte pur que L’on doit rendre à l’Etre Suprême : L’assemblée a vivement accueilli Ce Discours plein de Civisme de Raison et de sagesse Le Citoyen Le Vânier Succédant à la Tribune a déclamé une ode invocatoire à l’Eternel ; Cette pièce dont la touche est Vivifiée par la Vérité des Principes et la force du Raisonnement contre les traîtres et fougueux apôtres de l’athéïsme a été reçüe avec Réconnaissance et acclamation La Citoyenne Dubuisson a Chanté avec Beaucoup d’âme et de goût La Romance « Réveilles-toi mon fils à mes accens &a La douleur de la Nature et l’amour de la Patrie S’y Sont Combatües avec une sensibilité Si Vraye que l’assemblée en a retenu L’impression qu’elle a rapportée aux talens de cette Musicienne naissante. Le Citoyen Viellard fils et Violatte ont Chanté en duo des Couplets Civiques où le respect des loix et le Charme de la Vertu ont été exprimés avec une mâle Energie. on a Entendu avec un nouveau Plaisir le Citoyen Rousseau Chanter un hymne à la raison et la Justesse de Sa voix mêlée à la délicatesse du sentiment ont encore rélevé l’intérêt des paroles et de la musique. Le Jeune Jean Jacques Rousseau Son fils en exécutant une petite Cantate a prouvé qu’il hériterait des talens de Son Père. on a entendu aussi avec Beaucoup de Satisfaction un hymne à l’immortel Chantée par le Citoyen le faugueux le Jeune; La Citoyenne Godey a été Vivement applaudie dans les Couplets Philosophiques qu’elle a Chantés d’une Voix agréable, et naïve, D’autres Couplets Chantés par le Citoyen Dufour Juge de paix ont été distingués par leur Caractère de gaieté et de Simplicité qui peint Vraiment la Bonne nature. Un Cantique Républicain a été adressé à l’Etre Suprême par le Citoyen hendeline; Les apôtres du fanatisme et du néant y Sont régardés avec une Egale horreur : l’assemblée a Réconnu, dans Ces Couplets, la Vérité pure des principes réligieux et moraux 166 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Soins de Jeunes Républicains ouvre le Passage, en offrant Sur 4 Colonnes, tapissées de Chêne verd, des dévises qui respirent le Civisme et la Vertu. Enfin L’artillerie annonce l’arrivée au Temple; Chacun jette des régards satisfaits Sur le frontispice et lit dans un Réligieux Silence... « Le Peuple français Réconnait l’existence de l’Etre Suprême et L’immortalité de L’âme » Les Corps Constitués, la société Populaire, les Grouppes et les Citoyennes prennent les Places indiquées par les Commissaires de la Municipalité; Cet ordre est souvent rompu par une fraternelle Confusion, car on ne rémarque dans la fête, aucune Etiquette, aucune distinction et Cet heureux pèle mêle prouve bien que les droits d’un peuple libre Sont fondés Sur l’Egalité. on Voit au haut du temple une Pyramide Simple dans Sa Structure Surgie majestueusement de L’autel, et porter Vers les Cieux, une Gerbe réliée d’un Sarment enrichi de grappes, avec Cette inscription = A l’Etre Suprême Au Centre de la Voûte, brille l’œil du monde réfléchissant Sa Lumière. On lit des deux Côtés les Paroles Sacrémentelles de Robespierre « L’idée de l’Etre Suprême est un rappel « Continuel à la Justice : « Rappeller les hommes au Culte pur « de l’Etre Suprême C’est porter un Coup mortel au fanatisme » Le milieu de l’avant face de la Pyramide porte Cette inscription « Sans Contrainte, Sans Persécution, toutes les sectes « Viennent Se Confondre d’elles mêmes dans la Réligion universelle de la Nature : Sur les faces latérales Sont gravées les actions héroïques et Vertueuses : Les noms des deffenseurs qui Se Seront Sacrifiés pour la Patrie y seront rétracés par Sa Réconnaissance. à droite de l’obélisque est Placé Sur un pied d’estal la Statue de la Raison écrasant les monstres de la Superstition et de l’athéisme : La Déesse, d’un bras tient un flambeau; de l’autre S’appuie fièrement Sur Son Bouclier et tourne Vers le Ciel des régards de Contemplation Inscription Sur le pied d’estal, « Toutes les folies tombent devant la Raison à gauche, en parallèle, est la Vérité foulant aux pieds l’imposture qui frémit de Se voir démasquer; on apperçoit dans la fange un Septre et des Couronnes brisées : la Vérité tient d’une main un miroir et de l’autre indique, avec dignité, le Souverain auteur de la Nature Inscription « Toutes les fictions disparaissent devant la Vérité ». à la Baze de la Pyramide, on trouve gravée, au milieu de l’autel, Cette Sentence du grand homme, que des Scélérats ont failli, naguères, d’immoler à la Tyrannie; Cette pensée Philosophique et Salutaire qui achève de tüer les Projets du Sacerdoce et du Royalisme. « Fanatiques, n’espérez rien de nous Il est dû aux Citoyens Le Pourvoyeur, Gueriniër et Rousseau pour le goût de cette décoration ainsi qu’aux Commissaires un Juste tribut d’Eloges Toutes les Colonnes du Temples Sont parées de Guirlandes par les Soins actifs des Commissaires de la Société; elle Réconnait que leur zèle a répondu parfaitement au Succès qu’elle S’en était promis. A 10 heures L’orchestre ouvre L’inoguration du temple par l’exécution d’un Chœur à l’honneur de l’Eternel : Ce Chœur dont les paroles Sont Déesse et Compagne du Sage &a. Raison &a Sous ton nom de l’Etre Suprême on oza renverser l’autel Le Crime Seul prêche un Système Couvert d’un opprobre éternel La Voix annonce La puissance D’un dieu, maître de l’Univers Le Protecteur de l’innocence et l’effroi des hommes pervers Musique de Gossec a mérité aux Citoyens et Citoyennes qui l’ont exécuté les applaudissemens universels de L’assemblée. Le Citoyen Bourdon adr a fait un Discours où Sont dévéloppés les heureux Effets de la Révolution qui Se marie Si naturellement avec les Saintes maximes de la morale « Le culte pur que L’on doit rendre à l’Etre Suprême : L’assemblée a vivement accueilli Ce Discours plein de Civisme de Raison et de sagesse Le Citoyen Le Vânier Succédant à la Tribune a déclamé une ode invocatoire à l’Eternel ; Cette pièce dont la touche est Vivifiée par la Vérité des Principes et la force du Raisonnement contre les traîtres et fougueux apôtres de l’athéïsme a été reçüe avec Réconnaissance et acclamation La Citoyenne Dubuisson a Chanté avec Beaucoup d’âme et de goût La Romance « Réveilles-toi mon fils à mes accens &a La douleur de la Nature et l’amour de la Patrie S’y Sont Combatües avec une sensibilité Si Vraye que l’assemblée en a retenu L’impression qu’elle a rapportée aux talens de cette Musicienne naissante. Le Citoyen Viellard fils et Violatte ont Chanté en duo des Couplets Civiques où le respect des loix et le Charme de la Vertu ont été exprimés avec une mâle Energie. on a Entendu avec un nouveau Plaisir le Citoyen Rousseau Chanter un hymne à la raison et la Justesse de Sa voix mêlée à la délicatesse du sentiment ont encore rélevé l’intérêt des paroles et de la musique. Le Jeune Jean Jacques Rousseau Son fils en exécutant une petite Cantate a prouvé qu’il hériterait des talens de Son Père. on a entendu aussi avec Beaucoup de Satisfaction un hymne à l’immortel Chantée par le Citoyen le faugueux le Jeune; La Citoyenne Godey a été Vivement applaudie dans les Couplets Philosophiques qu’elle a Chantés d’une Voix agréable, et naïve, D’autres Couplets Chantés par le Citoyen Dufour Juge de paix ont été distingués par leur Caractère de gaieté et de Simplicité qui peint Vraiment la Bonne nature. Un Cantique Républicain a été adressé à l’Etre Suprême par le Citoyen hendeline; Les apôtres du fanatisme et du néant y Sont régardés avec une Egale horreur : l’assemblée a Réconnu, dans Ces Couplets, la Vérité pure des principes réligieux et moraux SÉANCE DU 27 MESSIDOR AN II (15 JUILLET 1794) - Nos5-6 167 L’orchestre a terminé la fête par une Symphonie que la répétition du prémier Chant a Couronnée, les Citoyennes Goudelay et Rousseau l’ont encore infiniment embelli par l’éclat de la Voix et L’action de l’àme qu’elles peignent Si naturellement. L’assemblée donne de francs Rémerciements aux Citoyens Liégard officier municipal et aux Commissaires de la société Populaire, pour les Soins qu’ils ont multipliés dans tous les détails de la fête où l’harmonie et L’union a Constamment Régné parmi le Peuple Jouissant de la Plénitude de Ses droits et guidé par ses Seules Vertus. à une heure les Citoyens Se rétirent le Cœur plein du Saint respect qu’inspire à l’homme Juste, Cette auguste Cérémonie La marche est la même pour le rétour au Lieu des Séances de la Société où l’on S’est ajourné à 6 heures. Cette heure Si impatiemment désirée est enfin arrivée; on S’est réuni fraternellement au Temple, où l’on a répris des morceaux de Musique, répété des discours des hymnes et des Chants analogues à la fête Jusqu’à la Lecture des Papiers Publics L’exécution la plus heureuse a répondu au désir des Citoyens qui ne Se Sont Séparés qu’à dix heures du soir aux Cris mille fois Répétés, de Vive la Liberté, l’Egalité, la fraternité, Vive la Réligion universelle qui réunit tous les français, Vive la République, Guerre aux Tyrans, Paix aux Peuples, honneur et Gloire à l’Etre Suprême P.c.c. Bauchard, G. -B. Hendeline, Quillard fils (Secret.) 5 La société populaire de Sarrancolin, département des Hautes -Pyrénées, annonce que dans ses montagnes les erreurs superstitieuses sont vaincues; que les dépouilles du fanatisme ont été envoyées au chef-lieu de district; « que les habitans de ses contrées sont prêts à repousser et à assommer avec des masses de rocs les hordes espagnoles qui oseroient souiller son territoire. » Elle applaudit aux travaux de la Convention, et l’invite à rester à son poste. Mention honorable, insertion au bulletin (l). [Sarrancolin, 20 flor. II] (2). « Citoïens législateurs, Confinés aus Extrémités de la France, et assis sur les racines des pyrénées, nous apprenons tardivement tout ce que vous faites, pour le Bonheur du peuple français, mais enfin la renommée de vos vertus et de vos actions parvient jusqu’à nous, et comme le reste de la république, nous fesons gloire d’y applaudir. La Dernière Conjuration que vous avez étouffée, menaçoit la Liberté. Les scélérats qui l’avoient ourdie, ont payé leurs crimes de leur tête, et en arrêtant leurs complots, vous avez encore une fois bien mérité de la patrie. (l) P.V., XLI, 256. (2) C 310, pl. 1211, p. 18. Continuez vos travaux, ô vertueux législateurs ! notre confiance est à vous, comme notre estime. restez à votre poste, jusqu’à ce que la paix ait attaché son olive aux rameaux de l’arbre de la liberté. Ah ! qu’ils seront vigoureusement secondés par nous, les efforts que vous allez faire, pour exterminer nos ennemis. Déjà nous avons vaincu les erreurs superstitieuses. Les prêtres en avoient infecté nos montagnes; mais nous avons éconduit ces hommes du mensonge : nous avons aboli leurs temples de l’imposture, et nous en consacrons de nouveaux, à l’éternel, à la raison, et à la liberté. Nous fesons hommage à la patrie, des dépouilles que nous avons arrachées au fanatisme. Ce sont des calices d’argent, et d’autres effets précieux que nous aurons soin de faire parvenir au district de La Neste. Que ne pouvons-nous y ajouter de plus riches offrandes ! Mais nous ! peuples montagnards, nous vivons dans la pauvreté si toutefois on est pauvre, alors que l’on est vertueux ! notre richesse c’est notre patriotisme. Nous adorons, par dessus tout, la liberté ; et la nature nous a créés pour elle, tant par les sentimens généreux qu’elle a mis dans nos âmes, qu’en nous environnant de forets et de rochers, remparts inaccessibles à tous les satellites des tyrans. Qu’ils viennent donc ces Espagnols stupides, qui osent se mesurer avec un peuple libre, et né pour vivre tel. Nous gravirons sur nos montagnes, et des masses de roc à la main, nous assommerons ces catholiques et lâches phalanges. Voilà, Législateurs, les dispositions où nous sommes. Toute la commune de Sarancolin les partage, et nos concitoyens et nous, nous jurons de périr, plus tôt que de permettre que des hordes impures d’esclaves, viennent envahir et souiller le territoire de la République. S. et F. » Forguez , Antirenepujo , Farniguetz , Sabatier [et 3 signatures illisibles] 6 Les maire et officiers municipaux de la commune de la Magdeleine, département de la Charente, invitent la Convention à rester à son poste, rendent grâces à l’Etre suprême d’avoir préservé les représentans du peuple, et particulièrement Collot d’Herbois et Robespierre, de la griffe des tigres du fanatisme et du despotisme. Ils se plaignent de l’inexécution des lois concernant les secours à accorder aux vieillards et aux indigens. Leur commune, qui n’a de population que 144 individus, a fourni à la patrie 12 défenseurs plus riches en patriotisme qu’en fortune : ils offrent à la patrie 12 cuillers, 12 fourchettes, 30 jetons et 1 paire de grandes boucles en argent, 2 pièces d’or à l’effigie du Capet d’Espagne, avec 1 croix garnie en diamans. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au comité des secours publics (l). (l) P.V., XLI, 257. SÉANCE DU 27 MESSIDOR AN II (15 JUILLET 1794) - Nos5-6 167 L’orchestre a terminé la fête par une Symphonie que la répétition du prémier Chant a Couronnée, les Citoyennes Goudelay et Rousseau l’ont encore infiniment embelli par l’éclat de la Voix et L’action de l’àme qu’elles peignent Si naturellement. L’assemblée donne de francs Rémerciements aux Citoyens Liégard officier municipal et aux Commissaires de la société Populaire, pour les Soins qu’ils ont multipliés dans tous les détails de la fête où l’harmonie et L’union a Constamment Régné parmi le Peuple Jouissant de la Plénitude de Ses droits et guidé par ses Seules Vertus. à une heure les Citoyens Se rétirent le Cœur plein du Saint respect qu’inspire à l’homme Juste, Cette auguste Cérémonie La marche est la même pour le rétour au Lieu des Séances de la Société où l’on S’est ajourné à 6 heures. Cette heure Si impatiemment désirée est enfin arrivée; on S’est réuni fraternellement au Temple, où l’on a répris des morceaux de Musique, répété des discours des hymnes et des Chants analogues à la fête Jusqu’à la Lecture des Papiers Publics L’exécution la plus heureuse a répondu au désir des Citoyens qui ne Se Sont Séparés qu’à dix heures du soir aux Cris mille fois Répétés, de Vive la Liberté, l’Egalité, la fraternité, Vive la Réligion universelle qui réunit tous les français, Vive la République, Guerre aux Tyrans, Paix aux Peuples, honneur et Gloire à l’Etre Suprême P.c.c. Bauchard, G. -B. Hendeline, Quillard fils (Secret.) 5 La société populaire de Sarrancolin, département des Hautes -Pyrénées, annonce que dans ses montagnes les erreurs superstitieuses sont vaincues; que les dépouilles du fanatisme ont été envoyées au chef-lieu de district; « que les habitans de ses contrées sont prêts à repousser et à assommer avec des masses de rocs les hordes espagnoles qui oseroient souiller son territoire. » Elle applaudit aux travaux de la Convention, et l’invite à rester à son poste. Mention honorable, insertion au bulletin (l). [Sarrancolin, 20 flor. II] (2). « Citoïens législateurs, Confinés aus Extrémités de la France, et assis sur les racines des pyrénées, nous apprenons tardivement tout ce que vous faites, pour le Bonheur du peuple français, mais enfin la renommée de vos vertus et de vos actions parvient jusqu’à nous, et comme le reste de la république, nous fesons gloire d’y applaudir. La Dernière Conjuration que vous avez étouffée, menaçoit la Liberté. Les scélérats qui l’avoient ourdie, ont payé leurs crimes de leur tête, et en arrêtant leurs complots, vous avez encore une fois bien mérité de la patrie. (l) P.V., XLI, 256. (2) C 310, pl. 1211, p. 18. Continuez vos travaux, ô vertueux législateurs ! notre confiance est à vous, comme notre estime. restez à votre poste, jusqu’à ce que la paix ait attaché son olive aux rameaux de l’arbre de la liberté. Ah ! qu’ils seront vigoureusement secondés par nous, les efforts que vous allez faire, pour exterminer nos ennemis. Déjà nous avons vaincu les erreurs superstitieuses. Les prêtres en avoient infecté nos montagnes; mais nous avons éconduit ces hommes du mensonge : nous avons aboli leurs temples de l’imposture, et nous en consacrons de nouveaux, à l’éternel, à la raison, et à la liberté. Nous fesons hommage à la patrie, des dépouilles que nous avons arrachées au fanatisme. Ce sont des calices d’argent, et d’autres effets précieux que nous aurons soin de faire parvenir au district de La Neste. Que ne pouvons-nous y ajouter de plus riches offrandes ! Mais nous ! peuples montagnards, nous vivons dans la pauvreté si toutefois on est pauvre, alors que l’on est vertueux ! notre richesse c’est notre patriotisme. Nous adorons, par dessus tout, la liberté ; et la nature nous a créés pour elle, tant par les sentimens généreux qu’elle a mis dans nos âmes, qu’en nous environnant de forets et de rochers, remparts inaccessibles à tous les satellites des tyrans. Qu’ils viennent donc ces Espagnols stupides, qui osent se mesurer avec un peuple libre, et né pour vivre tel. Nous gravirons sur nos montagnes, et des masses de roc à la main, nous assommerons ces catholiques et lâches phalanges. Voilà, Législateurs, les dispositions où nous sommes. Toute la commune de Sarancolin les partage, et nos concitoyens et nous, nous jurons de périr, plus tôt que de permettre que des hordes impures d’esclaves, viennent envahir et souiller le territoire de la République. S. et F. » Forguez , Antirenepujo , Farniguetz , Sabatier [et 3 signatures illisibles] 6 Les maire et officiers municipaux de la commune de la Magdeleine, département de la Charente, invitent la Convention à rester à son poste, rendent grâces à l’Etre suprême d’avoir préservé les représentans du peuple, et particulièrement Collot d’Herbois et Robespierre, de la griffe des tigres du fanatisme et du despotisme. Ils se plaignent de l’inexécution des lois concernant les secours à accorder aux vieillards et aux indigens. Leur commune, qui n’a de population que 144 individus, a fourni à la patrie 12 défenseurs plus riches en patriotisme qu’en fortune : ils offrent à la patrie 12 cuillers, 12 fourchettes, 30 jetons et 1 paire de grandes boucles en argent, 2 pièces d’or à l’effigie du Capet d’Espagne, avec 1 croix garnie en diamans. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au comité des secours publics (l). (l) P.V., XLI, 257.