190 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { % novembre 1" République, restez à votre poste jusqu’à la paix. Voilà le vœu de la Société populaire de Verneuil. « O sainte Montagne ! Il n’était réservé qu’à toi de travailler à faire revivre le siècle de l’âge d’or; toi seule pouvais déchirer ce ban¬ deau ténébreux qui cachait la lumière aux mortels : tu as fait ce qu’aucune nation n’avait encore osé entreprendre : tu as terrassé le fana¬ tisme. Continue tes sublimes travaux et bientôt les égoïstes, ces fléaux de l’humanité, disparaî¬ tront de dessus la surface du globe. « Citoyens, vous dont le Sénat auguste pré¬ sente autant de Régulus pour la fermeté que de Metelluspour le désintéressement, ne nous aban¬ donnez pas; l’arbre chéri est planté, c’est à vous à l’arroser. « Citoyens législateurs, salut et fraternité. (Suivent 8 signatures.) N° 36. La Société populaire de Vouziers, à la Montagne de la Convention (1). « Vouziers, le 6e jour du 2e mois de l’an II de la République française. « Sainte Montagne, « Les journées glorieuses des 31 mai et 2 juin ont été couronnées par celles qui ont vu tomber les têtes de l’infâme Capet et de la mégère d’Autriche. Grâces t’en soient rendues; ferme à ton poste, comme nous jurons de l’être au nôtre, ne le quitte qu’après l’extinction de tous les brigands couronnés de l’Europe; chasse de ton sein ce marais infect, cette plaine infi¬ dèle. Rémplace-les par ces braves sans-culottes qui ont tout fait pour la République sans qu’on ait encore rien fait pour eux,- et nos vœux sont remplis. k Bara, président; Defertine, secrétaire; Arnould, secrétaire. « N° 37. La Société des Amis de la liberté et de l'égalité, séant en face de l'arbre de la liberté, à Gra¬ velines, aux représentants du peuple fran¬ çais (2). « Gravelines, le 5e jour du 2e mois de l’an II de la République française, une et indivisible. « Grâce à votre énergie, à votre courage, grâce aux mesures hardies, révolutionnaires, que vous avez prises dans votre sagesse, la liberté est par¬ tout triomphante. Au nord, depuis les sables de Dunkerque jusqu’aux sapins des Vosges, (1) Archives nationales, carton C 281, dossier 777. (2) Archives nationales, carton C 281, dossier 776. les satellites des tyrans ont mordu la poussière. Au midi, les Hautes-Pyrénées ont vu la déso¬ lation et la .mort dévorer les hordes espagnoles. A l’orient, Lyon n’est plus, et le fer de la ven¬ geance nationale se promène sur les palais et sur les têtes de ses habitants rebelles. A l’occi¬ dent, les armées et le feu de la République pu¬ rifient le sol de la sacrilège Vendée. Les foudres, oui, les foudres parties du sommet de la sainte Montagne frappent de toutes parts les brigands à couronnes, et le moment n’est pas loin où tous vont tomber ensevelis sous les décombres fu¬ mants de leurs trônes embrasés. « Représentants, sagement vous avez fait en mettant la terreur à l’ordre du jour; main¬ tenant du moins, maintenant l’espérance nous luit. La germination des fleurs n’apparaît dans toute sa gaieté qu’à la suite des orages; la ten¬ dresse maternelle ne déploie sa physionomie céleste, ne sourit à son fruit qu’après les crises et les douleurs de l’enfantement. « Représentants, continuez à provoquer, par vos sublimes travaux, l’indépendance, le bonheur du monde, la paix universelle; tandis que le républicain français vole à la gloire au bruit des chaînes qui se brisent, au bruit de la chute des trônes, restez inébranlables, restez à Votre poste. « Avant que vous vous sépariez, il faut, qu’é¬ tayée de la victoire et de la paix, notre immortelle Constitution puisse affronter le temps, puisse marcher triomphante à travers le torrent des siècles. « Toulon ! Eh quoi? Toulon, cette ville scé¬ lérate pèse encore sur la terre de la liberté, sur cette terre sainte arrosée par elle du sang des patriotes, du sang des représentants du peuple français? Justice! Vengeance! Aux armes! Pères du peuple, parlez, et qu’au retour du printemps une masse révolutionnaire se porte spontanément jusqu’en la capitale d’Albion, y engraisse cette terre, autrefois républicaine, des cadavres de ses oppresseurs, de ces ennemis proclamés de l’espèce humaine. Alors, monu¬ ment à la majesté des peuples, alors y recroî¬ tra, y refleurira pour jamais l’arbre chéri de la liberté. « Dans la proscription de tous les repaires de la superstition monacale, la politique a porté le décret d’exception en faveur des maisons anglaises. Notre ville et celles environnantes en sont infectées. Maintenant qu’elles ont été assaillies (sic) par l’infâme duc d’York, vous n’avez plus de ménagements à garder. Comme des Anglais soi-disant philosophes, faites justice des Anglais bigots, anéantissez leurs monas¬ tères, poursuivez, foudroyez l’aristocratie et le fanatisme jusque dans ces vils et derniers asiles que la générosité d’un grand peuple indigne¬ ment trahi n’a que trop longtemps respectés. « Tels sont les vœux des patriotes de Gra� velines, de ces républicains du Nord qui, réunis en Société montagnarde, en face de l’arbre de la liberté, ont juré de s’ensevelir tous sous leurs remparts en feu plutôt que de capituler jamais avec la tyrannie. « Gravelines, le 5e jour de la lre décade du 2e mois, l’an II de la République, une, indivi¬ sible et impérissable. » (Suivent 11 signatures.)