SÉANCE DU 15 THERMIDOR AN II (2 AOÛT 1794) - N° 1 47 à [Dieppe, 12 therm. Il] (1) Représentants Un scélérat profond, un de ces hommes que la nature, pour l’honneur de l’humanité, ne produit que rarement, un Cromwel enfin, joignant à l’hyppocrisie la plus rafinée, le machiavélisme et l’audace la plus effrénée, menaçait la Convention nationale, et voulait, sur nos cadavres immolés à son ambition et à sa férocité, rescusciter la tyrannie et fonder son usurpation liberticide. La Convention nationale, dépositaire de la liberté du peuple français, a vu les dangers qui menaçaient la patrie. Fidèle au peuple qu’elle représente, elle a rempli ses devoirs, avec l’énergie et la dignité qu’on avoit droit d’attendre de la première assemblée de l’univers. Le nouveau tyran et ses odieux complices, démasqués au sein de la Convention nationale, ont été livrés à l’exécration publique et à l’infamie du supplice dû à leurs horribles forfaits. En vain une municipalité conspiratrice, en vain, une tourbe obscure de vils conjurés se sont groupés autour de leur idole; votre fermeté républicaine, à laquelle rien n’est comparable dans les fastes de l’histoire de tous les peuples, a déconcerté leurs affreux projets et sauvé la liberté et la représentation nationale, des périls innombrables qu’elles ont courus dans cette nuit à jamais mémorable. Dignes représentants du peuple, nous l’avons proclamée cette séance à jamais glorieuse, au milieu de laquelle votre président vous a annoncé que le moment de mourir a votre poste était arrivé. Avec quel enthousiasme n’avons-nous pas entendu le cri unanime répété par tous les vrais montagnards, par tous les fidèles mandataires du peuple... « Oui mourons tous pour la liberté »... Il vivra à jamais dans le souvenir des républicains, cet élan sublime de l’amour de la patrie et du dévouement le plus héroïque à la cause populaire. Recevez, dignes représentants, la juste et sincère expression de notre reconnoissance. C’est dans les coeurs vraiment patriotes que vous trouverez la récompense de vos dangers et de vos sacrifices multipliés. Le peuple français, fier de ses représentants, les offre en spectacle à l’univers admirateur, comme les premiers des hommes, et les dignes fondateurs de la liberté et de l’égalité. Recevez, dignes représentants, le serment que les sans-culottes de Dieppe, dignes émules des sections de Paris qui ont glorieusement rempli leur devoir, renouvellent dans votre sein le serment de mourir pour la deffense de la représentation nationale, et de verser jusques à la dernière goutte de leur sang pour la liberté que vous venez de consolider à jamais. (1) C 314, pl. 1 259, p. 10. Mention dans J. Paris, n° 580. B1", 27 therm. (1er suppf). Nous finissons, en demandant que la Convention nationale décrette une fête dans toutte la république pour l’heureuse découverte de l’horrible conspiration, que votre fermeté plus que romaine vient d’anéantir. Vive la republique. Vive la Convention nationale. Vive la montagne; Vivent les deffen-seurs de la patrie. Darens (secret.), Gourdin ( présid .), Delacroix (secret), Gisors (secrét.). ti [.Sens, 11 therm. II\ (1) Citoyens représentans, De modernes Catilina avoient conçu d’abominables projets; des fédéralistes d’un nouveau genre avoient juré d’éteindre le flambeau de la liberté, entretenu par 25 millions d’hommes libres; ces triumvirs, qui tenoient aussi dans leurs mains la foudre qui doit écraser les rois, ces hommes que le peuple regardoit comme ses meilleurs amis, sont aussi des traîtres, des ennemis de leur pays et de la nature; mais le ciel conservera cette terre de prédilection; les méchants seront tous anéantis; leurs efforts criminels ne peuvent tenir la balance en équilibre; le peuple ne voit ses succès que pour voler à de plus grands; à son réveil terrible, il a renversé le trône; son énergie est éternelle, parce que le gouvernement que vous avez fondé au milieu des dégoûts et des orages, est celui de la raison, de la nature et de la vertu. Représentans, restez toujours à votre poste; Conservez toujours l’attitude majestueuse qui fait pâlir les tirans; le peuple n’a plus qu’un désir, ne forme plus qu’un voeu, c’est de vivre libre ou de mourir, et le seul cri qu’il fasse entendre c’est celui de vive la République. Renaud (présid), Luyt (secrét.). d [ Dammartin , s.cû] (2) Les tyrans sont anéantis, la liberté triomphe. Sous le double masque du patriotisme et de la vertu, un nouveau Cromwel méditoit dans l’ombre la ruine de l’édifice qu’il sembloit seul soutenir. A travers les cadavres sanglans des patriotes, il se frayoit un chemin à l’autorité suprême. Déjà sa main audacieuse tenoit les fers dont il vouloit enchaîner les plus zélés deffenseurs du peuple. Déjà le toccin étoit sonné; les scélérats étoient avoués, le sang alloit couler pour cimenter la puissance monstrueuse de ce tyran. Vous avez arrêté les poignards sacrilèges; vous les avez tourné contre le sein même des assassins; et cette nuit, qui devoit prêter son ombre à leurs forfaits, a été pour eux une nuit éternelle. (1) C 314, pl. 1 259, p. 8; Moniteur (réimpr.), XXI, 375 Mention dans J. Fr., n° 677; F.S.P., n° 394; B'n, 26 therm. (2e suppl1). (2) C 314, pl. 1 259, p. 1. Mentionné par B"1, 26 therm. (2e suppf). SÉANCE DU 15 THERMIDOR AN II (2 AOÛT 1794) - N° 1 47 à [Dieppe, 12 therm. Il] (1) Représentants Un scélérat profond, un de ces hommes que la nature, pour l’honneur de l’humanité, ne produit que rarement, un Cromwel enfin, joignant à l’hyppocrisie la plus rafinée, le machiavélisme et l’audace la plus effrénée, menaçait la Convention nationale, et voulait, sur nos cadavres immolés à son ambition et à sa férocité, rescusciter la tyrannie et fonder son usurpation liberticide. La Convention nationale, dépositaire de la liberté du peuple français, a vu les dangers qui menaçaient la patrie. Fidèle au peuple qu’elle représente, elle a rempli ses devoirs, avec l’énergie et la dignité qu’on avoit droit d’attendre de la première assemblée de l’univers. Le nouveau tyran et ses odieux complices, démasqués au sein de la Convention nationale, ont été livrés à l’exécration publique et à l’infamie du supplice dû à leurs horribles forfaits. En vain une municipalité conspiratrice, en vain, une tourbe obscure de vils conjurés se sont groupés autour de leur idole; votre fermeté républicaine, à laquelle rien n’est comparable dans les fastes de l’histoire de tous les peuples, a déconcerté leurs affreux projets et sauvé la liberté et la représentation nationale, des périls innombrables qu’elles ont courus dans cette nuit à jamais mémorable. Dignes représentants du peuple, nous l’avons proclamée cette séance à jamais glorieuse, au milieu de laquelle votre président vous a annoncé que le moment de mourir a votre poste était arrivé. Avec quel enthousiasme n’avons-nous pas entendu le cri unanime répété par tous les vrais montagnards, par tous les fidèles mandataires du peuple... « Oui mourons tous pour la liberté »... Il vivra à jamais dans le souvenir des républicains, cet élan sublime de l’amour de la patrie et du dévouement le plus héroïque à la cause populaire. Recevez, dignes représentants, la juste et sincère expression de notre reconnoissance. C’est dans les coeurs vraiment patriotes que vous trouverez la récompense de vos dangers et de vos sacrifices multipliés. Le peuple français, fier de ses représentants, les offre en spectacle à l’univers admirateur, comme les premiers des hommes, et les dignes fondateurs de la liberté et de l’égalité. Recevez, dignes représentants, le serment que les sans-culottes de Dieppe, dignes émules des sections de Paris qui ont glorieusement rempli leur devoir, renouvellent dans votre sein le serment de mourir pour la deffense de la représentation nationale, et de verser jusques à la dernière goutte de leur sang pour la liberté que vous venez de consolider à jamais. (1) C 314, pl. 1 259, p. 10. Mention dans J. Paris, n° 580. B1", 27 therm. (1er suppf). Nous finissons, en demandant que la Convention nationale décrette une fête dans toutte la république pour l’heureuse découverte de l’horrible conspiration, que votre fermeté plus que romaine vient d’anéantir. Vive la republique. Vive la Convention nationale. Vive la montagne; Vivent les deffen-seurs de la patrie. Darens (secret.), Gourdin ( présid .), Delacroix (secret), Gisors (secrét.). ti [.Sens, 11 therm. II\ (1) Citoyens représentans, De modernes Catilina avoient conçu d’abominables projets; des fédéralistes d’un nouveau genre avoient juré d’éteindre le flambeau de la liberté, entretenu par 25 millions d’hommes libres; ces triumvirs, qui tenoient aussi dans leurs mains la foudre qui doit écraser les rois, ces hommes que le peuple regardoit comme ses meilleurs amis, sont aussi des traîtres, des ennemis de leur pays et de la nature; mais le ciel conservera cette terre de prédilection; les méchants seront tous anéantis; leurs efforts criminels ne peuvent tenir la balance en équilibre; le peuple ne voit ses succès que pour voler à de plus grands; à son réveil terrible, il a renversé le trône; son énergie est éternelle, parce que le gouvernement que vous avez fondé au milieu des dégoûts et des orages, est celui de la raison, de la nature et de la vertu. Représentans, restez toujours à votre poste; Conservez toujours l’attitude majestueuse qui fait pâlir les tirans; le peuple n’a plus qu’un désir, ne forme plus qu’un voeu, c’est de vivre libre ou de mourir, et le seul cri qu’il fasse entendre c’est celui de vive la République. Renaud (présid), Luyt (secrét.). d [ Dammartin , s.cû] (2) Les tyrans sont anéantis, la liberté triomphe. Sous le double masque du patriotisme et de la vertu, un nouveau Cromwel méditoit dans l’ombre la ruine de l’édifice qu’il sembloit seul soutenir. A travers les cadavres sanglans des patriotes, il se frayoit un chemin à l’autorité suprême. Déjà sa main audacieuse tenoit les fers dont il vouloit enchaîner les plus zélés deffenseurs du peuple. Déjà le toccin étoit sonné; les scélérats étoient avoués, le sang alloit couler pour cimenter la puissance monstrueuse de ce tyran. Vous avez arrêté les poignards sacrilèges; vous les avez tourné contre le sein même des assassins; et cette nuit, qui devoit prêter son ombre à leurs forfaits, a été pour eux une nuit éternelle. (1) C 314, pl. 1 259, p. 8; Moniteur (réimpr.), XXI, 375 Mention dans J. Fr., n° 677; F.S.P., n° 394; B'n, 26 therm. (2e suppl1). (2) C 314, pl. 1 259, p. 1. Mentionné par B"1, 26 therm. (2e suppf).