78 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. JJ Sbïuls " En conséquence, après avoir donné connais¬ sance à haute et intelligible voix de la publica¬ tion avant dite, et de celle extraordinaire que j’ai fait faire ce jourd’hui au son de la caisse, j’ai interpellé, au pied de l’arbre de la liberté au milieu de l’affluence des citoyens, tous et un chacun, de former à l’instant son opposition si aucune il y a, et personne ne s’étant présenté, lesdits conjoints se sont donné la main, et ont réciproquement prononcé et déclaré librement s’épouser. Cette formalité observée à haute et intelligible voix, j’ai déclaré, au nom du peuple français et de la loi, que lesdits Salmon et Chaté étaient unis de mariage. J’ai en outre arrêté que le présent acte de mariage révolutionnairement célébré sera trans¬ crit à l’instant sur les registres des mariages de la commune de Champigny, apportés à cet effet. Le tout fait en présence des citoyens Charpen¬ tier et Sibillon, administrateurs du départe¬ ment, Sureau fils, juge de paix du canton d’É-tampes, et Baude, président du tribunal du dis¬ trict d’Étampes qui ont signé avec lesdites par¬ ties, l’officier public et moi, les jour, mois et an avant dit. Couturier; Anne Chaté; Salmon ; Su¬ reau fils; Duché, officier -public; Baude; Charpentier; Sibillon ; P. Raguedeau. Acte de mariage de François Lechartrie, curé de Puiselet-le-Marais, et de Marie-Thérèse-Vic¬ toire Girard (I), Ce jourd’hui, huitième jour du second mois de l’an II de la République française une et in¬ divisible, en la ville d’Etampes, une heure de relevée, au devant de l’arbre de la liberté planté sur la place de la Régénération. Par-devant nous, Jean-Pierre Couturier, repré¬ sentant du peuple, assisté du citoyen Duché, officier public en ladite ville, et en présence des témoins à la fin nommés et d’une grande affluence de citoyens, sont comparus François Lechartier, curé de Puiselet-le-Marais, âgé de soixante-quatre ans, d’une part, et Marie-Thérèse-Vic¬ toire Girard, fille âgée de quarante et un ans, née de Laferté-Alais, résidente audit lieu de Puiselet-le-Marais, d’autre part; ledit citoyen Lechartier né à Saint-Germain-de-Salvandes, district de Vire, département du Calvados, le vingt juin mil sept cent vingt -neuf, du mariage d’Étienne Lechartier, de son vivant laboureur audit lieu, et de Jeanne Desmasures; et ladite citoyenne Girard, née le quatorze janvier mil sept cent cinquante -deux, du mariage de Fran¬ çois Girard, drapier audit lieu de La Ferté, et de Françoise Morise, ses père et mère. Lesquelles parties ont déclaré être convenues depuis en¬ viron trois mois au vu et su du public, de ratifier par mariage le désir qu’ils ont depuis vingt-quatre ans de s’unir ensemble, ce qu’ils n’ont pu faire sous l’ancien régime; pourquoi voulant profiter de la présence de moi, représentant du peuple, pour donner au public l’exemple de leur soumission aux lois nouvelles auxquelles ils applaudissent de tout leur cœur, ledit citoyen Lechartier, craignant mon prompt départ, a seu-(1) Archives nationales, carton C 277, dossier 734. lement hier publié publiquement à l’église ser¬ vant de maison commune, que ce jourd’hui il paraîtrait devant moi en cette ville d’Étampes pour lui donner acte de leurs conventions matri¬ moniales qui, purement et simplement, se ré¬ duisent à laisser au survivante la propriété et jouissance de tout ce qu’ils possèdent et qui, tant en meubles qu’immeubles, n’excède pas en tout, pour les deux conjoints, la valeur de douze cents livres en capital, et qu’il en sera usé de même pour les acquêts, conquêts et suc¬ cessions qu’ils pourraient faire; et de suite pro¬ céder à la célébration de leur mariage si long¬ temps désiré. En conséquence, après avoir donné connais¬ sance à haute et intelligible voix de la publica¬ tion avant dite, et de celle extraordinaire que j’ai fait faire ce jourd’hui, au son de la caisse, j’ai interpellé, au pied de l’arbre de la liberté, au milieu de l’affluence des citoyens, tous et un cha¬ cun de former à l’instant son opposition si au¬ cune il y a, et personne fie s’étant présenté, les¬ dits conjoints se sont donné la main, et ont réciproquement prononcé et déclaré librement s’épouser, cette formalité observée à haute et intelligible voix, j’ai déclaré au nom du peuple français et de la loi, que lesdits Lechartier et Girard étaient unis en mariage. J’ai, en outre, arrêté que le présent acte de mariage révolutionnairement célébfé, sera trans¬ crit sur les registres des mariages de la commune de Puiselet-le-Marais, collationné et signé par les maire et officier public, à leur diligence et sous leur responsabilité, et que copie également collationnée et signée sera par eux délivrée aux dits époux, le tout fait en présence des citoyens François Clozier, Charpentier, Sureau et Boileau, curé deBoisherpin, non célibataire, qui ont signé avec moi, l’officier public, les témoins ainsi que plusieurs assistants au nombre desquels se trouve compris le citoyen Sibillon. Les jour, mois ét an avant dit. François Lechartier, curé de Puiselet; Victoire Girard; Couturier; Charpen¬ tier ; Sureau fils, juge de paix du canton d'Etampes; Sibillon; Duché, officier public; Clozier. Discours du curé Salmon (1). Vrai sans-culotte, représentant du peuple. Un couple reconnaissant s’empresse à vous offrir le tribut de sa sensibilité. Pourrait-elle se défendre de la plus vive explosion lorsque vous vous empressez vous-même à consacrer par votre auguste ministère, sous le chêne inébran¬ lable de la liberté, l’union si désirée d’un répu¬ blicain avec une républicaine. Sans doute, vous ne croirez pas, digne man¬ dataire du souverain, que le feu des passions préside à ma démarche, mais bien l’amour sacré de la patrie, ma soumission pleine et entière aux lois, mon attachement invariable au régime républicain, motifs purs et sublimes, inconnus, il est vrai, aux vils agents du despotisme, mais qui pénètrent l’âme des vrais patriotes. Et comment la mienne ne serait-elle point investie de tout le sentiment de leur grandeur? (1} Archives nationales, earton C 277, dossier 784,