SÉANCE DU 18 THERMIDOR AN II (5 AOÛT 1794) - Nos 29-30 217 Si un comité a besoin d’un renseignement sur les assignats, le commissaire se charge des observations ou demandes; il les transmet à l’agence des assignats, qui lui répond par écrit; et le commissaire porte cette réponse au comité. Ainsi, cet intermédiaire n’est qu’un porteur d’ordres entre les comités et les agences, et occasionne des retards inévitables. Cette question est importante et peut être traitée distinctement : je me borne à vous la présenter pour obtenir votre méditation; elle ne doit pas retarder l’organisation de vos comités, dont il est instant que vous vous occupiez. Je propose aussi de changer la dénomination du comité de salut public, et de lui donner celle de comité central du gouvernement révolutionnaire. Ce changement peut paraître minutieux; mais j’ai pensé qu’il pouvait convenir d’annoncer que le salut public tenait à la Convention tout entière; que le gouvernement de la République était entre ses mains, et qu’elle surveillait en masse les agents de l’administration générale, par une partie de ses membres réunis dans un comité central. Telles sont les bases de l’organisation que je vous ai proposée, et qui contient quelques détails d’exécution; elle m’a paru propre à prévenir les dangers auxquels nous avons été au moment de succomber. Tous les représentants du peuple, je le répète, seraient ainsi appelés à participer au gouvernement; la connaissance des affaires ne serait plus concentrée entre un petit nombre d’hommes qu’il n’est pas juste d’ailleurs de charger seuls du poids d’une immense responsabilité. La Convention saurait tout, et les ambitions particulières, fléau des républiques, ne seraient plus à redouter. L’assemblée décrète l’impression du discours de Cambon (1). 29 [Les administrateurs du départ '! du Cher à la Conv.; Bourges, 13 therm. II] (2) Représentans du Peuple, Les modernes Catilina ne sont plus, et la République vient encore une fois d’être sauvée par vos soins généreux et votre ardent amour pour la patrie... Qu’ils tremblent, les tyrans coalisés ! Il n’est point de victoire remportée sur la tirannie, qui, comme celle que vous venés d’obtenir puisse étonner davantage la postérité et assurer aux nations la liberté et l’égalité. Oh ! combien elles sont heureuses, les sections de Paris, de pouvoir se rallier immédiatement à la Convention nationale dans des circonstances (1) Décret n° 10 252. Rapporteur : Granet. Moniteur (réimpr.), XXI, 410-412; Débats, n° 686, 353-360; Ann. R.F., n° 147 (247); J. Paris, n° 583; J. Sablier, n° 1 482; J. Perlet, n° 682; M.U., XLII, 304; J. Mont., n° 98; Débats, n° 684, 316; Mess. Soir, n° 717; J. Fr., n° 680; Rép., n° 229; Audit, nat., n° 681; F.S.P., n° 397. (2) C 312, pl. 1 243, p. 1; J. Fr., n° 680; B m, 26 therm. (2e suppl1). aussi grandes !... Pour nous, nos cœurs volent vers vous, et il semble que ce soit dans votre sein qu’ils versent avec abondance les tributs d’amour, de respect et de reconnoissance qui nous animent. Périssent les ambitieux qui n’usurpent des réputations que pour s’isoler avec plus de succès de la Convention nationale, et conspirer contr’elle et la liberté du peuple ! Guingier, Béguin fils ( prêsid .), Dumont Ver-ville, Rousseau, Courtier (secrét.) [et 2 signatures illisibles]. Mention honorable, insertion au bulletin (1). 30 [La sté popul. et régénérée de St-Quentin à la Conv.; St-Quentin, 15 therm. II] (2) Toute faction est un attentat à la souveraineté, disoit l’un des tyrans dont la tête vient de tomber. Cependant un grand complot s’ourdis-soit contre la liberté. Cette conjuration, la plus horrible qui ait attaqué les droits du peuple, erroit par des chemins qu’elle avoit sçu couvrir du charme de toutes les vertus. Ces coupables ambitieux sous le masque de l’hipocrisie, livrés à toutes les convulsions du crime, ne purent échapper à l’œil sage et pénétrant de la Convention nationale. Vous avez arraché d’une main hardie le voile qui cachoit cette trame perfide. Vous avez démasqué les traîtres; vous les avez terrassés par l’organe de la vérité et précipités de la roche Tarpéienne d’où chaque infidèle trouvera son tombeau. Enfin la vertu triomphe, le crime est puni et la liberté est sauvée. Nos frères de Paris, toujours dignes du dépôt que nous leur avons confié, se sont ralliés à ce drapeau de la liberté flottant sur la tête de nos législateurs. Ils ont résisté au son de cette cloche criminelle qui annonçoit la trahison, le meurtre et le dernier jour de la liberté. Ils ne songeoient pas, les scélérats qui agitoient ce signal de la révolte, que l’âme des Français et les vertus de leurs représentants forment une alliance indestructible, et que, s’il se lève des cœurs corrompus, des traîtres ou des conspirateurs, la lance de la liberté devient, dans la main de chaque républicain, le poignard de Brutus. Soutenez, législateurs, cette attitude imposante, détournez les orages, immolez les traîtres, affermissez le gouvernement républicain; des bords du précipice vos pas vous conduiront à l’immortalité. Tandis que les factions se détruisent, l’ennemi fuit, et bientôt la République sera délivrée des esclaves qu’il y a laissés; comme les braves citoyens de Maubeuge et d’Avesnes, les bataillons de notre commune se disposent à voler à la conquête des trois places que la trahison a (1) Mention marginale du 18 thermidor. (2) C 312, pl. 1 243, p. 5; ffn, 26 therm. (2e suppl1).