Séance du 30 Thermidor an II (dimanche 17 août 1794) Présidence de MERLIN (de Douai) (1) 1 On donne lecture des adresses de différentes autorités constituées, corps militaires et sociétés populaires qui félicitent la Convention nationale sur l’énergie qu’elle a montrée dans la nuit du 9 au 10 thermidor, sur les victoires constamment remportées par les armées de la République, et lui demandent de continuer sa surveillance afin de triompher de toutes les factions. Ces adresses ont été envoyées par le 2emc bataillon du 67 e régiment d’infanterie la société républicaine de Cassaigne b; la société républicaine de L’Isle-Jourdain, département du Gers c; les autorités constituées et la société populaire de Montrevel, district de Bourg, département de l’Ain d; les juges du tribunal du district de Melle, département des Deux-Sèvres e; les juges composant le tribunal criminel du département de la Charente [ Inférieure] f; la société populaire de Vallon-sur-Ardèche 8; la société de La Ferté-les-Bois h; la commune et la société populaire de Gennevilliers le conseil général de la commune, le comité de surveillance et la société populaire de Çormeilles, district de Montagne-du-Bon-Air;; le conseil général de la commune de Quimper *; les membres composant le conseil d’administration du I er bataillon du Nord, au nom du bataillon '; les juges du tribunal du district de Sarre-Libre m; la société populaire de la commune de Caen la société populaire de Pamiers et les administrateurs du district du même lieup; la société populaire de Belvédère, district de Charolles q ; les membres du comité de surveillance d’Auvillar, district de Valence r; les administrateurs du district de Commercys; la 4 e division de l’armée des Alpes'; le 4e bataillon du Nord"; la société populaire" et la municipalité de Vivonne, département de la Vienne la société populaire de Lixheim*; le bataillon de la Iere réquisition, du district de Vaux [sic pour Evaux], département de la Creuse v; la société populaire d’Orange z; le comité de surveil-(1) D’après Moniteur (réimpr.), XXI, 515. lance de Chanay [pour Chauny]"; les canonniers des sections du Temple, de [la rue de] Montreuil et du Muséum, de Paris, en garnis-son à Givet6; la société populaire de Cozès"; le 9 e régiment d’hussards , la société populaire de Wassigny"; les administrateurs du district de Carentan�; le 3 e bataillon de la Nièvre�; l’hôpital militaire de Clermont-Oise'1; la société populaire de Chinon'; la société populaire de Laurent-Médoc, département du Bec-d’Ambès;; la société populaire de Lamarche, département des Vos: ges *; de Douarnenez, district de Pont-Croix'; les administrateurs du district de Mont-de-Marsan m; la commune de Chaligny, district de Nancy"; la société populaire de Genis, département de la Charente-Inférieure0; celle de Mirambeau, même département p; les administrateurs du département de l’Isère; le conseil général de la commune de Grenoble; le conseil permanent du district, et les membres du tribunal de district de Grenoble; les administrateurs et l’agent national du district et la société populaire de Chinon, et la commune de Vautry-la-Montagne. La Convention décrète la mention honorable et l’insertion au bulletin de toutes ces adresses (1). a [Le 2e bon du 67e régiment d’infanterie, à la Conu.; Josselin (2), 18 therm. Il] (3) Liberté, égalité, fraternité, guerre à mort aux traîtres à la patrie ! Citoyens représentants d’un peuple libre, Il est donc vrai que des célérats habitoient encore parmi vous au moment où nous croyions être débarrassés de tous ces monstres qui ne tendoient qu’à rendre infructueux les travaux de 6 années de révolution, à celuy même où les (1) P.V., XLIII, 266-268. (2) Morbihan. (3) C 316, pl. 1269, p. 3. Mentionné par J. Fr., n° 692. 164 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE succès de nos armées et la derroutte de nos ennemis extérieurs sembloient nous annoncer l’anéantissement des derniers des tirands. Ils habitoient parmi vous, ces monstres qui, avides du sang des humains, alloient allumer infailliblement la torche de la guerre civille par la sédition. Ils vouloient, disons-nous, en Cromwel et Catilina, usurper les droits sacrés de la nature : la liberté et l’égalité. Grâces vous soient rendues, dignes représentants, vous avez dévoilé leurs forfaits, vous avez livré les coupables aux rigueurs des loix, et leurs têtes hideuses abatues ont été le prix de tant de crimes. Le peuble français vous doit encore sa liberté. Vous venez de nouveau de sauver la patrie. Combien de droits n’avez-vous pas à sa recon-noissance ? Elle vous en donnera les premiers témoignages, et nous qui sommes ses enfants et ses deffenseurs, pourrions-nous y être moins sensibles ? Non sans doute. Nous avons juré la liberté, l’égalité et l’indivisibilité de la République, nous aimons à le répéter et nous ne serons pas parjures. Nous promettons de nouveau une entière soumission aux loix, un attachement inviolable à la représentation nationnalle et jurons de la deffendre contre tous ceux qui seraient assez lâches pour oser attenter à son authorité légitime. Tels sont, dignes représentants, les sentiments que nous nous empressons à vous témoigner. Recevez-en les expressions que nous ne démentirons jamais. Achevez vos pénibles travaux et en jouissant du bonheur que vous nous avez fait recouvrer, nous ne cesserons de répéter : vive la montagne, vive la République, vive les sans-culottes et périssent tous les tyrans et leurs supôts ! Habert ( capit .), Peiremanche ( capit .), Berard ( lieut '), Hue {chef de bon) [et une quarantaine d’autres signatures (sous-officiers, grenadiers, volontaires)]. [Applaudissements ] b [La sté républicaine de Cassaigne (1), à la Conv.; Cassaigne, 18 therm. II] (2) Représentans, Tandis que nos armées victorieuses de toutes parts ne trouvent presque plus d’esclaves à combatre, faut-il que des nouveaux Catilina songent à nous donner des fers ? Les traîtres ! Ils ne préconisoient nos triomphes que pour s’en approprier le fruit ! Ils ne se montraient les amis de la vertu que pour nous préparer plus sûrement les chaînes du crime ! Ils ne sont plus ! Leur nom ne passera à la postérité qu’avec le cachet de l’opprobre; puisse leur juste sort épouvanter les scélérats qui seroient tentés de les imiter ! Pour vous, dignes représentans, soyés toujours imperturbables à votre poste et que vos mains ne posent la massue populaire qu’elle n’aît fait disparaître de dessus la terre tous les (1) District de Condom, Gers. (2) C 316, pl. 1269, p. 58. Mentionné par B 1er fruct. monstres qui en veulent au règne de la liberté. Vive la République ! Vive la Convention nationale ! Roser ( présid .), Duprat (secret.), Buzet (se-crét.). c [La sté républicaine de L’Isle-Jourdain (1), à la Conv.; 17 therm. II] (2) Représentans du peuple, Un infâme triumvirat menaçait la liberté; les têtes des meilleurs citoyens étaient proscrites, un hypocrite astucieux, un tigre altéré de sang, digne émule des Catilina et des Cromwel, Robespierre, se croyant déjà sur le trône, désignait ses victimes avec audace et dictait insolament ses volontés suprêmes. Le scélérat ! Il oubliait qu’il était au milieu des représentans des Français. Vous avez senti l’outrage fait à la majorité du peuple, et sa tête est tombée. Le même instant a plongé dans le néant ses complices et ses vils satellites et la liberté s’est relevée triomphante. Grâces immortelles vous soient rendues, fidèles représentans. Votre vertu, votre fermeté ont étouffé le monstre que sa dissimulation profonde rendait l’ennemi le plus redoutable de la liberté. Braves Parisiens, ralliés autour de la Convention, vous l’avez sauvée des poignards des assassins; recevez l’expression de notre reconnaissance. Comme vous, tous les Français lui feront un rempart de leurs corps, et de leurs armes un appui. Que la journée du 9 thermidor soit à jamais fameuse dans les fastes de la révolution française et que la postérité la plus reculée ne puisse entendre le récit des travaux de la Convention sans s’écrier : ils furent les sauveurs de la patrie ! Soulan (présid.), Cavaré ( secrét .), Esparseil ( secrét .). d [La municipalité, le c. de surveillance et la sté popul. de Montrevel (3), à la Conv.; Montre-vel, 20 therm. II] (4) Citoyens représentants, La patrie est encore une fois sauvée; les traîtres ont disparu avec les ombres de la nuit et le soleil de la liberté brille avec plus d’éclat sur tout le territoire de la République. Grâces vous soient rendues, citoyens représentants, de votre courage héroïque, du dévouement généreux qui vous a fait compter vos jours pour rien à la vue du danger de la patrie. Le bruit s’étoit répandu dans la commune qu’une grande conjuration contre la représentation nationale venoit d’être découverte; les (1) Gers. (2) C 316, pl. 1269, p. 59. (3) Ain. (4) C 313, pl. 1252, p. 49.