Séance du 25 Floréal An II (Mercredi 14 Mai 1794) Présidence de CARNOT La séance est ouverte à onze heures. Un membre du Comité de correspondance fait lecture des lettres et adresses suivantes : 1 Les membres composant les Sociétés populaires de Cuiseaux, département de Saône-et-Loire; de Bellevue-les-Bains, département de la Saône-et-Loire (1); de Fourcès, département du Gers; ceux de l’administration du district de Bourmont (2), félicitent la Convention nationale d’avoir encore une fois sauvé la liberté, en déjouant les conspirateurs, et l’invitent à rester à son poste (3). a [La Sté popul. de Cuiseaux , à la Conv.; 17 germ. Il] (4). « Citoyens représentans, Vos travaux sont connus, vos principes sont purs, vos démarches certaines, vos mesures sont sages. L’amour du bien a dirigé vos pas; le vrai patriotisme connaît la direction de la route qu’il nous a tracée, la ligne lui en fait apercevoir le but. Il n’a d’autre désir que de l’atteindre, mais sa marche a été interrompue, et par qui... par une minorité qui, le poignard à la main, le force à rétrograder ou à la retarder. La réflexion demande comment il peut se faire qu’une minorité ait pu triompher. La connaissance des faits rend la réponse la plus solide : deux mots vont le prouver, parce que deux maux sont ceux qui nous affligent. Le mérite et la vertu furent placés sur le siège, le vice et la corruption sous le masque du patriotisme ont sçu les déloger; d’où vient que la majorité sans pouvoir et sans force cède à la minorité qui, le pouvoir en mains, satisfait à son gré sa haine et sa passion, entasse à profusion l’or de l’ambition, sert avec goût l’ennemi de la (1) Et non Haute-Marne. (2) Haute-Marne. (3) P.V., xxxvn, 203. B*", 25 flor., J. Pans, n° 501. (4) C 303, pl. 1112, p. 23. paix, égorge impunément son frère et son ami, dans la crainte d’une découverte de la scélératesse, s’il le croit clairvoyant. C’est à vous, Législateurs, c’est à l’activité et à la sagesse de votre Comité de salut public que nous avons l’obligation de l’heureuse découverte de la trame la plus odieuse et d’une conspiration qui plongent la République entière dans le deuil et la désolation. Ses ramifications sont des plus étendues, de toute part; l’innocence est opprimée, le patriotisme outragé, les propriétés deviennent la proie de l’avarice et de la cupidité. Une telle conduite faisait autant d’ennemis à la révolution qu’il y a d’êtres pensants et réfléchis, elle ne tendait pas moins qu’à un soulèvement général. De là, naissait indispensablement une guerre civile qui, par vos soins, vos peines et vos travaux sera éteinte et assoupie. Nous ne pouvons mieux vous en témoigner le prix, Citoyens représentans, que par la reconnaissance; recevez-la de la main de vos frères qui composent une société d’hommes républicains qui ont toujours été et seront toujours attachés aux vrais principes de la révolution; rien ne pourra les en détourner. La Montagne est leur égide et leur devise : celle de vivre libres ou mourir». Dignot (présid.), Fornier (secrét.), Gollion (secrét.). b [La Sté popul. de Bellevue-les-Bains, à la Conv.; 1er JJ] (j). « Législateurs, Le glaive de la loi a frappé les fédéralistes qui avaient résolu la perte de la République; vous avez bien servi votre patrie puisque c’est à votre patience et à votre intrépidité que nous devons d’avoir connu ces Tartuffes en patriotisme. De nouveaux conjurés ont paru sur la scène; l’ascendant qu’ils avaient sur l’opinion publique par la popularité qu’ils avaient affectée, semblait leur assurer la réussite de leurs complots liber-ticides, et déjà dans leurs orgies ils se flattaient de nous donner de nouveaux feux (sic), mais le génie qui veille au salut de la République, nous a encore une fois sauvés. Les intrigants ont été (1) C 303, pl. 1112, p. 22. 22 Séance du 25 Floréal An II (Mercredi 14 Mai 1794) Présidence de CARNOT La séance est ouverte à onze heures. Un membre du Comité de correspondance fait lecture des lettres et adresses suivantes : 1 Les membres composant les Sociétés populaires de Cuiseaux, département de Saône-et-Loire; de Bellevue-les-Bains, département de la Saône-et-Loire (1); de Fourcès, département du Gers; ceux de l’administration du district de Bourmont (2), félicitent la Convention nationale d’avoir encore une fois sauvé la liberté, en déjouant les conspirateurs, et l’invitent à rester à son poste (3). a [La Sté popul. de Cuiseaux , à la Conv.; 17 germ. Il] (4). « Citoyens représentans, Vos travaux sont connus, vos principes sont purs, vos démarches certaines, vos mesures sont sages. L’amour du bien a dirigé vos pas; le vrai patriotisme connaît la direction de la route qu’il nous a tracée, la ligne lui en fait apercevoir le but. Il n’a d’autre désir que de l’atteindre, mais sa marche a été interrompue, et par qui... par une minorité qui, le poignard à la main, le force à rétrograder ou à la retarder. La réflexion demande comment il peut se faire qu’une minorité ait pu triompher. La connaissance des faits rend la réponse la plus solide : deux mots vont le prouver, parce que deux maux sont ceux qui nous affligent. Le mérite et la vertu furent placés sur le siège, le vice et la corruption sous le masque du patriotisme ont sçu les déloger; d’où vient que la majorité sans pouvoir et sans force cède à la minorité qui, le pouvoir en mains, satisfait à son gré sa haine et sa passion, entasse à profusion l’or de l’ambition, sert avec goût l’ennemi de la (1) Et non Haute-Marne. (2) Haute-Marne. (3) P.V., xxxvn, 203. B*", 25 flor., J. Pans, n° 501. (4) C 303, pl. 1112, p. 23. paix, égorge impunément son frère et son ami, dans la crainte d’une découverte de la scélératesse, s’il le croit clairvoyant. C’est à vous, Législateurs, c’est à l’activité et à la sagesse de votre Comité de salut public que nous avons l’obligation de l’heureuse découverte de la trame la plus odieuse et d’une conspiration qui plongent la République entière dans le deuil et la désolation. Ses ramifications sont des plus étendues, de toute part; l’innocence est opprimée, le patriotisme outragé, les propriétés deviennent la proie de l’avarice et de la cupidité. Une telle conduite faisait autant d’ennemis à la révolution qu’il y a d’êtres pensants et réfléchis, elle ne tendait pas moins qu’à un soulèvement général. De là, naissait indispensablement une guerre civile qui, par vos soins, vos peines et vos travaux sera éteinte et assoupie. Nous ne pouvons mieux vous en témoigner le prix, Citoyens représentans, que par la reconnaissance; recevez-la de la main de vos frères qui composent une société d’hommes républicains qui ont toujours été et seront toujours attachés aux vrais principes de la révolution; rien ne pourra les en détourner. La Montagne est leur égide et leur devise : celle de vivre libres ou mourir». Dignot (présid.), Fornier (secrét.), Gollion (secrét.). b [La Sté popul. de Bellevue-les-Bains, à la Conv.; 1er JJ] (j). « Législateurs, Le glaive de la loi a frappé les fédéralistes qui avaient résolu la perte de la République; vous avez bien servi votre patrie puisque c’est à votre patience et à votre intrépidité que nous devons d’avoir connu ces Tartuffes en patriotisme. De nouveaux conjurés ont paru sur la scène; l’ascendant qu’ils avaient sur l’opinion publique par la popularité qu’ils avaient affectée, semblait leur assurer la réussite de leurs complots liber-ticides, et déjà dans leurs orgies ils se flattaient de nous donner de nouveaux feux (sic), mais le génie qui veille au salut de la République, nous a encore une fois sauvés. Les intrigants ont été (1) C 303, pl. 1112, p. 22. 22 318 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE connus et ils ont porté leur tête sur l’échafaud. Continuez vertueux montagnards, vous avez atterré l’ambitieux, déconcerté l’intrigant, vous avez mis la justice, la probité et la vertu à l’ordre du jour, nous saurons être justes, probes et vertueux, et nous saurons sceller de notre sang les mesures que vous avez prises pour sauver la République ». Biion (présid.), Dusureau (secrét.), D’Au-benton (secrét.), Duere. c [La Sté popul. de Fourcès, au présid. de la Conv.; s.d .] (1). « Citoyen, La Société populaire et montagnarde de la commune de Fourcès, instruite de la conspiration formée contre la Convention nationale et la Montagne, vous félicite d’avoir adroitement déjoué les trames infernales des conspirateurs et d’avoir fait périr sous le glaive de la loi les principaux auteurs de la conspiration. Elle vous supplie de rester inviolablement attachés à votre poste jusques à la paix ». Dubèdat (présid.), Cassagneau (secrét.). d [Le distr. de Bourmont, à la Conv.; 27 germ. If] (2). « Citoyens représentans, Le génie de la France veille sur son berceau; c’est dans vos mains qu’il a déposé les armes qui doivent la protéger et vous venez de donner à ses habitans la preuve du plus entier dévouement et que vous êtes dignes de ce dépôt. Vous avez encore une fois sauvé la liberté et en conjurant les orages dont la malveillance l’environne sans cesse, vous avez donné aux républicains le grand exemple d’une sévérité juste et impartiale et les conspirateurs déjoués grâce à votre surveillance et poursuivis jusque dans votre sein ont reçu la mort qu’ils destinaient à la liberté. Elle a tremblé pour un instant, mais vous étiez là et le salut du peuple est votre ouvrage. Veillez-y sans cesse, Citoyens représentans, chaque jour de vos travaux marqué par des succès sur les ennemis de la révolution, encourage ses partisans. Nous partageons avec tous les républicains les sentimens de la reconnaissance que vous avez si justement acquise par vos immenses travaux. Recevez en l’assurance ainsi que la prière instante que nous vous faisons en notre particulier de rester au poste qui vous est confié et de ne l’abandonner que lorsque la patrie aura triomphé de tous ses ennemis. C’est le vœu de l’administration du district de Bourmont ». Delacourt, Lefebure, Milet, Mernot [et une signature illisible]. Q) C 303, pl. 1112, p. 21. (2) C 302, pl. 1097, p. 14. 2 La Société populaire de Rozan, district de Libourne, exprime les mêmes sentimens, et annonce qu’elle a armé et équipé un cavalier Jacobin, et déposé sur l’autel de la patrie 600 chemises, 40 draps de lit, 127 livres de charpie et un ballot de bandes et compresses (1). [Rozan, s.d.] (2). « Législateurs, Si la Société des sans-culottes de Rozan, district de Libourne, département du Bec d’Ambez, a différé jusqu’à ce moment à vous exprimer sa joie et son contentement sur l’énergie que vous avez déployée pour punir de mort ces nouveaux Catilinas qui ont conspiré contre la liberté dans l’objet de nous asservir sous le joug d’un nouveau tyran, c’est qu’elle ne s’était pas encore épurée, mais présentement qu’elle l’est, cette Société vous invite, Législateurs, de rester fermes à votre poste et d’épurer tous les membres de la grande famille afin que la Convention nationale (ce sanctuaire des lois et des vertus) bâtisse sur les principes sacrés des droits de l’homme et du citoyen l’édifice impérissable du bonheur du genre humain. Législateurs, mettez, la Société vous en conjure, la vertu, la probité, la justice au grand ordre du jour, et faites tomber sous le glaive de la loi les ennemis de la morale publique. Le salut de la patrie en dépend, de même que la stabilité de la République une et indivisible. La Société vient de jurer de nouveau, de vivre libre ou de périr sous les décombres de la Sainte Montagne, de dénoncer tous les factieux et les traîtres à la patrie. Vive la Convention nationale ! ». Faugerolle (présid.), Bonnet (secrét.), De-faye (secrét.). P. S. Cette Société croit devoir vous rappeler, Législateurs, qu’elle a fait un don civique consistant en 600 chemises, 40 draps de lit, d’1 quintal et 27 livres de charpie fine, d’un ballot de bandes et compresses en faveur des défenseurs de la patrie; elle a aussi organisé un cavalier Jacobin. Fasse le ciel que ces secours, et les autres de ce genre parviennent aux armées républicaines sans retardement. 3 Les membres de la Société populaire et de la commune de Dornecy, département de la Nièvre, félicitent la Convention nationale sur ses travaux, l’invitent à rester à son poste, et annoncent qu’ils ont déposé, tant à la caisse na-(1) P.V., xxxvn, 204. Btn, 25 flor. et 25 flor. (suppl4) ; J. Sablier, n° 1318; J. Paris, n° 501. (2) C 302, pl. 1086, p. 24. 318 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE connus et ils ont porté leur tête sur l’échafaud. Continuez vertueux montagnards, vous avez atterré l’ambitieux, déconcerté l’intrigant, vous avez mis la justice, la probité et la vertu à l’ordre du jour, nous saurons être justes, probes et vertueux, et nous saurons sceller de notre sang les mesures que vous avez prises pour sauver la République ». Biion (présid.), Dusureau (secrét.), D’Au-benton (secrét.), Duere. c [La Sté popul. de Fourcès, au présid. de la Conv.; s.d .] (1). « Citoyen, La Société populaire et montagnarde de la commune de Fourcès, instruite de la conspiration formée contre la Convention nationale et la Montagne, vous félicite d’avoir adroitement déjoué les trames infernales des conspirateurs et d’avoir fait périr sous le glaive de la loi les principaux auteurs de la conspiration. Elle vous supplie de rester inviolablement attachés à votre poste jusques à la paix ». Dubèdat (présid.), Cassagneau (secrét.). d [Le distr. de Bourmont, à la Conv.; 27 germ. If] (2). « Citoyens représentans, Le génie de la France veille sur son berceau; c’est dans vos mains qu’il a déposé les armes qui doivent la protéger et vous venez de donner à ses habitans la preuve du plus entier dévouement et que vous êtes dignes de ce dépôt. Vous avez encore une fois sauvé la liberté et en conjurant les orages dont la malveillance l’environne sans cesse, vous avez donné aux républicains le grand exemple d’une sévérité juste et impartiale et les conspirateurs déjoués grâce à votre surveillance et poursuivis jusque dans votre sein ont reçu la mort qu’ils destinaient à la liberté. Elle a tremblé pour un instant, mais vous étiez là et le salut du peuple est votre ouvrage. Veillez-y sans cesse, Citoyens représentans, chaque jour de vos travaux marqué par des succès sur les ennemis de la révolution, encourage ses partisans. Nous partageons avec tous les républicains les sentimens de la reconnaissance que vous avez si justement acquise par vos immenses travaux. Recevez en l’assurance ainsi que la prière instante que nous vous faisons en notre particulier de rester au poste qui vous est confié et de ne l’abandonner que lorsque la patrie aura triomphé de tous ses ennemis. C’est le vœu de l’administration du district de Bourmont ». Delacourt, Lefebure, Milet, Mernot [et une signature illisible]. Q) C 303, pl. 1112, p. 21. (2) C 302, pl. 1097, p. 14. 2 La Société populaire de Rozan, district de Libourne, exprime les mêmes sentimens, et annonce qu’elle a armé et équipé un cavalier Jacobin, et déposé sur l’autel de la patrie 600 chemises, 40 draps de lit, 127 livres de charpie et un ballot de bandes et compresses (1). [Rozan, s.d.] (2). « Législateurs, Si la Société des sans-culottes de Rozan, district de Libourne, département du Bec d’Ambez, a différé jusqu’à ce moment à vous exprimer sa joie et son contentement sur l’énergie que vous avez déployée pour punir de mort ces nouveaux Catilinas qui ont conspiré contre la liberté dans l’objet de nous asservir sous le joug d’un nouveau tyran, c’est qu’elle ne s’était pas encore épurée, mais présentement qu’elle l’est, cette Société vous invite, Législateurs, de rester fermes à votre poste et d’épurer tous les membres de la grande famille afin que la Convention nationale (ce sanctuaire des lois et des vertus) bâtisse sur les principes sacrés des droits de l’homme et du citoyen l’édifice impérissable du bonheur du genre humain. Législateurs, mettez, la Société vous en conjure, la vertu, la probité, la justice au grand ordre du jour, et faites tomber sous le glaive de la loi les ennemis de la morale publique. Le salut de la patrie en dépend, de même que la stabilité de la République une et indivisible. La Société vient de jurer de nouveau, de vivre libre ou de périr sous les décombres de la Sainte Montagne, de dénoncer tous les factieux et les traîtres à la patrie. Vive la Convention nationale ! ». Faugerolle (présid.), Bonnet (secrét.), De-faye (secrét.). P. S. Cette Société croit devoir vous rappeler, Législateurs, qu’elle a fait un don civique consistant en 600 chemises, 40 draps de lit, d’1 quintal et 27 livres de charpie fine, d’un ballot de bandes et compresses en faveur des défenseurs de la patrie; elle a aussi organisé un cavalier Jacobin. Fasse le ciel que ces secours, et les autres de ce genre parviennent aux armées républicaines sans retardement. 3 Les membres de la Société populaire et de la commune de Dornecy, département de la Nièvre, félicitent la Convention nationale sur ses travaux, l’invitent à rester à son poste, et annoncent qu’ils ont déposé, tant à la caisse na-(1) P.V., xxxvn, 204. Btn, 25 flor. et 25 flor. (suppl4) ; J. Sablier, n° 1318; J. Paris, n° 501. (2) C 302, pl. 1086, p. 24.