408 [Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [24 mai 1791.1 DEUXIÈME ANNEXE A LA SÉANCE DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE DU MARDI 24 MAI 1791, AU SOIR. RÉSUMÉ des MOTIFS qui établissent l'importance DES PLACES DE GUERRE ET POSTES MILITAIRES, ainsi que leur division en trois classes. (Annexe au rapport de M. de Bureaux de Pusy) (l). Ce serait un travail immense que l’exposition raisonnée des motifs qui ont déterminé le classement de nos forteresses dans l’ordre du tableau ci-après. Ce développement exigerait l’examen d’une multitude d’hypothèses de guerre, celui de toutes les attaques probables auxquelles nos frontières peuvent être exposées, il mènerait à (1) Voy. ci-dessus, séance du 24 mai 1791, au soir, page 385. discuter en détail les propriétés diverses de nos places, à analyser le mérite intrinsèque de chacune d’elles ; il obligerait à mettre en évidence la force, la faiblesse, les ressources de nos moyens défensifs ; et l’on sent que la publicité d’un pareil ouvrage aurait autan t d’inconvenance que de danger. On a donc dû se borner ici à une courte notice des principales propriétés de nos forteresses et indiquer sommairement, plutôt que démontrer avec rigueur, les motifs qui leuiyont fait assigner tel ou tel degré d’importance ; mais, pour dissiper le doute que pourrait faire naître la réserve dans laquelle on a cru devoir se renfermer, on ajoutera que le tableau ci-joint n’est autre chose que l’analyse des avis de plus de 200 militaires éclairés, ci-devant commandants des provinces, officiers généraux et particuliers, directeurs des fortifications, ingénieurs en chef, et surtout des opinions consignées dans les écrits, tant publics que secrets, du maréchal de Vauban. PREMIÈRE CLASSE. Calais et dépendances. Cette place, importante par sa position maritime, le devient encore davantage par sa propriété d’être le débouché d’une partie des eaux du pays. Les écluses peuvent soutenir une inondation très étendue, formée par les eaux de l’intérieur, ou par celles de la mer, et cette inondation serait un des appuis principaux de la seconde ligne de frontière après la perte de la première. Gravelines. Ses écluses lui donnent les memes propriétés que Calais, relativement aux eaux de l’intérieur. Si, Comme place maritime, elle n’a pas encore l’importance de Calais, elle est mieux située pour la défense de la frontière, et réunit la double faculté de pouvoir secourir Dunkerque, et d’appuyer la ligne défensive de l’Aa, dirigée vers Saint-Omer. Dunkerque et dépendances. Il est temps que les moyens défensifs de cette forteresse répondent à l’importance et aux avantages de sa position. Ils résulteront tout naturellement du jeu de ses écluses, qui, combiné dans des vues militaires, aura la double utilité d’approfondir et d’entretenir le chenal DEUXIÈME CLASSE. Montreuil (' Citadelle de). Montreuil, comme poste maritime, ne peut être abandonné; mais son utilité, qui n’est que secondaire, permet de négliger la place, et d’économiser la dépense en la concentrant dans la seule citadelle, qui est entretenue pour protéger et faire valoir la place au besoin. Boulogne et dépendances. Son commerce mérite d’être protégé : c’est le rendez-vous des troupes du pays, et le dépôt pour la défense de cette partie de la côte. Ardres. N’est qu’à 3 lieues de Calais, et à portée de protéger efficacement le canal, qui forme la ligne de défense entre Calais et Saint-Omer. TROISIÈME CLASSE. Abbeville. Cette place, qui renferme une population assez considérable, et de riches manufactures, doit conserver les moyens d’être mise à l’abri d’une expédition de corsaires ; d’ailleurs, elle peut servir de dépôt militaire pour les côtes, et devenir un point d’appui pour la défense de la Somme, dernière barrière du royaume . Montreuil ( Ville de). Plus rapprochée de la mer que la précédente, cette place doit pouvoir être garantie contre un coup de main, et d’ailleurs elle peut devenir utile à la défense de la frontière de terre. Mardick {Fort). Ce poste ne fixe plus l’attention depuis les projets sur le rétablissement du port de Dunkerque.