168 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Puissent ceux, s’il en existe encore, qui ont eu la bassesse de flatter ou servir l’ambition ridicule de Robespierre et n’en ont pas reçu le prix, ne trouver même chés nos ennemis d’asyle qui les soustraie à la vengeance nationalle ! Agréez l’assurance de notre zèle à concourir avec tous les vrais amis de la liberté à leur recherche qui ne sera pas plus vaine que ne l’a été jusqu’ici celle de leurs prédécesseurs. S. et F. ! Boccrand ( commandant ) et 8 autres signatures (d’officiers et sous-officiers). [ Applaudissements ] m [Le tribunal du distr. de Sarre-Libre, séant à Bouzonville (1), ensemble la justice de paix, à la Conu.; délibéré à Bouzonville le 20 therm. Il] (2) Citoyen président, Le tribunal félicite la Convention d’avoir précipité de la montagne les traîtres et les ambitieux indignes d’y siéger et de les avoir frappé de mort ainsi que leurs complices. Il aplaudit à son énergie et invite les fidèles mendataires du peuple de rester à leur poste et de continuer le triomphe de la liberté, de l’égalité et la punition des traîtres. Signés : Tosk, Maffert, Hanne, Denis et Chery, Adam, commissaire national et Bettra-min. Pour expédition, Tock ( présid .), P. Weber {greffier). n [La sté popul. et régénérée de la comm. de Caen (3), à la Conv.; en séance publique, ce 12 therm. II] (4) Liberté, fraternité, unité, indivisibilité ! Mort aux traîtres et aux tirans ! Citoyens représentans, Il n’est pas un sentiment cher aux âmes vertueuses que vous ne vous soyez acquis. L’yvresse générale égale, pour ainsi dire, votre énergie. Le plus grand scélérat qui exista jamais, Robespière, a été anéanti avec ses complices. Il n’avoit qu’une tête pour expier ses forfaits, nous avons des milliers de cœurs pour vous aimer. Nous sommes transportés en pensant au salut de la patrie, nous frémissons en nous pénétrant du danger que vous avez couru. Le crime avoit frappé l’airain, l’erreur pour un instant avoit fait obéir au crime, vous étiez à la bouche des canons , le sort de la France vacilloit entre vos vertus et la scélératesse de (1) Moselle. (2) C 313, pl. 1252, p. 41. Mentionné par Bin, 2 fruct. (suppl1)- (3) Calvados. (4) C 316, pl. 1269, p. 25. Mentionné par B‘n , 3 fruct. (suppl l). nos ennemis. Des tirans ou des frères, des amis ou des bourreaux, telle étoit notre alternative et la providence a lancé sa foudre sur les tirans et les bourreaux. Oh, nous sentons bien vivement que c’est vous qui nous restez; la crainte de l’injustice nous rongeoit, la confiance de la fraternité nous fait jouir de notre propre existence. La probité redoutait Robespière, le crime vous craint, tout ce qui est pur vous chérit. Citoyens représentants, vous avez été en péril mais vous avez un azile dans tous les cœurs, vous avez un ami, un deffenseur dans chaque citoyen et vous avez obtenu ce beau triomphe qui ne fut jamais celui de la terreur mais qui est le prix de la vertu. La République entière vous offrira de toutes parts des félicitations sincères et toujours vous pourrez compter sur le dévouement, le courage et le républicanisme de tous les Français qui vous doivent la vie et la liberté. Vive la République une et indivisible, vive la Convention nationale ! Gambey {administrateur du distr.), Scipion Bescou {présid.), Hébard {secrêt.), Fleury {vice-secrét.), Lasseret {agent nat. près le distr.), L. François {commis re des guerres) et plus de 170 autres signatures. o [La sté popul. régénérée des sans-culottes de Pamiers (1), à la Conv.; s.d. ] (2) Représentans d’un peuple libre, Si vos travaux jusqu’au 9 thermidor vous avoient acquis de la gloire, vos succès de cette journée vous assurent l’immortalité. Vous partages avec la patrie des dangers tels qu’il n’a pas falu moins qu’un prodige pour qu’elle et vous n’y ayez pas succombé. Mais ce prodige, vos vertus, votre courage et votre activité l’ont heureusement réalisé à temps. Un instant plus tard l’audacieux Encelade avec tous ses tytans escaladoient l’Olympe; un instant plus tard la foudre étoit entre leurs mains et la liberté, la République étoient anéanties, et vous, leurs dignes soutiens, et tous les bons Français, nous périssions sous leurs ruines. Mais aussi prompts, aussi puissants que le maître du tonnerre contre cette attaque gigantesque, vous avez lancé sur leurs têtes la foudre qu’ils vouloient vous ravir et appesanti sur leurs cadavres à demi consumés la montagne qu’il vouloient soulever pour vous atteindre. Grâces vous soient rendues, généreux def-fenseurs de la liberté ! Vous avez fait le 9 thermidor pour le peuple ce qu’il fit pour vous le 31 mai. Aussi, comme vous lui fîtes alors hommage de ses succès, en fait-il aujourd’hui de même à votre égard en témoignant par son respect, son admiration et sa joye que c’est à vos vertus qu’est dû tout entier ce nouveau triomphe. Il sera, ce triomphe, soyés-en sûrs, citoyens vertueux, il sera dans l’histoire un monument (1) Ariège. (2) C 316, pl. 1269, p. 24. Mentionné par Bin, 3 fruct. (suppl l). SÉANCE DU 30 THERMIDOR AN II (17 AOÛT 1794) - N° 1 169 impérissable sur lequel seront gravés en traits de feu, d’un côté votre dévouement pour la patrie qui éternisera envers vous la reconnois-sance des générations, de l’autre le foudroye-ment du nouveau tyran et des siens pour en éterniser et la haine et l’horreur. Pour nous, en qui ces sentiments ont déjà pénétré jusqu’au fond de nos cœurs, pour nous dont rien ne peut ternir la joye civique que nous inspire votre victoire, si ce n’est le regret d’être trop loin pour pouvoir dans des pareils dangers aller vous faire un rempart de nos corps, il est un vœu cher à nos cœurs dont l’accomplissement pourroit en quelque sorte nous rendre cette privation moins sensible. Daignés, repré-sentans vertueux, en agréer l’homage. C’est qu’à l’exemple du peuple romain, le peuple français s’honore en invitant solemnellement ses libérateurs d’accepter le titre auguste et si bien mérité de pères, de sauveurs de la patrie. Et qu’il nous soit permis de lui en ouvrir le moyen en offrant à ses vœux déjà manifestés un point de ralliement dans cette motion universelle. Vive la République, vive la Convention, périssent tous les accapareurs de l’opinion publique, sous quelque masque qu’ils se présentent ! Saurine ( présid .), Pagès ( secrét . ), Cantou ( se - crét.), Deleung (secrét.). P [Les administrateurs et l’agent nat. du distr. de Pamiers, à la Conu.; Pamiers, 19 therm. II] (1) Représentans du peuple français, Au moment où, fidèle à nos drapeaux, la victoire plane majestueusement sur toutes nos frontières, des lâches conjurés avaient conçu le détestable projet d’usurper une domination tyrannique et de nous faire perdre en un jour le fruit de 5 ans de traveaux et de sacrifices consacrés à l’affermissement de la liberté. Un homme astucieusement populaire qui faisait retentir sans cesse la tribune nationale de l’éloge fastidieux de sa probité et de ses vertus, un nouveau Catilina marchait à leur tête. Il avait su capter par ses hypocrites déclamations l’empire de l’opinion publique; encore un instant, et il consomme ses projets parricides; tout est préparé, les victimes sont désignées, il ne faut que frapper; déjà... mais le complot est éventé, et l’immortel orateur romain revit dans nos législateurs; sa mâle et énergique éloquence passe dans toutes les bouches; la vertueuse indignation qu’il fit éclater contre l’ennemi de la liberté romaine, ils la déployent contre l’usurpateur des droits du peuple français et à l’instant ce même Capitole, trop longtemps témoin de son indigne triomphe, se change pour lui en roche Tarpéyenne. Elle aura aussi sa place dans l’histoire, la journée du 9 thermidor, à côté de celle du 10 aoust. Non moins glorieuse pour les généreuses sections de Paris, non moins frappante, non (1) C 313, pl. 1252, p. 40. Mentionné par B‘n, 3 fruct. (suppl l). moins épouvantable pour les traîtres, elle apprendra à tous les ambitieux qui seroient tentés de marcher désormais sur les traces des monstres que vous avez si justement frappés que, si le peuple peut être un instant séduit par les apparences de la vertu, le jour où ses yeux sont dessillés est celui de sa vengeance et de leur anéantissement. Elle apprendra à ces méprisables tyrans qui nourrissent encore dans leur cœur l’espoir insensé de nous donner un maître que, si le destin pouvoit nous réduire jamais à cet excès d’ignominie et d’avillissement, le despotisme n’élèveroit son trône que sur des monceaux de cadavres et de ruines. Patrie, égalité, liberté, voilà le vœu du peuple français. Mort aux tirans et aux traîtres, voilà ses sentimens : Vive la République, vive la Convention, voilà son cri unanime. Ce cri ce vœu, ces sentimens sont ceux des administrateurs rénégérés (sic) du district de Pamiers. Toujours ralliés à la représentation nationale, ils brigueront l’honneur de lui faire un rempart de leurs corps et de porter les premiers coups au scélérat qui oseroit tenter encore d’envahir la souveraineté du peuple. Dortel (présid.), V. Boullé (secrét.-gal), Tancel (agent nat.) et 5 autres signatures. Q [La sté popul. de Belvédère (1), à la Conv.; s.d. ] (2) Législateurs, Nous venons de faire partir un cavalier armé et équipé à nos frais : il va participer aux succès de nos armées. Continuez vos glorieux travaux. Pour nous, nous ne violerons pas nos sermens, nous vivrons libres. Citoyens représentans, En vous annonçant que nous venons de faire partir un cavalier jacobin armé et équipé à nos frais pour participer aux succès de nos armées, nous vous faisons part de notre horreur pour toutes les factions qui ont cherché à détruire la liberté et nous applaudissons à l’énergie avec laquelle vous les avez successivement terrassées. Aux brissotins et girondins ont succédé les Dantons, les Lacroix, les Héberts etc.; des généraux traîtres livroient nos armées, des conspirateurs cherchoient à avilir et à dissoudre la représentation nationnale; sur les ruines du fanatisme s’élevoit le monstre hideux de l’athéisme. Au milieu de tant d’orages et de crimes, fermes au haut de la montagne, vous avez lancé la foudre sur toutes les têtes coupables. A la trahison vous avez fait succéder l’amour de la patrie, le triomphe de nos armées, à la corruption la vertu, à l’athéisme l’hommage solemnel rendu à l’Etre suprême et l’immortalité de l’âme, (1) District de Charolles, Saône-et-Loire. (2) C 316, pl. 1269, p. 23. Mentionné par B‘n, 3 fruct. (suppl1).