[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j S*hLa«oî 415 Un membre [Ruhl] annonce à la Convention que le citoyen Massey (Mussey), député de l’as¬ semblée primaire du canton de Montigny, fait don de sa montre d’or. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre adressée à EüJil far le citoyen Mussey (2). Au citoyen Eühl, refrésentant du peuple, com¬ missaire député par la Convention. « Montigny-source-Meuse , le 19 brumaire de l’an II de la République française, une et indivisible. « Citoyen représentants , « Je viens d’apprendre par une voie indirecte votre arrivée dans ce département. Je regrette infiniment de n’avoir pas été informé plus tôt, je me serais empressé, conformément à la loi qui m’en fait un devoir, de me rendre auprès de vous pour recevoir vos instructions et vous offrir les efforts de mon zèle à les faire exécuter. En ce moment j’en suis empêché par une fluxion à la tête qui me travaille cruellement depuis trois jours. « Le compte que j’ai à vous rendre de l’état de mon canton est court et satisfaisant; la réqui¬ sition des grains pour les besoins de l’armée s’exécute avec activité; la levée des chevaux est effectuée, et nous travaillons à rassembler l’avoine que le canton doit fournir pour leur nourriture; le recouvrement des contributions foncière et mobilière est achevé, et pas un denier d’arriéré des années précédentes. Enfin, l’union et la paix régnent dans nos communes, le fanatisme en est banni les lois et les autorités légitimes y sont respectées, l’on n’entend par¬ tout que des concerts de bénédiction pour les nombreux et inestimables avantages que la Convention nationale a répandus sur les campagnes en les délivrant de cette foule de droits tyranniques sous le poids desquels elles gémissaient, et il n’y a personne qui ne soit fortement déterminé à périr plutôt que de se laisser ravir des avantages aussi précieux. « Par une suite de cette disposition des esprits, on voit éclater le plus touchant intérêt en • faveur de notre brave jeunesse qui répand son sang sur nos frontières; chacun éprouve dans le fond de son cœur le besoin de venir au secours de ses frères, et sans parler des dons faits précé¬ demment, les citoyennes de Montigny préparent en ce moment, sur ma demande, cent livres de charpie pour l’usage des hôpitaux militaires. Comme toutes les heures du jour ne doivent plus avoir qu’un seul emploi pour un vrai républicain, celui de travailler et de veiller sans cesse aux soins de la chose publique, et que les machines qui servent à en marquer les divi¬ sions et la durée, deviennent dès lors très peu • nécessaires, je vous envoie ma montre en or que je vous prie de déposer sur l’autel de la patrie, et qui servira utilement à ses besoins en la portant au creuset des monnaies. Si vous avez, citoyen représentant, quelque chose à me prescrire pour l’intérêt général, je vous prie de (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 297. ,1, (2) Archives nationales , carton C 281, dossier 772. me l’écrire, et je m’efforcerai par mon zèle etmon activité de vous donner des preuves de mon dévouement pour la patrie et de l’horreur in¬ vincible que je porte à tous ceux qui, par quelque moyen que ce soit, cherchent a mettre des obstacles à son bonheur. « Le commissaire de l’assemblée primaire du canton de Montigny-source-Meuse, et adminis¬ trateur du conseil général du département. « F. Mussey. « P. S. J’aurais joint à ma montre mes boucles d’argent si je n’en avais déjà disposé lors de rassemblée constituante. » Le directoire du département du Nord annonce que le citoyen Primat, évêque de ce département, vient de briser les instruments de l’orgueil et du fanatisme, et qu’il a renoncé à ses fonctions. Insertion au « Bulletin » (1). Suit un extrait de la lettre du directoire du département du Nord d’après le Bulletin de la Convention (2). Le directoire du département du Nord an¬ nonce que le citoyen Primat, évêque de ce dé¬ partement, vient de briser les instruments de l’orgueil et du fanatisme contre la statue de la liberté. Il a déclaré solennellement qu’il cessait toutes fonctions sacerdotales. Compte rendu de VAuditew national (3). CrOSSUiN annonce ensuite que l’évêque du département du Nord a déposé tous les objets qui servaient au culte et qu’il fait remise à la nation d’un domaine national qu’il croit avoir acquis à trop bon marché, se bornant à de¬ mander une pension de 1,600 livres. Cette pétition est renvoyée au comité des domaines. � Le citoyen Podevin, ex-curé de Bruay, district de Valenciennes, fait passer à la Convention ses lettres de prêtrise. « Je dépose, dit-il, sur l’autel de la Patrie et de la Raison, les titres de l’ignorance, de la supers¬ tition et du fanatisme; je me suis marié le 9 juil¬ let dernier, 36e jour du siège de Valenciennes, au milieu des bombes et des boulets, en présence des représentante du peuple. » Mention honorable, insertion au « Bulletin » (4). (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 297. (2) Bulletin de la Convention du 8e jour de la 3e décade du 2e mois de l’an II (lundi 18 no¬ vembre 1793). (3) Auditeur national [n° 423 du 29 brumaire an II (mardi 19 novembre 1793), p. 3]. D’autre part, le Moniteur universel [n° 60 du 30 brumaire an II (mercredi 20 novembre 1793), p. 244, col. 1] rend compte de l’abjuration du citoyen Primat dans les termes suivants : « L’évêque du département du Nord envoie ses lettres de prêtrise. Il ne se réserve sur son traite¬ ment qu’une somme de 700 livres pour ses besoins annuels. » (4) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p, 298. 416 [ Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { J§ 5™breT793 Suit la lettre du citoyen Podevin (1). Le citoyen Podevin, ex-curé de Bruay, district de Valenciennes, et actuellement citoyen français, au citoyen Président de la Convention natio¬ nale. « Citoyen Président, « Je dépose sur l’autel de la patrie et de la raison, les titres de l’ignorance, .de la supers¬ tition, et du fanatisme. « Si j’ai tardé jusqu’à présent à me débar¬ rasser de ces titres vains, il y a longtemps du moins que j’ai abandonné les fonctions sacerdo-anti-sociales. Dès les premiers décrets de l’assem¬ blée constituante, j’ai abjuré la qualité de religieux, et je n’ai accepté les fonctions de curé, dans le mois de mai 1791, que pour combattre de toutes mes forces, et éteindre les restes du fanatisme dans les campagnes du département du Nord. « Dès l’apparition de la liberté française j’ai adopté le culte de la nature et de la raison. J’en ai donné des preuves dans le siège et le bombardement de Valenciennes; et malgré les dangers qui en résultent, j’ai voulu contribuer encore à élever le peuple au-dessus de tous les préjugés. Je me suis marié le 9 juillet, 26e jour du siège, au milieu des bombes et des boulets en présence des citoyens Cochon et Briez, repré¬ sentants du peuple, qui en ont signé l’acte. « J’ai évacué avec la garnison de Valenciennes, cette terre souillée par la présence des satellites du despotisme, pour venir habiter avec mon épouse la terre de la liberté et me rendre utile à ma patrie. Vive la République! « Podevin. » Extrait du procès-verbal de l'assemblée électorale tenue en l'église de Notre-Dame-la-Grande, à Valenciennes les huit, neuf, dix et onze mai mit sept cent quatre-vingt onze, d'où a été tiré ce qui suit, page seizième, séance du neuf, après dîner (2). Il fut ensuite procédé dans la même forme à l’élection d’un sujet pour la cure de Bruay et le dépouillement étant fait, il résulte que Dom Vülain, religieux de Saint-Amand, avait réuni onze voix, M. l’abbé Podevin, vingt-six voix, deux billets insignifiants, ensemble trente-neuf voix, d’où il résulte que M. Podevin ayant acquis la pluralité absolue, était élu à la cure de Bruay. Pour copie par extrait conforme au procès-verbal. L. Blasseau, secrétaire. La commune de Monnerville invite la Conven¬ tion nationale à rester à son poste, et lui fait passer le procès-verbal de la régénération des autorités constituées de cette commune. Insertion au « Bulletin » (3). (1) Archives nationales, carton C 281, dossier 772. (2) Archives nationales, carton G 281, dossier 772. (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 298. Suit la lettre de la municipalité de Monner¬ ville (1). A la Convention nationale. « Citoyens représentants, « Les autorités constituées de notre com¬ mune viennent d’être régénérées révolution-nairement par le brave Montagnard Couturier, votre collègue ; des applaudissements vifs et unanimes lui ont donné la certitude que l’éner¬ gie des mesures qu’il a employées à l’effet de consommer cette régénération sous tous les rapports, a été fortement sentie par les patrio¬ tes, nous espérons que cette régénération aura heu dans toute la France et que vous resterez inébranlables à votre poste jusqu’à ce que la patrie soit sauvée. Nous vous conjurons donc, au nom de la liberté et de l’égalité, d’assurer le triomphe des sans-culottes avant de céder les rênes du gouvernement à des successeurs : tout vous en fait un devoir, « Vive la République! Vive la Montagne! La liberté ou la mort! « Les membres composant la commune de Monnerville, ce 19e mois de brumaire l’an II de la République française, une et indivisible. « Daniel, maire; Marcilly, officier; G-. Bil¬ lard, procureur. » Procès-verbal (2). A Monnerville, district d’Etampes, départe¬ ment de Seine-et-Oise, ce quatrième jour de la première décade du second mois de l’an deu¬ xième de la République française, une et indi¬ visible, huit heures et demie du soir. Moi, Jean-Pierre Couturier, représentant du peuple, membre de la Commission des Dix, spé¬ cialement chargé par mes collègues de la régé¬ nération révolutionnaire des autorités cons¬ tituées là où besoin serait, au retour de celle par moi faite à Méré ville, passant par la com¬ mune de Monnerville pour me rendre à Etampes, j’ai été accueilli, près d’unf quart de heu de l’en¬ droit, par une grande affluence de citoyens qui m’ont témoigné un désir ardent de m’arrêter. pour entendre leurs doléances et réclamations A quoi déférant, je me suis rendu en la mai¬ son commune, accompagné du citoyen Charpen¬ tier, administrateur du département, et Ragui-deau, administrateur du district de Dourdan, secrétaire de la commission, et des fonction¬ naires publics du district d’Etampes, signés à la fin. Où arrivés, la séance s’est ouverte, et, entre autres réclamations, il a été dénoncé qu’il exis¬ tait de l’inertie de la part des officiers de la municipalité pour la rentrée des contributions publiques qui étaient beaucoup en retard, et qu’il yv avait dans ce heu le nommé Dutel, ci-devant inspecteur des surcharges et voitures, auquel on pouvait reprocher une grande in¬ fluence préjudiciable aux progrès de la Révo¬ lution, par l’aristocratie qu’il possédait, quoi¬ que fort âgé. La discussion s’étant échauffée sur les deux points ci-dessus dits, j’ai consulté les membres de la commune présents et leur ai (1) Archives nationales, carton C 281, dossier 772. (2) Archives nationales, carton G 281, dossier 772.