Séance du 28 fructidor an II (dimanche 14 septembre 1794) Présidence de BERNARD (de Saintes) 1 A l’ouverture de la séance, on fait lecture de la correspondance, dont extrait suit : La société populaire et le comité de surveillance de Rieupeyrouxa, département de l’Aveyron; la société populaire de Marsolan b, district de Lectoure [département du Gers], celle de Martigues % département des Bouches-du-Rhône; les citoyens de la commune de Rouffach d, district de Colmar [département du Haut-Rhin], félicitent la Convention nationale sur l’énergie avec laquelle elle a déjoué et livré au supplice le conspirateur Robespierre et ses infâmes complices, et l’invitent à rester à son poste. Mention honorable, insertion au bulletin (1). a [La société républicaine du chef-lieu de canton de Rieupeyroux, district de Villefranche, à la Convention nationale, le 6 fructidor an IL] (2) Périssent les tirans et les traitres; Ainsi donc dans son éruption nouvelle et plus terrible que jamais, en vomissant les feux dévorants qui minoient sourdement les entrailles de la patrie, le volcan alimenté par les suppôts des tirans a lancé des monstres insatiables qui vouloient se repaître de notre sang, de notre bonheur, et de notre liberté ! qui l’eut pensé! Robespierre, Couthon et St-Just, ces conspirateurs d’un nouveau genre rassemblaient les débris du trône pour s’y élever eux-même, à travers les cadavres des patriotes et le deuil de la patrie ! plus féroces que Catilina, (1) P.-V., XLV, 243. (2) C 320, pl. 1319, p. 15. plus ambitieux que Silla, plus cannibales que Cromwel, les proscriptions qu’ils méditoient dans leurs âmes sanguinaires n’avoient rien de comparable à celles de leurs devanciers, et si leurs vœux eussent été exaucés la France entière n’eut été qu’un vaste cadavre. Les insensés ! ils ne savoient donc pas que la France n’aura de tirans que quand il n’existera plus de français. Et il suffit que la liberté respire pour que toute dictature, tout triumvirat et toute tyrannie s’anéantissent devant elle. Pères de la patrie! la France et le monde admirent votre courage et votre énergie; vous avez bravés la mort pour sauver la liberté; la liberté demande que vous viviez pour elle; devant vous fuyent tous les orages qui rembrunissent notre horizon; devant vous le conspirateur n’oze paroitre sans trouver le fer vengeur qui coupe tous les fils de ses trames liberticides; devant vous les tirans tremblent, si les français respirent, continuez votre course glorieuse; la justice et la probité assureront les destinées de la France et les bases immortelles de la liberté; Tels sont Législateurs les vœux de la petite société de Rieupe-roux, département de Laveiron qui veille et veillera sans cesse autour de vous, parmy les sans-culottes qui la composent. Il n’en est pas un qui ne soit prêt à faire le sacrifice de sa vie pour votre deffance. Vous êtes leur soutien, ils se réunissent à tous les patriotes de la République pour former le votre : oui, périsse le dernier conspirateur qui assez scélérat pour aimer ou pour offrir des fers ozera porter atteinte à la Convention nationale, les sans-culottes de Rieupeiroux, Tentier, président, Bourssihac, Granier, tous sabotiers, Mayran Deles, Vialait, Loubiere, Courrege, Guarrigny, Rolland et treize autres noms. Les membres composant le comité de surveillance de Rieupeiroux adhérent à l’adresse faite par la société républicaine montagnarde de la commune comme exprimant les mêmes sentimens dont ils sont animés, et ne cesseront de répéter, Vive la Convention, périssent les tirans et les traitres, fait à Rieupéroux le 7 fructidor de la deuxième année républicaine.