SÉANCE DU 12 FLORÉAL AN II (1er MAI 1794) - N° 3 517 1 [Le C. révol. de Nice, à la Conv.; 1er flor. Il] (1). « Citoyens représentants du peuple, Vous êtes les soutiens inébranlables des vrais principes de la liberté et de l’égalité. Vous mettez à la portée de tous les hommes un bonheur qui leur était inconnu. Vous avez fait développer au peuple français un caractère de force et de morale qui le rend célèbre. Vous avez mis la vertu, la justice à l’ordre du jour. Les hommes justes respirent, les tyrans tremblent. Les ambitieux, les intrigants, les hypocrites, les superstitieux, les fripons se sont tournés dans tous les sens pour perdre la vertu. Les complots, les conjurations, sont l’ouvrage de ces scélérats pour lesquels le peuple n’a jamais rien été. Vous les avez déjoués et atteints parce que vous êtes purs, fermes et amis du peuple. Chacun de vos pas illustre le français, élève son courage, le console, le fait brûler du désir de devenir un héros; chacun de vos pas atterre les tyrans, les fripons, les traîtres. Les annales du monde n’offraient pas encore un pareil exemple. Nous concourrons à vos ouvrages par notre surveillance. Des Niçois, mémoratifs de leur ancien esclavage, glorieux d’être redevenus Français et Français libres, reconnaissants de ce bienfait, ont su rejetter avec horreur le fédéralisme, qui n’a pas souillé leur sol; ils sauront vivre et mourir pour la Convention. Nous bénissons vos travaux, nos neveux les béniront; nous leur transmettrons que vous avez bravé les périls, les dangers, les fatigues pour faire planer la vertu, et pour abattre les vices. Continuez votre ouvrage, restez à votre poste et conduisez le vaisseau de la République dans le port. Vive la République, vive la Montagne. » Seudery, Gastaud, Brun, Serenne, Ardisson, Chartroux fils, Desly aîné, Isnard, Clerici, Guide, Manuel, Sanserno. j [Le conseil d’adm. du 2e bon de la Montagne, à la Conv.; s.d .] (2) . « Représentants, La tyrannie et le despotisme asservissaient le peuple français. Vous l’en avez délivré. Une constitution républicaine semblait avoir pour jamais assuré son bonheur, lorsque ses ennemis ont cherché par leurs criminels efforts à la saper dans ses fondemens. Mais bientôt votre sage prudence a su élever autour d’elle le rempart formidable des lois révolutionnaires contre qui chaque jour viennent expirer leurs efforts multipliés. Grâces vous soient rendues, représentants, pour ces travaux immortels, pour cette vigilance à laquelle nous venons de devoir encore la découverte de la conjuration la plus perfide. Vous avez sauvé la patrie, eh bien; vos succès vous imposent le devoir sacré de veiller sur elle jusqu’à ce qu’elle soit à l’abri des (1) C 302, pl. 1095, p. 15; Bin, 13 flor. (2) C 303, pl. 1109, p. 2; B*n, 13 flor. C’est la garde nationale de Rouen. coups de tous ses ennemis. Continuez, représentants, à rendre des décrets qui les intimident et les terrassent; nos corps et nos bayonnettes sont là pour les faire exécuter. Vive la République ! Lelièvre fils, Faisque fils, Jaquelin, Caumont, Simon, Martel, Aroux [et 1 signature illisible] . k [Le distr. de Brest, à la Conv.; 16 germ. II] (1). « Représentants, Les tyrans couronnés de l’Europe, coalisés contre nous, commencent enfin à reconnaître la nullité de leurs efforts. Ils voient avec quelle énergie, avec quelle ardeur un peuple de frères combat pour sa liberté, ils n’osent en convenir, crainte de dessiler les yeux des peuples qu’ils ont encore l’impudeur d’appeler leurs sujets. Certains que des esclaves armés pour la cause des rois ne pourront résister au choc du républicain armé pour la cause de l’humanité, ils emploient l’art des traîtres, ils dissimulent les scélérats ! Quelle combinaison de perfidie ! Quel rafinement de scélératesse d’employer des gens à acquérir de la popularité pour s’en servir à diviser plus facilement le peuple à l’instant de l’ouverture d’une campagne, alors que le salut de la patrie exige l’union la plus étroite, l’accord le plus parfait et le dévouement le plus sincère à la représentation nationale. Qu’ils tremblent, les tigres, altérés du sang des hommes libres ! A force de conspirer, sans s’en douter, ils conspirent contre eux-mêmes. Qu’ils apprennent que la Convention nationale, que ses Comités de salut public et de sûreté générale, viennent encore de déjouer des projets liberticides et que le glaive de la loi a fait justice des scélérats qui s’en étaient rendus coupables. Qu’ils apprennent enfin que les représentants qui siègent à la Convention ne désempareront pas avant d’avoir consolidé le bonheur des Français. Oui, représentants, quoique vous ayez bien constamment mérité de la patrie dans la pénible carrière que vous avez parcourue jusqu’à présent, quoique vous veniez d’acquérir de nouveaux droits à sa reconnaissance, il vous reste encore beaucoup à faire. Ce ne sont pas là d’ailleurs les seuls contre-révolutionnaires. N’abandonnez donc pas la barre du gouvernail à des novices qui, sans expérience, pourraient, par des fausses manœuvres, faire périr le vaisseau de l’Etat. » Chiron, Smith, Guesnet, Riou, Creach. I [ Les assemblées prim. et le juge de paix de Car-rouges, au présid. de la Conv.; 10 germ. Il] (2) . « Citoyen président, Enfin le soleil de la raison et de la philosophie plane sur nos têtes, nous sommes au (1) C 302, pl. 1095, p. 21; Btn, 13 flor. (2) C 303, pl. 1109, p. 15. SÉANCE DU 12 FLORÉAL AN II (1er MAI 1794) - N° 3 517 1 [Le C. révol. de Nice, à la Conv.; 1er flor. Il] (1). « Citoyens représentants du peuple, Vous êtes les soutiens inébranlables des vrais principes de la liberté et de l’égalité. Vous mettez à la portée de tous les hommes un bonheur qui leur était inconnu. Vous avez fait développer au peuple français un caractère de force et de morale qui le rend célèbre. Vous avez mis la vertu, la justice à l’ordre du jour. Les hommes justes respirent, les tyrans tremblent. Les ambitieux, les intrigants, les hypocrites, les superstitieux, les fripons se sont tournés dans tous les sens pour perdre la vertu. Les complots, les conjurations, sont l’ouvrage de ces scélérats pour lesquels le peuple n’a jamais rien été. Vous les avez déjoués et atteints parce que vous êtes purs, fermes et amis du peuple. Chacun de vos pas illustre le français, élève son courage, le console, le fait brûler du désir de devenir un héros; chacun de vos pas atterre les tyrans, les fripons, les traîtres. Les annales du monde n’offraient pas encore un pareil exemple. Nous concourrons à vos ouvrages par notre surveillance. Des Niçois, mémoratifs de leur ancien esclavage, glorieux d’être redevenus Français et Français libres, reconnaissants de ce bienfait, ont su rejetter avec horreur le fédéralisme, qui n’a pas souillé leur sol; ils sauront vivre et mourir pour la Convention. Nous bénissons vos travaux, nos neveux les béniront; nous leur transmettrons que vous avez bravé les périls, les dangers, les fatigues pour faire planer la vertu, et pour abattre les vices. Continuez votre ouvrage, restez à votre poste et conduisez le vaisseau de la République dans le port. Vive la République, vive la Montagne. » Seudery, Gastaud, Brun, Serenne, Ardisson, Chartroux fils, Desly aîné, Isnard, Clerici, Guide, Manuel, Sanserno. j [Le conseil d’adm. du 2e bon de la Montagne, à la Conv.; s.d .] (2) . « Représentants, La tyrannie et le despotisme asservissaient le peuple français. Vous l’en avez délivré. Une constitution républicaine semblait avoir pour jamais assuré son bonheur, lorsque ses ennemis ont cherché par leurs criminels efforts à la saper dans ses fondemens. Mais bientôt votre sage prudence a su élever autour d’elle le rempart formidable des lois révolutionnaires contre qui chaque jour viennent expirer leurs efforts multipliés. Grâces vous soient rendues, représentants, pour ces travaux immortels, pour cette vigilance à laquelle nous venons de devoir encore la découverte de la conjuration la plus perfide. Vous avez sauvé la patrie, eh bien; vos succès vous imposent le devoir sacré de veiller sur elle jusqu’à ce qu’elle soit à l’abri des (1) C 302, pl. 1095, p. 15; Bin, 13 flor. (2) C 303, pl. 1109, p. 2; B*n, 13 flor. C’est la garde nationale de Rouen. coups de tous ses ennemis. Continuez, représentants, à rendre des décrets qui les intimident et les terrassent; nos corps et nos bayonnettes sont là pour les faire exécuter. Vive la République ! Lelièvre fils, Faisque fils, Jaquelin, Caumont, Simon, Martel, Aroux [et 1 signature illisible] . k [Le distr. de Brest, à la Conv.; 16 germ. II] (1). « Représentants, Les tyrans couronnés de l’Europe, coalisés contre nous, commencent enfin à reconnaître la nullité de leurs efforts. Ils voient avec quelle énergie, avec quelle ardeur un peuple de frères combat pour sa liberté, ils n’osent en convenir, crainte de dessiler les yeux des peuples qu’ils ont encore l’impudeur d’appeler leurs sujets. Certains que des esclaves armés pour la cause des rois ne pourront résister au choc du républicain armé pour la cause de l’humanité, ils emploient l’art des traîtres, ils dissimulent les scélérats ! Quelle combinaison de perfidie ! Quel rafinement de scélératesse d’employer des gens à acquérir de la popularité pour s’en servir à diviser plus facilement le peuple à l’instant de l’ouverture d’une campagne, alors que le salut de la patrie exige l’union la plus étroite, l’accord le plus parfait et le dévouement le plus sincère à la représentation nationale. Qu’ils tremblent, les tigres, altérés du sang des hommes libres ! A force de conspirer, sans s’en douter, ils conspirent contre eux-mêmes. Qu’ils apprennent que la Convention nationale, que ses Comités de salut public et de sûreté générale, viennent encore de déjouer des projets liberticides et que le glaive de la loi a fait justice des scélérats qui s’en étaient rendus coupables. Qu’ils apprennent enfin que les représentants qui siègent à la Convention ne désempareront pas avant d’avoir consolidé le bonheur des Français. Oui, représentants, quoique vous ayez bien constamment mérité de la patrie dans la pénible carrière que vous avez parcourue jusqu’à présent, quoique vous veniez d’acquérir de nouveaux droits à sa reconnaissance, il vous reste encore beaucoup à faire. Ce ne sont pas là d’ailleurs les seuls contre-révolutionnaires. N’abandonnez donc pas la barre du gouvernail à des novices qui, sans expérience, pourraient, par des fausses manœuvres, faire périr le vaisseau de l’Etat. » Chiron, Smith, Guesnet, Riou, Creach. I [ Les assemblées prim. et le juge de paix de Car-rouges, au présid. de la Conv.; 10 germ. Il] (2) . « Citoyen président, Enfin le soleil de la raison et de la philosophie plane sur nos têtes, nous sommes au (1) C 302, pl. 1095, p. 21; Btn, 13 flor. (2) C 303, pl. 1109, p. 15. 518 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE niveau de la révolution, le fanatisme qui depuis tant de siècles promenait ses cultes lugubres sur notre horison n’existe plus. Les prêtres vomis du chaos des abîmes pour tourmenter les humains viennent de disparaître. Nous sommes saisis de leurs lettres ou ils sont incarcérés; les signes du fanatisme et de la superstition ont disparu comme l’ombre; nous ne connaissons d’autre dieu que la loi à qui nous rendons nos hommages; tous les decadis nous confions nos semailles à nos guérets, ce jour jadis consacré au culte de l’ignorance et du mensonge. Courage, braves montagnards, achevez votre glorieuse carrière, que la tête des conspirateurs tombe sans pitié, que les orages ne vous effrayent point, la République est impérissable, nous avons juré de la défendre ou de périr. S. et F. » Chauvierre (juge de paix). m [Le C. révol. de Quimper-Odet, à la Conv.; s.d.] (1). «Représentants du peuple français, Vous venez de fixer les destins du premier peuple de l’univers. La République qui ne pouvait être vaincue, ne peut plus même être trahie. Deviner, dévoiler, foudroyer la conjuration qu’on crut le plus profondément combinée, le plus habilement ourdie, n’est pour vous que l’affaire d’un jour, d’une heure, d’un moment, et nous n’apprenons qu’il fut des conspirateurs que pour apprendre qu’ils ne sont plus. De tous les prodiges de notre incompréhensible révolution, celui certes dont s’étonneront davantage nos neveux, c’est le coup d’œil rapide et sûr qui paraît sonder les cœurs et lire dans les pensées, cette activité si rare que ne purent endormir ni les conseils d’une fausse modération, ni l’ivresse attachée à des succès persévérants, cette providence qui se trouve toujours en mesure et contre les armées les plus aguerries et contre les manœuvres les plus perfides. Hommes immortels, vous avez rempli de grands devoirs. Vous les avez surpassé peut-être. Vous en avez à remplir de plus grands. Lyon affranchie, Toulon subjugué, Marseille contenue, le Finistère éclairé, suffisaient à votre gloire; mais croyez que vous n’avez rien fait pour la patrie tant qu’il vous reste quelque chose à faire. Placés par elle au poste de l’honneur et du péril, c’est elle, c’est la France entière qui vous commande d’y rester fermes, tant que le péril n’aura cessé. Pilotes éprouvés, pilotes heureux, ne quittez le vaisseau de l’Etat que lorsque vous aurez pu le déposer dans le port, à l’abri des vents et des tempêtes. » Bécam, Moro, Eulriet, Roze, Cariou, Roch, Morvan, Lhotte, Montagne, Lemagne, Bouti-bonne. (1) C 302, pl. 1095, p. 22; Bln, 13 flor. n [Le district de Ri eux, à la Conv.; 3 flor. II] (1). « Citoyens représentants, Vous avez encore une fois sauvé la République : recevez le juste tribut de reconnaissance que nous devons à votre vigilance, à vos travaux, à vos grandes mesures. A la nouvelle de cette horrible conspiration qui devait en un même jour, au même instant, anéantir la liberté, la République et ses représentants, un sentiment profond d’horreur et d’indignation avait soulevé nos âmes; mais votre courage, en dissipant nos craintes, nous a rassuré sur les suites funestes de cet infâme et vaste complot. Déjà, par vos soins actifs et vigilants, tous les coupables, chefs de la conspiration, découverts, arrêtés, frappés du glaive de la loi, ont expié leurs crimes. Puisse cet exemple terrible et juste tout à la fois, répandre la terreur parmi tous les scélérats hypocrites qui, sous le masque du plus chaud patriotisme, cachent leurs principes liberticides, pour tromper et séduire le peuple, l’égarer, le replonger dans les fers du despotisme, sans qu’il s’en doute, et lui préparer ainsi un esclavage mille fois plus honteux, plus cruel que celui dont il vient de briser les chaînes. Citoyens représentants, vous avez mis la justice et la probité à l’ordre du jour dans la République. Eh bien, montrez-vous plus fermes, plus vigoureux que jamais. Que les obstacles dont on embarasse votre route, pour vous décourager, que les calomnies dont on vous poursuit, pour vous avilir; que les trahisons multipliées et sans cesse renaissantes dont on vous entoure, pour vous surprendre; que les divisions qu’on cherche à semer parmi vous, pour vous perdre, ne servent qu’à développer votre énergie, à agrandir votre âme, à l’élever à la hauteur de toutes les vertus républicaines. Plus vous aurez de difficultés à vaincre, plus vous vous couvrirez de gloire. Pénétrés de l’importance du poste éminent où la confiance du peuple vous a placés, considérez-vous comme les sauveurs de la patrie, et soyez inébranlables comme ces antiques rochers contre lesquels viennent se briser les flots impétueux, mais impuissants d’une mer orageuse. Point d’indulgence, point de faiblesse, point de pitié pour les ennemis de la liberté, de l’égalité, de la République; ils nous immoleraient, s’ils étaient les plus forts. Sévissez donc contre la corruption et les corrupteurs, vigoureusement et sans relâche, purgez le sol national de tous les traîtres, de tous les monstres farouches avides de sang ou accapareurs des subsistances; exterminez tous les conspirateurs, quelque masque qu’ils prennent, sous quelque forme qu’ils se déguisent; opposez enfin à toutes les trames contre-révolutionnaires, l’austérité républicaine dans toute son énergie, et restez fièrement à votre poste jusqu’au moment où vous (1) C 302, pl. 1095, p. 18. Reproduit dans Bin, 13 flor.; Débats, n° 591, p. 171. Dép. de la Haute-Garonne. 518 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE niveau de la révolution, le fanatisme qui depuis tant de siècles promenait ses cultes lugubres sur notre horison n’existe plus. Les prêtres vomis du chaos des abîmes pour tourmenter les humains viennent de disparaître. Nous sommes saisis de leurs lettres ou ils sont incarcérés; les signes du fanatisme et de la superstition ont disparu comme l’ombre; nous ne connaissons d’autre dieu que la loi à qui nous rendons nos hommages; tous les decadis nous confions nos semailles à nos guérets, ce jour jadis consacré au culte de l’ignorance et du mensonge. Courage, braves montagnards, achevez votre glorieuse carrière, que la tête des conspirateurs tombe sans pitié, que les orages ne vous effrayent point, la République est impérissable, nous avons juré de la défendre ou de périr. S. et F. » Chauvierre (juge de paix). m [Le C. révol. de Quimper-Odet, à la Conv.; s.d.] (1). «Représentants du peuple français, Vous venez de fixer les destins du premier peuple de l’univers. La République qui ne pouvait être vaincue, ne peut plus même être trahie. Deviner, dévoiler, foudroyer la conjuration qu’on crut le plus profondément combinée, le plus habilement ourdie, n’est pour vous que l’affaire d’un jour, d’une heure, d’un moment, et nous n’apprenons qu’il fut des conspirateurs que pour apprendre qu’ils ne sont plus. De tous les prodiges de notre incompréhensible révolution, celui certes dont s’étonneront davantage nos neveux, c’est le coup d’œil rapide et sûr qui paraît sonder les cœurs et lire dans les pensées, cette activité si rare que ne purent endormir ni les conseils d’une fausse modération, ni l’ivresse attachée à des succès persévérants, cette providence qui se trouve toujours en mesure et contre les armées les plus aguerries et contre les manœuvres les plus perfides. Hommes immortels, vous avez rempli de grands devoirs. Vous les avez surpassé peut-être. Vous en avez à remplir de plus grands. Lyon affranchie, Toulon subjugué, Marseille contenue, le Finistère éclairé, suffisaient à votre gloire; mais croyez que vous n’avez rien fait pour la patrie tant qu’il vous reste quelque chose à faire. Placés par elle au poste de l’honneur et du péril, c’est elle, c’est la France entière qui vous commande d’y rester fermes, tant que le péril n’aura cessé. Pilotes éprouvés, pilotes heureux, ne quittez le vaisseau de l’Etat que lorsque vous aurez pu le déposer dans le port, à l’abri des vents et des tempêtes. » Bécam, Moro, Eulriet, Roze, Cariou, Roch, Morvan, Lhotte, Montagne, Lemagne, Bouti-bonne. (1) C 302, pl. 1095, p. 22; Bln, 13 flor. n [Le district de Ri eux, à la Conv.; 3 flor. II] (1). « Citoyens représentants, Vous avez encore une fois sauvé la République : recevez le juste tribut de reconnaissance que nous devons à votre vigilance, à vos travaux, à vos grandes mesures. A la nouvelle de cette horrible conspiration qui devait en un même jour, au même instant, anéantir la liberté, la République et ses représentants, un sentiment profond d’horreur et d’indignation avait soulevé nos âmes; mais votre courage, en dissipant nos craintes, nous a rassuré sur les suites funestes de cet infâme et vaste complot. Déjà, par vos soins actifs et vigilants, tous les coupables, chefs de la conspiration, découverts, arrêtés, frappés du glaive de la loi, ont expié leurs crimes. Puisse cet exemple terrible et juste tout à la fois, répandre la terreur parmi tous les scélérats hypocrites qui, sous le masque du plus chaud patriotisme, cachent leurs principes liberticides, pour tromper et séduire le peuple, l’égarer, le replonger dans les fers du despotisme, sans qu’il s’en doute, et lui préparer ainsi un esclavage mille fois plus honteux, plus cruel que celui dont il vient de briser les chaînes. Citoyens représentants, vous avez mis la justice et la probité à l’ordre du jour dans la République. Eh bien, montrez-vous plus fermes, plus vigoureux que jamais. Que les obstacles dont on embarasse votre route, pour vous décourager, que les calomnies dont on vous poursuit, pour vous avilir; que les trahisons multipliées et sans cesse renaissantes dont on vous entoure, pour vous surprendre; que les divisions qu’on cherche à semer parmi vous, pour vous perdre, ne servent qu’à développer votre énergie, à agrandir votre âme, à l’élever à la hauteur de toutes les vertus républicaines. Plus vous aurez de difficultés à vaincre, plus vous vous couvrirez de gloire. Pénétrés de l’importance du poste éminent où la confiance du peuple vous a placés, considérez-vous comme les sauveurs de la patrie, et soyez inébranlables comme ces antiques rochers contre lesquels viennent se briser les flots impétueux, mais impuissants d’une mer orageuse. Point d’indulgence, point de faiblesse, point de pitié pour les ennemis de la liberté, de l’égalité, de la République; ils nous immoleraient, s’ils étaient les plus forts. Sévissez donc contre la corruption et les corrupteurs, vigoureusement et sans relâche, purgez le sol national de tous les traîtres, de tous les monstres farouches avides de sang ou accapareurs des subsistances; exterminez tous les conspirateurs, quelque masque qu’ils prennent, sous quelque forme qu’ils se déguisent; opposez enfin à toutes les trames contre-révolutionnaires, l’austérité républicaine dans toute son énergie, et restez fièrement à votre poste jusqu’au moment où vous (1) C 302, pl. 1095, p. 18. Reproduit dans Bin, 13 flor.; Débats, n° 591, p. 171. Dép. de la Haute-Garonne.