SÉANCE DU 27 THERMIDOR AN II (14 AOÛT 1794) - N° 1 51 V [La sté popul. régénérée de Barbezieux (1), à la Conv.; s.d. ] (2) Citoyens représentans, La société populaire régénérée de Barbezieux a ressenti la salutaire commotion que votre énergie vient de donner à tous les coeurs républicains, en triomphant du nouvel hydre de la tyranie dont les têtes multipliées comprimaient les patriotes en les dévorant. Fidèles aux devoirs sacrés de votre glorieuse mission, vous avés sauvé la liberté du plus pressant des dangers qui l’aient menacée depuis que la révolution l’a appellée parmi nous, et vous avés acquis sur nos coeurs le droit d’une reconnaissance sans bornes. Et vous, braves Parisiens, qui avés si glorieusement secondé le courage de nos représentants, recueillés le fruit de votre fidélité, de votre amour pour la liberté, dans les sentimens d’estime et de fraternité que vous ont voués tous les républicains et dont nous vous adressons l’expression. Votre dévouement à la représentation nationale vous offre une fleur immortelle dans la couronne qui doit illustrer vos noms dans le panthéon de l’humanité. Pour nous, citoyens représentants, toujours réunis à la Convention nationale, instruits par votre exemple dans l’héroïsme de la liberté, nous jurons de veiller d’un oeil sur les intentions des hypocrites ambitieux et intrigants, de l’autre sur les mouvements de l’aristocratie, que nous saurons empêcher de faire des calculs à son profit, et de vivre libres ou de mourir à notre poste de sentinelles de la liberté. P. Ennein ( présid .), Drumont ( secrét .), Digeon ( secrét .). m’ [La sté républico-populaire de Crest (3), à la Conv.; 17 therm. II] (4) Citoyens représentants, Une nouvelle conjuration s’est élevée; elle étoit ourdie et conduite par des scélérats habillés qui, pour parvenir plus sûrement à leur but, avoient usurpé et trompoient la confiance publique sous les apparences perfides d’un patriotisme simulé. Votre vigillance a pénétré leurs desseins et votre fermeté les a déconcertés, la peine a suivi de près le crime. Ainsi, comme un flot menaçant et impuissant se brize contre un rocher inébranlable, sans autre effet que quelque bruit et quelque fracas éphémère, la conspiration et les conspirateurs ont été annéantis subitement devant la majestueuse énergie de la Convention nationale. En vain les traîtres ont tenté, par des signaux imposteurs d’allarme, de surprendre la fidellité du peuple (1) Charente. (2) C 316, pl. 1266, p. 55. Mentionné par B"1, 2 fruct. (3) Drôme. (4) C 316, pl. 1266, P. 56. Mentionné par B"1, 30 therm. (1er suppl l). de Paris. Le peuple, ferme dans ses devoirs, a servi d’égide à la Convention, a poursuivi les conjurés et a aquis ainsi un nouveau droit à la reconnoissance et à l’admiration de tous les François. Citoyens, nous vous renouvelions l’invitation de demeurer au poste où vous ren-dés des services si signalés à la nation; secondés par les triomphes de nos armées et le zelle inaltérable des sociétés populaires, elle attend de vous avec confiance l’affermissement de l’égalité et de la liberté françoise. S. et F.! Reclus {secret.), Mottet (présid.) [et 13 autres signatures]. [La sté républico-populaire de Crest, à la Conv.; s.d.] (1) Citoyens représentants, Le monstre qui a osé prétendre à la dictature, avoit eu l’art de se choisir des satellites renommés dans les départements. De ce nombre étoient les frères Payan, jusqu’à ce jour considérés comme attachés à la cause du peuple. Vous avés découverte des traces de leur conduite avec ce traître; vous avés sçu que ces hommes ont servi ses projets liberticides, qu’ils ont pu même chercher par leurs écrits à égarer et corrompre les habitants de la Drôme. Eh bien, représentans, soyés tranquiles à notre égard. Il n’en est rien, nous sommes purs; ces êtres immoraux connoissoient trop l’incorruptibilité de la société populaire de Crest, son attachement inviolable pour la représentation nationale et sa haine pour les tyrans, pour oser leur présenter la coupe empoisonnée de leur criminelle doctrine. Ils s’adressoient plutôt aux idiots, aux prêtres, aux fanatiques, aux intrigants dont ils vouloient se faire un appui. En vain tenteroit-on d’ébranler nos principes : ils sont gravés dans nos coeurs en caractères de feu; nous voulons un gouvernement démocratique parce que, sans lui, la liberté, l’égalité ne sont que de vains noms. Nous voulons que la représentation nationale soit libre, ferme, grande, vertueuse, telle qu’elle est actuellement, parce qu’elle seule peut sauver la République et conduire le peuple français à un état de bonheur durable. Nous voulons qu’elle reste à son poste jusqu’à ce que ses ennemis soient terrassés et nous sommes résolus de sacrifier tout ce que nous avons de plus cher pour la conservation de nos droits naturels et imprescriptible. S. et F.! Terrasse (ex-présid.) , Réaux (secrét.). n’ [La sté popul. de Linas (2), à la Conv.; 20 therm. II] (3) Citoyens représentans, Une conspiration horrible existoit; des célé-rats vouloient nous replonger dans l’esclavage, (1) C 316, pl. 1266, p. 63. (2) District de Corbeil, Seine-et-Oise. (3) C 316, pl. 1266, p. 57. Mentionné par B m , 2 fruct. 52 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE mais, grâce à votre vigilance, les têtes du tiran et de ses complices sont tombés. Députés par la société populaire de Linas, nous nous présentons devant vous pour vous féliciter de la surveillance et de l’énergie que vous avez montré pour les faire disparoître du sol de la liberté. Continués, législateurs, nous vous en conjurons au nom du salut publique. Restés ferme à votre poste. Nous avons juré et nous jurons, au nom de tous nos concitoyens, de ne reconnoître que la Convention pour notre seul point de ralliement, de mourir plutôt que de souffrir porter atteinte à la liberté, l’égalité, l’unité et l’indivisibilité de la République. Vive la Convention! Vive la Montagne! V. Hariveau ( présid .), E. Blondy ( secrét .). o’ [La sté popul. d’Anse (1), à la Conu.; s.d. ] (2) Pères de la patrie, Vous venez, par votre courage et votre énergie si infatigable, de vous couvrir encore une fois d’une gloire immortelle. Tandis que les victoires les plus signalées assuroient bientôt le bonheur et la félicité publique, des scélérats, couvert du voile du patriotisme, tramoit sourdement dans votre sein un attantat destructif contre la République. Six années de révolution, de sacrifices et de courage avoient vainement rendu aux Français leur liberté chérie; la royauté, les abus et les vices insolents qui l’entouroit dévoient resuciter pour former l’ancien gouvernement et détruire la République! Qui l’auroit pensé ? Robespierre, ce sélérat qui nous a tant de fois prêché le langage du républicanisme pour mieux capter l’estime et la confiance publique, avoit formé, avec d’autres perfides non moins criminels que lui, l’horrible projet de rétablir la royauté en France, pour s’emparer du trône, ce monstre! Pour mieux cimenter leurs forfaits, le sang des amis de la République devoit couler, et les patriotes égorgés! Oh, combien de malheurs et de victimes cet attentat criminelle préparoit aux républicains français! Ils n’avoient brizés leurs chaînes que pour retomber dans un esclavage plus affreux encore. Mais, grâce au génie de la liberté qui vous anime, grâce aux vertus républicaines qui vous guident, grâce enfin à votre ardent amour pour la révolution, vous avés déjoué ce complot liberticide. Déjà les scélérats de Robespierre, Gouthon, Saint-Just, Lebas, Hanriot et autres ont expié leurs forfaits sous la hache nationalle, et la liberté naissante est encore une fois sauvée. La France entière, citoyens représentants, admire l’attitude imposante que vous avés prise aussitôt que vous avés vu la patrie en danger; tous les vrais républicains se sont réunis au même moment, et, au plus léger signal, ils (1) District de Villefranche, Rhône. (2) C 316, pl. 1266, p. 58. Mentionné par B"1, 2 fruct. et 9 fruct. (suppl1)- Voir aussi, ci-dessous, n° 22. seroient volés entourer votre temple pour la conservation de vos jours; mais le patriotisme et le courage de nos braves frères de Paris ne laissent aucune crainte sur votre tranquilité. Oui, citoyens représentants, les François ont conquis leur liberté; vous leur avés donné un gouvernement républicain qu’ils aiment, qu’ils chérissent; ils ont, comme vous, juré de le maintenir; certes ils ne seront pas parjure; ils ne retomberont jamais dans l’esclavage; ils aimeront mieux périr que d’avoir une autre destinée. Mais quoi! Ce n’est pas impunément qu’un peuple immense, fier de sa liberté, qu’un peuple de 25 millions d’hommes, embrazé du saint amour de la révolution, a juré de conserver un gouvernement qu’il s’est choisis, qui lui plait et qu’il aime; il lui suffit de le vouloir pour qu’il l’aye. Citoyens représentants, les républicains de la société populaire d’Anse vous répètent, avec l’enthousiasme de la liberté le cri de toute la France : en sauvant votre patrie vous vous estes couverts de gloire et vous avés justement aquis de nouveaux droits à la reconnoissance nationale. La journée du 9 thermidor sera pour toujours gravée dans le souvenir des républicains français. Soyés bien convaincu que toute la France vous admire et vous contemple, qu’elle applaudit au châtiment des scélérats, des mon[s]tres qui vouloient l’asservir. La société d’Anse, en vous invitant de demeurer à votre poste jusqu’à ce que les ennemis de la révolution soient tous anéantis, et que vous ayés achevés de consolider la République, vous prient d’accueillir l’offrande civique de 2 297 [livres] qu’elle fait pour aider à l’armement d’un vaisseau qui servira à terrasser ces orgueilleux Anglois. Périssent les traîtres! Vive la Convention! La verriere (présid.), Juge (secrét.). P 9 [La sté popul. montagnarde de la comm. d’Eb-blinghem (1), à la Conu.; s.d.] (2) C’est aujourd’huy plus que jamais que la liberté est conquise malgré un déchirement momentané de la patrie. Après plusieurs années d’hipocrisie et de manoeuvres astucieuses le tiran Robespierre, fort d’une horde de scélérats et d’une municipalité rebelle, jetta le masque du patriotisme dont il s’étoit si longtems couvert et tenta le massacre de la Convention. Mais, citoyens représentants, les bons ci-toiens de Paris se rallièrent à vous, et, semblable aux flots d’une mer en furie qui se brisent contre le roc, l’affreuse conspiration du tiran se brisa contre votre courage et contre l’impassibilité de votre attitude imposante. A l’instant vous fîtes tomber les têtes hideuses des conspirateurs; vous sauvâtes de nouveau la patrie, et grâces vous en sont rendues. Continuez, citoyens représentans, à rafermir la liberté; ne vous arrêtez pas dans votre (1) Nord. (2) C 316, pl. 1266, p. 59. Mentionné par Bln, 2 fruct.