11 SÉANCE DU 23 FRUCTIDOR AN II (9 SEPTEMBRE 1794) - N* 6 lant se laver de cette honteuse tache se mirent à crier qu’ils étaient patriotes de 1789 et les seuls, étourdissant ensuite le peuple, cherchèrent à lui arracher la confiance de ses vrais amis, et surprenants par leurs vociférations et leur ruses la religion de quelques uns de vos délégués dans les départemens trouvèrent adroitement le moyen de faire arracher des vertueux citoyens de differentes places, et fonctions pour en faire leur propre patrimoine, et celui de leurs adhérans; Ils en étaient là, et pour se soutenir dans les différents postes usurpés, ils ont intrigué, clabaudé, fait le nombre de patriotes du département petit, il ni avoit plus, selon eux de patriotes que ceux qui crioient qu’ils l’étoient, tous les autres étaient des intrigans, des modérés, des aristocrates, et les représentans qui ont voulu faire le bien, ont été calomniés. Ces tirans modernes profitans de la prépondérance que leur donnoient les emplois qu’ils avoient usurpés, menaçoient, faisaient incarcérer, et trembler quiconque paraissoit mé-contens de cet ordre désorganisateur; ou qui ne voulait pas se ranger du même partis. Ils avoient trouvé le moyen d’abattre l’énergie des autorités constituées, et des sociétés populaires, on les a vu eux et leurs émissaires parcourir les communes pour découvrir les citoyens les plus énergiques et ceux qui par-loient le plus souvent, la destitution ou la détention étoient bientôt le partage de ces derniers. Enfin la tiranie était à son comble. Osoit-on se plaindre de toutes ses vexations aux Pères de la Patrie, aux Représentans d’un peuple libre, on était honnis, il se faisait des recherches pour découvrir les rédacteurs, et les communes qui ont été assés osées, ont été menacées de privation de subsistance. Un massacre de détenus était projetté, une guerre civile était prette à éclater. Voila citoyens Représentans le tableau de l’hideuse situation du département de l’Ain, à l’epoque de l’heureuse découverte de l’infame conspirateur Robespierre et compagnie. Mais à quelque chose, malheur fut bon. Nos cris arrêtés, et étouffés en route sont enfin parvenus jusqu’à vous, vous avés dit, et déjà l’aurore de meilleurs jours commence à paraitre sur les montagnes de l’Ain, déjà semblables aux frimas qui après avoir glacé et rendu la campagne stérile, se dissipent au premier rayon du soleil, les intrigans, les agitateurs et les suppôts de la tirannie commencent à disparaitre de la surface de la terre qu’ils souillaient et étouffer leurs réunions dans les sombres réduits ou ils avaient enfouis la vertu; et déjà le département semble un nouveau monde rempli de matelots qui viennent d’échapper à la tempête et au noffrage. C’est en vain que semblable au serpent, cette vermine du genre humain se sentant frappée, se repliera en tout sens, et redoublera ses cris; c’est en vain que selon leur coutume ils crieront à l’injustice et à l’aristocratie ils ne doivent pas esperer d’échaper comme la lre, la 2e et même la 3e fois, a la justice qui les attend; c’est encore en vain qu’ils s’épuiseront a calomnier et avilir la Représentation nationale, dans quelques unes de ses parties, comme ils l’ont fait précédamment, Robespierre et sa clique ne sont plus. Frappés, qu’un exemple terrible fasse rentrer dans la poussière, l’intrigue et ceux qui s’en servoient pour tiranniser leurs concitoyens et les rendre esclaves, ceux qui sous le manteau affecté de patriotisme, servoient les ennemis de la Chose publique, et voulaient la perdre, sans ces patriotes nouveaux, ces patriotes de bouches, et avant eux la machine républicaine allait à merveille, elle a souffert sous leur despotisme avec eux elle périrait. Les vrais patriotes loin de vouloir despoti-ser, tiranniser s’occuper de vexation de querelles et d’inimitiés particulières ( mot illisible) tous leurs efforts contre les aristocrates ces vils ennemis de la Liberté et de l’Egalité qui tuent l’interieur, et contre la ligue de l’exte-rieur. Voila, citoyens Réprésentans, l’expression des sentimens de la société populaire de Seys-sel qui en a tant souffert de la part de cette horde tirannique pour avoir déjà osé vous dire la vérité. Fait en séance tenue au temple de Seyssel, le décadi dix fructidor, an deux de la République une, indivisible et démocratique. Vive la République! Vive la Convention! Environ 69 signatures sans indication de titres ni fonctions 6 La société populaire de Chabons, département de l’Isère, écrit à la Convention qu’encore une fois elle a sauvé le peuple, le 9 thermidor, en étouffant en un jour la plus alarmante des conspirations; elle annonce que son bureau se couvre de dons civiques destinés à construire un vaisseau, et invite la Convention à rester à son poste. Mention honorable, insertion au bulletin (10). [La société populaire de Chabons, district de la Tour-du-Pin, le 30 thermidor an 77] (11) Egalité, Liberté, Fraternité ou la Mort Mandataires du peuple, Il n’est pas étrange que les majestés de l’Europe, glacées d’effroi, par la toute puissance de nos bayonnettes; frémissantes plus encore du progrès des lumières, du réveil prochain de tous les peuples fassent mouvoir leurs ressorts ordinaires, le fer assassin, l’or, (10) P.-V, XLV, 168. (11) C 320, pl. 1318, p. 3. Copie de la lettre a été adressée aux Jacobins (C 320, pl. 1318, p. 4) le 13 fructidor. Mentionné dans Bull., 26 fruct. (suppl.). 12 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE le poison, les torches incendiaires, pour étayer un instant leur frêle existence. Faudra-t-il s’étonner si la rage de ces majestés vient de mettre au jour de nouveaux forfaits, en opposant à notre sainte liberté le Cromwel de la France, le monstre Robespierre. Voilà donc le suppôt de l’infâme Albion, le vil artisan de cette tactique barbare qui vou-loit rompre le faisceau de la fraternité, en portant le découragement, la calomnie et le poignard dans le cœur des bons républicains, qui vouloit finir avec ses complices par tremper ses mains sacrilèges dans le sang même de nos braves représentans. Voilà donc le fruit de cette confiance enthousiaste de ce respect susperstitieux que la ruse infernale de ce traître avoit su nous dérober. Non, la cause du genre humain, l’égalité, la liberté ne périront point. Non, les atroces fourberies du fanatisme n’outrageront, ne guidereront plus le bon sens et la raison. Non, le crime audacieux n’enchaînera plus la vérité, ne triomphera plus de la vertu. Sans-culotes françois, embrassons-nous, serrons-nous, il en est tems, et jurons de n’idolâtrer désormais aucun individu plus qu’un autre jusqu’au terme de ses jours : jurons encore d’exterminer le 1er Lépide, le 1er Antoine, le 1er Octave qui tentera de nous désunir, de caresser l’ignorance et la corruption, pour ressusciter les dictateurs les triumvirs ou les scélérats héréditaires. Et vous fidèles Montagnards, qui n’avez cessé par votre exemple de nous tracer la route de l’immortalité : encore une fois, vous avez sauvé le peuple le 9 thermidor, en étouffant en un jour la plus alarmante des conspirations et tous les chefs conspirateurs; encore une fois, l’énergie imposante et le dévouement héroïque de la Convention nationale ont fait le désespoir de la ligue des tirans. Pères de la patrie recevés les bénédictions de la société des sans-culotes de Chabons : à l’instant même, électrisée du même feu que ses frères du département de l’Isère, la société couvre son bureau de dons civiques, destinés à construire un vaisseau qui doit concourrir à la liberté du monde en aidant à purger nos mers des brigâns anglois, des esclaves de Georges. Législateurs, vous tenés dans vos mains les sublimes destinées de la France : si les trames journalières de nos ennemis ne permettent pas de croire qu’elles soient entièrement affermies, s’il est arrêté que l’hydre des factieux menace de soulever encore ses têtes renaissantes, votre vigilance est 'donc plus que jamais nécés-saire. La société de Chabons vous invite au nom de l’humanité de rester à votre poste, jusqu’à ce que l’étendard tricolor, couronné d’olivier, flote sur nos frontières, nos parages et sur tous les points intérieurs de la République. Les membres du comité de correspondance de la société populaire de Chabons. Nesbe, président. Gallet, Vallet. 7 La société populaire de Cusset [département de l’Ailier] écrit à la Convention nationale que deux dénonciateurs ont osé calomnier deux amis de la liberté, le représentant du peuple Forestier et le citoyen Grivois, tous deux membres de la société; que l’immoralité profonde d’un des dénonciateurs décèle le crime attaquant la vertu; que leur accusation n’a servi qu’à faire ressortir avec plus d’éclat le patriotisme des citoyens Forestier et Grivois; que ces calomniateurs ont été couverts d’un juste mépris; mais que la honte ne suffit pas pour ceux qui apprirent à la braver : en conséquence, elle demande des peines sévères contre tous les calomniateurs qui ne sont pas les ennemis les moins dangereux de la patrie. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au comité de Sûreté générale (12). [La société populaire de Cusset à la Convention nationale s.d.] (13) Deux de ces hommes qui comme les crapauds après un orage, semblent ne s’élever du sein des crises politiques que pour exhaler leur venin sur les hommes purs, ont osé calomnier deux amis de la liberté, le représentant du peuple Forestier, et Grivois, son neveu, tous deux membres de cette société : l’intrigué a été démasquée; l’immoralité profonde d’un des calomniateurs a décelé le crime en attaquant la vertu, et leur accusation n’a servi qu’a faire ressortir avec plus d’éclat le patriotisme des citoyens Forestier et Grivois. Vous avez couvert les dénonciateurs d’un juste mépris; Mais la honte suffit-elle pour ceux qui apprirent à la braver? Il est temps que la calomnie méditée contre les patriotes cesse; il est temps que son poignard tourne contre ceux qui veulent s’en servir pour assassiner la liberté : nous demandons des peines très sévères contre tous les calomniateurs qui ne sont pas les ennemis les moins dangereux de la patrie. 8 L’agent national du district d’Orthès [département des Basses-Pyrénées] informe la Convention nationale que la fête du 10 août a été célébrée dans la commune d’Orthès; que toutes les communes du district y sont venues par députation; et qu’un peuple immense, fier d’avoir reconquis ses droits, a confondu dans des embrassemens mutuels la joie dont tous les cœurs étoient pénétrés, et qu’il a ré-(12) P.-V., XLV, 168-169. (13) Bull. 24 fruct. Reproduit dans M.U., XLIII, 409.