[Con vention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. ) \\ Novembre T793 177 nons, tué 3 généraux à l’affaire d’Hondscoote, et délivré Dunkerque. On demande l’ordre du jour. Levasseur ( Sarthe ). J’appuie l’ordre du jour ; et je déclare que Houchard ne dit pas la vérité quand il avance avoir tué 3 généraux à Honds-coote. J’étais à cette affaire, et en revenant du combat, je vis Houchard caché derrière une haie. J’avais eu un cheval tué sous moi par un boulet de canon; une balle avait coupé le panache blanc de mon plumet; un biscaïen était venu percer ma selle. Si Houchard avait fait comme moi, la victoire aurait été bien plus considérable. Houchard est traduit au tribunal révolutionnaire, les témoins seront entendus, ils diront la vérité. Je demande l’ordre du jour. L’ordre du jour est adopté. Les membres du tribunal du district de Com¬ pïègne applaudissent au décret du 3 brumaire, qui a foudroyé l’exécrable chicane, en anéantis¬ sant tous les avoués. Insertion au « Bulletin » (1). an II, n° 422, p. 324) rendent compte de la lettre de Houchard dans les termes suivants : I. Compte rendu du Mercure universel. La Convention nationale entend la lecture d’une lettre de l’ex-général Houchard. (Suit un résumé de la lettre de Houchard que nous insérons ci-dessus d'après un document des Archives nationales.) Levasseur. Je demande à relever un fait. Hou¬ chard dit qu’il a tué trois généraux à l’affaire d’Hondscoote. Eh bien, cela est faux, car je trouvai Houchard caché derrière une haie pendant cette affaire, à laquelle j’ai eu un cheval tué sous moi d’un boulet de canon, mon panache brisé d’une balle et un biscaïen dans la selle de mon cheval. Si Hou¬ chard eût suivi mon exemple, la victoire eût été complète. Ainsi, je réclame l’ordre du jour. S’il est innocent, le tribunal révolutionnaire prononcera. (Applaudi. ) ; L’ordre du jour est adopté. II. Compte rendu du Journal des Débats et des Décrets. Houchard, ci-devant général , détenu à la Con¬ ciergerie, écrit à la Convention. Il sollicite le moyen de se justifier. Il demande à jouir, comme Lamar-lière, de la faveur de pouvoir faire entendre, par des juges de paix choisis par les représentants du peuple, les témoins qu’il a dans les armées de la République. Dans sa lettre, Houchard rappelle ses services et s’étonne d’avoir été accusé. On demande l’ordre du Jour. Levasseur. J’appuie l’ordre du jour et je déclare à la Convention que Houchard lui en impose, quand il lui dit qu’il tua trois généraux à l’affaire de Honds-coote. J’étais de cette affaire, j’y étais à la tête d’une colonne; mon cheval y fut tué d’un coup de canon; mon panache blanc y fut coupé d’une balle, et une balle de biscaïen atteignit la selle de mon cheval. Si Houchard eût été près de moi, comme il le devait, notre victoire eût été plus complète qu’elle ne le fut; mais je le trouvai, à mon retour, couché der¬ rière une haie. Je demande l’ordre du jour sur ses demandes. Le tribunal révolutionnaire est chargé de le Juger, et j’espère qu’il fera son devoir. La Convention passe à l'ordre du jour. (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 210. lre SÉRIE. T. LXXIX. Suit la lettre des membres du tribunal du dis¬ trict de Compiègne (1) : « Législateurs. « L’Assemblée constituante a réorganisé l’ordre judiciaire et elle a consacré les plus funestes abus. Elle voulait que la justice fût prompte et elle a embarrassé la marche de la procédure. Elle la voulait gratuite et elle a remplacé 20,000 procureurs par 60,000 avoués. O vous, bienfaiteurs de l’humanité, géants républicains, salut ! Votre loi du 3 brumaire a foudroyé l’exécrable chicane; elle a rallié la justice à la raison et à la philosophie. « Courage, intrépides Montagnards, continuez vos glorieux travaux, encore quelques efforts et vous touchez votre but ; le bonheur du peuple est affermi. Il repose sur des fondements à jamais inébranlables : la liberté et l’égalité. Le 22 brumaire de l’an II de la République française, une, indivisible et impérissable. « Les membres du tribunal du district de Compïègne. « Baudin; Delarue; Mornier; E.-D. Moüit, président; J.-A.-M. Delà vallée, commissaire national; Thirial, greffier; Poulain. » Le représentant du peuple Bo écrit de Reims, le 23 brumaire, que les cloches de cette ville s’acheminent pour Metz et vont] se changer en bouches à feu. Toute l’argenterie des églises se ramasse, et va prendre des formes plus républi¬ caines à la maison de la Monnaie. Environ 300 milliers de fer, détachés de la seule église ci-devant cathédrale, se rendent aux ateliers de Paris, pour être transformés en fusils. Les four¬ rages destinés aux armées, qui s’avarient jour¬ nellement dans de mauvais magasins, sont logés majestueusement dans la cathédrale; deux autres églises servent de manège. Le même représentant envoie un panier con¬ tenant 51 marcs 5 onces 1 gros d’argenterie de luxe, et 7,259 liv. 10 s. en argent, à face royale, donnés à la patrie, savoir : 99 livres par le citoyen Martin, lieutenant-colonel du 20e régiment de chasseurs à cheval; 20 liv. 10 s. par le citoyen Gasnier, commissaire des guerres à Reims, et le surplus, par le citoyen Pinon, tanneur dans la même ville, avec un bon pour 10,000 livres de cuirs à prendre chez lui. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (2). Suit la lettre de Bo, représentant du peuple près V armée des Ardennes (3) : Le représentant du peuple près l'armée des Ar¬ dennes, à la Convention nationale. « Reims, ce 23 brumaire, l’an II de la Répu¬ blique française, une et indivisible. « Citoyens mes collègues, « Vous apprendrez avec intérêt les progrès de la raison dans la ville de Reims. Le patrio-(1) Archives nationales, carton C 279, dossier 756. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 210. (3) Archives nationales, carton G 278, dossier 737. 12 17$ [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { \\ ���1793 tisme, endormi depuis quelque temps, se ré¬ veille, le fanatisme est expirant. Les cloches, jusqu’ici respectées malgré leurs sons discor¬ dants, sont à bas de leurs observatoires, s’ache¬ minent pour Metz, et vont se changer en bouches à feu. Toute l’argenterie des églises, sans excep¬ tions, se ramasse chaque jour, et va prendre des formes plus républicaines à la maison de la Monnaie; des ustensiles de bois ou de verre doivent suffire aux cérémonies religieuses. En¬ viron 300 milliers de fer détachés de la seule église. ci-devant cathédrale, se rendent aux ateliers de Paris pour se transformer en fusils. Les fourrages destinés à nos armées qui s’ava¬ rient journellement dans des mauvais magasins, sont logés majestueusement dans la cathédrale; deux autres églises servent de manège ou d’écurie; tout s’utilise ainsi pour le bien public et le peuple applaudit à ces mesures républi¬ caines. c Que la Convention nationale ne perde pas de vue les subsistances; qu’elle se fasse rendre compte journellement des mesures que prend le ministre de l’intérieur pour alimenter les départements vraiment nécessiteux, et nos ennemis n’ont plus d’armes dangereuses à opposer à notre Révolution. « Je vous adresse, citoyens mes collègues, un panier contenant 51 marcs 5 onces 1 gros d’argenterie de luxe, et 7,259 livres 10 sols en argent (1), monnaie à face royale; le bordereau ci-joint vous expliquera d’où ils proviennent; veuillez bien faire mention honorable des ci¬ toyens qui concourent à cette offrande. L’ar¬ genterie qui va vous arriver des églises des départements des Ardennes et de la Marne sera immense, et je ne doute pas que les offrandes particulières ne se multiplient chaque jour car l’amour de la patrie enflamme des cœurs jusqu’ici apathiques. J’excite de tout mon pouvoir leur énergie naissante et je rends compte au comité de Salut public des mesures que je prends pour comprimer les gens sus¬ pects et assurer l’ordre et l’activité dans les administrations. « Salut et fraternité. « B o. » Copie de Voffrande faite à la République par le citoyen Pinon, dont V original demeure entre les mains de Bo, représentant du peuple à V armée des Ardennes (2). Au Président de la Convention nationale. « Citoyen représentant, « Je profite avec la plus grande joie du moment où tu séjournes à Reims pour te prier d’accepter toute mon argenterie, l’argent que je possède que je te remets; un bon républicain n’a pas besoin de ce métal; je te donne en même temps un bon de 10,000 livres sur moi pour prendre et faire enlever des cuirs pour chausser nos braves défenseurs. Veuille mon exemple (1) Ainsi que le lecteur pourra s’en convaincre par le bordereau, Bo a commis une erreur d’addi¬ tion, car le total des espèces monnayées s’élève, en réalité, à 7,370 liv. 10 s. (2) Archives nationales, carton C 278, dossier 737. se propager dans tous les cœurs des bons répù* blicains. « Salut et fraternité. « Pinon, marchand tanneur à Reims. « 20 brumaire, 2e année républicaine. Bon pour la République française, d'enlever chez le républicain Pinon, tanneur, pour 0,000 li¬ vres de cuirs qu'il donne à la nation. Le 20 brumaire, 2e année républicaine. Pinon. Certifié conforme à l'original que j'ai entre tes mains. B o. Bordereau des effets emballés dans un panier d'osier et adressés à la Convention nationale, par Bo, représentant du peuple à l'armée des Ardennes (1). . Trente-trois marcs une once un gros d’argen¬ terie, sept mille cent quarante livres en écus de six livres à face royale. Dix -huit marcs quatre onces d’argenterie, cent onze livres d’argent monnaie, offerts à la nation par le citoyen Pinon, tanneur à Reims, avec un bon de dix mille livres, valeur en cuirs. Quatre-vingt dix-neuf livres en écus de six livres à face royale, offerts par le citoyen Wa-trin, lieutenant-colonel du 20e régiment de chasseurs à cheval. Vingt livres dix sols en monnaie d’argent, offerts à la nation par le citoyen G-asnier, com¬ missaire des guerres à Reims. Reims, ce 22 brumaire, 2e année de la Répu¬ blique une et indivisible. Le représentant du peuple aux armées des Ardennes, Bo. Le citoyen Hubert, ancien tailleur, offre d’échanger contre des assignats 8,5X7 livres en argent et 4,992 livres en or. Insertion au « Bulletin » (2). Suit l'offre du citoyen Hubert (3) : « Citoyen Président de la Convention na¬ tionale. « Le citoyen Jean-Joseph Hubert, ancien tailleur, demeurant rue des Grands -Augustins, n° 15, section de Marat, dite de Marseille, âgé de 58 ans, paralytique, déclare avoir en argent la somme de ............. 8.517 liv . « Plus en or ........ .' ........ 4.992 liv. « Ce qui fait au total celle de . . . 13.509 liv . qu’il offre d’échanger contre des assignats ré¬ publicains. « Salut et fraternité. « Hubert. « Ce 24 brumaire, 25 e année de la. Répu¬ blique française. » (1) Archives nationales, carton C 278, dossier 737. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 211. (3) Archives nationales, carton C 278, dossier 745.