SÉANCE DU 1" THERMIDOR AN II (19 -JUILLET 1794) - N"' 27-28 30.3 grand ouvrage de notre régénération ; Continuez à bien mériter de notre commune patrie; pour nous[,] fidèles à nos devoirs comme à nos sermens, nous sommes prêts de sacrifier au triomphe de la Liberté, et au soutient de tous les généreux Citoyens, qui[,] comme vous[,] en deffendent aussi énergiquement les principes, nos vies et nos fortunes. Pénétrés de respect pour vos sages décrets, les Sans Culottes composant la Société populaire de la Peyruse, en adhérant à celui du 18 Floréal, sur l’existence de l’Etre Suprême, et l'immortalité de l’ame, ont célébré avec cet enthousiasme qui caractérise l’homme raisonnable, la fête instituée en l’honneur de la Divinité, et c’est avec la plus douce satisfaction que la Société a vu ses concitoyens partager son allégresse; Vive la République, Vive nos braves Législateurs, Vive la Montagne, Vive le Comité de Salut Public. Ducros (présid .), Ravier ( secrét .), Paulet ( secrét .) 27 La société populaire de Parly, district d’Auxerre, département de l’Yonne, demande à la Convention nationale que tous les terreins occupés par des charmilles, plantations de luxe et de simple agrément, parterres, bosquets et pièces d’eau, soient rendus à l’utilité, et cultivés de la manière la plus productive, soit en légumes, bled ou prés. Insertion au bulletin, renvoi au comité d’agriculture (l). [Parly, 5 mess. W(2). Citoyens représentans, Le luxe dans un état est le thermomètre de la corruption et de la dégradation de l’espèce humaine : jamais il ne fut porté à un plus haut degré que sous le règne affreux du dernier de nos Tyrans. Accoutumé à une obéissance servile et passive de la part de ceux qu’il appelloit ses sujets, il auroit bientôt trouvé la satiété jusques dans sa puissance; son orgueil n’auroit pas été satisfait, s’il n’avoit pas en quelque sorte tyrannisé la nature, en la forçant à sortir de son équilibre, pour suivre ses caprices et contenter ses goûts, il falloit que les montagnes s’applanissent, que les fleuves changeassent de lit, que les climats fussent confondus, l’ordre des saisons boulversé et que la terre ouvrit son sein à des productions étrangères, tous les petits tyrans subalternes, depuis le prince jusqu’au dernier commis, vouloient singer leur maître, et il n’y en avoit point qui ne voulut avoir des parcs immenses, des charmilles en labyrinthe, des bosquets touffus, des jardins anglais, des pièces d’eau, etc. C’était dans les meilleurs terrains qu’ils pratiquoient toutes ces frivolités qui encore aujourd’hui insultent à l’égalité, et contrastent monstrueusement avec le petit jardin du pauvre où tout est cultivé utilement, et où il y a à peine un sentier étroit pour poser le pied en marchant ; et avec les terreins qui sont autour de sa (l) P.V., XLII, 7. (2) Flü 331, 2. - Yonne. chaumière et qui présentent à l’œil ravi le spectacle enchanteur d'une abondante récolte. Citoyens représentans, vous avez voulu rendre à l’utilité tous les objets de pur agrément : vous avez voulu qu’un luxe asiatique qui atteste l’esclavage disparut d’un sol libre : vous avez desséché ces rivières factices où couloit le plus pur sang du peuple, pour arroser les jardins de son tyran ; ces jardins somptueux, ces parcs immenses, ces palais superbes sont déjà rendus à la nature; ne souffrez pas plus longtemps que le riche contrarie les vues de cette mère commune, en multipliant sur un sol nourricier, des plantes aussi parasytes et aussi inutiles pour lui. nous faisons venir du bled et du vin pour nos frères et pour nous; nous demandons que tous les terreins occupés par des charmilles, plantations de luxe et de simple agrément, parterres et pièces d’eau soient rendus à l’utilité et que chaque terrein soit cultivé de la manière la plus productive; soit en légumes, bleds ou prés. Si le riche craint de s’ennuyer et de ne savoir où promener son oisiveté et ses vices, qu’il prenne une bêche ou une pioche, et que, lorsque ses membres recrus auront besoin de repos, il s’endorme à côté de son compagnon de travail à l’ombre d’un pommier chargé de fruits. S. et f. Philippe (présid.), B. Gérard (secrét.). 28 La société populaire de Tonnerre, département de l’Yonne, fait part à la Convention de la fête qui a eu lieu dans cette commune, à la nouvelle officiellement reçue de la prise de Charleroi, et de la victoire remportée sur les ennemis de notre liberté dans les plaines de Fleurus. Mention honorable, insertion au bulletin (l). [La Sté Epurée et regenerée des Sans Culottes Montagnards de Tonnerre Aux C'1' Présid. et Membres de la Conv. ; Tonnerre, 16 Mess. 7/7(2). Citoyens Représentants, La prise de Charle-Roi et les plaines de Fleurus deux fois inondées du sang impie des féroces ennemis de la Liberté, sont une preuve convaincante de la protection accordée à nos armes par l’Etre Suprême que reconnaît la Nation, et à qui, loin de la superstition et du charlatanisme des Prêtres, elle rend aujour-d’hui un culte plus épuré et plus digne de lui. 25.000 de ces brigands enrégimentés ont mordu la poussière. Nos braves sans-Culottes achèveront bientôt leur ouvrage; ils porteront enfin les derniers coups au Despostisme, et la vérité, trop long-temps méconnue, se manifestera dans tout son jour. Déjà les tirans antropophages sentent, sous leur nullité, les trônes s’ébranler; mais ils ne tarderont point à s’écrouler entièrement, et le bruit de leur chute sera entendu jussqu’aux deux pôles et aux climats où le Soleil allume et éteint son flambeau. (1) P.V., XLII, 8. B'", 6 therm. (1er suppl1). (2) C 314, pl. 1253, p. 30. SÉANCE DU 1" THERMIDOR AN II (19 -JUILLET 1794) - N"' 27-28 30.3 grand ouvrage de notre régénération ; Continuez à bien mériter de notre commune patrie; pour nous[,] fidèles à nos devoirs comme à nos sermens, nous sommes prêts de sacrifier au triomphe de la Liberté, et au soutient de tous les généreux Citoyens, qui[,] comme vous[,] en deffendent aussi énergiquement les principes, nos vies et nos fortunes. Pénétrés de respect pour vos sages décrets, les Sans Culottes composant la Société populaire de la Peyruse, en adhérant à celui du 18 Floréal, sur l’existence de l’Etre Suprême, et l'immortalité de l’ame, ont célébré avec cet enthousiasme qui caractérise l’homme raisonnable, la fête instituée en l’honneur de la Divinité, et c’est avec la plus douce satisfaction que la Société a vu ses concitoyens partager son allégresse; Vive la République, Vive nos braves Législateurs, Vive la Montagne, Vive le Comité de Salut Public. Ducros (présid .), Ravier ( secrét .), Paulet ( secrét .) 27 La société populaire de Parly, district d’Auxerre, département de l’Yonne, demande à la Convention nationale que tous les terreins occupés par des charmilles, plantations de luxe et de simple agrément, parterres, bosquets et pièces d’eau, soient rendus à l’utilité, et cultivés de la manière la plus productive, soit en légumes, bled ou prés. Insertion au bulletin, renvoi au comité d’agriculture (l). [Parly, 5 mess. W(2). Citoyens représentans, Le luxe dans un état est le thermomètre de la corruption et de la dégradation de l’espèce humaine : jamais il ne fut porté à un plus haut degré que sous le règne affreux du dernier de nos Tyrans. Accoutumé à une obéissance servile et passive de la part de ceux qu’il appelloit ses sujets, il auroit bientôt trouvé la satiété jusques dans sa puissance; son orgueil n’auroit pas été satisfait, s’il n’avoit pas en quelque sorte tyrannisé la nature, en la forçant à sortir de son équilibre, pour suivre ses caprices et contenter ses goûts, il falloit que les montagnes s’applanissent, que les fleuves changeassent de lit, que les climats fussent confondus, l’ordre des saisons boulversé et que la terre ouvrit son sein à des productions étrangères, tous les petits tyrans subalternes, depuis le prince jusqu’au dernier commis, vouloient singer leur maître, et il n’y en avoit point qui ne voulut avoir des parcs immenses, des charmilles en labyrinthe, des bosquets touffus, des jardins anglais, des pièces d’eau, etc. C’était dans les meilleurs terrains qu’ils pratiquoient toutes ces frivolités qui encore aujourd’hui insultent à l’égalité, et contrastent monstrueusement avec le petit jardin du pauvre où tout est cultivé utilement, et où il y a à peine un sentier étroit pour poser le pied en marchant ; et avec les terreins qui sont autour de sa (l) P.V., XLII, 7. (2) Flü 331, 2. - Yonne. chaumière et qui présentent à l’œil ravi le spectacle enchanteur d'une abondante récolte. Citoyens représentans, vous avez voulu rendre à l’utilité tous les objets de pur agrément : vous avez voulu qu’un luxe asiatique qui atteste l’esclavage disparut d’un sol libre : vous avez desséché ces rivières factices où couloit le plus pur sang du peuple, pour arroser les jardins de son tyran ; ces jardins somptueux, ces parcs immenses, ces palais superbes sont déjà rendus à la nature; ne souffrez pas plus longtemps que le riche contrarie les vues de cette mère commune, en multipliant sur un sol nourricier, des plantes aussi parasytes et aussi inutiles pour lui. nous faisons venir du bled et du vin pour nos frères et pour nous; nous demandons que tous les terreins occupés par des charmilles, plantations de luxe et de simple agrément, parterres et pièces d’eau soient rendus à l’utilité et que chaque terrein soit cultivé de la manière la plus productive; soit en légumes, bleds ou prés. Si le riche craint de s’ennuyer et de ne savoir où promener son oisiveté et ses vices, qu’il prenne une bêche ou une pioche, et que, lorsque ses membres recrus auront besoin de repos, il s’endorme à côté de son compagnon de travail à l’ombre d’un pommier chargé de fruits. S. et f. Philippe (présid.), B. Gérard (secrét.). 28 La société populaire de Tonnerre, département de l’Yonne, fait part à la Convention de la fête qui a eu lieu dans cette commune, à la nouvelle officiellement reçue de la prise de Charleroi, et de la victoire remportée sur les ennemis de notre liberté dans les plaines de Fleurus. Mention honorable, insertion au bulletin (l). [La Sté Epurée et regenerée des Sans Culottes Montagnards de Tonnerre Aux C'1' Présid. et Membres de la Conv. ; Tonnerre, 16 Mess. 7/7(2). Citoyens Représentants, La prise de Charle-Roi et les plaines de Fleurus deux fois inondées du sang impie des féroces ennemis de la Liberté, sont une preuve convaincante de la protection accordée à nos armes par l’Etre Suprême que reconnaît la Nation, et à qui, loin de la superstition et du charlatanisme des Prêtres, elle rend aujour-d’hui un culte plus épuré et plus digne de lui. 25.000 de ces brigands enrégimentés ont mordu la poussière. Nos braves sans-Culottes achèveront bientôt leur ouvrage; ils porteront enfin les derniers coups au Despostisme, et la vérité, trop long-temps méconnue, se manifestera dans tout son jour. Déjà les tirans antropophages sentent, sous leur nullité, les trônes s’ébranler; mais ils ne tarderont point à s’écrouler entièrement, et le bruit de leur chute sera entendu jussqu’aux deux pôles et aux climats où le Soleil allume et éteint son flambeau. (1) P.V., XLII, 8. B'", 6 therm. (1er suppl1). (2) C 314, pl. 1253, p. 30.