580 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j T‘ S1™airb®r“1ïçw Un secrétaire fait lecture d'une lettre des officiers municipaux de Vias, district de Béziers, département de l'Hérault, contenant l’envoi d’un procès-verbal du conseil général de la com¬ mune, lequel constate que les titres de la féoda¬ lité, ont été brûlés le 4 de ce mois aux cris de Vive la République! vive la Montagne! Cette commune exprime son adhésion la plus formelle à tous les décrets de la Convention nationale, et l’invite à rester à son poste jusqu’à la paix. Elle envoie une croix dite de Saint-Louis. Mention honorable, insertion par extrait au « Bulletin » (1). Compte rendu du Bulletin de la Convention (2). La commune de Vias, département de l’Hé¬ rault, écrit qu’elle a brûlé, le 4 frimaire, tous les titres de féodalité. Elle invite la Convention à rester à son poste. Sur la nouvelle du décret qui invite tous les bons citoyens à venir au secours de nos frères d’armes, il a été ouvert un registre de souscription volontaire, et le nombre des chemises déjà offertes se porte à 30. Mention honorable. Un membre du comité de Salut public [Ba¬ rère (3)], fait lecture de lettres qu’il vient de recevoir, qui annoncent que les troubles qui s’étaient élevés dans les différents départements sont annulés par les mesures qu’a fait prendre le comité de Salut public. Le même membre du comité de Salut public donne lecture d’une adresse aux citoyens du Midi et aux armées de la République; elle est adoptée (4). Compte rendu du Journal de Berlet (5). La Convention approuve les mesures prises par son comité de Salut public, à l’effet de réta¬ blir la tranquillité dans les départements du Cher et de la Nièvre. Barère annonce que Laplanche s’est mis à la tèfce des 10,000 hommes de l’armée du Nord, qui étaient à Dreux. Ils marchent pour exter¬ miner les brigands vers Alençon. Thirion a écrit qu’il n’avait pas eu intention d’entraver les mesures du comité; la troupe est partie. Barère se plaint de ce que les travaux du siège de Toulon vont trop lentement. Les habi¬ tants du Midi ne concourent pas assez active¬ ment à élever les retranchements. Il présente un projet d’adresse destiné à réveiller leur éner¬ gie et celle de l’armée... « Vous avez trop long¬ temps, leur dit -il, différé la vengeance nationale (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p 279., (2) Second supplément au Bulletin de la Convention de la séance du 28 frimaire an II (mercredi 18 dé¬ cembre 1793). (3) D’après les divers journaux de l’époque. (4) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 279. (5) Journal de Perlet [in0 452 du 28 frimaire an II (mercredi 18 décembre 1793), p. 141]. et ajourné votre gloire. Refuserez-vous de parta¬ ger celle conquise par les habitants du Nord. Le Midi ne peut -il suffire pour écraser les per¬ fides anglais et les lâches Espagnols! Ombre de Beauvais, égorgé par son féroce ennemi, apparais à nos défenseurs et conduis-les à la Victoire! L’adresse est adoptée. (Suit le texte de V adresse lue par Barère d'a¬ près le Bulletin de la Convention (1). Le citoyen Barère, au nom du comité de Salut public, a présenté l’adresse suivante : La Convention nationale à l'armée de la République sous les murs de Toulon. « Soldats républicains. « Vous avez trop longtemps différé la ven¬ geance nationale; trop longtemps vous avez ajourné notre gloire. Les infâmes traîtres de Toulon sont debout; nos ennemis nous bra¬ vent ; la tyrannie nous menace et vous demeurez les tranquilles témoins de ce spectacle honteux ! N’existeriez-vous donc plus puisqu’ils vivent encore! A vos yeux, flotte le drapeau royaliste et vous dérobe la vue de la Méditerranée. L’é¬ tendard tricolore a-t-il donc perdu ses cou¬ leurs! ne rallie-t-il plus les défenseurs de la patrie! « Un vil troupeau d’esclaves, épargné dans des murs odieux, insulte à la République et ces nombreux bataillons cernent en vain les bri¬ gands de Londres et de Madrid. « Le Nord a triomphé : les rebelles sont vaincus dans la Sarthe. Le Midi serait -il seul déshérité de la portion qu’il doit avoir dans la gloire nationale! « Habitants des contrées méridionales, vous dans l’âme de qui un ciel de feu a versé des passions généreuses et cet enthousiasme brû¬ lant qui fait les grands succès, non, vous n’avez pas été assez fortement indignés des trahisons toulonnaises, de la corruption anglaise, et de la lâcheté espagnole. Les travaux du siège languissent. Faudra-t-il donc appeler le Nord pour vous défendre! Faudra-t-il d’autres bras pour remuer la terre qui doit fermer les retran¬ chements protecteurs de la vie du soldat et garants de sa victoire! Direz-vous que la con¬ quête de Toulon est votre gloire, si le Nord doit s’émouvoir pour l’obtenir! Laisserez-vous moissonner par d’autres mains les lauriers que la liberté a fait naître à côté de vous! « Oseriez-vous rentrer dans vos foyers, si la victoire ne vous en ouvre bientôt la route glorieuse! Souffrirez -vous qu’on dise en France, en Europe, dans l’avenir : la République leur commanda de vaincre, ils craignirent de mourir. « Ombre malheureuse et respectable des représentants du peuple, victimes de la bar¬ barie anglaise, apparais à nos troupes et montre-leur le chemin de la gloire! Que le bruit des chaînes des patriotes français, déportés à Gi-(1) Bulletin de la Convention du 8e jour de la 3e dé¬ cade du 3e mois de l’an II (mercredi 12 décembre 1793). [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. J T‘ 581 braltar, retentissent à vos oreilles. Ils deman¬ dent vengeance; ils doivent l’obtenir. « Oui, braves républicains, la Convention natiorale la confie à votre courage. Vous ren¬ drez à la France le domaine de la Méditerra¬ née, aux subsistances, leur circulation ; au com¬ merce, ses ports; à la marine, ses vaisseaux; et à la politique, les routes de l’Italie et des Dardanelles. « Marchez, soldats de la patrie, que le crime de Toulon ne reste plus impuni. La Répu¬ blique vous commande la victoire. « Soldats, vous êtes Français ! vous êtes libres ! Voilà des Espagnols et des Anglais, des esclaves : la liberté vous observe. II. Compte kendu du Moniteur universel (1). Barère. Le comité vous a entretenus des troubles qui commençaient à se manifester dans le département du Cher, dans la Nièvre, à Coulommiers et près Courtalin. A l’égard du Cher et de la Nièvre, je viens vous proposer d’envoyer deux commissaires. Barère les nomme, la Convention les adopte. Quant à Coulommiers et à Courtalin, je viens vous annoncer que tout est tranquille. Voici les preuves : Godefroy, représentant du peuple, à ses collègues, Président et membres de la Convention natio¬ nale. « Coulommiers, 26 frimaire, l’an II de la République française, une et indivisible. « Je m’empresse de vous faire part que de grandes mesures, que nous avons prises à temps avec mon collègue Morrisson, ont sauvé le dé¬ partement de Seine-et-Marne de la guerre civile dont il allait être le théâtre. « Partout les rebelles se soumettent, et con¬ viennent du piège dans lequel on les a entraînés. Grand nombre de coupables sont arrêtés; ainsi je crois pouvoir assurer qu’avec les secours de¬ mandés au comité de Salut public, toutes les choses rentreront dans l’ordre. a Ces succès sont dus aussi à la vigilance efc au patriotisme des autorités constituées de Cou¬ lommiers, à la garde nationale de Meaux, et à celles de plusieurs communes environnantes, notamment celle de Quiney, qui nous ont par¬ faitement secondés. « Un seul jour a vu lever plus de 30,000 hom¬ mes rebelles; la fermeté, le oourage et la per¬ suasion leur en ont imposé. « La majeure partie est rentrée dans le devoir, et le reste sera, je l’espère, bientôt soumis. « Je demande qu’en récompense du zèle de plusieurs districts, savoir : ceux de Lagny, Meaux, Coulommiers, la Ferté-sous-Jouarre et leurs gardes nationales, de même que celles de Coulommiers et Quiney, qui ont offert de mar¬ cher contre les rebelles, vous décrétiez qu’ils ont bien mérité de la patrie. (1) Moniteur universel [n° 90 du 30 frimaire an II (vendredi 20 décembre 1793), p. 362, col. 3], « Je pense que vous ne ferez pas de difficulté, quand vous saurez que toutes à l’envi ont amené force subsistances, et qu’elles en offrent encore tous les jours. « J’ajouterai de plus que le service militaire et administratif s’est fait ici avec la plus grande exactitude; je m’en suis assuré en allant visiter les postes avec le citoyen maire, excellent pa¬ triote. « Enfin, j’ai vu avec plaisir que, quel que soit le nombre des ennemis de la liberté, celui de ses amis le surpasse encore. Vive la République! « Salut et fraternité. « Godefkoy. « P. S. Je dois dire de Du bouchot, qu’il a aussi rendu beaucoup de services à ce département, en épurant les administrations. » Barère. Laplanche a émit au comité de Salut public qu’il allait se rendre à Dreux pour se mettre à la tête de la colonne du Nord. Thiiion, nous a écrit aussi que jamais son in¬ tention n’avait été de s’opposer aux vues du comité de Salut public, et qu’il a ordonné la marche des troupes : il revient. Barère termine par la lecture d’un projet d’a¬ dresse de la Convention aux habitants des dé¬ partements méridionaux, et à l’armée de la Ré¬ publique sous les murs de Toulon : elle est adop¬ tée en ces termes : (Suit le projet d'adresse que nous avons repro¬ duit ci-dessus d'après le Bulletin.) Barère lit une lettre de l’officier commandant en chef l’armée du Rhin. Elle contient les dé¬ tails d’une affaire dans laquelle le bataillon de l’Indre a emporté à la baïonnette deux redoutes à l’ennemi, et s’est emparé de deux drapeaux. Cette lettre rappelle le trait de générosité de ce bataillon, consigné dans un de nos derniers nu¬ méro. Barère annonce que le comité n’a point reçu de nouvelle de l’armée du Nord. Un membre [Romme (1)] rappelle à la Conven¬ tion une pétition faite par Marie-Anne Raucourt, femme de Nicolas Goulot, sous-officier invalide, dans laquelle elle expose que son mari et deux de ses fils sont actuellement au service de la République, et que sa fille mariée à Claisse, caporal des grenadiers au 105e régiment, a été tuée le 14 juillet dernier au siège de Mayence, et laisse un enfant âgé de neuf mois, qui est à Nancy. La pétitionnaire, qui seule peut donner des soins à cet enfant, demande des secours, pour aller le recueillir à Nancy. « La Convention nationale, sur la proposition d’un membre, décrète que, sur la présentation du présent décret, ü sera payé à Marie-Anne Rau¬ court, femme de Nicolas Goulot, la somme de 600 livres à titre d’indemnité provisoire, à im¬ puter sur les secours que la loi lui accorde à raison du service de son mari et de ses deux fils dans les armées de la République (2). » (1) D’après la minute du décret qui se trouve aux Archives nationales, carton G 282, dossier 795. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 279