140 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE V [La société populaire de Forbach, département de la Moselle, à la Convention nationale, s.d.J (37) Citoyens Représentants, De longues phrases vous feroient perdre un tems précieux que vous employez plus utilement en punissant de nouveaux tyrans. Par votre sagesse et votre énergie dans les journées des 9 et 10 de ce mois vous avez prouvé que vous étiez toujours grands, justes et dignes d’être les Représentans du Peuple français, continuez à détruire toute espèce de despotisme, car la liberté ne peut subsister sans l’égalité. Le département de la Moselle ayant rendu un arrêté par lequel il invite les bons citoyens d’ouvrir une collecte patriotique pour la construction d’un vaisseau de guerre, les citoyens de la commune de Forbach ont contribué jusqu’à ce jour pour une somme de trois mille cinquante livres qui vont être envoyées sur le champ au Département. Vive la République, vive la Montagne. Genisomme, président, Bocquet, Legoux, secrétaires. w [Les commissaires des salpêtres de Chinon, Indre-et-Loire, à la Convention nationale, s.d .] (38) Citoyens Représentants, Vous venez de découvrir la plus horrible conspiration; que ce soit la dernière qui ait existé ! Les traîtres sont démasqués, ils sont punis, nous vous en rendons grâces. Quoi, tandis que les salpêtriers de bonne foi employent tous leurs moyens et leurs ressources pour pulvériser la pierre, et retirer des entrailles de la terre la matière première de la poudre, qui devoit écraser les ennemis de la République, d’indignes conspirateurs avoient trouvé des lâches qui ont tourné des armes meurtrières prêtes à faire feu sur la représentation nationale. Si malheureusement ils eussent réussi dans leurs projets parricides où en étoit la France; les vrais républicains n’auroient pu survivre à de tels forfaits; mais l’ange tutélaire qui veille sur la destinée des français fortifia vos incomparables travaux. Achevez-les, citoyens représentants, nous allons redoubler d’efforts pour faire le salpêtre qui détruira le dernier des tyrans et la France entière retentira des cris mélodieux de vive la représentation nationale, vive la République, vive l’égalité et la liberté. Les salpêtriers commissionnés dans le district qui forment le commissariat des salpêtres et poudres de Chinon. Becquet, commissaire, et vingt-deux autres signatures. x [Les défenseurs de la Patrie blessés, de Barèges, Hautes-Pyrénées, à la Convention nationale thermidor an II\ (39) Citoyens Représentants, Nous avons frémi d’horreur en apprenant le nouveau complot tramé par le crime contre la patrie. Un homme ! non ! un monstre dont le nom sera à jamais l’exécration des Français; Robespierre ! en nous parlant de vertu travail-loit dans la perversité de son cœur, à donner de nouveaux fers à la France. C’est en s’élevant contre les assassinats qu’il formoit le projet d’assassiner la Liberté ! Ce nouveau Cromwell ne parloit donc de patrie, de justice, de probité que pour mieux cacher ses trames attroces !... non !... Les complots des Danton, des Hébert, des Brissot ne furent rien en comparaison de ceux des Robespierre, des Couthon, des Saint-Just, ces derniers ont porté la scélératesse à son comble ! Pourquoi n’ont-ils subi que la peine de mort ?... Leur attentat eût mérité une foule de tourments. Si leur plan machiavélique eut réussi, la France en deuil seroit aujourd’hui dégoûtante du sang de ses enfants. Ces monstres que l’enfer vomit dans sa rage n’avoient donc cherché a s’attirer la confiance du peuple que pour mieux servir Pitt, Cobourg, et tous les scélérats ligués contre nous !... Mais l’étemel veille sur les destinées des français. Il a fait avorter les plans des contre-révolutionnaires. Leurs têtes parricides sont tombées sous le glaive de la vengeance nationale. Grâces vous soient rendues, citoyens Représentants, vous avez encore une fois sauvé la patrie dont vous n’avez cessé de bien mériter. Qu’ils apprennent les intrigants et les ambitieux, que le peuple français ne balancera jamais entre un homme et la patrie... que la Montagne sera toujours pour nous le point de raliement, comme elle est le centre de toutes les vertus. Augustes Représentants vous avez couru de grands dangers. Vos comités de Salut public et de Sûreté générale ont été investis, une municipalité perfide s’est mise en insurrection, et vous n’avez opposé à tous ces complots que le calme et la vertu. Le peuple est debout, il observe, il a les yeux fixés sur ses mandataires et ils ne lui ont jamais paru si grands que dans la journée du 9. (37) C 318, pl. 1292, p. 39. (38) C 320, pl. 1314, p. 20. (39) C 320, pl. 1314, p. 19. SÉANCE DU 14 FRUCTIDOR AN II (31 AOÛT 1794) - N» 2 141 Il n’est pas un de nous qui n’eût voulu vous servir de bouclier dans cette journée orageuse; nous avons tous versé notre sang pour la déffense de la patrie; nous eussions donné jusqu’à la dernière goûte, pour sauver les repré-sentans. Vive la Montagne. Suivent les signatures sur plus d’une page; plus de deux cents blessés qui ne savent signer se joignent aux signataires. y [Les canonniers volontaires de la 144ème demi-brigade à la Convention nationale, de Belle-Be-en-Mer, le 29 thermidor an II\ (40) Pères de la Patrie, Nous avons frémi d’horreur et d’indignation au récit affreux de la trame ourdie contre la Liberté et la Convention notre mère. Mais le génie bienfaisant qui plane sur vos têtes n’a pas permis que de tels forfaits s’accomplissent et il a frappé de sa massue tous les monstres qui avoient usurpé le beau nom de républicain français et trompé la confiance du peuple pour mieux déchirer la patrie. Recevez citoyens représentants, nos félicitations sur l’énergie que vous avez déployée dans la journée mémorable du neuf où la patrie s’est trouvé en danger. Restés à votre poste, achevés la tache honorable que vous avez commencé, achevés le bonheur des français, ou plutôt celui de l’univers, et si par malheur il siégoit encore un traître dans le sénat, que le perfide meurt sous la hache nationale; nous jurons tous de mourir à notre poste, de soutenir la liberté, l’égalité et la Convention, jusqu’à notre dernier soupir; périssent tous les monstres couronnés, et vive à jamais la République et la Convention nationale ! Tels sont les vœux sincères des canonniers volontaires attachés à la 144ème demi-brigade. Signé des membres du conseil d’administration provisoire pour les canonniers. Quatrin, Mathieu, capitaines, et six autres signatures. z [Les officiers de santé de l’armée des Pyrénées-Orientales à la Convention nationale, le 21 thermidor an II\ (41) Citoyens représentants d’un peuple libre, Les officiers de santé de l’armée des Pyrénées-Orientales occupés sans relâche à secourir les défenseurs de la patrie n’ont pas le tems de se mêler de politique. Mais au milieu de leurs occupations les cris de la patrie menacée a frappé leurs oreilles et un mouvement d’indignation s’est emparé de leurs âmes. Ils ont frémi d’horreur en apprenant qu’un enfant ingrat s’était mis en rébellion contre vos décrets, avait voulu renouveller les proscriptions de Marius et Sylla, assassiner le peuple dans ses représentants, anéantir la Convention nationale, et donner à la France un nouveau tyran. Vous l’avez foudroyé comme ses complices; ainsi finiront tous les ambitieux, qu’ils tremblent, qu’ils périssent, et que quiconque voudra envahir le pouvoir suprême soit mis à mort par les hommes libres. Braves habitants de Paris qui résistâtes toujours aux séductions, qui déployâtes les premiers l’étendart de la Liberté, qui n’avés cessé de lutter contre le besoin et l’aristocratie, vous sentires toujours la nécessité de vous rallier à la Représentation nationale, c’est là que bat le cœur de la nation. Que quiconque voudra porter une main profane sur cette arche sainte soit à l’instant frappé de mort. Vous êtes aux postes avancés, vous formez l’avant-garde, combattés l’ennemi dès que vous l’apercevrés et tous vos frères des départements applaudiront à votre énergie et à votre courage comme ils l’ont toujours fait. Et vous représentants, pousuivés le crime, mais vengés l’innocence et distingués l’erreur comme vous l’avez fait; la liberté ne peut se soutenir que par la justice, éclairés le peuple il en deviendra encore plus fort. Que ces patriotes faibles qui à chaque événement se découragent et disent « en qui mettrons nous donc notre confiance », sortent de la terre des hommes libres ! En qui mettre sa confiance ? malheureux, en qui ? dans le peuple, dans la Convention, dans nos armées, nos canons et nos bayonnettes. Représentants, tout est ici en permanence, députés, généraux et soldats. Bientôt les échos des Pyrénées retentiront de nouveaux cris de victoire. Le tyran espagnol tremble sur son trône ébranlé, l’agonie des rois est prête à sonner comme celle de leurs suppôts. Pour nous, Représentants, fidèles à nos devoirs, nous ferons aussi triompher les armes de la République en conservant les jours de ses défenseurs, qui trouveront toujours en nous des secours raisonnés et des soins donnés par les mains de la reconnaissance et de la fraternité. Vive le Peuple, ses représentants, périssent les tyrans et les traîtres. Roussillon, de la section de Marat, président, Castelnau, secrétaire, Pages, Lavabrie, Huguenot, Filllastre. 3 On fait aussi lecture de diverses pétitions que la Convention renvoie aux divers comités qui les concernent (42). (40) C 320, pl. 1314, p. 17. (41) C 320, pl. 1314, p. 16. (42) P. V., XLIV, 247.