SÉANCE DU 24 THERMIDOR AN II (11 AOÛT 1794) - N° 1 459 Frères et amis, L’identité des principes qui nous dirigent réciproquement dans la carrière de la révolution doit nous inspirer un égal intérêt dans les mouvements qu’elle entraîne. Aussi avons-nous été pénétrés de la plus vive joie à la nouvelle du résultat des journées des 9 et 10 thermidor courant. Vous vous êtes montrés, frères et amis, dans cette mémorable époque, tels que vous avez été les 14 juillet, 5 et 6 octobre, 20 juin, 10 aoust, 21 janvier et 31 mai : des hommes dignes de la liberté et de l’égalité, des sans-culottes purs et sans tâche; des républicains en même tems, sages, intrépides, respectant les lois et la représentation nationale. Vos camarades de tous les départements s’empresseront sans doute, comme ceux de notre commune, de resserrer de plus en plus les liens de fraternité qui doivent unir à jamais la grande famille républicaine et sans-culotide. Vous avez les premiers abbatu les monuments affreux du despotisme et le trône du tyran. Vous avez les premiers reconquis les droits de l’humanité et rendu le Français à sa dignité primitive. Que de titres à la reconnoissance nationale et à l’amour de vos frères ! Vous ajoutez encore à ces titres glorieux celui d’avoir sauvé les augustes représentans de la nation des attentats de la scélératesse et des trames d’une conjuration infernale. Recevez, frères et amis, le témoignage franc et pur de notre sensibilité profonde, et de notre dévouement à sacrifier nos biens et nos vies pour votre défense, et à combattre avec vous les tyrans, les conspirateurs et les traîtres. S. et F. Derey ( présid .), Despax cadet ( secrét .), pre Espi-nasse cousin {secrét), Beaulieu (secrét), Da-bruc ( secrét . exp[édit[ionnai]re de la société ). }' [Les administrateurs et agent nat. du distr. de Montauban, à la Conv.; Montauban, 13 therm. II] (1) Représentans, Un homme fit paraître un zèle bien ardent pour la révolution; il crut avoir acquis par sa popularité des grands moyens de domination; devenu redoutable, il opprimoit les amis de la liberté; il usurpoit le fruit de leurs travaux; il alloit subjuguer le peuple. Mais la Convention nationale se prononce, et le Catilina moderne expire sur l’échafaud. Dans la séance du neuf au dix thermidor, vous avés sauvé la liberté du plus grand péril qui l’aît jamais menacée : puisse t-il être le dernier ! Tel est, représentans, le vo[e]u le plus cher à nos co[e]urs. Daiché, Cassayre, Vaisse, J. Arbus Lapalme (présid), Marty, Delpon, Lagentie (agent nat), Jn Soullier, Rivât cadet. (1) C 313, pl. 1 248, p. 26. Mention dans &n, 30 therm. (1er suppl1). Voir aussi, ci-dessous, n° 42. k' [Le c. de surveillance de la comm. de Montauban, à la Conv.; Montauban, 17 therm. II] (1) Législateurs, Vous avés encore sauvé la patrie en la délivrant d’un tyran et de plusieurs de ses complices. L’infâme Robespierre tendait depuis longtemps à exercer une dictature révoltante. Il avoit formé l’audacieux projet d’arriver, à travers les ruines de la représentation nationale, au trône qu’elle a brisé et que les Français abhorrent. Le scélérat vient de porter la peine due à ses forfaits. Recevés nos félicitations de cette journée à jamais mémorable ! Législateurs, votre carrière est pénible, mais elle est glorieuse ! Continués d’être fermes et inébranlables pour le maintient de la liberté et de l’égalité. Demeurés à votre poste jusqu’à l’entière destruction des tyrans et des traîtres. Vive la République ! Vive la montagne ! Carmon (présid), Ant. Îssanchou, GallIan, Mayre, S. Conte, Salvetat ( ex-secrêt .), Rivals, Dérey, Mathieu, X. Caminade (secrét) [et deux signatures illisibles]. [La municipalité et le conseil gal de la comm. de Montauban, à la Conv.; Montauban, 1 7 therm. II] Citoyens législateurs, Ceux qui nous disoient de mettre la vertu à l’ordre du jour y mettoient donc aussi des conspirations contre la République ! Les traîtres ! Ainsi leur affreuse hypocrisie se jouoit de notre confiance et des noms les plus sacrés, pour nous trahir et nous perdre ! Ainsi, lorsque nous les appellions les fermes appuis du gouvernement et de la liberté, ils travailloient à dissoudre l’une et à remplacer l’autre par la tyrannie ! Dignes représentans ! Rien n’égale les dangers que nous avons courus, que l’énergie et le courage que vous avés déployés pour les dissiper. Ce jour et cette nuit du 9 thermidor, où vous vous êtes montrés si grands et si redoutables, effacera tous les faits de ce genre que l’histoire du monde offroit à notre admiration. Ah ! oui, nous ne prodiguerons plus nos hommages qu’à ceux qui, après avoir servi dignement la patrie, seront encore constament dignes d’elles. Cette grande leçon, que vous nous avés donnée, réglera désormais nos senti-mens et notre conduite. Veillés sans relâche sur le dépôt sacré qui vous est confié : frappéz de la foudre nationale tous ceux qui tenteroient de le violer. Tandis que nos enfans et nos frères triomphent au dehors de la coalition des despotes, triomphés (1) C 313, pl. 1 248, p. 27, 28, 29 et 30. Mention dans 5", 30 therm. (1er suppl1). Voir aussi, ci-dessous, n° 42. SÉANCE DU 24 THERMIDOR AN II (11 AOÛT 1794) - N° 1 459 Frères et amis, L’identité des principes qui nous dirigent réciproquement dans la carrière de la révolution doit nous inspirer un égal intérêt dans les mouvements qu’elle entraîne. Aussi avons-nous été pénétrés de la plus vive joie à la nouvelle du résultat des journées des 9 et 10 thermidor courant. Vous vous êtes montrés, frères et amis, dans cette mémorable époque, tels que vous avez été les 14 juillet, 5 et 6 octobre, 20 juin, 10 aoust, 21 janvier et 31 mai : des hommes dignes de la liberté et de l’égalité, des sans-culottes purs et sans tâche; des républicains en même tems, sages, intrépides, respectant les lois et la représentation nationale. Vos camarades de tous les départements s’empresseront sans doute, comme ceux de notre commune, de resserrer de plus en plus les liens de fraternité qui doivent unir à jamais la grande famille républicaine et sans-culotide. Vous avez les premiers abbatu les monuments affreux du despotisme et le trône du tyran. Vous avez les premiers reconquis les droits de l’humanité et rendu le Français à sa dignité primitive. Que de titres à la reconnoissance nationale et à l’amour de vos frères ! Vous ajoutez encore à ces titres glorieux celui d’avoir sauvé les augustes représentans de la nation des attentats de la scélératesse et des trames d’une conjuration infernale. Recevez, frères et amis, le témoignage franc et pur de notre sensibilité profonde, et de notre dévouement à sacrifier nos biens et nos vies pour votre défense, et à combattre avec vous les tyrans, les conspirateurs et les traîtres. S. et F. Derey ( présid .), Despax cadet ( secrét .), pre Espi-nasse cousin {secrét), Beaulieu (secrét), Da-bruc ( secrét . exp[édit[ionnai]re de la société ). }' [Les administrateurs et agent nat. du distr. de Montauban, à la Conv.; Montauban, 13 therm. II] (1) Représentans, Un homme fit paraître un zèle bien ardent pour la révolution; il crut avoir acquis par sa popularité des grands moyens de domination; devenu redoutable, il opprimoit les amis de la liberté; il usurpoit le fruit de leurs travaux; il alloit subjuguer le peuple. Mais la Convention nationale se prononce, et le Catilina moderne expire sur l’échafaud. Dans la séance du neuf au dix thermidor, vous avés sauvé la liberté du plus grand péril qui l’aît jamais menacée : puisse t-il être le dernier ! Tel est, représentans, le vo[e]u le plus cher à nos co[e]urs. Daiché, Cassayre, Vaisse, J. Arbus Lapalme (présid), Marty, Delpon, Lagentie (agent nat), Jn Soullier, Rivât cadet. (1) C 313, pl. 1 248, p. 26. Mention dans &n, 30 therm. (1er suppl1). Voir aussi, ci-dessous, n° 42. k' [Le c. de surveillance de la comm. de Montauban, à la Conv.; Montauban, 17 therm. II] (1) Législateurs, Vous avés encore sauvé la patrie en la délivrant d’un tyran et de plusieurs de ses complices. L’infâme Robespierre tendait depuis longtemps à exercer une dictature révoltante. Il avoit formé l’audacieux projet d’arriver, à travers les ruines de la représentation nationale, au trône qu’elle a brisé et que les Français abhorrent. Le scélérat vient de porter la peine due à ses forfaits. Recevés nos félicitations de cette journée à jamais mémorable ! Législateurs, votre carrière est pénible, mais elle est glorieuse ! Continués d’être fermes et inébranlables pour le maintient de la liberté et de l’égalité. Demeurés à votre poste jusqu’à l’entière destruction des tyrans et des traîtres. Vive la République ! Vive la montagne ! Carmon (présid), Ant. Îssanchou, GallIan, Mayre, S. Conte, Salvetat ( ex-secrêt .), Rivals, Dérey, Mathieu, X. Caminade (secrét) [et deux signatures illisibles]. [La municipalité et le conseil gal de la comm. de Montauban, à la Conv.; Montauban, 1 7 therm. II] Citoyens législateurs, Ceux qui nous disoient de mettre la vertu à l’ordre du jour y mettoient donc aussi des conspirations contre la République ! Les traîtres ! Ainsi leur affreuse hypocrisie se jouoit de notre confiance et des noms les plus sacrés, pour nous trahir et nous perdre ! Ainsi, lorsque nous les appellions les fermes appuis du gouvernement et de la liberté, ils travailloient à dissoudre l’une et à remplacer l’autre par la tyrannie ! Dignes représentans ! Rien n’égale les dangers que nous avons courus, que l’énergie et le courage que vous avés déployés pour les dissiper. Ce jour et cette nuit du 9 thermidor, où vous vous êtes montrés si grands et si redoutables, effacera tous les faits de ce genre que l’histoire du monde offroit à notre admiration. Ah ! oui, nous ne prodiguerons plus nos hommages qu’à ceux qui, après avoir servi dignement la patrie, seront encore constament dignes d’elles. Cette grande leçon, que vous nous avés donnée, réglera désormais nos senti-mens et notre conduite. Veillés sans relâche sur le dépôt sacré qui vous est confié : frappéz de la foudre nationale tous ceux qui tenteroient de le violer. Tandis que nos enfans et nos frères triomphent au dehors de la coalition des despotes, triomphés (1) C 313, pl. 1 248, p. 27, 28, 29 et 30. Mention dans 5", 30 therm. (1er suppl1). Voir aussi, ci-dessous, n° 42. 460 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE à votre tour des conspirateurs et des traîtres, et songes que nous sommes toujours là pour vous déffendre et vous seconder. Les membres du conseil général de la commune de Montauban : Bidaubigue (off. mun.), Lacaze Germa (off. mun.), Fresal {off. mun.), Pierre Foissac {off. mun.), Gn Fayes (off. mun), Réveillât jeune (notable), Delrieu (notable), Mazarine (notable), Poncet Delpech (notable), Anglar (notable), Caminel (notable), Fournes (notable), Broustet père (notable), Massip (notable), Bon-nel l’aîné, Tuys ( secret. -greffier ), Perier Labar-the (maire), J.P. Brun (off. mun), Jne Lugan (off. mun), Bosquet l’aîné (off. mun), Portal (off. mun), J. G. Périer (notable), Roustan ( agent nat), Mayre (notable), P.A. Lagravere (notable), Fs Vivallet (notable), J.B. Conte (notable), Pittresol (notable), Jacob (notable), J.J. Sornac (notable), G™ Langlade neveu (notable), Dumas ayné (notable) [et une signature illisible]. [Les juges du tribunal de commerce de Montauban, à la Conv.; Montauban, 1 7 therm. II ] Citoyens représentans, Nous étions touts républiquains, avant même la révolution de 1789. Nous n’avons pas dévié des vrais principes d’égalité et de liberté qui caractérisent les hommes libres, et c’est dans la méditation de ces principes que nous avons suivi les choses et les hommes. Nous n’avons pas été plus étonnés de la conspiration de Roberspierre, que de la conduite vraiement énergique, vraiement grande par laquelle vous l’avez déjouée. Ce sera toujours auprès de la Convention nationale que les patriotes se réuniront pour conjurer les orages politiques. Ce sera toujours là que vous trouverez les juges du tribunal de commerce de Montauban. Nous ne savons pas flagorner, mais continués de déjouer les traîtres, de punir les coupables, de distinguer les vrais des faux patriotes, de vous occuper d’asseoir la République sur les bases impérissables des vertus et des mœurs; et vous éprouverez que nous savons honnorer les représentants dignes de la confiance du peuple. Vive à jamais la République une et indivisible ! Mort aux tirans et aux fédéralistes ! Besse fils ( présid .), Merignac (juge), Favens (juge), Anglar cadet (juge), Fourniol. [Le tribunal du distr. de Montauban, à la Conv.; s.d .] Tandis que nos braves frères d’armes triomphent des tyrans au-delà des frontières, des lâches conspiroient, du milieu de vous, contre la patrie et la liberté. En nous parlant de vertu, ils complotoient des crimes. En mettant l’Etre suprême à l’ordre du jour, ils travailloient sourdement à annéantir nos droits, son plus bel ouvrage ! Que serions-nous sans vous, sans votre courage sublime, dignes représentans ? Ces dangers que vous avez courus, nous les avons partagés. Cette dissolution sacrilège, dont vous avez été menacés, alloit frapper la République, et les suites affreuses d’un pareil attentat ont fait frémir d’horreur tous les patriotes de nos contrées. Non, elle ne périra jamais, cette liberté que vous avez si bien défendue. Ils ne s’éteindront jamais, ces sentimens d’admiration et de recon-noissance que vous méritez à tant de titres. C’est en voyant vos travaux et vos efforts sublimes, que les fonctionnaires publics doivent sentir redoubler leur zèle et leur dévouement sans bornes à la Convention. Ce que vous avez fait, dans cette circonstance, en nous inspirant autant d’admiration que de confiance, nous annonce d’une manière bien convaincante que jamais les heureuses destinées de la France n’ont été plus asseurées, et qu’avec des hommes qui savent ainsi déjouer les plus horribles complots, nous n’avons plus des ennemis à craindre. Poncet-Delpech (présid), Fournes (juge), Malet (jugé), Grimal (jugé), Séguy (commissaire nat), Barrière Darbuyz (greffier). 1' [La sté popul. de Saint-Quirin (1) , à la Conv.; s.d.] (2) Dignes représentans d’un peuple libre, Un cri de douleur et d’indignation a retenti, parmi nous, à la nouvelle de l’horrible conjuration que vous venez d’anéantir. Quoi ! Au milieu des triomphes de la République, un nouveau Catilina avoit conçu le projet liberticide de renverser l’impérissable République, que vous avez fondé au milieu de tant d’orages ! Encore une fois vous avez sauvé la patrie en affermissant de plus en plus le gouvernement révolutionnaire, par la punition du moderne Cromvel qui, sous le manteau du patriotisme, sous le masque d’une prétendue probité, affec-toit d’être le plus zélé défenseur de la liberté pour la détruire et parvenir à la tyrrannie, en fésant assassiner les défenseurs du peuple par le peuple lui-même. Déjà le monstre et ses complices n’existent plus. Grâces vous soient rendues, mandataires du peuple souverain, de la sagesse et de la fermeté que vous avez montrées dans le danger le plus imminent qu’ait encouru la liberté. Restez à votre poste, nous vous en conjurons, jusqu’à ce que la République soit consolidée par la destruction de tous les traîtres et l’écroulement des thrônes qui viendront se briser au pied de la montagne célèbre qui fait notre bonheur et celui de la postérité. Arrêté le 15 thermidor, dans la séance de la société populaire de Saint-Quirin, district de Sarrebourg, département de la Meurthe. J. Germain (secret), Dupont ( secrét .), N. Per-rein (présid), Cheron ( vice-présid .). (1) Meurthe. (2) C 315, pl. 1 265, p. 66. Mention dans ffn, 30 therm. (1er suppl1).