[Convention nationale. ] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. I *§ dè“m”e“,793 563 fait à la majesté du peuple français par les es¬ claves du tyran britannique. Insertion au « Bulletin » (1). -Suit la lettre de la Société populaire de Saint-Qaudens (2). Les républicains composant la Société populaire de Saint-Gaudens, à la Convention natio¬ nale. « Saint-Gaudens, le 3e jour de la lre décade du 2e mois de la 2e année de la Républi¬ que une et indivisible. * Représentants, « Lors de l’assassinat dont furent les victimes Lepeletier et Marat, il partit de tous les points de la République des adresses pour vous annon¬ cer les regrets des Sociétés populaires. Un for¬ fait encore plus inouï vient d’être commis dans la ville de Toulon. Les agents de Pitt, après s’en être emparés par trahison, ont mis le comble à leur scélératesse en faisant mourir de la mort ignominieuse un représentant du peuple. Sans doute, les vertus de Beauvais-Préau méritaient d’autres égards de la part d’une nation qui passe pour généreuse; vous devez venger d’une manière éclatante cette insulte faite à la ma¬ jesté du peuple français. Le beau-frère de Geor¬ ges est, dit-on, en votre pouvoir, qu’il périsse du même supplice qu’on a fait subir à Beauvais; que le tyran anglais soit frappé de terreur en fixant les yeux sur son beau-frère attaché au gi¬ bet; qu’un retour sur lui-même lui fasse envi¬ sager les suites funestes que doit avoir pour lui la guerre atroce qu’il nous fait. Il n’est pas si éloigné qu’il le pense le jour oîi le glaive de votre vengeance tombera sur sa tête, comme il est tombé sur celle de Capet et de sa veuve crimi¬ nelle. C’est avec la plus grande joie que nous venons d’apprendre qu’ enfin elle a reçu le prix de ses trahisons. Conservez cette contenance impo¬ sante qui, portant la frayeur dans le cœur de nos ennemis intérieurs, dissipera bientôt les hordes de brigands qui accourent de tous côtés pour dévaster notre patrie. « Salut et fraternité. « Les amis de la Ilépublique composant la Société populaire de Saint-Gaudens. « Dario, président; D astre, secrétaire; Su-ber ville, secrétaire-archiviste. » Suit la lettre de la Société républicaine de Bour-deüle (3). La Société républicaine de Bourdeille, aux représentants du peuple français. « Citoyens représentants, « Un attentat irréparable a été commis de la part des Anglais contre la nation française. 1) Procès-verbaux de la Convention , t. 26, p. 328. 2) Archives nationales, carton C 285, dossier 832. (3) Ibid . Un de ses réprésentants a été inhumainement immolé, le sang des patriotes a coulé, le droit des gens et tout ce que les nations ont de plus sacré a été violé au nom des despotes de la soi-disant Grande-Bretagne. Tant d’outrages ont soulevé les entrailles des républicains français. Le sang des victimes vous demande vengeance à grands cris, et de justes représailles. Que la France voue une haine éternelle et irréconci¬ liable aux auteurs de tant de forfaits; que les mères inspirent ces sentiments à leurs enfants dès le berceau; qu’ils soient les dernières expres¬ sions du vieillard mourant. Enfin, que la guerre et ses horreurs ne finissent qu’avec le dernier des Français ou avec le dernier des tyrans d’Al¬ bion livré à notre vengeance. Tels sont les sen¬ timents de la Société républicaine séante à Bourdeille. « Salut et fraternité aux représentants du peuple français. (Suivent 58 signatures.) « Bourdeille, le 24 brumaire, l’an II de la République française, une et indivisible. » Les sans-culottes de Nogent-sur-Seine deman¬ dent les bustes de Marat et Lepeletier, pour ren¬ dre à ces deux martyrs l’hommage qui leur est dû. Les jeunes militaires de noue district sont partis hier, disent-ils, le cœur brûlant de courage et de civisme, pour aller combattre et terrasser les despotes; il n’en est pas un seul qui ne les ait voués à l’exécration. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre des sans-culottes de Nogent-sur-Seine (2). La Société populaire et républicaine de Nogent-sur-Seine, département de V Aube, à la Con¬ vention nationale . « Législateurs, « Bientôt nous arriverons aux destinées con¬ solantes que vous nous avez promises. Du haut de la Montagne où vous êtes élevés, vous avez vu s’écrouler les têtes orgueilleuses qui en étaient décorées et celles qui se glorifiaient d’en être les suppôts; déjà tous les trônes chan¬ cellent et les despotes tremblants voient avec effroi s’échapper les derniers anneaux qui tien¬ nent enoore les autres nations enchaînées; déjà enfin, le royalisme est écrasé, le fédéralisme est étouffé et le fanatisme, monstre qui s’intro¬ duisit chez le catholique comme chez le quaker, courbe sa tête antique et renfrognée. Les vertus seules resteront, et les mœurs resteront parmi nous, rappelleront à l’homme sa pureté et sa dignité primitives. « Mais nous ne goûterons ces avantages que lorsqu’une paix douce et profonde régnera sur le sol de la liberté que nous habitons. Jusque-là, 1) Procès-verbaux de la Convention, t.26, p. 329. 2) Archives nationales, carton C 285, dossier 833 564 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j « J2™"rberean17“3 les vertus martiales seront à l’ordre du jour. Le glaive de la loi est suspendu et frappe sans cesse les conspirateurs et les traîtres. Déjà trois têtes capétiennes sont tombées. Orléans, scé¬ lérat avant comme depuis la Révolution, a subi une peine trop courte et trop douce en la com¬ parant aux forfaits qu’il a traînés à l’échafaud. Vous avez fait une justice éclatante en démas¬ quant les traîtres que vous renfermiez dans votre sein, et la loi vous en a vengés. Périssent à jamais tous leurs sectateurs ! Tels sont les vœux de la Société républicaine de Nogent-sur-Seine. « C’est dans son sein, citoyens législateurs, que nos frères de Paris, du bataillon de la Section du Temple, sont venus déployer cette énergie républicaine et franche qui les caractérise; c’est là qu’un de leurs frères, volontaire, a manifesté à la Société le désir d’ensevelir dans l’oubli le nom de Louis, qu’il portait, nom, a-t-il dit, qu’il a en horreur puisqu’il était celui d’un tyran. (Ce volontaire se nommait Louis Le Gros), il a ajouté qu’il désirait que la société vous ins¬ truisît qu’il l’avait changé en celui de Brutus. Ce nouveau baptême a été vivement applaudi et cimenté par les embrassements confondus des volontaires et des membres de la Société. Puisse cette union fraternelle faire périr les rois de rage et de dépit. « La Société attend avec empressement les bustes de Marat et de Lepeletier pour rendre à ces apôtres de la liberté l’hommage qui leur est dû. « Vous apprendrez sans doute avec plaisir, législateurs, qu’hier nos frères d’armes du ba¬ taillon de notre district, au nombre de 1,000 com¬ battants, sont partis le cœur plein de courage et de patriotisme pour aller terrasser les des¬ potes. Il n’en est pas un qui ne leur ait voué exécration. « Poirat, président; Largaillot; Mesnard; Lenoir; Léon J ans on. » Le représentant Hérault exprime l’état de sub¬ version où il a trouvé le département du Haut-Rhin, et le succès complet des grandes mesures qu’il a prises pour y régénérer l’esprit public. Impatient de retourner au sein de la Convention, il désigne pour son successeur le citoyen Fous-sedoire. Insertion au « Bulletin » et renvoi au comité de Salut public (1). Suit la lettre du représentant Hérault (2). Le représentant du peuple envoyé dans le dé¬ partement du Haut-Rhin, Hérault, à la Con¬ vention nationale. « Blotzheim, ce septidi frimaire, l’an II de la République française. « Citoyen Président, « J’ai pris dans le Haut -Rhin les principales (1) Procès-verbaux de la Convention t. 36, p. 329. (2) Archives nationales, carton AFn 152, pla¬ quette 1230, pièce 16. Aulard : Recueil dès actes et mesures capables de relever ce département au niveau de la République. L’esprit public y était entièrement corrompu ; partout des intelligences avec l’ennemi, l’aris¬ tocratie, le fanatisme, le mépris des assignats, l’agiotage, l’inexécution des lois. J’ai combattu ces fléaux de tous mes efforts. J’ai suspendu le département et établi une commission départe¬ mentale; j’ai réformé les autres administrations; j’ai obligé les Sociétés populaires à se dissoudre et à se régénérer; j’ai cassé les comités de sur¬ veillance dont les moins mauvais étaient com¬ posés de feuillants et je les ai remplacés par des sans -culottes. J’ai fermé par un cordon une frontière infestée d’espions et d’émigrés; j’ai créé tous les instruments de mouvement et de terreur qui seuls peuvent y établir et consolider la République; un comité central d’activité révolutionnaire, mesure nouvelle à quelques égards qui force la dénonciation, et nécessite l’action rapide de toutes les autorités; une force révolutionnaire détachée de l’armée, circulant à la fois dans le département entier et dirigée par des commissaires civils auxquels' j’ai donné les instructions les plus détaillées; un tribunal révolutionnaire enfin, car il n’y a que la guillotine et les grands exemples qui puissent mettre le pays à la raison. Je poursuis les agents de Pitt, les horribles auteurs de l’incendie d’Huningue, et j’espère les découvrir; je prépare dans deux jours une fête de la Raison dans le chef-lieu du département, conquête re¬ marquable dans ces contrées sur la plus profonde ignorance, sur le fanatisme le plus enraciné et j’ai lieu de croire que cette destruction des temples du préjugé gui va être imitée dans les districts, le sera bientôt également dans les communes. En un mot, j’ai donné partout l’im¬ pulsion. Si les effets répondent aux mesures prises et à l’exécution qui en est commencée, dans quelques semaines, le département du Haut-Rhin ne sera pas reconnaissable (1). « Je suis impatient de retourner à mon poste partager les travaux de la Convention nationale. Mais je dois lui dire qu’il est indispensable qu’il vienne dans le département du Haut -Rhin un représentant du peuple qui suive les opérations de sûreté générale. Mon collègue Foussedoire, chargé de la levée des chevaux, se trouve en cet instant à Belfort. Sa mission expire dans trois jours, il a une parfaite connaissance du pays, il est tout transporté sur les lieux, je crois devoir l’indiquer à la Convention natio¬ nale, en la priant de le nommer pour me rempla¬ cer. Sans parler des services que Foussedoire est en état de rendre, le principe républicain veut (et la Convention nationale en sera d’avis sans doute) qu’un pouvoir illimité ne séjourne pas longtemps dans les mêmes mains. « Hérault. » Le tribunal révolutionnaire de Ville-Affranchie fait part à la Convention de la rapidité avec la¬ quelle le glaive de la vengeance nationale fait de la correspondance du comité de Salut public, t. 9, p. 17. (1) Le Supplément au Bulletin de la Convention du 3e jour de la 2« décade du 3e mois de l’an II (mardi 3 décembre 1793) ne reproduit que ce paragraphe.