698 [Asseiiibiée nationale.] verture et à l'embaumement du corps de M. de Mirabeau. Plusieurs membres : A l’ordre du jour ! (L’Assemblée passe à l’ordre du jour.) M. Président. Je reçois encore une lettre signée Huber, commissaire de la trésorerie, dont je vais vous donner lecture : « Monsieur le Président, « J’apprends les observations dont j’ai été l’objet dans l’Assemblée nationale à la séance de ce jour. « Lorsque ma conscience me laisse dans la plus grande tranquillité sur les suites de l'honneur que Sa Majesté a daigné me faire en me nommant l’un des commissaues de la trésorerie, il est sans doute dououreux pour moi de voir ma réputation attaquée et l’opinion publique en suspens à mon égard; mais je supporte avec courage cette peine passagère et. non méritée; et je sens dans toute son étendue le bonheur d’avoir à rendre compte de ma conduite au comité des finances et de pouvoir par là détruire les imputations suggérées contre moi par l’un des membres de l’Assemblée. Je vais solliciter la permission de m’y présenter et je l’attends avec la plus vive impatience. « Je suis avec respect, etc. ( Signé : HUBER. » M. le Président. En même temp-que je reçois cette lettre, j’en reçois une signée Ciaviùre, qui me paraît avoir rappo.t au même objet : « Monsieur le Président, « J’apprends, en arrivant de la campagne, que M. Bnzot s’eH appuyé de mon témoignage on dénonçant hier à l’Assemblée nationale M. Huber, nommé commissaire de la trésorerie, nonobstant sa banqueroute dont il ne s’e-t pas réhabilité. Ce fait, dont plusieurs citoyens m’unt p Hé d’instruire quelques m -mbre< de l’Assemblée, n’a pas besoin de preuves matérielles de ma part. Il est trop connu dans le commerce. M. Monlesquiou en fut informé par une de ses relations a vaut que j’eusse pu me convaincre moi-même de l’identité de la personne, tant ce choix m’a paru surprenant, après la belle loi nui exclut les faillis des fonctions de citoyen actif. Je m’étomi1 mémo, que M. Péris.-e-Dulue, qui, en sa qualité de commerçant lyonnais, doit en savoir autant que personne, ait' gardé le silence; l’Assemblée peut l’interpeller. 11 s’agit d’un fait où l'ignorance du ministre, responsable des choix, est d’autant plus extraordinaire qu p les rapports habituels de M. Huber étant avec des commerçants, c’est auprès d’eux que M. de Lessart pouvait trouver des lumières sûres. « En m’apprenant la circonstance qui me concerne, on ne m’a pas laissé ignorer que mon nom avait occasionné des murmures contre moi. Faut-il donc que les lâches et perfides calomnies auxquelles je suis en butte, trouvent encore les hommes crédules ? Il y a 30 ans que je défie inutilement mes <jnn émis de citer u n seul lait de ma vie publique ou privée, qui puisse faire rougir un honnête homme. Ou s’étonne de l’acharnement et du nombre de mes ennemis; mais doit-on s’étonner que le citoyen éclairé, actif, franc et couram ux, qui n’a cessé de démasquer les ignorants et les [il avril 1791. J charlatans accrédités, et qui, dans cette Révolution, a vu tant d’intérêis, tant d’hommes en place se heurter, ait un si grand nombre d’ennemis ? J’ai l’orgueil de croire que mon nom ne doit pas�être indifférent aux patriotes de l’Assemblée. Q dils se rappellentmes nombreux éerhssur les opérations les plusimportantes dans les finances : qu’ils les jugent. Je ne crains pas de le dire hautement, jamais mon intérêt particulier ne m’a fait sacrifier un instant l’intérêt public; jamais j-[ne me suis souillé de ces spéculations avides, où tant d’hommes, qui devraient en rougir, cherchent le motif de mes écrits. Oui, depuis sept ans, je m’occupe publiquement à rendre aux Français le bien pour le mal. Que mes calomniateurs fassent les mêmes preuves. « Je réclame encore un instant l'attention de l’Assemblée. On m’accuse de n’avoir parlé à M. Buzot du scandaleux choix de M. Huber, que par un motif bas de jalousie; que j ambitionnais sa place, que je l’ambitionne encore; je ne connais� d’ambition', et mes amis le savent, que celle d’être utile. Je ne connais de place désira-b ! e , que celle qui est décernée par l’estime publique. Oui, j’en eusse accepté une dans l’administration; mais je l’ai toujours dit et publié, c’eût été à la condition express1, de n’avoir pour collaborateurs que des hommes purs et avec F s-qrels le bien ne me devintpas impossible ..... Mais penser qu’aujourd’hui je puisse concevoir le dessein d’aspiier à la trésorerie, lorsque j’attaque le choix du ministre, cela est par trop insensé.... Si mes ennemis me connaissaient aussi bi-m que mes amis, ils sauraient du moins me respecter, et en cela ils se respecteraient eux-même-. « Qu’il me soit permis de terminer par une réflexion importante. En dénonçant M. Huber, j’ai rempli une obligation sacrée; et les Français, avançant dans la carrière de la liberté, ne tarderont pas à connaître qne la dénonciation, chez un peuple libre, est le plus saint des devoirs, et un des plus sûrs remparts de ses droits. « Je suis avec respect, etc., « Signé : ClàVIERE. » (Ces deux lettres sont renvoyées au comité des finances.) La discussion sur l’organisation du ministère est reprise. M. Déiueunier, rapporteur. Nous passons à l’article 4 du projet de décret, il est ainsi conçu : Art. 4. « Il y aura près du ministre de la justice, 3 garées et H officier qui veilleront sur le sceau de l’Etat. Les secrétaires du roi du grand collège sont supprimés : sont pareillement supprimés les officiers en chancellerie, à l’exception de deux huissiers, lesquels serviront près la personne du ministre, à l’audience du sceau, et pourront exercer auprès du tribunal de cassation. » M. Graultier-ISiauzat. Il serait désirable que le sceau fût gardé, mais que cette prérogative ne r gardât pas la personne du ministre delà justice et que le cortège n’existât auprès d’aucun officier ou fonctionnaire public. M. d’Estourinel. J’observe au préopinant que le garde des sceaux porte toujours avec lui le sceau de l’Etat dont le dépôt lui est confié. ARCHIVES PARLEMENTAIRES.