SÉANCE DU 29 FRUCTIDOR AN II (LUNDI 15 SEPTEMBRE 1794) - N08 3-5 181 3 L’agent national du district de Cany, département de la Seine-Inférieure, informe la Convention nationale que plusieurs lots de biens d’émigrés, évalués 474 129 L 10 s., ont été adjugés pour 1 051 665 L. Insertion au bulletin, et renvoi au comité des Finances, section des domaines et aliénation (5). 4 Le conseil d’administration du bataillon des chasseurs montagnards Aurois, félicite au nom de ce corps, la Convention nationale sur l’énergie avec laquelle elle a foudroyé le moderne Cromwell et ses complices; il promet de ne voir que la Convention et ses principes, de verser jusqu’à la dernière goutte de son sang pour les défendre, et l’invite à rester à son poste jusqu’à ce qu’elle ait consolidé le gouvernement républicain sur les ruines de toutes les factions. Mention honorable, insertion au bulletin (6). [Les membres composant le conseil d’administration du bataillon des chasseurs montagnards aurois à la Convention nationale, Guchen, département des Hautes-Pyrénées, le 1er fructidor an 77] (7) Nous pouvons enfin, Citoyens Représentants donner un libre essor à nos sentiments et vous témoigner la vive satisfaction dont nos âmes ont été pénétrées en apprenant que votre énergie et votre sagesse avoient comblé le précipice affreux que des scélérats, des monstres orgueilleux et sanguinaires avoient creusé sous vos pas et qui un moment plus tard en-gloutissoit les formes républicaines pour replacer sur leurs ruines l’affreux despotisme. Nos âmes depuis longtemps oppressées peuvent se rouvrir à l’espérance et la République lève sa tête triomphante. Quoi! six années de peines, de sacrifices, de privations et de veilles auroient été perdus pour la liberté, n’aurions nous tant fait pour terrasser le despotisme des rois que pour revivre sous une tyrannie mille fois plus avilissante. Périssent ces êtres dominateurs et pervers qui sous le manteau de la vertu et de la popularité cachent une ame atroce. Les ambitieux qui ne se ployent sous le manteau de la légalité que pour le briser ou le rompre. Non jamais la réputation de quelques individus ne nous fairont perdre de vue la patrie (5) P.-V, XLV, 260. Bull., 30 fruct. (suppl.); C. Eg., n° 761. (6) P.-V., XLV, 260. (7) C 319, pl. 1307, p. 25. et la Convention nationalle, constament attachés à ses principes, nous jurons de verser jusqu’à la dernière goutte de notre sang pour la déffendre. Vous Citoyens Réprésentants, restés à votre poste jusqu’à ce que sur les ruines de toutes les factions vous ayes consolidé sur les bases des vertus le gouvernement républicain et démocratique. Nous vous répondons des ennemis du dehors. Jamais ils ne souilleront la partie de la République dont le dépôt nous a été confié. Salut et fraternité. Perras, chef du bataillon, Ducos, lieutenant, Ducuing, capitaine, Gertoux, adjudant, Anglade et trois autres signatures. 5 La société des Amis de la liberté de Bargemon, département du Var, exprime son admiration sur les courageux travaux de la Convention nationale en renversant un monstre profondément hypocrite; et lui annonce que depuis longtemps la commune s’est empressée de porter au district 120 marcs d’argent, 28 quintaux de métal de cloches, 30 quintaux de salpêtre, et qu’elle a déjà donné près de 1 000 L pour la construction d’un vaisseau dont la souscription est ouverte dans le département. Mention honorable, insertion au bulletin (8). [La société des amis de la liberté et de l’égalité de Bargemon, district de Draguignan, département du Var, à la Convention nationale le 26 thermidor an 17] (9) Citoyens Représentons Un homme, non, un monstre, profondément hypocrite avoit donc formé le projet ambitieux d’asservir sa patrie, il croyait, l’insensé endormir le peuple toujours confiant et crédule par le langage de la vertu et comprimer par la terreur le citoyen plus éclairé qui pénétroit ses trames criminelles. Jamais péril plus grand n’a menacé la liberté du peuple français; si nous en jugeons par l’estime que ce scélérat avoit scu nous surprendre à nous qui jettés dans les dernières ramifications de la République recevons presque toujours la vérité dégagée de ses illusions, quelque étrange que nous parut le moyen de régénérer les mœurs et assurer la liberté publique, la Représentation nationale épurée par tans de factions, entourée des bons parisiens toujours fidelles à la voix de la patrie en danger, était là pour nous rassurer. Notre confiance n’a point été trompée : vous aves arraché le masque qui (8) P.-V., XLV, 260-261. (9) C 320, pl. 1319, p. 17 et 20. Bull., 3e jour s.-c. (suppl.). 182 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE couvrait le nouveau Cromwell, et vous aves envoyé son ame perverse et celle de ses complices devant l’Etre Suprême qui en vengeant sa dignité offensée, vengera celle du peuple français indignement compromise par ce traitre, exemple terrible qui en épouventant les ambitieux devrait enfin préserver la patrie de nouveaux déchirements. Recevés l’expression de notre admiration sur vous courageux [ mot illisible ]. Recevez nos félicitations sur les heureux succès qui les ont couronnés, faittes triompher la liberté, et du fer des coalisés et du crime des traitres. Nos fortunes et nos vies sont en votre disposition. Nous profitons de cette occasion pour vous apprendre que depuis longtemps les autels de la superstition sont renversés dans notre commune, que nous nous sommes empressés de porter au district cent vingt marcs d’argent, vingt-huit quinteaux, métal de nos cloches, et trente quinteaux, salpêtre, et qu’enfin une souscription étant ouverte depuis peu dans le département pour la construction d’un vaisseau de ligne, elle a déjà produit dans notre commune près de mille livres. Tel est l’échantillon de l’esprit public d’une pauvre commune qui n’a pas dix-huit cent âmes de population, jettée par la nature loin de grandes routes et des ressources commerciales, et jugés si la France peut être la proye de quelques ambitieux ou d’un tyran, surtout lorsqu’elle est représentée par des hommes qui savent stipuler pour la liberté sous des poignards, et n’ambitionnent pour prix de leurs travaux que le bonheur de leurs concitoyens et la palme de l’immortalité. Bargemon, 26 thermidor an II de la République, une indivisible et impérissable. Ysnard, président, Reverdit F., Jordan, secrétaire, Cauvin, Billon, Reverdit et douze autres signatures. 6 L’agent national de la commune de Mensignac, département de la Dordogne, félicite la Convention nationale sur ses pénibles travaux, et sur le courage qu’elle a déployé dans la nuit du 9 au 10 thermidor. Il fait l’énumération succinte de ce qu’a fait cette commune pour la patrie. Mention honorable, insertion au bulletin (10). [L’agent national près la commune de Mensignac, district de Périgueux, le 11 thermidor an II] (11) Représentans, C’est avec la simplicité et la franchise d’agriculteurs rustiques et vrais que nous vous félicitons sur vos pénibles et glorieux travaux (10) P.-V., XLV, 261. (11) C 319, pl. 1307, p. 26. Bull., 29 fruct. jusqu’à ce jour; Mais particulièrement sur le courage et l’énergie que vous avez déployés dans la nuit du 9 au 10 thermidor. C’est dans cette terrible conjoncture que vous avez justifié d’une manière bien éclatante le choix des français; c’est alors que vous vous êtes montrés dignes du peuple libre que vous représentez. Si la France a eu la disgrâce de voir dans son sein un nouveau Catilina et quelques complices, elle a eu la gloire de voir dans ses vrais représentans autant [mot illisible ] prêts à s’ensevelir sous les décombres de leur patrie : ils ont plus fait, ils l’ont sauvée. Le tyran moderne Robespierre n’est plus; vive la République, vive la Montagne. Continuez, Représentans, à vous rendre chers aux amis de l’égalité et de la liberté, en vogant sur une mer toujours orageuse, jusqu’à ce que, par vos vertus civiques et votre intrépide courage, vous amariez au port le vaisseau triomphant de l’Etat. Vous en êtes les pilotes et nous les matelots; nous jurons de vous seconder de tout nôtre pouvoir dans cette grande œuvre ou de ne pas survivre à la liberté. Guerre étemelle aux tyrans et aux traîtres; voilà nôtre devise. Représentans, il ne reste plus dans le cœur de nos concitoyens, une seule étincelle de fanatisme, depuis longtems nous avons renversé les autels des faux prêtres pour en ériger de plus solides et de plus purs dans nos cœurs, à l’Etre créateur et conservateur. Enfin la Raison a remplacé l’Erreur. Nous ne vous étalerons pas, Représentans, les dons pécuniaires sans nombre, faits à la patrie; les agriculteurs n’ont guère d’argent (au reste à notre avis, argent n’est pas richesse). Mais au premier cri du besoin de nos frères des armées et de ceux qui nous environnent, nos magazins de blé frais de notre austère économie, leur ont été ouverts, et nous sommes réduits au dernier morceau de pain pour les soulager. A-t-il fallu du linge bon ou vieux pour nos braves frères d’armes, la voie de la réquisition n’a pas eu lieu dans notre commune : sur une simple invitation de la Municipalité, chaque citoyen s’est empressé d’apporter au dépôt indiqué, le surplus de son absolu nécessaire. Tous courent à l’envi porter des cendres à l’attelier de salpêtre établi un des premiers du département dans notre commune. Déjà à plusieurs reprises, malgré les travaux de l’agriculture, la commune s’est levée en masse, et est allée dans les bois qui nous avoisinent, couper les bruyères et les mauvaises herbes qui ne peuvent servir à fumer la terre, pour procurer des cendres à la Salpétrière; et ça été pour nos concitoyens autant de fêtes. Nos bouviers et nos bœufs sont-ils requis pour le service de la patrie, les charrois se font sans le moindre murmure. Les travaux de l’agriculture se font avec la plus grande exactitude, le zèle et l’ardent amour de la patrie qui animent nos républicains, suppléent au grand nombre d’agriculteurs qui sont partis gaiement pour la frontière.