224 [Convention nationale.] ARCH1YES PARLEMENTAIRES. f L frimaire an II (26 novembre 1793 dez point de cette montagne tutélaire du haut de laquelle vous donnez des lois à un peuple libre, que le royalisme, le fédéralisme, tous les monstres qu’enfante l’exécrable aristocratie n’aient exhalé le dernier soupir. Sans quoi votre gloire s’éclipse, notre bonheur n’est plus qu’un fantôme, la liberté nous échappe, le républicanisme s’éva¬ nouit; et il ne reste plus aux patriotes français qu’une mort cruelle ou un joug mille fois plus odieux et plus dur que celui que nous avons secoué. « Représentants d’un grand peuple, dont le Bort est attaché à votre persévérance, vous êtes trop grands vous-mêmes pour abandonner au vent des passions le vaisseau de l’État, que vous avez conduit heureusement au milieu des orages et des tempêtes; les îênes du gouverne¬ ment sont bien entre vos mains, si vous les quittez, ou elles seront abandonnées au hasard, et alors l’anarchie triomphante désolera la France, ou elles seront brisées par des mains parricides, et alors l’infernale aristocratie, faisant sortir des cendres de Capet un nouveau tyran, nous chargera des fers. Non, elle n’aura point ce barbare plaisir, le véritable souverain, le peuple français se lève tout entier; que son attitude est imposante ! qu’elle est majestueuse ! Il veut être libre à quel prix que ce soit, il le sera; tenez seulement à vos postes et songez que notre triomphe ne sera parfait que lorsque cet acte du corps législatif (citoyens, la patrie n’est plus en danger), retentira d’un bout à l’autre de la République, dont nous avons juré l’unité et l’indivisibihté. » (Suivent 37 signatures.) N° 124. La Société populaire de Saint-Victurnien, chef-lieu de canton, district de Saint-Junien, dé¬ partement de la Haute-Vienne, à la Convention nationale (1). « Citoyens, « Briser le sceptre des rois, ce fléau destruc¬ teur des hommes; renverser le trône des pré¬ jugés sacrés par leur antiquité; détruire l’empire des superstitions qui ont pesé si longtemps sur l’espèce humaine; écraser l’hydre de l’aristocra¬ tie; foudroyer le fédéralisme; étouffer tous les germes de l’agiotage; extirper l’anarchie, telle est la carrière glorieuse que vous avez parcourue à pas de géants, et dans laquelle, vous avez eu à combattre les tyrans et leurs satellites, l’achar¬ nement des fanatiques persécuteurs, la tourbe des égoïstes aux cœurs de bronze, des essaims de malveillants et d’agitateurs. Il vous a fallu démasquer les traîtres qui étaient au milieu de vous, couper jusqu’au vif les membres gangrenés de l’aréopage, vous avez triomphé de tous ces obstacles. « Après cette victoire, volant sur les pas du génie, vous avez trouvé la clef d’un système de législation approprié à tous les peuples, vous avez saisi toutes les nuances d’un gouvernement républicain que l’antiquité, avec toute sa sagesse, (I) Archives nationales, carton C 281, dossier 780. n’avait pas aperçu ou n’avait pas eu le courage d’exposer au grand jour. Mais, citoyens, il ne vous suffit pas d’avoir marqué la base sur la¬ quelle doit porter notre République, il faut, et ce vous est un devoir, que vous en éleviez l’édi¬ fice jusqu’au faîte, parce que vous seuls en con¬ naissez les dimensions et le ciment qui doit en lier toutes les parties : vous seuls pouvez donc lui donner sa perfection. Ainsi, la Société vous invite à demeurer à votre poste. « Elle désirerait encore que vous fissiez placer sur la porte du temple auguste qui vous ras¬ semble l’épigraphe suivante : « Voici que je vais créer de nouveaux deux, une nouvelle terre, et ensevelir dans le mépris tout ce qui a précédé. » « Les membres composant la Société populaire de Saint-Victurnien. » (Suivent 26 signatures.) N° 125. Mers [Mer], département de Loir-et-Cher (1). N° 126. Adresse de la Société républicaine montagnarde de Plaisance, chet-lieu de tribunal au district de Nogaro, département du Gers, à la Conven¬ tion nationale (2). « Citoyens représentants, « Après avoir substitué au despotisme un gouvernement républicain et déconcerté tous les tyrans de l’univers par le jugement du dernier roi des Français, vous avez donné un exemple formidable de la justice nationale aux conspirateurs et aux traîtres, en n’épargnant pas les membres de la Convention partisans de la royauté ou du fédéralisme et leurs complices qui voulaient tourner contre le peuple le pouvoir qu’il leur avait confié pour la défense de ses droits. « N ous applaudissons aux journées des 31 mai, 1er et 2 juin qui ont servi à frapper la faction d’hommes d’État, chefs de l’horrible complot d’attenter à l’unité et à l’indivisibilité de la République; leur acte d’accusation était écrit partout où le sang français a coulé. Nous bé¬ nissons celles des 3 et 4 de ce mois qui ont été employées à épurer la Convention des membres suspects qui ont signé la perfide protestation du 19 juin dernier, lorsque la République était menacée d’être déchirée dans plusieurs contrées, par les horreurs de la guerre civile et offrait le spectacle cruel des Français combattant contre leurs frères. Nous maudissons les trois députés de ce département qui ont trahi la cause du peuple, en se rendant les complices de cet'te faction liberticide; nous appelons sur leurs têtes coupables la vengeance des lois; ce sont des traîtres à extraire du sein des républicains libres. (i) Nous n’avons pu découvrir cette adresse. (2) Archives nationales, carton C 281, dossier 780. [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. Kwembre 1793 225 « Les patriotes égorgés dans la Belgique et la Vendée, la trahison de Toulon, le sang qui a coulé à Lyon, les ravages de nos colonies accu¬ sent les conspirateurs partout où la faction exécrable a eu de l’influence. Le département du Gers était à la veille de subir le même sort par les menées et la correspondance perfide de ses députés fédéralistes; une grande partie des autorités constituées égarée ou corrompue avait trempé dans cet infâme projet, mais l’arrivée du représentant du peuple Dartigoeyte a conjuré l’orage qui menaçait nos têtes, en rem¬ plaçant par des vrais sans-culottes tons les fonctionnaires suspects, qui n’auraient jamais dû avoir de l’autorité parce qu’ils ne s’en étaient servi que pour nuire. \ « Montrez-vous ainsi sans cesse inébranla¬ blement attachés aux principes; ne composez jamais, même avec les membres qui sont dans le sein de la Convention, comme vous avez fait voir que rien n’est inviolable à vos yeux que la vertu. Pour nous, francs républicains, nous jurons de seconder de tous nos efforts, vos dé¬ crets qui doivent terminer la régénération et l’affermissement de la République une et indi¬ visible, et nous tenons plus à nos serments qu’à notre vie. Pour donner un triomphe complet à la cause du peuple, vous avez encore un important devoir à remplir, celui de rester à votre poste et de prolonger votre session jusqu’à la paix ou l’ex¬ tinction des tyrans de dessus la surface du sol de la liberté. Nous jugeons, par votre énergie, de la permanence de la Montagne, en qui nous mettons notre seule confiance; dussent tous ses membres périr! que disons-nous? Périr! Est-ce qu’on meurt en se dévouant pour la patrie ! Vos noms vivront à jamais dans les fastes mé¬ morables des peuples libres. Lordat, 'président; Verdier, secrétaire; A. Broqua, ex-secrétaire. N° 127. Chambord (1). « A Chambord, district de Blois, départe¬ ment de Loir-et-Cher, le 6e jour du 2e mois l’an II de la République française une et indivisible. « Citoyen Président et citoyens représentants, « La Société populaire de Chambord, séjour ci-devant de la plus révoltante aristocratie de France, al’honneur de vous présenter l’hommage de son respect, et de vous adresser ses félicita¬ tions et remerciements de toutes les grandes et avantageuses opérations qui ont couronné vos immenses et incroyables travaux. En même temps elle vous supplie au nom de la patrie de ne pas encore penser à abandonner votre poste, mais à continuer à tenir en échec et à distinguer si merveilleusement que vous l’avez fait les traîtres à la République, ces infâmes Judas, dont tous les amis de l’ordre et de l’humanité ver-(1) Archives nationales, carton C 281, dossier 780. ire SÉRIE, T. LÏXX. ront ou apprendront sans douleur la prompte exécution. « Oui, vigilants et intrépides législateurs, le vœu de tous les vrais patriotes est que vous ne rompiez pas la Convention jusqu’à ce que vous ayez tellement affermi l’édifice auguste et salu¬ taire de la République, que vous y ayez si for¬ tement placé toutes ses décorations que les mains les plus téméraires n’osent et ne puissent lui nuire. « Le maximum va bien à Paris, mais pas de ’ même dans bien des points de la République, notamment à Blois. « Vive la République une et indivisible ! Vive la Convention ! » (Suivent 22 signatures.) No 128. La Société des vrais sans-culottes séant à Saint-Sauveur-Landelin, district de Coutances, dé¬ partement de la Manche, à la Convention natio¬ nale (1). « Citoyens représentants, « La Société républicaine des vrais sans-cu¬ lottes du canton de Saint-Sauveur Landelin, reléguée dans le fond d’une campagne, a long¬ temps ignoré la tâche pénible que vous avez rem¬ plie pour le salut de la République française; mais vos dignes collègues Garnier et Le Carpen¬ tier l’en ont parfaitement instruite et elle vous en vote sa reconnaissance. C’est à vous, dignes Montagnards, qu’elle adresse ses vœux; c’est à vous, qui du sommet de la Montagne, du milieu des éclairs et de la tempête la plus impétueuse avez enfanté le bonheur, non seulement du peuple français, mais de l’Europe entière, en fixant toutes les denrées, en réprimant les acca¬ pareurs, en terrassant le despotisme et la tyran¬ nie. Nous vous félicitons sur vos pénibles mais glorieux travaux, et surtout sur le jugement de cette louve autrichienne trop longtemps abreu¬ vée du sang des Français, et dont le nom seul nous fait horreur. « Rappelez-vous, augustes représentants, que le salut de la patrie est votre ouvrage; tant qu’il ne sera pas assuré, donnez-vous de garde d’a¬ bandonner les rênes de son gouvernement dans des mains qui peut-être ne seraient pas assez fermes pour achever de nous rendre heureux; qu’il n’en soit pas ainsi, nous vous en conjurons; c’est au père qu’appartient le soin de ses enfants, et certes la créature ne fut jamais plus en sûreté que dans les mains de son créateur. « Au cri que votre digne collègue, notre cher Garnier, nous a fait entendre, qu’il fallait écraser le reste des brigands de la Vendée, nous nous sommes tous levés en masse et il ne restait dans nos foyers que des femmes, des enfants et des vieillards auxquels la ' caducité no permettait pas de nous suivre. Assemblés en notre Société, nous avons aussitôt envoyé des commissaires au département, qui n’a pu employer nos forces par le défaut d’armes et par la nécessité de l’agri-(I) Archives nationales, carton C 281, dossier 780 lâ