SÉANCE DU 16 PRAIRIAL AN II (4 JUIN 1794) - Nos 4 ET 5 291 notre être, après sa dissolution n’a pu être enfanté que par le désespoir d’une conscience criminelle qui cherche à s’étourdir sur ses remords. Quoi ! l’homme, seul dans la nature, au milieu du concert admirable de tous les êtres qui l’environnent, pourrait sans témérité, sans ingratitude, refuser à l’Etre Suprême le tribut de respect et d’hommage qui lui est dû. Quoi ! cet être, l’auteur et l’assemblage de toutes les vertus aurait créé des hommes d’une durée si courte, exposés à tous les maux dans l’espace d’une vie misérable pour retourner ensuite dans le néant ! De telles opinions font frémir ! Grâces vous soient rendues, Législateurs, d’avoir assuré à la divinité ses droits, à la vertu sa récompense, au malheur l’espoir, à la bienfaisance son attrait, à l’amour de ses semblables le seul prix digne de lui ! La société populaire et régénérée de la commune de Reims, à l’exemple de ses frères, les Jacobins de Paris, sur les traces desquels elle se fera toujours un devoir de marcher, s’empresse de vous féliciter de votre décret du 18 floréal. Continuez vos travaux, la République entière y applaudit; restez à votre poste; nous sommes disposés à verser, pour vous y maintenir, jusqu’à la dernière goutte de notre sang. C’est de vous seuls que nous attendons la destruction de nos ennemis et la régénération des mœurs. S. et F. » Fressencourt, Duchesne, Boilletot, Denguy Dennel, Layrye. 4 Les administrateurs du département de la Moselle félicitent la Convention nationale sur le décret qui proclame l’existence de l’Etre-Suprême et l’immortalité de l’ame. Mention honorable, insertion au bulletin (1). L’administration du département de la Moselle écrit : Une grande conspiration s’étant formée contre la moralité du peuple français, les tyrans qui n’avoient pu nous vaincre par les armes, avoient employé la trahison pour, de concert avec l’aristocratie, détruire l’ouvrage immortel de notre liberté. Us avoient prêché dans le sein de la République un système désorganisateur qui otoit à l’homme vertueux l’espoir consolateur de l’existence d’un être qui reconnoitroit un jour ses bonnes actions. Les tyrans croyoient, en nous inspirant des pensées aussi perverses, pouvoir calomnier impunément les républicains français, et les faire regarder comme un peuple sans principe et sanguinaire; ils espéroient les rappeler au despotisme par l’athéisme et l’immoralité : le comité de salut public a pénétré leurs desseins, il a découvert le précipice que l’on avoit creusé sous nos pas, et bientôt les projets du crime ont été confondus par la vérité. Dans les crises importantes de la révolution, (1) P.V., XXXIX, 2. B1**, 22 prair. (1er suppl‘); J. Fr., n° 619; M.U., XL. 264; Audit, nat., n° 620. le département de la Moselle a montré son amour pour la liberté et son zèle pour le maintien des principes; il s’empresse dans le moment actuel d’applaudir à la conduite des représen-tans. Il demande avec insistance que vous ne quittiez pas vos travaux utiles et glorieux, qui doivent faire le bonheur des nations à venir (1). 5 Le comité de surveillance de Lucq, département des Basses-Pyrénées, écrit à la Convention nationale que l’intrigue et la malveillance ont jusqu’ici respecté cette commune, et que guidée par le simple bon sens et un amour éclairé de la patrie, elle n’a jamais dévié de la ligne des principes; elle annonce qu’elle a donné aux défenseurs de la patrie, parmi lesquels elle compte nombre de ses enfans, 962 livres en espèces, 83 capes, 44 fusils de calibre, 30 lits complets, 160 draps de lit, 383 mesures de froment, 260 chemises et un ballot de vieux linge. Dans ce moment elle s’occupe des secours à envoyer à ses frères de Paris; elle a plus de 250 livres de salaisons prêtes à partir. Nous jouissons dès-à-présent, dit le comité de surveillance, du fruit des travaux de nos représentans; la justice, la probité, toutes les vertus de la nature, sont pratiquées parmi nous; le sentiment d’affection mutuelle qui ne fait de nous tous qu’une famille de frères, contribue singulièrement à l’anéantissement de la superstition : c’est en répandant les lumières, c’est par la persuasion que nous préparons nos concitoyens à lui substituer le culte de la raison. Ils demandent la prompte organisation des fêtes publiques et décadaires, et terminent par inviter la Convention à rester à son poste. Mention honorable, insertion au bulletin (2) . [Lucq, s.d.] (3). « Représentans, Pénétrés du sentiment de nos devoirs, nous les remplissons dans l’esprit du gouvernement révolutionnaire ,mais placés par un heureux concours de circonstances dans une commune où régnait l’égalité avant même qu’elle n’ait étendu son empire sur le reste de la France, nous avons eu peu d’actes de justice à exercer. Sans seigneurs, sous le régime prescrit, sans intrigants dans les oscillations de la révolution, la commune de Lucq, composée de 2600 habitants, n’a jamais dévié de la ligne des principes. Guidée par le simple bon sens et par l’amour éclairé de la patrie, elle a su éviter les écueils du fédéralisme. Les dons qu’elle a faits pour les défenseurs de la République, parmi lesquels elle compte nombre de ses enfants, consistent en 962 livres en espèces, 82 capes, 44 fusils de calibre, 30 lits complets, 160 draps de lit, 382 me-(1) J. Sablier, n° 1360. (2) P.V., XXXIX, 2. Bin, 22 prair. (1er suppl*) et 25 prair. (1er suppl*); J. Lois, n° 615; J. Sablier, n° 1361. (3) C 305, pl. 1138, p. 3. SÉANCE DU 16 PRAIRIAL AN II (4 JUIN 1794) - Nos 4 ET 5 291 notre être, après sa dissolution n’a pu être enfanté que par le désespoir d’une conscience criminelle qui cherche à s’étourdir sur ses remords. Quoi ! l’homme, seul dans la nature, au milieu du concert admirable de tous les êtres qui l’environnent, pourrait sans témérité, sans ingratitude, refuser à l’Etre Suprême le tribut de respect et d’hommage qui lui est dû. Quoi ! cet être, l’auteur et l’assemblage de toutes les vertus aurait créé des hommes d’une durée si courte, exposés à tous les maux dans l’espace d’une vie misérable pour retourner ensuite dans le néant ! De telles opinions font frémir ! Grâces vous soient rendues, Législateurs, d’avoir assuré à la divinité ses droits, à la vertu sa récompense, au malheur l’espoir, à la bienfaisance son attrait, à l’amour de ses semblables le seul prix digne de lui ! La société populaire et régénérée de la commune de Reims, à l’exemple de ses frères, les Jacobins de Paris, sur les traces desquels elle se fera toujours un devoir de marcher, s’empresse de vous féliciter de votre décret du 18 floréal. Continuez vos travaux, la République entière y applaudit; restez à votre poste; nous sommes disposés à verser, pour vous y maintenir, jusqu’à la dernière goutte de notre sang. C’est de vous seuls que nous attendons la destruction de nos ennemis et la régénération des mœurs. S. et F. » Fressencourt, Duchesne, Boilletot, Denguy Dennel, Layrye. 4 Les administrateurs du département de la Moselle félicitent la Convention nationale sur le décret qui proclame l’existence de l’Etre-Suprême et l’immortalité de l’ame. Mention honorable, insertion au bulletin (1). L’administration du département de la Moselle écrit : Une grande conspiration s’étant formée contre la moralité du peuple français, les tyrans qui n’avoient pu nous vaincre par les armes, avoient employé la trahison pour, de concert avec l’aristocratie, détruire l’ouvrage immortel de notre liberté. Us avoient prêché dans le sein de la République un système désorganisateur qui otoit à l’homme vertueux l’espoir consolateur de l’existence d’un être qui reconnoitroit un jour ses bonnes actions. Les tyrans croyoient, en nous inspirant des pensées aussi perverses, pouvoir calomnier impunément les républicains français, et les faire regarder comme un peuple sans principe et sanguinaire; ils espéroient les rappeler au despotisme par l’athéisme et l’immoralité : le comité de salut public a pénétré leurs desseins, il a découvert le précipice que l’on avoit creusé sous nos pas, et bientôt les projets du crime ont été confondus par la vérité. Dans les crises importantes de la révolution, (1) P.V., XXXIX, 2. B1**, 22 prair. (1er suppl‘); J. Fr., n° 619; M.U., XL. 264; Audit, nat., n° 620. le département de la Moselle a montré son amour pour la liberté et son zèle pour le maintien des principes; il s’empresse dans le moment actuel d’applaudir à la conduite des représen-tans. Il demande avec insistance que vous ne quittiez pas vos travaux utiles et glorieux, qui doivent faire le bonheur des nations à venir (1). 5 Le comité de surveillance de Lucq, département des Basses-Pyrénées, écrit à la Convention nationale que l’intrigue et la malveillance ont jusqu’ici respecté cette commune, et que guidée par le simple bon sens et un amour éclairé de la patrie, elle n’a jamais dévié de la ligne des principes; elle annonce qu’elle a donné aux défenseurs de la patrie, parmi lesquels elle compte nombre de ses enfans, 962 livres en espèces, 83 capes, 44 fusils de calibre, 30 lits complets, 160 draps de lit, 383 mesures de froment, 260 chemises et un ballot de vieux linge. Dans ce moment elle s’occupe des secours à envoyer à ses frères de Paris; elle a plus de 250 livres de salaisons prêtes à partir. Nous jouissons dès-à-présent, dit le comité de surveillance, du fruit des travaux de nos représentans; la justice, la probité, toutes les vertus de la nature, sont pratiquées parmi nous; le sentiment d’affection mutuelle qui ne fait de nous tous qu’une famille de frères, contribue singulièrement à l’anéantissement de la superstition : c’est en répandant les lumières, c’est par la persuasion que nous préparons nos concitoyens à lui substituer le culte de la raison. Ils demandent la prompte organisation des fêtes publiques et décadaires, et terminent par inviter la Convention à rester à son poste. Mention honorable, insertion au bulletin (2) . [Lucq, s.d.] (3). « Représentans, Pénétrés du sentiment de nos devoirs, nous les remplissons dans l’esprit du gouvernement révolutionnaire ,mais placés par un heureux concours de circonstances dans une commune où régnait l’égalité avant même qu’elle n’ait étendu son empire sur le reste de la France, nous avons eu peu d’actes de justice à exercer. Sans seigneurs, sous le régime prescrit, sans intrigants dans les oscillations de la révolution, la commune de Lucq, composée de 2600 habitants, n’a jamais dévié de la ligne des principes. Guidée par le simple bon sens et par l’amour éclairé de la patrie, elle a su éviter les écueils du fédéralisme. Les dons qu’elle a faits pour les défenseurs de la République, parmi lesquels elle compte nombre de ses enfants, consistent en 962 livres en espèces, 82 capes, 44 fusils de calibre, 30 lits complets, 160 draps de lit, 382 me-(1) J. Sablier, n° 1360. (2) P.V., XXXIX, 2. Bin, 22 prair. (1er suppl*) et 25 prair. (1er suppl*); J. Lois, n° 615; J. Sablier, n° 1361. (3) C 305, pl. 1138, p. 3. 292 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE sures de froment, 260 chemises et un ballot de vieux linge. Dans ce moment les secours à envoyer à nos frères de Paris sont à l’ordre du jour et nous avons déjà 250 livres de salaisons disponibles. Nous nous empresserons d’en faire l’envoi lorsque nous aurons reçu la totalité de ces offrandes fraternelles. Tel est, Citoyens représentans, le tableau consolant qu’offre la commune de Lucq. Nous y jouissons déjà du fruit de vos travaux. La justice, la probité, toutes les vertus de la nature y sont pratiquées. La liberté semble leur prêter une énergie plus vive, leur donner une plus grande expansion. Le sentiment d’affection mutuelle, qui ne fait de nous tous qu’une grande famille de frères, contribue singulièrement aussi à l’anéantissement de la superstition. C’est en répandant les lumières, c’est par la persuasion et non par la force que nous préparons nos concitoyens à lui substituer le culte de la raison. Vous en avez permis les rites en décrétant des fêtes décadaires pour rendre hommage à l’Etre Suprême. Hâtez-vous de les instituer; elles seules peuvent détruire la diversité des opinions religieuses, éteindre à jamais les torches du fanatisme et lever les scrupules qui pèsent encore sur les consciences des habitants des campagnes. Restez, Représentans, au poste où vous a placés notre choix. Vous y justifiez notre confiance d’une manière aussi glorieuse pour vous mêmes, qu’utile à la République. Que l’on voie toujours en vous les promoteurs des droits de l’humanité, les régénérateurs des mœurs, le fléau des factieux et la terreur des tyrans. C’est sous ces traits que le burin de l’histoire vous peindra à la postérité; mais une récompense anticipée, plus flatteuse pour vous, vous est due. Elle est dans notre reconnaissance, et nos cœurs vous en présentent l’expression en proclamant que vous méritez bien de vos concitoyens. » Bourragué (présid .), Hèdre (secret.). 6 Les administrateurs du département de la Meurthe félicitent la Convention nationale sur le décret du 18 floréal. Mention honorable, insertion au bulletin (1). [Nancy, 9 prair. II] (2) . « Législateurs, L’idée d’un dieu est aussi ancienne que le monde parce que le monde en atteste l’existence; elle doit être simple, elle doit être pure, cette idée, comme l’être qui l’inspire; telle elle fut dans les premiers âges de l’univers. Dès que le despotisme, ce fléau désolateur vint infester la terre, la porte fut ouverte à tous (1) P.V., XXXIX, 3. Bin, 17 prair. et 22 prair. (1er suppl1); Débats, n° 625, p. 294; J. Sablier, n° 1360; M XJ., XL, 264; J. Fr., n° 619. (2) C 305, pl. 1147, p. 2. les genres d’impostures et la morale publique fut corrompue. La superstition, le plus ferme appui de la tyrannie, par des dogmes absurdes, des cérémonies bizarres, dégradait l’humanité. Les temples élevés à la divinité semblaient poser des bornes à son immensité tandis que l’encens brûlait sur des autels où l’on ne craignait pas de la travestir. L’heureuse révolution qui, avec nos chaines a fait tomber d’antiques préjugés, avait été dès longtemps préparée par la philosophie dont le flambeau la dirigeait encore; à sa lueur que le génie de la liberté répandait au loin, le cruel fanatisme, les absurdités de la superstition, disparurent comme l’ombre; des enceintes, trop longtemps livrées au charlatanisme des prêtres, furent dédiées à la raison, et dans ce changement subit, les bons esprits, les vrais philosophes, ne virent qu’une consécration aussi naturelle que désirable à la raison étemelle, à la divinité. Ce n’était pas ainsi que l’entendaient les plus hardis comme les plus adroits contre révolutionnaires. La raison humaine, si limitée, si faible, si souvent chancelante, était leur idole; ils professaient hautement le monstrueux système de l’athéisme, en outrageant la nature qui les repoussait de son sein; ils s’élevaient audacieusement contre l’une de vos lois les plus sublimes par laquelle vous mettez à l’ordre du jour l’exercice de la vertu qui n’est en effet qu’une émanation de la divinité. La mort, si l’on en croyait ces êtres trois fois pervers, était l’abime du néant. Les scélérats ! ils enlevaient à l’homme juste la pensée encourageante et consolatrice de survivre à une dépouille périssable; ils ravissaient au malheur l’espoir d’un avenir paisible; ils redoutaient pour eux-mêmes l’immortalité à laquelle ils avaient tant de droits, celle des forfaits. Par ce plan de corruption, que l’enfer leur aurait disputé, ils prétendaient détruire le germe de toutes les vertus, rompre les liens de la sociabilité, avilir la nation française aux yeux de l’univers, rendre les lois sans vigueur, les hommes sans mœurs comme sans principes, et rétablir un règne de fer au milieu de la confusion et du désordre. Les chefs de cette conjuration inouïe ont été frappés par le glaive de la loi; périssent tous ceux qui tenteraient de les imiter. Législateurs, en proclamant solennellement l’existence de l’Etre Suprême et l’immortalité de l’âme, vous venez de venger la nation outragée, vous venez de mettre le comble à vos travaux incomparables, vous venez enfin de décréter l’immortalité de vos noms et de la reconnaissance du peuple français. » Febvre le jeune, Wullier, Sounini, Brandon, Harlant, Grandeau. Les commis des bureaux de l’administration, instruits de l’adresse que les administrateurs envoyaient à la Convention nationale, sont venus en masse à la séance pour manifester leur adhésion à cette adresse et se sont empressés de joindre leurs signatures à celles des administrateurs dont ils partagent les sentimens républicains. » Matriat, Tacquet, Thiébaut fils, Pierron, Robert, Rollin, Denivagne, Buon, Thiébaut père [et 19 signatures illisibles]. 292 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE sures de froment, 260 chemises et un ballot de vieux linge. Dans ce moment les secours à envoyer à nos frères de Paris sont à l’ordre du jour et nous avons déjà 250 livres de salaisons disponibles. Nous nous empresserons d’en faire l’envoi lorsque nous aurons reçu la totalité de ces offrandes fraternelles. Tel est, Citoyens représentans, le tableau consolant qu’offre la commune de Lucq. Nous y jouissons déjà du fruit de vos travaux. La justice, la probité, toutes les vertus de la nature y sont pratiquées. La liberté semble leur prêter une énergie plus vive, leur donner une plus grande expansion. Le sentiment d’affection mutuelle, qui ne fait de nous tous qu’une grande famille de frères, contribue singulièrement aussi à l’anéantissement de la superstition. C’est en répandant les lumières, c’est par la persuasion et non par la force que nous préparons nos concitoyens à lui substituer le culte de la raison. Vous en avez permis les rites en décrétant des fêtes décadaires pour rendre hommage à l’Etre Suprême. Hâtez-vous de les instituer; elles seules peuvent détruire la diversité des opinions religieuses, éteindre à jamais les torches du fanatisme et lever les scrupules qui pèsent encore sur les consciences des habitants des campagnes. Restez, Représentans, au poste où vous a placés notre choix. Vous y justifiez notre confiance d’une manière aussi glorieuse pour vous mêmes, qu’utile à la République. Que l’on voie toujours en vous les promoteurs des droits de l’humanité, les régénérateurs des mœurs, le fléau des factieux et la terreur des tyrans. C’est sous ces traits que le burin de l’histoire vous peindra à la postérité; mais une récompense anticipée, plus flatteuse pour vous, vous est due. Elle est dans notre reconnaissance, et nos cœurs vous en présentent l’expression en proclamant que vous méritez bien de vos concitoyens. » Bourragué (présid .), Hèdre (secret.). 6 Les administrateurs du département de la Meurthe félicitent la Convention nationale sur le décret du 18 floréal. Mention honorable, insertion au bulletin (1). [Nancy, 9 prair. II] (2) . « Législateurs, L’idée d’un dieu est aussi ancienne que le monde parce que le monde en atteste l’existence; elle doit être simple, elle doit être pure, cette idée, comme l’être qui l’inspire; telle elle fut dans les premiers âges de l’univers. Dès que le despotisme, ce fléau désolateur vint infester la terre, la porte fut ouverte à tous (1) P.V., XXXIX, 3. Bin, 17 prair. et 22 prair. (1er suppl1); Débats, n° 625, p. 294; J. Sablier, n° 1360; M XJ., XL, 264; J. Fr., n° 619. (2) C 305, pl. 1147, p. 2. les genres d’impostures et la morale publique fut corrompue. La superstition, le plus ferme appui de la tyrannie, par des dogmes absurdes, des cérémonies bizarres, dégradait l’humanité. Les temples élevés à la divinité semblaient poser des bornes à son immensité tandis que l’encens brûlait sur des autels où l’on ne craignait pas de la travestir. L’heureuse révolution qui, avec nos chaines a fait tomber d’antiques préjugés, avait été dès longtemps préparée par la philosophie dont le flambeau la dirigeait encore; à sa lueur que le génie de la liberté répandait au loin, le cruel fanatisme, les absurdités de la superstition, disparurent comme l’ombre; des enceintes, trop longtemps livrées au charlatanisme des prêtres, furent dédiées à la raison, et dans ce changement subit, les bons esprits, les vrais philosophes, ne virent qu’une consécration aussi naturelle que désirable à la raison étemelle, à la divinité. Ce n’était pas ainsi que l’entendaient les plus hardis comme les plus adroits contre révolutionnaires. La raison humaine, si limitée, si faible, si souvent chancelante, était leur idole; ils professaient hautement le monstrueux système de l’athéisme, en outrageant la nature qui les repoussait de son sein; ils s’élevaient audacieusement contre l’une de vos lois les plus sublimes par laquelle vous mettez à l’ordre du jour l’exercice de la vertu qui n’est en effet qu’une émanation de la divinité. La mort, si l’on en croyait ces êtres trois fois pervers, était l’abime du néant. Les scélérats ! ils enlevaient à l’homme juste la pensée encourageante et consolatrice de survivre à une dépouille périssable; ils ravissaient au malheur l’espoir d’un avenir paisible; ils redoutaient pour eux-mêmes l’immortalité à laquelle ils avaient tant de droits, celle des forfaits. Par ce plan de corruption, que l’enfer leur aurait disputé, ils prétendaient détruire le germe de toutes les vertus, rompre les liens de la sociabilité, avilir la nation française aux yeux de l’univers, rendre les lois sans vigueur, les hommes sans mœurs comme sans principes, et rétablir un règne de fer au milieu de la confusion et du désordre. Les chefs de cette conjuration inouïe ont été frappés par le glaive de la loi; périssent tous ceux qui tenteraient de les imiter. Législateurs, en proclamant solennellement l’existence de l’Etre Suprême et l’immortalité de l’âme, vous venez de venger la nation outragée, vous venez de mettre le comble à vos travaux incomparables, vous venez enfin de décréter l’immortalité de vos noms et de la reconnaissance du peuple français. » Febvre le jeune, Wullier, Sounini, Brandon, Harlant, Grandeau. Les commis des bureaux de l’administration, instruits de l’adresse que les administrateurs envoyaient à la Convention nationale, sont venus en masse à la séance pour manifester leur adhésion à cette adresse et se sont empressés de joindre leurs signatures à celles des administrateurs dont ils partagent les sentimens républicains. » Matriat, Tacquet, Thiébaut fils, Pierron, Robert, Rollin, Denivagne, Buon, Thiébaut père [et 19 signatures illisibles].