SÉANCE DU 25 BRUMAIRE AN III (SAMEDI 15 NOVEMBRE 1794) - N° 46 265 risé, par les lois de la Convention, à demander la prise à partie contre les citoyens sus-dénommés, attendu que méchamment, et à dessein de nuire, ils ont prévariqué dans leurs fonctions, et commis à mon égard toutes les vexations qui font le sujet de ma pétition. Vous n’ignorez pas, citoyens, combien des arrestations aussi longues, sont dispendieuses et obèrent les familles. N’est-il pas juste, au moins, que ceux qui les occasionnent par méchanceté, les supportent? D’ailleurs, les mêmes individus ne s’attachent exactement qu’à vexer les meilleurs citoyens. Vous avez vu à votre barre, il y a trois décades, un vieillard victime de leurs persécutions, le citoyen Sylvestre; aujourd’hui vous y voyez un enfant de 14 ans, dont l’innocence mérite protection et dont le patriotisme lui fait regretter de n’avoir pas atteint l’âge requis pour partager les glorieux exploits de la jeunesse française. Fouinât fils. Le président répond à cet enfant qu’il a fait de bonne heure la dure mais utile expérience des malheurs; il l’exhorte à en profiter, pour apprendre à pardonner les injures et à compâ-tir au sort des infortunés. La pétition est renvoyée au comité de Sûreté générale (104). [Le président témoigne au pétitionnaire l’intérêt de l’assemblée, qui renvoie sa réclamation au comité des Secours.] (105) 46 Les gendarmes composant le premier bataillon de la trente-deuxième [troisième] division, revenant de la Vendée, se présentent à la Convention. Ils exposent ce qu’ils ont fait pour remplir les intentions et leurs devoirs. Depuis leur départ de Paris le 6 juillet 1793, envoyés pour appaiser les troubles de l’Eure et du Calvados, ils ont été quelque temps après réunis à l’année de Cherbourg, avec laquelle ils ont travaillé à la destruction des brigands qui dévastoient le sol de la République et de laquelle ils ont partagé les fatigues et les succès. Rendus à leurs foyers par un arrêté du comité de Salut public, ils n’ont besoin que de quelques ins-tans de repos pour revoler à la victoire avec le même zèle et la même activité. La Convention nationale permet aux pétitionnaires de défiler dans son sein, ordonne l’insertion au bulletin de leurs discours et de la réponse du président, décrète en outre que son président donnera l’accolade fraternelle au commandant du bataillon, ainsi qu’au vétéran qui se (104) Débats, n° 784, 786-788. Moniteur, XXII, 511-512. Mentionné dans C. Eg., n° 819; Ann. Pair., n° 684; J. Fr., n° 782. (105) Moniteur, XXII, 512. trouve parmi eux, décoré d’un double médaillon, prix de ses longs services. Et sur la proposition d’un membre, d’après les renseignemens avantageux fournis par plusieurs représentans du peuple, sur la bonne conduite qu’a tenue et la bravoure qu’a fait éclater le premier bataillon de la ci-devant trente-troisième division de la gendarmerie, aujourd’hui trente-deuxième, dans les différentes actions où elle s’est signalée contre les brigands de la Vendée. La Convention décrète que ledit bataillon a bien mérité de la patrie et confirme la nomination qu'il a faite de l’agrément des représentans du peuple en mission, de différens officiers en remplacement de ceux morts au poste d’honneur et sur le champ de bataille (106). [Les gendarmes de la 33e division de la gendarmerie nationale à la Convention nationale, Paris le 25 brumaire an III] (107) Représentants, Vous voyez devant vous une partie des gendarmes de la ci-devant trente-troisième division envoyés par vous le six juillette 1793 V.S. pour appaiser les troubles des départements de l’Eure et du Calvados qui paraissoient menacer Paris et la représentation nationale. Les chefs perfides de ces rassemblements, aussi lâches que ceux qui leur avoient sussité ces complots contre la liberté ont disparu devant une poignée de républicains ; nous entrâmes dans la cité de Caen avec cet esprit de paix et de fraternité qu’elle paroissoit désirer. Quelque temps après des brigands dévastoi-rent et souilloient une partie du territoire de la République; le premier bataillon de cette division réunie à l’armée des Côtes de Cherbourg eu l’honneur d’être appellé pour les com-batres, tous vieux militaires moins brillants qu’intrépides au combat, tant par leurs âges que par d’honorables blessures dont la pluspart sont honorés, que dis-je : ils reçurent l’ordre qui leur en fut donnée avec acclamation. En braves soldats de la liberté chacun d’eux fut jaloux de coopérer à la destruction de ces fanatiques et brigands de la Royauté. Les hordes multipliées de ces esclaves ne les a pas effrayé, leur courage a surpassé l’audace de ces scélérats. Plusieurs d’entre eux sont restés sur le champ de bataille le 22 frimaire au Mans et cette aspect loin d’effrayer et d’intimider le courage de ceux-ci ne fit que l’enflamer, bravant la mort, affrontant les plus grands dangers, chacun d’eux envioient le bonheur de vanger la (106) P.-V., XLIX, 223. (107) C 326, pl. 1418, p. 26. La réponse de la Convention est portée à la suite de la pétition des gendarmes. Débats, n° 784, 788-789 ; Bull., 25 brum. ; Rép., n° 56 ; J. Mont., n° 32 ; J. Paris, n° 56; J. Fr., n° 781; Ann. Patr., n° 684; F. de la Républ., n° 56; J. Perlet, n° 783; C. Eg., n° 819.