192 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE n o [Les administrateurs du district de Montagne-Bon-Air à la Convention nationale, le 25 vendémiaire an III ] (15) Liberté, Egalité. L’adresse au peuple françois nous est par-venüe ce jour d’huy, elle à été lüe et publiée séance publique tenante et recüe avec transport par les administrateurs et les administrés. Dès les premières expressions, une douce sérénité, une joie expressive a succédé dans nos âmes a la terreur qui les tenoit comprimées. Nous avons reconnu le langage de nos coeurs et béni avec reconnoissance cette profession de foi bien digne d’immortaliser vos glorieux travaux. Attirés par les charmes de ces accens paisibles et bienveillans nous nous sommes ralliés autour de vous, pour jurer de nouveau de ne nous en séparer jamais. Mais nous en repousserons avec horreur et indignation ces meneurs barbares, ces patriotes exclusifs qui crient à l’aristocratie parce que l’on ne fait plus une guerre à mort à l’homme vertueux, à l’homme à talens qui leur portent ombrage, qui disent que le modérantisme étend partout son règne funeste, parce qu’il ne leur est plus permis de calculer leur fortune d’après la chute de tant de têtes tombées sous le couteau des égorgeurs. Enfin cette horde entière de factieux qui se plaignent amèrement que les patriotes sont opprimés, parce qu’après ces nuits de ténèbres et de sang que vous venez de dissiper leurs manoeuvres vont paroitre au flambeau de l’auguste vérité qui vous dirige. Oui, Représentans d’un grand peuple, nous vous le disons et nous aimons à vous le redire ; vous avez pour vous tous les bons français et le nombre s’en acroit à toute heure, vous êtes leur seul point de ralliement. Le 10 aoust, dans ce jour de lutte de la royauté mourante contre la liberté, nous nous portâmes tous à la Convention. Le trente un may, jour mémorable dans les fastes de la République où des mandataires infidèles osèrent trahir notre confiance et nos intérêts, nous ne reconnûmes que la Convention. Aujourd’huy nous répétons le même serment de ne reconnaitre qu’elle ; et toutes les fois que des intriguans, des audacieux sous le prétexte de défendre les droits du peuple, voudront rivaliser vôtre existence, influencer vos délibérations, entraver vos augustes travaux, nous ne cesserons de les poursuivre comme des ennemis de nôtre liberté et nous les vouerons à l’éxé-cration publique. La Convention, rien que la Convention, Vive la Convention. Fournier et sept autres signatures. (15) C 323, pl. 1386, p. 20. [La société régénérée de la commune d’Auneau à la Convention nationale, le 29 vendémiaire an III\ (16) Législateurs. Déjà la société populaire d’Auneau avoit applaudie à la nuit mémorable du 9 au 10 thermidor qui sauva la représentation nationale et la liberté ; déjà les cris d’allégresse des patriotes échapés à la fureur sanguinaire des triumvir avoient percés jusqu’à elle, et lui avoient présagé la chute prochaine de ce sisteme affreux de terreur qui trop longtems sous prétexte de gouvernement révolutionnaire, avoit anéanti la liberté de la presse, et plongé les hommes libres dans la stupeur de l’esclavage. Mais des décrets sages et humains furent bientôt rendus, le Tribunal révolutionnaire rappelé à son institution primitive; le decret de sang du 22 prairial aboli, annoncèrent aux Français le retour heureux de la justice et de l’humanité ; au milieu de ces traveaux régénérateurs les restes impurs du tiran abatu, ces êtres entropophages et immoraux pour qui le trouble est un besoin, l’effusion du sang un goût et la révolution un moyen de faire fortune, s’agitèrent en tout sens pour égarer l’opinion publique ; en vain des adresses mendiées et colportées par l’intrigue vouloient faire passer pour le voeu du peuple le cri forcenné de quelques agitateurs. Fermes mais sages, vous avez sçu déjouer ces derniers efforts du crime à l’agonie et vôtre adresse aux français a excité dans toute la République la reconnoissance unanime des hommes probes et en ralliant autour de vous ceux qui n’étoient qu’égarés a donné le coup mortel aux immoraux. Dans ces circonstances la société populaire d’Auneau éprouve aussi le besoin de vous exprimer sa reconnoissance, inviolablement attachée à la représentation nationale, elle vous déclare qu’elle n’a jamais cessé de vous regarder comme le centre unique de l’exercice de la souveraineté et applaudit au décret salutaire que vous venez de rendre sur les sociétés populaires. Fermes à vôtre poste, maintenez le gouvernement révolutionaire, impassible comme la loi dont vous êtes l’organe ; frapez indistinctement, aristocrates, dominateurs immoraux et autres. Pour nous, nôtre dernier cri sera toujours, vive la représentation nationale, périsse ses enemis. Fait en la seance du 29 vendémiaire de l’an 3e de la République une et indivisible. Labiche, président et 43 autres signatures. (16) C 325, pl. 1406, p. 10.