SÉANCE DU 10 FRIMAIRE AN III (30 NOVEMBRE 1794) - N° 24 343 ne reconnaissent d’autre point de ralliement que la Convention nationale ; ils ont juré comme nous une haine éternelle aux hommes de sang, aux terroristes, aux aristocrates, aux intrigants, aux dominateurs et aux frippons. Comme nous ils ont rendu hommage à votre sublime adresse au peuple français ; ils la relisent tous les jours et ne cessent de l’admirer ; dans leur enthousiasme, ils s’écrient: « des hommes qui professent de semblables principes sont bien faits pour donner un gouvernement à un peuple libre, généreux et ami des vertus et de la justice ». Vive la République, vive la Convention nationale. Suivent 10 signatures. e [Les administrateurs du Directoire du département de la Meuse à la Convention nationale, Bar-sur-Ornain [ci-devant Bar-Le-Duc], le 5 frimaire an III] (67) Représentans d’un grand peuple qui vous a confié le dépôt sacré de sa gloire et de sa liberté, vous avés entendu de toutes parts les cris de la Nature outragée, de l’humanité déchirée, de la justice violée, et toujours dignes de vous-mêmes, vous porterez le dernier coup aux mortels qui ne voulaient faire de la France qu’un désert, de la Révolution qu’un torrent dévasteur. Vous achèverez d’assurer par vôtre courage sur les bases de la justice, la prospérité d’une Nation qui vous presse avec confiance de marquer ses destinées. Vous maintiendrez le gouvernement révolutionnaire dans sa marche ferme et rigoureuse, mais il ne sera plus terrible que pour la ligue des méchans qui s’y sont attachés, et vous apprendrés à l’univers que les Français rendus à la Nature et à leurs droits, ne veulent pas plus composer avec les ennemis de leur liberté qu’avec le crime. Ces principes que le représentant Delacroix avoit consacré et mis en pratique dans le département de la Meuse, en devançant même votre sublime Adresse au Peuple français, sont gravés dans le cœur de tous les hommes ; c’est le cri de la nature. Ils ont fixé l’opinion publique qui vous entoure, ils sont l’espoir de la Patrie, et nôtre amour pour elle nous fait un devoir de vous offrir l’hommage particulier de notre détermination à les défendre jusqu’à la mort, et de nôtre entier dénouement à la Convention nationale. Vive la République ! Suivent 6 signatures. (67) C 328 (1), pl. 1448, p. 2. f [Les citoyens réunis en société populaire aux ci-devant Ursulines à Tonnerre, Tonnerre, le 1er frimaire an III] (68) Citoyens représentans, Vous venez de faire un grand acte de justice, votre énergie a encore une fois sauvé la République, dont les Jacobins du 9 thermidor avoient juré la perte. Continuez, citoyens représentans, le peuple bénit vos travaux, maintenez le gouvernement révolutionnaire basé sur la justice ; sévissez contre les hommes de sang, ceux qui veulent rivaliser d’autorité avec vous, et contre tous ces prévaricateurs et pour que le char de la Révolution marche avec plus de rapidité. Epurez toutes les autorités constituées, chassez des fonctions publiques, les hébertistes, les Robespierristes, que ne s’y sont introduits que pour vexer les bons citoyens et faire haïr la Révolution ; que leur compte soient rendus publics par la voie de l’impression, et envoyez aux sociétés populaires ; vous connaîtrez bientôt les fripons. Le glaive de la loi en fera justice et le sol de la République ne portera que des frères et des amis. Pour nous, citoyens représentans, nos principes seront toujours les mêmes, nous n’aurons jamais pour raliement que la Convention ; nous jurons de nouveau de lui faire dans tous les temps un rempart de nos corps. Suivent 58 signatures et les noms de 28 personnes désignées comme «ne sachant pas signer». g [Le conseil général de la Commune de Saint-Pol à la Convention nationale, Saint-Pol, le 5 frimaire an III] (69) Citoyens représentans, Elle n’est donc plus cette société fameuse, jadis le sanctuaire des vertus et de la raison, mais qui corrompue par l’ignorance, l’intrigue et le crime, ne fut dans ces derniers moments qu’un volcan de discorde, et un repaire de fac-tueux. Trop longtemps, les Jacobins ont déchiré le sein de la France ; nous n’aurions point à gémir aujourd’hui sur le sort de tant de victimes innocentes, tant de maux à réparer, tant de malheureux à soulager, si libres du joug des jacobins, le peuple avoit pu faire parvenir jusqu’à vous le langage de la vérité. Il manquait à notre bonheur, comme à votre gloire, cette victoire sur ces ennemis intérieurs de la République ; les journées de Gimimappes, de Florus et de Juliers (sic) auraient vu périr leurs lauriers sans la journée mémorable du vingt-deux brumaire. (68) C 328 (2), pl. 1458, p. 21. F. de la Républ., n° 71. (69) C 328 (1), pl. 1448, p. 6. Bull., 11 frim. (suppl.). 344 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Grâces immortelles vous soient rendües, citoyens représentons, vous avez fermés le temple de Janus, et assurés le bonheur des françois, en leurs proposant une paix glorieuse et solide. Vive la République, Vive la Convention nationale, seul point de ralliement. Fait en séance publique du conseil général de la commune de St-Pol, le cinq frimaire l’an troisième de la République française une et indivisible. Valentin ÜEBRET, maire et 19 autres signatures. 25 Les citoyens membres de la société populaire de la commune du Havre-Marat [ci-devant Le Havre, Seine-Inférieure], présentent une pétition contenant diverses observations sur les denrées de première nécessité. Sur cette pétition, un membre [COREN-FUSTIER] observe que la Convention a chargé ses comités de Salut public, de Sûreté générale, de Commerce, de Législation et des Finances, de proposer des mesures qui entrent dans les vues de pétitionnaires; déjà divers projets ont été proposés ; déjà des commissaires pris dans le sein de chacun des comités, ont été chargés, d’en faire une analyse, et de les proposer dans un rapport qui sera incessamment présenté à la Convention. Il demande en conséquence, et la Convention décrète, le renvoi de la pétition auxdits comités pour la prendre en considération (70). [Les citoyens composant la société populaire de la commune du Havre-Marat à la Convention nationale, s.l.n.d .] (71) Législateurs, De grands intérêts dirigent nos réclamations ; nous allons fixer votre attention sur les besoins les plus pressants du peuple, sur les denrées de première nécessité. Depuis longtemps la malveillance nous a voulu persuader que la disette existait ; jusqu’à présent nous avons eu la conviction qu’elle n’a été que factice. Des républicains, des hommes qui connaissent les privations, vous témoignent plus de confiance; ils ne croient point à la disette: la fertilité de notre sol, l’industrie nationale en sont les plus sûrs garants; mais ils pensent qu’il y a des méchants intéressés à la faire naître. C’est dans cette vue sans doute, et pour tarir les sources de l’abondance, qu’on est parvenu à avilir (70) P. -V., L, 208. C 327 (1), pl. 1433, p. 9. Coren-Fustier rapporteur selon C*II, 21. (71) Moniteur, XXII, 635. Débats, n° 798, 1005-1006 ; J. Fr., n° 796 ;M.U., n° 1358. le commerce. On a malignement confondu l’égoïste avec le commerçant laborieux qui, aux dépens de son repos, aux risques de sa fortune, provoque sans cesse l’activité de l’industrie, vivifie la circulation dans les moments les plus difficiles. Aussi le vrai commerçant, réduit à une nullité inquiétante, ne peut plus se qualifier de ce titre jusqu’alors honorable. Législateurs, il faut vous le dire, le commerce a changé de mains, ou, pour vous parler franchement, le commerce n’existe plus. Des fripons, par une fausse interprétation de la loi sur les accaparements, se sont emparés des dépôts réservés à l’avenir. Ils ont su les disséminer dans l’intérieur, et les dérober ainsi aux recherches de la surveillance comme aux besoins du peuple. C’est entre les mains de ces hommes qui se disent colporteurs, forains ou regrattiers, que sont les objets de première nécessité. Sourds à la voix de l’indigence, sans entrailles, rebelles aux lois, ils tournent à leur seul profit l’avantage d’une mesure provoquée pour le bien-être du peuple ; ils parcourent les campagnes, en enlèvent les productions, et empêchent ainsi l’approvisionnement des marchés. Sans eux, la loi du maximum, dictée par les circonstances impérieuses, serait encore salutaire; mais ils l’ont rendue nulle, on pourrait dire funeste, parce que l’équihbre qui devait la faire agir est malheureusement rompu. La commune du Havre-Marat, toujours pénétrée de l’obéissance à la loi, s’est tellement distinguée à cet égard qui ne lui reste plus aucunes denrées, qu’elle est forcée de tirer de l’intérieur celles nécessaires à ses approvisionnements, et qu’elle est exposée à manquer de beaucoup d’objet utiles à ses besoins journaliers. Voila, législateurs, les abus qu’entraîne un commerce de fraude et de brigandage: nous vous le dénonçons, parce que notre surveillance ne peut l’atteindre. On vous a dit dans cette enceinte que le premier maximum n’était qu’un présent de la cour de Londres ; nous craignons aujourd’hui que ces odieuses manœuvres ne soient une suite du système que vous détruisez tous les jours, un fatal présent de Robespierre. Législateurs, votre sollicitude veille à nos besoins; vous connaissez les abus, hâtez-vous de porter remède à de si funestes calamités ; rendez au commerce l’activité et la confiance : cette mesure seule peut diriger des opérations utiles aux besoins de tous. Nous ne venons pas, législateurs, vous tracer des devoirs, mais remplir les nôtres, vous faire part des réflexions que nécessite l’intérêt général, et confondre l’expression de notre imperturbable attachement à vos décrets, avec les cris chéris de vive la République ! vive la Convention nationale ! Cette adresse est renvoyée au comité de Salut public et de Sûreté générale (72). (72) Moniteur, XXII, 635.