[Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [26 août 1790.] <£91 tisme, à ramener l’ordre et la paix, ont été chargés d’appuyer les réclamations des soldats ; et c’est un motif de plus pour désirer que les députés élus ou choisis dans leur sein assistent aux comptes que le trésorier du régiment du roi sera en état de rendre, non seulement depuis six ans, conformément au décret de l’Assemblée, mais depuis 1776, époque où une nouvelle comptabilité a été établie par les ordonnances. J’ai droit et intérêt à ce qu’il soit donné la plus grande authenticité et la plus grande publicité à ces comptes. M. de Sérent. Les décrets qui prescrivent aux municipalités de ne s’immiscer en rien de ce qui concerne le régime militaire sont contraires à cette proposition. Je demande donc la question préalable sur la motion de M. Du Châtelet. (La question préalable mise aux voix est adoptée.) (L’Assemblée décide qu’il sera fait mention au procès-verbal des observations de M. Du Châtelet.) M. Pflléger, député du Haut-Rhin, demande et obtient un congé de trois semaines. Un de MM. les secrétaires lit une lettre de M. Guignard, ministre, qui envoie au président une lettre des administrateurs du département de Morbihan, concernant les dégâts commis relativement aux clôtures et afféagemenls dans le district de Ploerruel. (L’Assemblée ordonne le renvoi de cette lettre et des pièces qui y sont jointes, au comité féodal.) L’Assemblée passe ensuite à son ordre du jour qui est la discussion du projet de décret proposé par le comité diplomatique , dans la séance d’hier , sur l’affaire d’Rspagne. M. Ricard (de Séalt ), député de Toulon. La moindre imprudence peut coin promettre la liberté publique; nous avons tout à espérer ou tout à craindre des circonstances. Le reconnaissance et l’honneur nous mettent les armes à la main poursoutenirnosalliés ;nous allons combattre une nation jadis notre rivale, aujourd’hui notre amie. L’Angleterre arme une escadre importante; quel peut être son objet ? J’ai peut-être raison de le demander, car on sait aussi en Angleterre que la cause des rois n’est pas celle des peuples. Les armées que je vois se mouvoir en veulent-elles à notre Constitution? L’Espagne et la Savoie font des armements dont l’histoire n’offre aucun exemple. La nation française a tous les risques à courir. Qu’importe? quelle que soit l’issue de ces grands événements, elle apprendra à l’univers qu’un peuple qui a goûté la liberté ne peut jamais redevenir esclave. Si l’Espagne est attaquée, c’est à nous à la secourir. Si sa demande n-était qu’un jeu, ou une menée pour nous entraîner dans une guerre cruelle, alors nous prouverions ce que c’est qu’une guerre commandée par 24 millions d’hommes. L’armement de 30 vaisseaux de ligne me paraît insuffisant: plus nous déploierons de forces, moins on sera disposé à nous attaquer* Jamais peuple ne montrera plus d’énergie qu’en s’armant contre les conspirateurs de la liberté publique. Dans ce noble enthousiasme, quelque chose vient. m’arrêter ; quelle qnp soit la défaveur que j’ai à redouter, eu rendant compte de mes idées, je n’oublierai jamais que le salut de ma patrie est au-dessus de toutes les considérations. Le ministre de la marine est détesté des colons et il a perdu leur confiance; il a excité les mécontentements dans les ports; et les lois pénales sont le seul bienfait qe la Constitution qu’il leur ait fait parvenir. Il est bien dur de le dire, mais, je pense que ce ministre est d’autant plus dangereux qu’il est dépositaire de la force publique. J’aurai toujours de justes sujets de crainte, tant que je qe verrai pas les amis de la Constitution à la tête de nos armées. Le roi ne demande qu’à être éclairé, mais par malheur il ne l’est pas . G’est nom de la patrie que je conjure ceux qui sont nuis dans leurs places de les abandonnera d’aiitreg plus capables de les remplir. Je conclus à ce qu'il soit fait un armement de 45 vaisseaux, dont 14 dans les ports de la Méditerranée. M. Pétlon. La question qui vous est soumise est de la plus haute importance; elle peut décider de la paix ou de la guerre. Je ne rappellerai point ici la nécessité de maintenir la paix; nos finances ne sont point encore consolidées, l’ordre public n’est point parfaitement établi et la guerre pourrait le renverser. Dans les affaires politiques ou varie nécessairement d’opinions, et souvent on voit se réaliser les moins vraisemblables: il s’agit de s’expliquer, non pas sur nos rapports commerciaux ayec l’Espagne, mais sur l’attaque ou la défense en cas de guerre. Les négociations provisoires paraissent déterminées eqtre l’Espagne et l’Angleterre, et je ne sais pas pourquoi l’Espagne continue ses armements? Si elle n’eût pas compté sur son alliance avec la France, en aucun cas elle n’eût osé l’attaquer. Dans mon opinion, il me semble qu’on peut ainsi calculer dans les cabinets; la Porte, l’Angleterre et la Suède contre la Russie, l’Espagne, leDane-marck et la France. . . . Voici un projet de décret que je crois préférable à celui du comité : « La nation française, toujours jalouse d’entretenir la paix et l’union entre l’Espagne et la France, et de resserrer entre elles des liens conformes à la justice et à la raison, déclare qu’elle se réserve de statuer sur le pacte de famille, après une plus ample instruction; elle invite le roi à interposer sa médiation pour étouffer, dans leur naissance, les germes de toute dissension. » M. JLe Déist de Botidoux. G’est sans doute une idée vraiment philosophique que de ne voir qu’une même famille dans tous les peuples. L’humanité a dicté ce beau rêve à M. l’abbé de Saint-Pierre. Vous avez fait pour cela tout ce qui était en votre pouvoir; mais tant qu’il y aura des rivalités de gloire ou de lucre entre les puissances, l’ambition des hommes formera toujours un foyer perpétuel de dissensions et de guerres. Je pense que la France ne pourrait s’isoler sans voir le terme de sa véritable grandeur. On ne peut se dissimuler les services réels que l’Espagne a rendus à ja France. De toutes les puissances, l’Angleterre est la seule que nous ayons à craindre. L’Allemagne vomirait toute sa force armée, qu'elle n’ébranlerail pas une de nos provinces. Ce n’est point à des esclaves à renverser les tours élevées par des hommes libres. Telle est notre position géographique, que nos possessions au delà des mers ne peuvent être protégées, sans que cette protection ne s’étende aux possessions espagnoles. Vous avez mis les créanciers de l’Etat sous la sauvegarde de la loyauté française ; est-il une dette plus sacrée que celle A laquelle von s vous êtes engagés par un traité solennel ? l’Angleterre, quoi qu’on en dise, regardera tou-