102 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE d’une moisson aussi précoce qu’abondante, et qui réduit au désespoir nos implacables ennemis qui sont les siens (1) . Mention honorable, insertion au bulletin. 40 Un membre [BARERE], au nom du Comité de salut public, lit les dépêches des armées d’Italie et des Pyrénées-Orientales et Occidentales (2). BARERE : Je viens dire des nouvelles qui doivent être entendues à la frontière du Nord : c’est sur cette armée, malheureuse un instant, que les armées du Midi viennent de tirer, comme l’a dit Dugommier, une lettre de change sur les Autrichiens. La victoire est en permanence dans le Midi, et la victoire n’a presque rien coûté aux républicains. L’étendard tricolore flotte à la fois sur toutes les Alpes et sur toutes les Pyrénées. ( Applaudissements ) . L’Italie effrayée voit les Autrichiens abattus, les Piémontais captifs, un tyran en fuite et un trône qui s’écroule. De Bayonne à Perpignan les esclaves du tyran des Castilles sont prisonniers, fugitifs ou morts. ( Nouveaux applaudissements ) . Ce n’est pas assez pour la République d’avoir conquis une artillerie immense chez l’Espagnol et le Piémontais; elle a encore fait un grand nombre de prisonniers, elle a occupé leurs camps, s’est emparée de leurs postes, et a rempli à coups de baïonnettes les fonctions utiles de la commission des subsistances et des approvisionnemens. De riches et immenses magasins enrichissent la liberté, et pourvoient à tous les besoins de nos braves républicains. Où se cache aujourd’hui cette secte nouvelle qui vit des terreurs qu’elle crée ou des alarmes qu’elle propage ? Qu’ils viennent, ces nouvellistes si dévoués à la patrie quand elle est malheureuse, et si stupéfaits quand elle a des victoires; qu’ils paroissent aujourd’hui, les alarmistes qui naguère comptoient, avec une exagération sensuelle, les maisons brûlées de Landrecies, et centuploient les désastres de cette place frontière. Oui, nous le dirons à la France, mais nous le dirons avec cette douleur vraie qui fait fermenter l’amour de la patrie; nous le dirons avec ce courage républicain qui répare les fautes au lieu de les plaindre; oui, le barbare Autrichien a tout détruit à Landrecies, a tout dévasté dans les campagnes qui l’environnent. Mais les villes autrichiennes sont-elles donc incombustibles ? mais l’Autrichien du Nord n’est-il pas le frère du lâche Autrichien qui périt à Saorgio, qui fuit à Orméa, ou qui est fait prisonnier dans le mont Saint-Bernard ? Les armes républicaines peuvent-elles cesser de s’entendre d’un bout de la France à l’autre, et des frontières belgiques aux frontières italiques ? (1) C 302, pl. 1096, p. 7, daté du 17 flor. et signé Forsau, Chaillion, Gazard, Gennay, Bournizet, Por-tenne, Macé Beigneun; Mon., XX, 403. (2) P.V., XXXVII, 34. Voici les nouvelles que le Comité vient de recevoir. [Dumerbion, gaI en chef prov. de l’A. d’Italie, au C. de S. P.; Nice, 12 flor. II]. « Les républicains composant l’armée d’Italie, citoyens représentans, se sont emparés, le 10 courant, du fort tant vanté de Saorgio, de Belvédère, Rocabière et Saint-Martin. Les ennemis ont été forcés d’évacuer leurs fameux camps des Fourches et Raoux, où nous sommes campés, et ont été battus complètement dans les difïérens postes qu’ils ont voulu défendre. Nous leur avons pris plus de soixante pièces de canon de tout calibre, une immense quantité de munitions de guerre, et autres effets. Nous leur avons fait environ 2 000 prisonniers, dont beaucoup d’officiers, parmi lesquels se trouvent un colonel brigadier et deux majors. Leur perte en morts est considérable; et, d’après le rapport des déserteurs, qui sont très nombreux, ils ont une très grande quantité de blessés. Nous avons eu une soixantaine d’hommes tués, dont le général de brigade Brulé et l’adjudant-général Langlois, et environ 150 blessés. J’attends les détails de la division de gauche, commandée par le général Sérurier, qui s’est porté en avant dans la vallée de Bloure, et qui doit aussi avoir remporté des avantages sur l’ennemi. Nos frères d’armes ont montré, dans toutes les occasions, le plus grand courage et la plus grande énergie; et leur conduite, à tous égards, est au-dessus de tout éloge ». Dumerbion. [Le repr. près l’A. d’Italie, au C. de S.P.; Saorgio, 10 flor. II]. « Nous vous avons annoncé, il y a quelques jours, que l’étendard tricolore flottoit, pour la première fois, sur les murs d’une ville de Piémont; apprenez aujourd’hui à la France que, par une suite de l’expédition que vous aviez ordonnée, ses couleurs républicaines brillent sur les remparts de Saorgio; les monts audacieux que la nature a élevés autour de cette forteresse ne sont rendus formidables que pour augmenter la gloire des Français, plus audacieux encore. Les ennemis ont été forcés dans toutes leurs positions, tout a cédé à la valeur des défenseurs de la patrie; tous les camps piémontais, autrichiens, sont en notre pouvoir; plus de 60 pièces de canon de divers calibres, des mortiers, des obusiers, ont été enlevés à l’ennemi : la déroute est complète; l’incendie et l’explosion annon-çoient par-tout la fuite précipitée. Le feu n’a cependant pas tout dévoré : une grande partie d’effets de campement est restée à la République. La perte de l’ennemi est énorme : nous pouvons assurer qu’elle est de deux à trois mille hommes : plus de 30 officiers ont été faits prisonniers, parmi lesquels un colonel et deux majors. Nous avons à regretter 60 républicains morts en héros dans les retranchemens ou sur les re-tranchemens, du nombre desquels sont le général de brigade Brulé, qui avoit combattu sous Toulon, et l’adjudant-général Langlois, tué d’un coup de baïonnette en mettant la main sur la redoute piémontaise, et quelques autres officiers dont les 102 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE d’une moisson aussi précoce qu’abondante, et qui réduit au désespoir nos implacables ennemis qui sont les siens (1) . Mention honorable, insertion au bulletin. 40 Un membre [BARERE], au nom du Comité de salut public, lit les dépêches des armées d’Italie et des Pyrénées-Orientales et Occidentales (2). BARERE : Je viens dire des nouvelles qui doivent être entendues à la frontière du Nord : c’est sur cette armée, malheureuse un instant, que les armées du Midi viennent de tirer, comme l’a dit Dugommier, une lettre de change sur les Autrichiens. La victoire est en permanence dans le Midi, et la victoire n’a presque rien coûté aux républicains. L’étendard tricolore flotte à la fois sur toutes les Alpes et sur toutes les Pyrénées. ( Applaudissements ) . L’Italie effrayée voit les Autrichiens abattus, les Piémontais captifs, un tyran en fuite et un trône qui s’écroule. De Bayonne à Perpignan les esclaves du tyran des Castilles sont prisonniers, fugitifs ou morts. ( Nouveaux applaudissements ) . Ce n’est pas assez pour la République d’avoir conquis une artillerie immense chez l’Espagnol et le Piémontais; elle a encore fait un grand nombre de prisonniers, elle a occupé leurs camps, s’est emparée de leurs postes, et a rempli à coups de baïonnettes les fonctions utiles de la commission des subsistances et des approvisionnemens. De riches et immenses magasins enrichissent la liberté, et pourvoient à tous les besoins de nos braves républicains. Où se cache aujourd’hui cette secte nouvelle qui vit des terreurs qu’elle crée ou des alarmes qu’elle propage ? Qu’ils viennent, ces nouvellistes si dévoués à la patrie quand elle est malheureuse, et si stupéfaits quand elle a des victoires; qu’ils paroissent aujourd’hui, les alarmistes qui naguère comptoient, avec une exagération sensuelle, les maisons brûlées de Landrecies, et centuploient les désastres de cette place frontière. Oui, nous le dirons à la France, mais nous le dirons avec cette douleur vraie qui fait fermenter l’amour de la patrie; nous le dirons avec ce courage républicain qui répare les fautes au lieu de les plaindre; oui, le barbare Autrichien a tout détruit à Landrecies, a tout dévasté dans les campagnes qui l’environnent. Mais les villes autrichiennes sont-elles donc incombustibles ? mais l’Autrichien du Nord n’est-il pas le frère du lâche Autrichien qui périt à Saorgio, qui fuit à Orméa, ou qui est fait prisonnier dans le mont Saint-Bernard ? Les armes républicaines peuvent-elles cesser de s’entendre d’un bout de la France à l’autre, et des frontières belgiques aux frontières italiques ? (1) C 302, pl. 1096, p. 7, daté du 17 flor. et signé Forsau, Chaillion, Gazard, Gennay, Bournizet, Por-tenne, Macé Beigneun; Mon., XX, 403. (2) P.V., XXXVII, 34. Voici les nouvelles que le Comité vient de recevoir. [Dumerbion, gaI en chef prov. de l’A. d’Italie, au C. de S. P.; Nice, 12 flor. II]. « Les républicains composant l’armée d’Italie, citoyens représentans, se sont emparés, le 10 courant, du fort tant vanté de Saorgio, de Belvédère, Rocabière et Saint-Martin. Les ennemis ont été forcés d’évacuer leurs fameux camps des Fourches et Raoux, où nous sommes campés, et ont été battus complètement dans les difïérens postes qu’ils ont voulu défendre. Nous leur avons pris plus de soixante pièces de canon de tout calibre, une immense quantité de munitions de guerre, et autres effets. Nous leur avons fait environ 2 000 prisonniers, dont beaucoup d’officiers, parmi lesquels se trouvent un colonel brigadier et deux majors. Leur perte en morts est considérable; et, d’après le rapport des déserteurs, qui sont très nombreux, ils ont une très grande quantité de blessés. Nous avons eu une soixantaine d’hommes tués, dont le général de brigade Brulé et l’adjudant-général Langlois, et environ 150 blessés. J’attends les détails de la division de gauche, commandée par le général Sérurier, qui s’est porté en avant dans la vallée de Bloure, et qui doit aussi avoir remporté des avantages sur l’ennemi. Nos frères d’armes ont montré, dans toutes les occasions, le plus grand courage et la plus grande énergie; et leur conduite, à tous égards, est au-dessus de tout éloge ». Dumerbion. [Le repr. près l’A. d’Italie, au C. de S.P.; Saorgio, 10 flor. II]. « Nous vous avons annoncé, il y a quelques jours, que l’étendard tricolore flottoit, pour la première fois, sur les murs d’une ville de Piémont; apprenez aujourd’hui à la France que, par une suite de l’expédition que vous aviez ordonnée, ses couleurs républicaines brillent sur les remparts de Saorgio; les monts audacieux que la nature a élevés autour de cette forteresse ne sont rendus formidables que pour augmenter la gloire des Français, plus audacieux encore. Les ennemis ont été forcés dans toutes leurs positions, tout a cédé à la valeur des défenseurs de la patrie; tous les camps piémontais, autrichiens, sont en notre pouvoir; plus de 60 pièces de canon de divers calibres, des mortiers, des obusiers, ont été enlevés à l’ennemi : la déroute est complète; l’incendie et l’explosion annon-çoient par-tout la fuite précipitée. Le feu n’a cependant pas tout dévoré : une grande partie d’effets de campement est restée à la République. La perte de l’ennemi est énorme : nous pouvons assurer qu’elle est de deux à trois mille hommes : plus de 30 officiers ont été faits prisonniers, parmi lesquels un colonel et deux majors. Nous avons à regretter 60 républicains morts en héros dans les retranchemens ou sur les re-tranchemens, du nombre desquels sont le général de brigade Brulé, qui avoit combattu sous Toulon, et l’adjudant-général Langlois, tué d’un coup de baïonnette en mettant la main sur la redoute piémontaise, et quelques autres officiers dont les SÉANCE DU 17 FLORÉAL AN H (6 MAX 1794) - N° 40 103 noms ne sont pas encore connus. Nous avons environ 250 à 300 blessés, dont un grand nombre retournera bientôt au combat. L’attaque des difïérens postes a été combinée de manière à faire beaucoup de mal à l’ennemi et à épargner le sang précieux des républicains. La position principale de l’ennemi a été attaquée et emportée la première; par là son système de défense a été détruit; toutes ses forces se sont trouvées isolées; son ensemble a été rompu : de-là, la terreur répandue dans tous ses camps, et par suite l’épouvante. Ainsi un général républicain qui sait que les victoires coûteuses détruiroient la République, profite de l’ardeur des troupes et n’en abuse point; son coup d’œil, s’il est habile, saisit le cœur de l’ennemi, l’y sait frapper, et conserve à la patrie des défenseurs qui auroient péri inutilement à l’attaque des points secondaires ou même indifférens au succès. L’armée d’Italie ne veut point de repos qu’elle n’ait anéanti le tyran de Piémont; elle attend que vous lui proposiez de nouveaux exploits, avec la sagesse que vous mettez dans toutes vos mesures. S. et F. ». Robespierre, Ricord. « P. S. Les ennemis viennent encore d’être chassés de Belvédère, de la Boulena, de Rocabière, Loutorca, et de St-Martin, ainsi que de tous les camps qu’ils occupoient à notre gauche. La victoire est à nous : sachons en profiter ». (Applaudissements) . [BARERE poursuit] : Ainsi, citoyens, la campagne a été ouverte et continuée glorieusement au bruit du canon de l’armée d’Italie : si Oneille a entendu le premier cri de la victoire des Français, c’est maintenant à Saorgio, c’est dans les Alpes que ce cri a retenti avec force, et l’on a vu pour la première fois la jonction de deux armées se faire bien plus par la correspondance des victoires, que par les routes tracées sur la carte des Alpes. Vous récompenserez sans doute avec la mon-noie républicaine de l’opinion nationale le zèle constant de l’armée d’Italie et la mort glorieuse du général Brulé et de l’adjudant-général Langlois. Au milieu des soldats républicains qui sont morts en héros sur les retranchemens ennemis en s’en emparant, les représentans du peuple Robespierre jeune et Ricord, dont les noms semblent attachés aux victoires depuis l’époque glorieuse de Toulon; ces représentans ont distingué le dévouement du général Brulé, qui a conduit les braves soldats sur les retranchemens piémon-tais; ils ont distingué encore l’adjudant-général Langlois, tué d’un coup de baïonnette en mettant la main sur la redoute piémontaise. Mourir ainsi, c’est vivre dans le souvenir de tous les Français. Le comité vous proposera d’inscrire le nom de ces deux citoyens sur la colonne du Panthéon. Les noms de Moulins, d’Haxo et de Dagobert les attendent. (Applaudissements) . Tandis que les Piémontais fuyoient avec leurs dignes camarades les Autrichiens, l’Espagnol attaquoit dans les Pyrénées Occidentales. Cette armée continue de défendre avec énergie la frontière qui lui est confiée. Voici les nouvelles de Baïonne ! [Les repr. près l’A. des Pyrénées Occidentales et les départemens environans, à la Conv.; Baronne, 10 jlor. II]. « Citoyens-Collègues, « Nous venons de donner une nouvelle leçon à l’Espagnol : celle-ci n’est pas bien forte; mais succédant à celles qu’il a déjà reçues en diverses occasions, elle ne laisse pas de valoir son prix. Il a voulu tâter notre division devant Saint-Jean-Pied-de-Port, et il y a trouvé, comme sur tous les autres points, des républicains dont le petit nombre accroît le courage et l’ardeur, de manière qu’il a été vigoureusement repoussé, et avec une perte assez considérable. Il nous a, suivant son système dévastateur, incendié quelques maisons; mais nos soldats ont éteint avec son sang l’incendie qu’il avoit allumé. Voici les détails de cette affaire. Le 7, au point du jour, l’Espagnol attaqua tous les points de la division de Jean-Pied-de-Port; il tomba d’abord sur le poste d’Arneguy, défendu par deux compagnies basques, qui furent forcées, après s’être vaillamment défendues, de céder à une force supérieure : elles se replièrent en bon ordre, après avoir perdu un seul homme, sur le poste du rocher d’Arrola et sur celui de Roque-luche. Dans le même moment une colonne ennemie, composée de 4 000 hommes d’infanterie et d’un escadron de cavalerie, conduisant un mortier de siège et un canon de gros calibre, se présenta à la descente de Blanc-Pignon, et arriva sur la crête de Roqueluche, où elle se mit en bataille. Le feu fut vif de part et d’autre : mais quand les Espagnols ont vu nos braves militaires, ennuyés de la fusillade, aller sur eux au pas de charge, la baïonnette en avant, leur courage a commencé de les abandonner; ils ont pris la fuite, et nos soldats les ont poursuivis jusqu’à Blanc-Pignon. Quoique nous ignorions leur perte, nous pouvons assurer qu’elle a été considérable, car nos soldats, en les poursuivant, leur tiroient à bout portant : un homme tué et trois blessés, telle a été la nôtre. Tel a été le succès de l’affaire aux postes défendus par Manco. Voici quel a été celui à ceux occupés par nos troupes sous le commandement de la victoire. Le poste d’Iraméaca fut attaqué à 3 heures du matin par la légion des émigrés, forte de 700 hommes, par les volontaires de Navarre, par les miliciens, quelques émigrés et déserteurs basques, qui descendirent des Aldudes par la rive gauche de la rivière, qu’ils passèrent à gué. Les soldats qui défendoient le poste firent une résistance prodigieuse : forcés de céder au grand nombre, ils se replièrent en bon ordre, et furent prendre poste aussi sur le rocher d’Arrola. Les Espagnols attaquèrent ce nouveau poste de tous les côtés, avec furie; mais 400 hommes, commandés par l’adjudant-général Harispe, les ayant tournés avec vivacité, les attaquèrent avec une telle vigueur, qu’ils les forcèrent sur-le-champ à la retraite, qu’ils n’exécutèrent qu’avec la plus grande peine. Cette infâme légion d’émigrés a laissé 80 de ces scélérats sur le carreau, 17 ont été fait prisonniers; ils arrivent dans ce moment, et le soleil ne se couchera qu’après avoir vu ces monstres expier leurs forfaits sur l’échafaud. L’ennemi, nous attaquant de tous les côtés avec une force supérieure, a été battu et re-SÉANCE DU 17 FLORÉAL AN H (6 MAX 1794) - N° 40 103 noms ne sont pas encore connus. Nous avons environ 250 à 300 blessés, dont un grand nombre retournera bientôt au combat. L’attaque des difïérens postes a été combinée de manière à faire beaucoup de mal à l’ennemi et à épargner le sang précieux des républicains. La position principale de l’ennemi a été attaquée et emportée la première; par là son système de défense a été détruit; toutes ses forces se sont trouvées isolées; son ensemble a été rompu : de-là, la terreur répandue dans tous ses camps, et par suite l’épouvante. Ainsi un général républicain qui sait que les victoires coûteuses détruiroient la République, profite de l’ardeur des troupes et n’en abuse point; son coup d’œil, s’il est habile, saisit le cœur de l’ennemi, l’y sait frapper, et conserve à la patrie des défenseurs qui auroient péri inutilement à l’attaque des points secondaires ou même indifférens au succès. L’armée d’Italie ne veut point de repos qu’elle n’ait anéanti le tyran de Piémont; elle attend que vous lui proposiez de nouveaux exploits, avec la sagesse que vous mettez dans toutes vos mesures. S. et F. ». Robespierre, Ricord. « P. S. Les ennemis viennent encore d’être chassés de Belvédère, de la Boulena, de Rocabière, Loutorca, et de St-Martin, ainsi que de tous les camps qu’ils occupoient à notre gauche. La victoire est à nous : sachons en profiter ». (Applaudissements) . [BARERE poursuit] : Ainsi, citoyens, la campagne a été ouverte et continuée glorieusement au bruit du canon de l’armée d’Italie : si Oneille a entendu le premier cri de la victoire des Français, c’est maintenant à Saorgio, c’est dans les Alpes que ce cri a retenti avec force, et l’on a vu pour la première fois la jonction de deux armées se faire bien plus par la correspondance des victoires, que par les routes tracées sur la carte des Alpes. Vous récompenserez sans doute avec la mon-noie républicaine de l’opinion nationale le zèle constant de l’armée d’Italie et la mort glorieuse du général Brulé et de l’adjudant-général Langlois. Au milieu des soldats républicains qui sont morts en héros sur les retranchemens ennemis en s’en emparant, les représentans du peuple Robespierre jeune et Ricord, dont les noms semblent attachés aux victoires depuis l’époque glorieuse de Toulon; ces représentans ont distingué le dévouement du général Brulé, qui a conduit les braves soldats sur les retranchemens piémon-tais; ils ont distingué encore l’adjudant-général Langlois, tué d’un coup de baïonnette en mettant la main sur la redoute piémontaise. Mourir ainsi, c’est vivre dans le souvenir de tous les Français. Le comité vous proposera d’inscrire le nom de ces deux citoyens sur la colonne du Panthéon. Les noms de Moulins, d’Haxo et de Dagobert les attendent. (Applaudissements) . Tandis que les Piémontais fuyoient avec leurs dignes camarades les Autrichiens, l’Espagnol attaquoit dans les Pyrénées Occidentales. Cette armée continue de défendre avec énergie la frontière qui lui est confiée. Voici les nouvelles de Baïonne ! [Les repr. près l’A. des Pyrénées Occidentales et les départemens environans, à la Conv.; Baronne, 10 jlor. II]. « Citoyens-Collègues, « Nous venons de donner une nouvelle leçon à l’Espagnol : celle-ci n’est pas bien forte; mais succédant à celles qu’il a déjà reçues en diverses occasions, elle ne laisse pas de valoir son prix. Il a voulu tâter notre division devant Saint-Jean-Pied-de-Port, et il y a trouvé, comme sur tous les autres points, des républicains dont le petit nombre accroît le courage et l’ardeur, de manière qu’il a été vigoureusement repoussé, et avec une perte assez considérable. Il nous a, suivant son système dévastateur, incendié quelques maisons; mais nos soldats ont éteint avec son sang l’incendie qu’il avoit allumé. Voici les détails de cette affaire. Le 7, au point du jour, l’Espagnol attaqua tous les points de la division de Jean-Pied-de-Port; il tomba d’abord sur le poste d’Arneguy, défendu par deux compagnies basques, qui furent forcées, après s’être vaillamment défendues, de céder à une force supérieure : elles se replièrent en bon ordre, après avoir perdu un seul homme, sur le poste du rocher d’Arrola et sur celui de Roque-luche. Dans le même moment une colonne ennemie, composée de 4 000 hommes d’infanterie et d’un escadron de cavalerie, conduisant un mortier de siège et un canon de gros calibre, se présenta à la descente de Blanc-Pignon, et arriva sur la crête de Roqueluche, où elle se mit en bataille. Le feu fut vif de part et d’autre : mais quand les Espagnols ont vu nos braves militaires, ennuyés de la fusillade, aller sur eux au pas de charge, la baïonnette en avant, leur courage a commencé de les abandonner; ils ont pris la fuite, et nos soldats les ont poursuivis jusqu’à Blanc-Pignon. Quoique nous ignorions leur perte, nous pouvons assurer qu’elle a été considérable, car nos soldats, en les poursuivant, leur tiroient à bout portant : un homme tué et trois blessés, telle a été la nôtre. Tel a été le succès de l’affaire aux postes défendus par Manco. Voici quel a été celui à ceux occupés par nos troupes sous le commandement de la victoire. Le poste d’Iraméaca fut attaqué à 3 heures du matin par la légion des émigrés, forte de 700 hommes, par les volontaires de Navarre, par les miliciens, quelques émigrés et déserteurs basques, qui descendirent des Aldudes par la rive gauche de la rivière, qu’ils passèrent à gué. Les soldats qui défendoient le poste firent une résistance prodigieuse : forcés de céder au grand nombre, ils se replièrent en bon ordre, et furent prendre poste aussi sur le rocher d’Arrola. Les Espagnols attaquèrent ce nouveau poste de tous les côtés, avec furie; mais 400 hommes, commandés par l’adjudant-général Harispe, les ayant tournés avec vivacité, les attaquèrent avec une telle vigueur, qu’ils les forcèrent sur-le-champ à la retraite, qu’ils n’exécutèrent qu’avec la plus grande peine. Cette infâme légion d’émigrés a laissé 80 de ces scélérats sur le carreau, 17 ont été fait prisonniers; ils arrivent dans ce moment, et le soleil ne se couchera qu’après avoir vu ces monstres expier leurs forfaits sur l’échafaud. L’ennemi, nous attaquant de tous les côtés avec une force supérieure, a été battu et re- 104 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE poussé partout. Peu de sang républicain s’est mêlé à celui des satellites du despotisme. Nous avons fait quelques prisonniers espagnols. Nous répétons ici ce que nous avons déjà dit lors de l’affaire du 17 pluviôse : les jeunes soldats de la réquisition, voyant le feu pour la première fois, ont montré, au milieu des bombes, des boulets et des balles, le plus grand courage; rien ne les a ébranlés, et leur joie est extrême d’avoir vu l’ennemi de si près : ils ont combattu en faisant retentir les airs de vive la République ! vive la Montagne ! Il est quelques traits de courage particuliers que nous ne devons pas vous laisser ignorer. Huit tirailleurs basques voient sur la hauteur une colonne ennemie forte de 7 à 800 hommes; sans s’informer s’ils sont soutenus ou non, ils fondent sur elle avec une intrépidité sans exemple; les ennemis, étonnés de cette audace, et voyant nos colonnes s’avancer sur leurs flancs, se retirèrent en désordre. Un vieillard basque apperçoit un sapeur espagnol qui fond sur lui : il lui lance une pierre et le terrasse; aussitôt il court à son ennemi, lui enlève son sabre, et lui coupe la tête. Ce vieillard courageux a déjà fait, dans une autre occasion, deux prisonniers. Les habitans de cette partie du pays basque, bien différens de ceux qui, dans la partie de Chauvin-Dragon, nous ont forcés de les faire interner pour faire cesser entre eux et les Espagnols une intelligence qui compromettoit le salut de cette partie de notre armée, ainsi que celui des frontières qu’elle défend; les Basques de Baygorry, détestant aussi cordialement les Espagnols que ceux de Sare et d’Alcani, etc. les aiment, sont accourus au premier feu, et se sont précipités dans nos redoutes pour les garder. Leurs jeunes enfans, se cotisant entre eux, ache-toient du vin, et le portoient à nos soldats se battant aux avant-postes. S. et F. ». Pinet aîné, Cavaignac. BARERE : Ai-je raconté assez de succès ? Vous suffit-il d’abattre le tyran sarde ? est-ce un assez beau spectacle, de présenter à l’Europe un tyran détrôné par un peuple philosophe ? La République veut-elle encore de nouveaux triomphes ? entendez les nouvelles de Perpignan. Une armée long-temps désorganisée, toujours malheureuse, et quelquefois trahie, vient de se réveiller contre les Espagnols avec la même énergie que le peuple français s’est réveillé contre ses anciens tyrans. ( Applaudissements ) . C’est toujours les Bourbons que dans sa juste fureur il a renversés. Hier c’étoit le trône de Paris qui s’écroula sous ses coups; aujourd’hui c’est celui de Madrid qui chancelle : c’est ici que la République s’est vengée de ces orgueilleux Castillans, qui seuls avoient eu des succès constans dans toute la campagne dernière. Les Pyrénées ne sont plus dégradées par leur présence; leurs canons sont à nous; leurs vivres, leurs tentes et leurs magasins nous appartiennent; et l’on peut remarquer qu’à la même heure, au même jour, dans la partie méridionale de la République, les tyrans coalisés étoient battus, leur artillerie prise, leurs esclaves morts ou captifs, et leurs officiers-généraux pris par les républicains. Nous le dirons enfin avec autant de justice que d’enthousiasme, les Pyrénées sont républicaines, et l’armée des Pyrénées Orientales a bien mérité de la patrie. Voici les détails de cette journée mémorable, et qui fait espérer de plus éclatans succès. [Le gal en chef de VA. des Pyrénées Orientales, au C. de S. P.; quartier gal de Bagnols, 12 flor. II]. « Citoyens-Représentans, J’arrive de Céret, d’où je vous fais part, avec les représentans du peuple près cette armée, des succès de nos frères d’armes dans les diverses attaques de cette journée : en voici le tableau aussi exact que l’a pu tracer un rapide apperçu : 200 pièces au moins de toute espèce d’artillerie, toutes leurs munitions, des magasins pleins de subsistances; près de deux mille prisonniers, parmi lesquels il se trouve un officier-général, trois colonels et soixante-quinze officiers de tout grade (le nombre des morts et blessés est en proportion des prisonniers) ; toutes leurs tentes et effets de campement, d’immenses bagages; enfin ce qui caractérise une déroute complète. Je me porte ce soir sur Collioure et Port Vendres, et j’espère vous en rendre bon compte. La réduction des Albives (1) avoit si fort effrayé l’ennemi, que l’ordre étoit déjà donné pour évacuer tous leurs postes; mais nous avons eu le bonheur de les prévenir, et de profiter de leur terreur panique. Leur comte de l’Union a parfaitement donné dans le panneau : il a cru que le chemin que j’avois fait tracer à la droite de l’armée étoit celui dont je voulois me servir pour aller à lui; il s’est empressé d’en interrompre la communication : il a eu la sottise de perdre son temps dans la montagne où je l’avois attiré, et j’ai profité de son erreur pour l’attaquer vivement par notre centre. Je dois, citoyens représentans, les plus grands éloges à nos frères d’armes : généraux, officiers et volontaires, tous ont montré le plus grand zèle et un vrai dévouement au triomphe de la République. Nous devons donc espérer les mêmes succès avec les mêmes ennemis, que nous allons poursuivre dans leurs derniers retranchemens. Je finis en vous assurant que toutes nos mesures ont été si bien prises pour l’attaque, qu’il ne nous en a pas coûté dix frères d’armes, et que nous en avons eu très-peu de blessés. S. et F.». Dugommier. [ Les repr. et le gal en chef, à la Conv. et au C. de S. P.; Céret, 12 flor II]. « Citoyens, L’ennemi est forcé sur tous les points, depuis Montesguion jusqu’à Toulle : les montagnes sont à nous; elles nous ont donné tous les postes de l’ennemi; sa déroute est complète. Nous l’avons poursuivi baïonnette et sabre aux reins, et nous l’avons forcé, malgré sa résistance opiniâtre, à nous abandonner toutes ses redoutes, fortifées par tout ce que l’art avoit pu ajouter à la nature : leur retraite forcée les a obligés de tout abandonner; plus de 200 pièces de canon ou obu-siers, leurs camps tendus, leurs magasins, leurs immenses équipages, tout a resté entre nos mains. (1) Sans doute : Albères. 104 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE poussé partout. Peu de sang républicain s’est mêlé à celui des satellites du despotisme. Nous avons fait quelques prisonniers espagnols. Nous répétons ici ce que nous avons déjà dit lors de l’affaire du 17 pluviôse : les jeunes soldats de la réquisition, voyant le feu pour la première fois, ont montré, au milieu des bombes, des boulets et des balles, le plus grand courage; rien ne les a ébranlés, et leur joie est extrême d’avoir vu l’ennemi de si près : ils ont combattu en faisant retentir les airs de vive la République ! vive la Montagne ! Il est quelques traits de courage particuliers que nous ne devons pas vous laisser ignorer. Huit tirailleurs basques voient sur la hauteur une colonne ennemie forte de 7 à 800 hommes; sans s’informer s’ils sont soutenus ou non, ils fondent sur elle avec une intrépidité sans exemple; les ennemis, étonnés de cette audace, et voyant nos colonnes s’avancer sur leurs flancs, se retirèrent en désordre. Un vieillard basque apperçoit un sapeur espagnol qui fond sur lui : il lui lance une pierre et le terrasse; aussitôt il court à son ennemi, lui enlève son sabre, et lui coupe la tête. Ce vieillard courageux a déjà fait, dans une autre occasion, deux prisonniers. Les habitans de cette partie du pays basque, bien différens de ceux qui, dans la partie de Chauvin-Dragon, nous ont forcés de les faire interner pour faire cesser entre eux et les Espagnols une intelligence qui compromettoit le salut de cette partie de notre armée, ainsi que celui des frontières qu’elle défend; les Basques de Baygorry, détestant aussi cordialement les Espagnols que ceux de Sare et d’Alcani, etc. les aiment, sont accourus au premier feu, et se sont précipités dans nos redoutes pour les garder. Leurs jeunes enfans, se cotisant entre eux, ache-toient du vin, et le portoient à nos soldats se battant aux avant-postes. S. et F. ». Pinet aîné, Cavaignac. BARERE : Ai-je raconté assez de succès ? Vous suffit-il d’abattre le tyran sarde ? est-ce un assez beau spectacle, de présenter à l’Europe un tyran détrôné par un peuple philosophe ? La République veut-elle encore de nouveaux triomphes ? entendez les nouvelles de Perpignan. Une armée long-temps désorganisée, toujours malheureuse, et quelquefois trahie, vient de se réveiller contre les Espagnols avec la même énergie que le peuple français s’est réveillé contre ses anciens tyrans. ( Applaudissements ) . C’est toujours les Bourbons que dans sa juste fureur il a renversés. Hier c’étoit le trône de Paris qui s’écroula sous ses coups; aujourd’hui c’est celui de Madrid qui chancelle : c’est ici que la République s’est vengée de ces orgueilleux Castillans, qui seuls avoient eu des succès constans dans toute la campagne dernière. Les Pyrénées ne sont plus dégradées par leur présence; leurs canons sont à nous; leurs vivres, leurs tentes et leurs magasins nous appartiennent; et l’on peut remarquer qu’à la même heure, au même jour, dans la partie méridionale de la République, les tyrans coalisés étoient battus, leur artillerie prise, leurs esclaves morts ou captifs, et leurs officiers-généraux pris par les républicains. Nous le dirons enfin avec autant de justice que d’enthousiasme, les Pyrénées sont républicaines, et l’armée des Pyrénées Orientales a bien mérité de la patrie. Voici les détails de cette journée mémorable, et qui fait espérer de plus éclatans succès. [Le gal en chef de VA. des Pyrénées Orientales, au C. de S. P.; quartier gal de Bagnols, 12 flor. II]. « Citoyens-Représentans, J’arrive de Céret, d’où je vous fais part, avec les représentans du peuple près cette armée, des succès de nos frères d’armes dans les diverses attaques de cette journée : en voici le tableau aussi exact que l’a pu tracer un rapide apperçu : 200 pièces au moins de toute espèce d’artillerie, toutes leurs munitions, des magasins pleins de subsistances; près de deux mille prisonniers, parmi lesquels il se trouve un officier-général, trois colonels et soixante-quinze officiers de tout grade (le nombre des morts et blessés est en proportion des prisonniers) ; toutes leurs tentes et effets de campement, d’immenses bagages; enfin ce qui caractérise une déroute complète. Je me porte ce soir sur Collioure et Port Vendres, et j’espère vous en rendre bon compte. La réduction des Albives (1) avoit si fort effrayé l’ennemi, que l’ordre étoit déjà donné pour évacuer tous leurs postes; mais nous avons eu le bonheur de les prévenir, et de profiter de leur terreur panique. Leur comte de l’Union a parfaitement donné dans le panneau : il a cru que le chemin que j’avois fait tracer à la droite de l’armée étoit celui dont je voulois me servir pour aller à lui; il s’est empressé d’en interrompre la communication : il a eu la sottise de perdre son temps dans la montagne où je l’avois attiré, et j’ai profité de son erreur pour l’attaquer vivement par notre centre. Je dois, citoyens représentans, les plus grands éloges à nos frères d’armes : généraux, officiers et volontaires, tous ont montré le plus grand zèle et un vrai dévouement au triomphe de la République. Nous devons donc espérer les mêmes succès avec les mêmes ennemis, que nous allons poursuivre dans leurs derniers retranchemens. Je finis en vous assurant que toutes nos mesures ont été si bien prises pour l’attaque, qu’il ne nous en a pas coûté dix frères d’armes, et que nous en avons eu très-peu de blessés. S. et F.». Dugommier. [ Les repr. et le gal en chef, à la Conv. et au C. de S. P.; Céret, 12 flor II]. « Citoyens, L’ennemi est forcé sur tous les points, depuis Montesguion jusqu’à Toulle : les montagnes sont à nous; elles nous ont donné tous les postes de l’ennemi; sa déroute est complète. Nous l’avons poursuivi baïonnette et sabre aux reins, et nous l’avons forcé, malgré sa résistance opiniâtre, à nous abandonner toutes ses redoutes, fortifées par tout ce que l’art avoit pu ajouter à la nature : leur retraite forcée les a obligés de tout abandonner; plus de 200 pièces de canon ou obu-siers, leurs camps tendus, leurs magasins, leurs immenses équipages, tout a resté entre nos mains. (1) Sans doute : Albères. SÉANCE DU 17 FLORÉAL AN II (6 MAI 1794) - N08 41 A 43 105 Les braves défenseurs de la liberté, généraux, officiers et soldats, tous ont combattu avec cette ardeur et ce courage qui caractérisent le véritable républicain. Plusieurs officiers-généraux espagnols ont été tués; quelques autres ont été obligés de se rendre; il en est de même de beaucoup d’officiers supérieurs et subalternes. Le nombre des soldats prisonniers s’élève à-peu-près à deux mille; quant aux morts, le nombre ne nous est pas encore connu. Nous n’avons perdu qu’un très petit nombre de républicains. Nous continuons de les poursuivre, en même temps que l’on s’occupe d’ordonner le siège de trois forts à la fois. Vive la République ! vive la Victoire ! » Milhaud, Dugommier, Soubrany. BARERE poursuit : Ces nouvelles, honorables pour les armées de la République, ne doivent pas être stériles dans nos mains. Les armées sont solidaires, et il existe entre elles une correspondance de gloire et d’honneur républicain, à qui la représentation nationale doit donner aujourd’hui de nouveaux moyens de communication. Que les cris de victoire proférés au Midi retentissent à l’armée du Nord. En passant par la Convention nationale, ces proclamations de victoire acquerront quelque chose de terrible et d’heureux, dont la République a besoin dans la frontière où les ruines et les cendres de Lan-drecies appellent la valeur des républicains. Républicains du Nord, Landrecies est brûlé, et les incendiaires barbares de cette frontière sont impunis ! Seront-ils long-temps invaincus ? Ecoutez ce que le peuple français proclame pour les armées de l’Italie et des Pyrénées par l’organe de ses représentans, et frappez au cœur le plus atroce ennemi de la République, l’esclave autrichien (1) . La Convention nationale décrète l’impression et l’envoi [de ce rapport] aux armées de la République par un courrier extraordinaire. « Elle décrète que l’armée d’Italie ne cesse de bien mériter de la patrie; » Que les noms de Brulé et de Langlois seront inscrits sur la colonne du Panthéon; » Que l’armée des Pyrénées-Orientales a bien mérité de la patrie dans la journée du 10 floréal; » Qu’il sera fait mention honorable au procès-verbal de la conduite des braves républicains de l’armée des Pyrénées-Occidentales. » La Convention nationale autorise en outre le Comité de salut public à récompenser les actions courageuses des 8 tirailleurs et du vieillard basque.» (1) Rapport imprimé par ordre de la Conv., broch. in-8°, 15 p. (AD XVIIIe 304); Reproduit dans M.U., XXXIX, 281; Débats, n°8 594, p. 209-214; 595, p. 230- 232; J. Paris, nos 492, 493; Feuille Rép., n08 308, 309; Rép., n° 138; J. Fr., n° 590; J. Sablier, n° 1302; J. Mont., n08 11, 12; J. Perlet, n08 593, 594; Ann. patr., n° 491; J. TJniv., n08 1625, 1626; J. Sans-Culottes, n° 446; Mon., XX, 397; C. Eg., n° 627; Audit, nat., n° 531; J. Matin, n° 685; Mess, soir, n° 627; J. Lois, n° 586; Ann. R.F., n08 158, 159. L’impression du rapport et la distribution, au nombre de 6 exemplaires aux membres de la Convention, sont décrétées (1). 41 Sur la présentation du Comité de salut public, la Convention nationale nomme pour secrétaires de la commission de santé, les citoyens Théry et Ducos (2). 42 La section de Bonnet-Rouge est introduite à la barre (3) pour appeler la sollicitude paternelle [de la Convention] sur l’aristocratie des entrepreneurs. Un seul, dit l’orateur, et toujours le plus riche, est sûr d’aborder partout toutes les entreprises lucratives dont le juste partage présenterait à une multitude de bons citoyens des moyens d’existence pour leurs familles. Voulez-vous, Citoyens représentans, prévenir cet accaparement : décrétez que nul ne sera admis au concours des divers ouvrages qu’il ne soit muni de son certificat de civisme; vous éloignerez bientôt tous ces avides spéculateurs et le sans-culotte qui n’est point égoïste saura ne prendre que la portion du travail qui lui appartiendra sans nuire à son frère, le sans-culotte (4). Son adresse obtient la mention honorable et l’insertion au bulletin. 43 Le citoyen Hamot, maître de poste, père de famille âgé de 60 ans, présente en don patriotique, à la Convention nationale, 38 aunes de toile pour les défenseurs de la patrie (5). [. s.l. , 17 flor. 11] (6). « Citoyens représentans, C’est un vieillard de 60 ans, c’est un père de famille de 9 enfants dont 4 ont la gloire de combattre les suppôts des tyrans couronnés, c’est le citoyen Hamot, directeur et maître de poste de Bord’haut-de-Vigny, district de Pontoise, département de Seine-et-Oise, qui, présente à la Convention nationale, 38 aulnes de toile pour servir aux généreux défenseurs de notre liberté. Daignez les accepter, son cœur sera pleinement satisfait. (1) P.V., XXXVII, 35. Minute de la main de Barère (C 301, pl. 1070, p. 26). Décret n° 9042. Reproduit dans Bin, 17 flor. (2) P.V,. XXXVII, 35. J. Fr., n» 596. Minute de Barère (C 301, pl. 1070, p. 27). Décret n° 9041. (3) P.V, XXXVII, 35. M.V., XXXIX, 311. (4) Bln, 18 flor. (5) P.V, XXXVII, 35. (6) C 302, pl. 1083, p. 26. SÉANCE DU 17 FLORÉAL AN II (6 MAI 1794) - N08 41 A 43 105 Les braves défenseurs de la liberté, généraux, officiers et soldats, tous ont combattu avec cette ardeur et ce courage qui caractérisent le véritable républicain. Plusieurs officiers-généraux espagnols ont été tués; quelques autres ont été obligés de se rendre; il en est de même de beaucoup d’officiers supérieurs et subalternes. Le nombre des soldats prisonniers s’élève à-peu-près à deux mille; quant aux morts, le nombre ne nous est pas encore connu. Nous n’avons perdu qu’un très petit nombre de républicains. Nous continuons de les poursuivre, en même temps que l’on s’occupe d’ordonner le siège de trois forts à la fois. Vive la République ! vive la Victoire ! » Milhaud, Dugommier, Soubrany. BARERE poursuit : Ces nouvelles, honorables pour les armées de la République, ne doivent pas être stériles dans nos mains. Les armées sont solidaires, et il existe entre elles une correspondance de gloire et d’honneur républicain, à qui la représentation nationale doit donner aujourd’hui de nouveaux moyens de communication. Que les cris de victoire proférés au Midi retentissent à l’armée du Nord. En passant par la Convention nationale, ces proclamations de victoire acquerront quelque chose de terrible et d’heureux, dont la République a besoin dans la frontière où les ruines et les cendres de Lan-drecies appellent la valeur des républicains. Républicains du Nord, Landrecies est brûlé, et les incendiaires barbares de cette frontière sont impunis ! Seront-ils long-temps invaincus ? Ecoutez ce que le peuple français proclame pour les armées de l’Italie et des Pyrénées par l’organe de ses représentans, et frappez au cœur le plus atroce ennemi de la République, l’esclave autrichien (1) . La Convention nationale décrète l’impression et l’envoi [de ce rapport] aux armées de la République par un courrier extraordinaire. « Elle décrète que l’armée d’Italie ne cesse de bien mériter de la patrie; » Que les noms de Brulé et de Langlois seront inscrits sur la colonne du Panthéon; » Que l’armée des Pyrénées-Orientales a bien mérité de la patrie dans la journée du 10 floréal; » Qu’il sera fait mention honorable au procès-verbal de la conduite des braves républicains de l’armée des Pyrénées-Occidentales. » La Convention nationale autorise en outre le Comité de salut public à récompenser les actions courageuses des 8 tirailleurs et du vieillard basque.» (1) Rapport imprimé par ordre de la Conv., broch. in-8°, 15 p. (AD XVIIIe 304); Reproduit dans M.U., XXXIX, 281; Débats, n°8 594, p. 209-214; 595, p. 230- 232; J. Paris, nos 492, 493; Feuille Rép., n08 308, 309; Rép., n° 138; J. Fr., n° 590; J. Sablier, n° 1302; J. Mont., n08 11, 12; J. Perlet, n08 593, 594; Ann. patr., n° 491; J. TJniv., n08 1625, 1626; J. Sans-Culottes, n° 446; Mon., XX, 397; C. Eg., n° 627; Audit, nat., n° 531; J. Matin, n° 685; Mess, soir, n° 627; J. Lois, n° 586; Ann. R.F., n08 158, 159. L’impression du rapport et la distribution, au nombre de 6 exemplaires aux membres de la Convention, sont décrétées (1). 41 Sur la présentation du Comité de salut public, la Convention nationale nomme pour secrétaires de la commission de santé, les citoyens Théry et Ducos (2). 42 La section de Bonnet-Rouge est introduite à la barre (3) pour appeler la sollicitude paternelle [de la Convention] sur l’aristocratie des entrepreneurs. Un seul, dit l’orateur, et toujours le plus riche, est sûr d’aborder partout toutes les entreprises lucratives dont le juste partage présenterait à une multitude de bons citoyens des moyens d’existence pour leurs familles. Voulez-vous, Citoyens représentans, prévenir cet accaparement : décrétez que nul ne sera admis au concours des divers ouvrages qu’il ne soit muni de son certificat de civisme; vous éloignerez bientôt tous ces avides spéculateurs et le sans-culotte qui n’est point égoïste saura ne prendre que la portion du travail qui lui appartiendra sans nuire à son frère, le sans-culotte (4). Son adresse obtient la mention honorable et l’insertion au bulletin. 43 Le citoyen Hamot, maître de poste, père de famille âgé de 60 ans, présente en don patriotique, à la Convention nationale, 38 aunes de toile pour les défenseurs de la patrie (5). [. s.l. , 17 flor. 11] (6). « Citoyens représentans, C’est un vieillard de 60 ans, c’est un père de famille de 9 enfants dont 4 ont la gloire de combattre les suppôts des tyrans couronnés, c’est le citoyen Hamot, directeur et maître de poste de Bord’haut-de-Vigny, district de Pontoise, département de Seine-et-Oise, qui, présente à la Convention nationale, 38 aulnes de toile pour servir aux généreux défenseurs de notre liberté. Daignez les accepter, son cœur sera pleinement satisfait. (1) P.V., XXXVII, 35. Minute de la main de Barère (C 301, pl. 1070, p. 26). Décret n° 9042. Reproduit dans Bin, 17 flor. (2) P.V,. XXXVII, 35. J. Fr., n» 596. Minute de Barère (C 301, pl. 1070, p. 27). Décret n° 9041. (3) P.V, XXXVII, 35. M.V., XXXIX, 311. (4) Bln, 18 flor. (5) P.V, XXXVII, 35. (6) C 302, pl. 1083, p. 26.