ARCHIVES PARLEMENTAIRES. , 4 îiivôsa an U 24 décembre ,1303 266 [Goiieenti.aa uationale-.} Citoyens, le® armesde la République ont encore triomphé. Pendant que nou» décrétions des té-compenses nationales pour Ibs succès de t'armée contre Toulon, nous, ne pensions pas qu’elles étaient déjà méritées. C’est ainsi que les âmes libres s’entendent d’une extrémité de la Répu¬ blique à l’autre. Les intrigants coalisés du dehors sont chassés ; les intrigants coalisés de l’intérieur sont vaincus : la coalition des brigands couron¬ nés avait médité de paralyser la puissance na¬ tionale sut les mers. La vente honteuse de Toulon, la corruption semée dans Brest, et Fem-parement de Dunkerque étaient leurs points d’appuis. Mais les représentants du peuple ont conservé la commune de Brest à elle-même, à la République. Les Anglais ont lâchement fui devant Dunkerque. La Nation française, indi¬ gnée de tant de trahisons, a tenté un dernier effort contre les infâmes Toulonnais. Ainsi donc l’Anglais a échoué à Dunkerque, à Saint-Malo, à Grand ville, à Cherbourg, à Brest, à Bordeaux, à Marseille et à Toulon. Ainsi donc la Médi-terrannée est reconquise. Le canal de navigation du commerce français est enfin libre. Le canon victorieux tiré contre l’Espagnol fugitif et l’An¬ glais destructeur a déjà retenti aux Dardanelles et dans toute l’Italie. La Corse sera délivrée de F ambition vénale des paolistes et les subsis¬ tances assurées rendront enfin à tout le Midi l’énergie qu’il n’aurait jamais dû perdre. Les subsistances; voilà la grande conquête de Tou¬ lon. Ainsi disparaissent à la fois la famine et la calomnie, les intrigants et les diffamateurs. Encore hier, les aristocrates dans leurs salons dorés, annonçaient de prétendus revers sur le fort de Lamalgue : des intrigants exhalaient leur hypocrite douleur. On décriait les représentants ; des mouvements désordonnés et contradictoires étaient imprimés à l’opinion publique; des ter¬ reurs étaient répandues. L’esprit public mena¬ çait d’une dégradation sensible. Citoyens, le génie de la liberté a d’un coup effacé tons ces obscurs ennemis, tous ces vils intrigants qui trafiquent des fausses nouvelles et des fausses terreurs; tous ces corrupteurs du peuple qui l’égarent ou l’exaspèrent en sens di¬ vers, vont disparaître avec leurs motions insen¬ sées et leurs nouvelles particulières. Heureuse¬ ment cette tourbe d’intrigants n’a pu parvenir assez tôt jusqu’aux frontières de la Méditerranée, Nous n’avons eu des succès à la Vendée que lorsque les intrigants ont disparu. Nous n’avons eu des succès à Toulon que lorsqu’on s’est rallié autour d’un arrêté sorti du centre du gouver¬ nement. Pour les terrasser, il me suffira de vous apprendre lés détails que nous recevons. Lire ces lettres, c’est lancer la fondre contre les aris-Urt Membre. Je demande que eette heureuse nou¬ velle soit notifiée sur-le-champ à la commune de Paris : afin qu’elle la fasse répandre aussitôt dans toutes les sections. On lit une lettre de Fréron à Moyse Bayle, Elle renferme de nouveaux détails. Bahère annonce une lettre de Marseille, fl la lit. Elle renfermé le récit des traits de bravoure qui ont illustré un grand nombre de soldats républicains. La Convention approuve les promotions faites ar le représentant du peuple sur le champ de at aille. Il se plaignait de ne pouvoir élever au grade d’officier les soldats qui s’étaient distingués à «es côtés, parce que la loi F en empêchait. La Conven¬ tion l’autorise à y déroger. t ocrâtes, les hypocrites et les contre-révolution1- naires. Les représentants du peuple auprès de l'armée di¬ rigée contre Toulon, au comüê de S (dut publie-. Au quartier général d’OIUoules, le 28 frimaire. « Nous vous avions annoncé; citoyens collè¬ gues;. que le résultat de l’affaire du 10: n’était que l’avant-coureur de plus grands succès. L’é¬ vènement vient de justifier notre prédiction. « En conformité de votre arrêté, toutes les mesures avaient été prises pour que les brigands qui s’étaient lâchement emparés de l’infâme Toulon, en fussent bientôt chassés avec ignomi¬ nie, « Nous n’avons pas perdu un seul instant, et avant même que tontes les forces attendues fussent réunies, nous avons commencé notre attaque;, elle a été principalement dirigée sur la redoute anglaise dominant les forts de l'Ai¬ guillette et de Balagnier, défendue par pins de 3,000 hommes, 20< pièces de eanon et plusieurs mortiers. « Les ennemis avaient épuisé les ressources de Fart pour la rendre imprenable; et nous vous assurons qu’il est peu de forts qui présentent une défense aussi imposante, aussi inexpugnable que cette redoute. Cependant elle n’a pu tenir à l’ardeur et au courage des braves défenseurs de la patrie. Les forces de cette division, sous les ordres du général Laborde, et où le général Dugommier s’est honorablement distingué, ont attaqué la redoute à 5 heures du matin, et à 6 heures, le pavillon de la République y flottait. Si ce premier succès coûte à la patrie environ 200 hommes tués et plus de 500 blessé®, l’en¬ nemi y a perdu toute sa garnison dont 500 hom¬ mes sont prisonniers, parmi lesquels on compte 8 officiers et un prineipule napolitain. « La malveillance n’avait rien négligé pour faire manquer cette importante expédition ; mais distribués dans les différentes colonnes, nous avons rallié ceux qu’on avait effrayés un instant. A notre voix, au nom de la liberté, au nom de la République, tous ont volé à la victoire et la redoute anglaise, et les forts de l’Aiguillette et de Balagnier ont été emportés de vive force. « La prise de cette redoute, dans laquelle les ennemis mettaient tout leur espoir, et qui était pour ainsi dire, le boulevard de toutes les puis¬ sances coalisées, les a déroutés; effrayés de ee succès, ils ont abandonné, pendant la nuit, lés forts de Malbosquet et du Pomet; ils ont fait sauter le dernier de désespoir; ils ont aussi éva¬ cué les redoutes rouge et blanche, la redoute et le fort Pharon ■ ils ont pris des mesures pour mettre leur flotte à l’abri de nos canons� et de nos bombes qui n’ont cessé de les accabler. « La flotte est dans ee moment hors de la grande rade; les ennemis ont embarqué beau¬ coup de Toulonnais et la pins grande partie de leurs forces; ils ont pourtant laissé des troupes au fort Lamalgue, et dans la ville, pour protéger leur retraite. Nous sommes maîtres de la Croix des signaux, du fort V Artigue et du cap Brun. Nous espérons que dans la nuit nous serons maîtres du fort de Lamalgue, et demain nous serons, dans Toulon, occupé» à venger la Ré¬ publique. « Plus de 400 bœufs, des moutons et des co¬ chon®, seules troupes que le pape ait envoyées avec quelques moines, des fourrages, des previ- [Oanrenlfon nationale*} AltCHfiïSîS; PARLEMENTAIRES. }-a* “V®**,?* fL, 26? 1 24 decemBre 1793 «ions de toutes espèces, des tentes, tous les équi¬ pages que les ennemis avaient dans leurs forts et redoutes, et plus de MtOspièce» «te gros calibre «ont en notre pouvoir. Mon» vous donnerons sous peu de jours l’état de eeux qui se sont le pl is distingués, et à qui nous aurons accordé des récompenses. Vous verrez par cet état que nous avions tiré de la, division, de Nice toutes les forces qui se trouvaient disponibles, que nous n’avions rien négligé pour prendre cette ville à jamais ■exécrable. Notre première lettre sera datée des ruines dè Toulon. Nous ne vous avons pas écrit plus tôt par la raison qu’étaut à cheval depuis plusieurs jours et plusieurs nuits, tous nos mo¬ ments ont été tellement employés, que nous n’avons pu disposer d’un seuL pour vous écrire. « Signé : Ricorti, Fréron et Robespierre jeune. P. S. Notre collègue-Barras, qui se trouve à la division commandée par le général Lapoype, nous a annoncé la prise de vive force de toutes les hauteurs de la montagne de Pharon, et de l’évacuation de la redoute du fort de ce nom, -et de 80 prisonniers, y compris un lieutenant-colonel anglais. Il vous fera part des succès que cette division a obtenus, et qui sont le résultat -et l’exécution du plan arrêté par le comité de Salut public. En un mot, l’attaque générale a été si bien combinée, que, dans vingt-quatre heures, tous les postes ont été attaqués et occu¬ pés par les deux divisions de l’armée de la Ré¬ publique. « Salut et fraternité. » Les représentants du peuple envoyés par la Con¬ vention près V armée dirigée contre Toulon. — Au quartier général d’Ollioules. le 20 frimaire. « La ville infâme offre en ce moment le spec¬ tacle le plus affreux. Les féroces ennemis de la liberté ont mis le feu. à l’escadre avant de s'eii, fuir l’arsenal est embrasé, la ville est presque déserte : on n’y rencontre que des, forçats qui ont brisé leurs fers dans le bouleversement du royaume de Louis XVII. Les troupes de la Ré¬ publique occupent èn ce moment tous les postes ; deux explosions qui se sont manifestées, nous ont fait craindre quelque embûche. Nous diffé¬ rons de faire entrer l’armée jusqu’après la visite de tous les magasins à poudre. Nous nous occu¬ perons, dans le jour, des mesures à prendre pour venger la liberté et les braves républicains morts pour la patrie. L’escadre ennemie n’est pas encore sans inquiétude ; les vents la contrarient, «lie peut être forcée de rentrer sous la portée de nos batteries. La place a été bombardée depuis hier à midi jusqu’à 10 heures, ce qui a précipité là. fuite des ennemis et des habitants criminels. On a trouvé 200 chevaux espagnols sellés et bridés, qui n<’ont pu être embarqués. L’embar¬ quement s’est fait en désordre; deux chaloupes remplies de fuyards ont été coulées à fond par nos batteries : pour peu que le temps prolonge lu, traversée de l’escadre, il’ est impossible qu’elle n’éprouve les plus grands fléaux ;■ tous les bâti¬ ments étant remplis de femmes, et l’ennemi ayant à. bord 5j000 malades au moins. A demain ■d’autres détails. « Signé : Fréron, Robespierre, Ricord, Saucetti. ». (A cet endroitie Moniteur reproduit la leWr&ùm citoyen Boulet, qm fut lue par Guifroy et que nous avoue insérée phis haut,. page 255); « Les brigands ont fait des désastres en fuyant : c’est ainsi que les bêtes féroces mar¬ quent toujours leur pas par des destructions; mais les bois des émigrés, T activité des marina� la réquisition des ouvriers, les richesses des aris¬ tocrates, nous redonneront bientôt une marine formidable. « J amais armée ne s’est conduite avec autant d’héroïsme : les représentants du peuple mar¬ chaient à la tête des colonnes républicaines. Sa¬ li cctti et Robespierre jeune, le sabre nu à l'a main, ont indiqué aux premières troupes de la République le chemin de la victoire, et ont monté à l’assaut. Ils ont donné l’exemple du courage : Ricord était aussi à la tête d’une co¬ lonne. La pluie, le temps le plus affreux, n’ont pu ralentir un instant l’ardeur des représentants du peuple et des armées républicaines. Vous dé¬ créterez donc unanimement que l’armée dirigée contre Toulon a bien mérité de la patrie. » (Toute V Assemblée se lève en eriant : Oui !' oui!) Le Président met aux voix la proposition; Elle est décrétée par une acclamation, unanime au bruit des applaudissements des spectateurs, Barère-Depuis longtemps le peuple vous demande des fêtes civiques. Quelle plus belle circonstance s’est présentée aux législateurs pour décréter une fête nationale ! C’est là, c’est au milieu du peuple, en présence de la justice im¬ partiale et souveraine, que les représentants près de Toulon doivent distribuer les couronnes civiques et les récompenses nationales aux sol¬ dats de la République, qui ont fait des actions héroïques. Nous ne vous proposerons aucun» récompense particulière pour les représentants du peuple. Avoir rempli son devoir est. notre plus belle récompense., Mais ce n’est pas assez eq révolution de décerner des récompenses, il faut aussi infliger des peines. Il faut que les noms des villes rebelles disparaissent avec les traître», comme une vile poussière. Le nom de Toulon sera sera donc supprimé, Il faut que la conquête des montagnards-sur les Brissotins qui avaient vendu, Toulon, soit imprimée sur le lieu où fut Toulon. Il faut que la f oudre nationale écrase toutes les maisons des marchands Boulonnais. Il ne doit plus y avoir qu’un port et des établissements nationaux et nombreux pour le service des armées, des flottes des escadres, et pour le» subsistance» et les ap¬ provisionnements, Si noua avions fait de, tels exemples sur plusieurs villes rebelle», Valencien¬ nes ne serait pas au pouvoir de l’ennenti, Peuple, c’est, ton bras qui a reconquis le port pour ton commerce, les établissements publics pour tes subsistances ! C’est au prix d'e ton sang, c’est au bruit de tes exploits, que tu as repris les greniers d’abondance de l’Italie. De l’union, du courage, et la liberté ne sera point affamée. Mais qu’ils ne soient pas méconnus les ser¬ vices que tes représentant» ne cessent de rendre dans leur mission;. «Fax vu le moment où l’opi¬ nion allait faiblir, où des représentants cou*a-geuix étaient presque dénoncés par une aristo¬ cratie prétendue' patriotique; Eb bien ! apprenez que la destruction dte Lyon et que les cadavre» des traîtres ont porté l'épou¬ vante dans l’armée des Espagnols et. des Anglais,