SÉANCE DU 21 THERMIDOR AN II (8 AOÛT 1794) - N° 2 335 peuple, réuni à ses représentans, les foudroyera, comme le soleil dévore ces insectes venimeux qui naissent dans la fange des marais. Nous avons terminé cette touchante cérémonie en chantant avec transport ces couplets des Versaillois dont le refrein exprime si bien les sentimens qui nous animoient et que la mort seule effacera de nos coeurs : Nous ne reconnaissons en détestant les rois Que l’amour des vertus et l’empire des loix. Morliere. 2 L’administration du département de Lot-et-Garonne envoie plusieurs exemplaires de l’arrêté qu’elle a pris le premier de ce mois pour inviter les administrés à concourir, par une souscription volontaire, à la construction d’un vaisseau qui sera offert à la patrie en don patriotique. Mention honorable, insertion au bulletin (1). [L'adminn du départ 1 de Lot-et-Garonne à la Conv.; Agen, 4 therm. II] (2). Citoyens représentans, Nous avons vivement applaudi au décret que vous avez rendu le 7 prairial contre les féroces insulaires qui depuis deux ans ont mis à l’ordre du jour, contre les républicains français et leurs représentans, la calomnie, les poignards, la trahison et tous les crimes. Nous vous transmettons un arrêté que nous avons pris pour que le département de Lot-et-Garonne contribue, de tout son pouvoir, concoure de tous ses moyens, à opérer l’anéantissement d’un peuple atroce qui a souillé trop longtems la terre de son existence liberticide. S. et F. Lassort, Guyal, Diellès. Arrêté de l’admnistration du département de Lot-et-Garonne, portant invitation aux citoyens de ce département d’offrir à la patrie un vaisseau de guerre. Séance du 1er thermidor, an deuxième de la République, une et indivisible. Le directoire du département de Lot-et-Ga-ronne, considérant que dans une guerre qui ne doit être terminée que par la mort du dernier Anglais, il importe de développer une énergie égale à la grandeur et à la justice de la cause que défend le peuple français; Considérant que, s’il est un département où l’horreur du nom Anglais se soit perpétué de génération en génération et où les bons citoyens aient désiré l’accomplissement du vœu national (1) P.-V., XLIII, 109. B ", 27 therm. (2e suppl1). (2) C 313, pl. 1245, p. 6, 7; (la mention marginale porte, sur l’original : renvoi au comité de salut public); J. Sablier, n° 1487. sur l’anéantissement de l’Angleterre, c’est celui où cette nation barbare a dominé pendant trois siècles, et qui pendant trois siècles a été le théâtre de sa perfidie et de ses crimes; Considérant que les forfaits commis par les Anglais dans les colonies, à Toulon et dans la rade de Gênes; que la conduite scélérate de Pitt qui créa la Vendée et soudoya les poignards assassins dirigés contre les représentants du peuple, ont dû convaincre tous les vrais républicains que l’existence de cette nation féroce est incompatible avec la liberté et la vertu, et que lorsque les Français auront purgé la terre de cette horde de brigands, ils auront bien mérité du genre humain; Considérant que ce seroit un spectacle bien imposant, bien majestueux, que de voir flotter sur les mers autant de voiles que la république compte de départemens; quatre-vingt-quatre vaisseaux, offerts par le patriotisme, se disputant entr’eux de courage, et brûlant de se distinguer à l’envi par des actes éclatants d’héroïsme; Considérant que toutes les mesures tendantes à assurer la prospérité de la république et le triomphe de la vertu, sont toujours accueillies et adoptées avec enthousiasme par les citoyens de Lot-et-Garonne; Six membres délibérant, arrête ce qui suit : Art. premier. Les citoyens du département de Lot-et-Garonne sont invités à faire tous les sacrifices que leur fortune leur permettra, pour qu’il en résulte des fonds suffisans pour faire construire un vaisseau qui sera offert à la convention nationale en don patriotique. IL Pour réaliser promptement cette offrande civique, il sera ouvert des registres de souscription dans les districts, dans les municipalités et dans les sociétés populaires. III. Tous les cinq jours, les listes des souscripteurs seront remises, par les sociétés populaires, à l’agent national de leur commune, qui les fera passer à l’agent national du district; elles seront, par ce dernier, transmises au département. Ces listes seront imprimées et affichées dans toutes les communes. IV. Les sociétés populaires sont spécialement invitées à rappeler, dans toutes leurs séances, l’objet du présent arrêté, et à prendre, pour augmenter et accélérer les souscriptions, les moyens que leur patriotisme et leur désir d’être utiles pourront leur suggérer. V. Dès que les listes seront terminées, il sera dressé un tableau général par district, des souscriptions, pour être envoyé au comité de salut public. VI. Le département fera prendre à Roche-fort, ou dans tout autre port de la république, tous les renseignemens convenables pour être fixé sur la dépense du vaisseau proposé, et sur le temps où il pourra être construit. Toutes les communes du département en seront informées. VIL Le présent arrêté sera envoyé à la Convention nationale, au comité de salut public, au comité de la marine et des colonies, à la députation de Lot-et-Garonne, aux quatre-vingt-quatre départemens, aux districts, et, par eux aux municipalités, comités de surveillance 336 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE et sociétés populaires de ce département : il sera imprimé, publié et affiché. Fait à Agen, en directoire du département de Lot-et-Garonne, les jour, mois et an susdits (1). Signés : Lassort, président; Lacoste, Bidou, Lalyman, Loudoux et Dupin, administrateurs. Pour expédition : le secrétaire général du département de Lot-et-Garonne. Signé : Diché. 3 Le citoyen Rogniat, ex-député à l’Assemblée législative, fait hommage à la Convention d’un ouvrage intitulé : Moyens mécaniques; manière de s’en servir pour tirer dans tous les pays un grand parti de la force des vents. Mention honorable de l’offrande, et renvoi au comité d’instruction publique (2). [Paris, 21 therm. II] { 3). Représentants du peuple, Une grande force, celle du vent, agit sur toute la surface du globe. Sur l’océan, elle entraîne dans son cours nos vaisseaux d’un hémisphère à l’autre; sur terre elle donne, dans quelques contrées, le mouvement à des lourdes masses de pierre qui écrasent les grains dont nous composons notre nourriture. Mais voilà à peu près tout le service que l’homme a su tirer jusques ici d’un agent aussi puissant et aussi répandu. J’ai longtemps médité, travaillé, fait des essais pour donner à cette force un emploi plus étendu pour nos besoins, et je viens aujourd’hui faire hommage à la Convention des nouveaux moyens mécaniques qu’il m’a fallu inventer pour y parvenir. L’ouvrage que je vous offre, citoyens représentants, renferme, avec ces nouveaux moyens, un tableau des principaux avantages qu’on peut retirer pour la société de l’emploi de la force du vent. Ces avantages vous paroîtront sans doute assés grands pour les juger dignes de votre attention; et j’ose espérer, pour la perfection de l’agriculture et des arts, que la Convention, après avoir envoyé l’examen de mon ouvrage à ses comités, prendra mes inventions en considération, et en ordonnera successivement l’exécution pour tous les objets qui sont d’utilité publique. Rogniat (ex-député à l’Assemblée législative). 4 La société populaire de Béziers (4) informe la Convention qu’elle a monté, armé et équipé à ses frais un cavalier qui sert dans l’armée des Pyrénées-Orientales, et qu’elle a fait passer au receveur général à Montpellier (1) A Agen, chez la Veuve NOUBEL et fils aîné, Imprimerie du département, et libraires, rue Garonne, nos 2 et 3. (2) P.-V., XLIII, 110. Reproduit dans B?n, 30 therm. (2e suppl'). (3) C 315, pl. 1263, p. 26. (4) Hérault. un fonds d’environ 17 000 livres, produit d’une souscription volontaire pour contribuer à la construction d’un vaisseau; qu’en outre elle fait construire à ses frais une voiture suspendue et commode pour le transport de nos frères d’armes blessés : elle joint un état de différens effets d’habillement qu’elle a fait passer à l’armée des Pyrénées - Orientales . Mention honorable, insertion au bulletin, renvoi au comité des marchés (1). [La sté régénérée des Jacobins de Béziers amis de la constitution de 1 793, au cn président de la Conv.; Béziers, 2 therm. 7/7(2). Citoyen président, Notre société ne s’est point bornée à procurer à nos braves frères d’armes des chemises, des souliers et autres effets dont tu trouveras ci-joint un état détaillé : elle a monté, armé et équipé un cavalier jacobin qui sert dans l’armée des Pirénées-Orientales; et elle a fait passer au citoyen Poitevin, receveur-général à Montpelier, un fonds d’environ 17 000 liv., qu’elle a fait avec le concours des bons citoyens de notre comune, lequel fonds est destiné pour contribuer à la construction du vaisseau appellé l’Hérault. Ce n’est pas tout. Notre société fait construire actuellement une voiture suspendue qui sera infiniment commode pour le transport de nos frères d’armes malades : elle contiendra 16 ou 18 personnes. Voici encore, citoyen président, un trait de républicanisme que la Convention nationale apprendra avec intérêt. Notre société fut instruite, ces jours derniers, dans une de ses séances, que quatre orphelins de notre commune se trouvoient sans azile, sans appui, et absolument dénués de tout secours. Notre société porta de suite un regard paternel sur ces quatre infortunés. Il fut nommé aussitôt quatre comissaires pour les soigner et adoucir l’amertume de leur sort. Le premier soin des comissaires fut de leur acheter des vêtemens pour les couvrir. Tous les sociétaires, présens à la séance, s’approchèrent, par un mouvement spontané, du bureau, et là, chacun, consultant moins ses facultés que son devoir de secourir l’humanité souffrante, se hâta de reme-tre aux secraitaires une certaine somme, non pas dans l’idée de faire un don, mais bien de s’aquitter d’une dette sacrée. Indépendamment des fonds qu’il y eut en masse dans le même instant, la société donna pouvoir aux commissaires de prendre dans la caisse de son trésorier tous les fonds qui leur seroient nécessaires pour subvenir aux besoins de ces quatre enfants. Tu vois par là, citoyen président, que les vertus républicaines sont à l’ordre du jour dans notre société. S. et F. Vive le peuple ! Vive la Montagne ! Périssent les tirans, les traîtres, et les fédéralistes ! (1) P.-V., XLIII, 110. Bln, 27 therm. (2e suppl1); J. Sablier. n° 1487. (2) C 315, pl. 1263, p. 12.