354 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE ferons tout ce qui sera possible pour profiter de la victoire sans compromettre nos succès. Il résulte du langage de tous les prisonniers et déserteurs que le moral de ces messieurs est très fort ébranlé, ils sont las de la guerre et soupirent après leur retour en Allemagne. On a pris la voiture de Latour, son secrétaire et ses papiers. Salut et fraternité. Signé, Gillet. b [Jourdan, général en chef de l’armée de Sam-bre-et-Meuse, au comité de Salut public, Liège le 3e jour des sans-culottides an II] (37) Citoÿens Représentans L’ennemi a quitté la nuit dernière le camp de la Chartreuse; les immenses décombres qu’il avoit accumulées à la porte de Liège et qu’il nous a fallu deblaÿer ne nous ont pas permis de marcher à sa poursuite avant huit heures du matin. Nous avons cependant ramené beaucoup de déserteurs. La perte de l’ennemi a été beaucoup plus considérable que je ne vous l’ai annoncé, les rapports des déserteurs s’accordent à dire qu’il est des régimens dont il ne reste plus que cent cinquante hommes (38). Comme nous avons été occupés toute la journée à le poursuivre et à prendre de nouvelles dispositions, je n’ai pas pû me procurer des détails circonstanciés sur la brillante journée d’hier, aussitôt qu’ils me seront parvenus, je vous les ferai passer. Salut et fraternité. Signé, Jourdan. 15 La Convention nationale, après avoir entendu le rapport [de Carnot, au nom] de son comité de Salut public sur l’action qui a eu lieu près de Liège et de Maës-tricht, le deuxième jour des sans-culottides, déclare que l’armée de Sambre-et-Meuse ne cesse de bien mériter de la patrie (39). (37) C 321, pl. 1338, p. 3. Débats, n° 732, 10 ; Bull., 1er vend. ; M. U., XLIV, 18 ; Rép., n° 2 ; Gazette Fr., n° 996 ; Ann. R.F., n° 2 ; F. de la Républ., n° 2 ; J. Univ., n° 1 764. (38) Correction faite sur le manuscrit qui indiquait 300 hommes. (39) P.-V, XLVI, 5. C 320, pl. 1327, p. 4. Décret non numéroté, de la main de Carnot, rapporteur. Débats, n° 731, 6 et n° 732, 10 ; Bull., 1er vend. ; Moniteur, XXII, 40 ; J. Fr., n° 727 ; M.U., XLIV, 12 ; Rép., n° 2 ; Mess. Soir, n° 765 ; Ann. R.F., n° 2 ; F. de la Républ., n° 2 ; J. Perlet, n° 730 ; J. Univ., n° 1 723. 16 Le membre du comité de Salut public [Carnot], qui vient de faire le précédent rapport, fait part de la demande du représentant du peuple Soubrany, d’un congé pour rétablir sa santé. La Convention lui accorde un congé de trois décades (40). 17 La Convention nationale, sur la proposition [de Carnot, au nom de] de son comité de Salut public, nomme aux emplois va-cans dans l’armée les citoyens ci-après. Savoir : 1. A celui de sous-lieutenant au deuxième bataillon du trente-deuxième régiment, Lafaye, grenadier au dix-neuvième bataillon des volontaires nationaux. Lors de la levée du pont de Monçeau, ce brave militaire voyant le citoyen Se-naimont, capitaine d’ouvriers d’artillerie, rester presque seul, lui dit : la patrie nous a confié ce poste; nous y mourrons ensemble, ou nous le sauverons. 2. A celui de capitaine au premier bataillon de tirailleurs de Mayenne-et-Loire, Cabaille, sous-lieutenant au deuxième bataillon du Loiret. Lors de la prise de Liège, il comman-doit quinze hommes avec lesquels il se précipita sur les batteries ennemies, s’empara d’une pièce de canon, et fit 80 prisonniers. 3. A celui de sous-lieutenant au troisième bataillon de la cent quatrième demi-brigade, Blanchard, caporal au deuxième bataillon du quatre-vingt-treizième régiment. Appercevant dans une affaire un de ses camarades embarassé de faire sa retraite, il vole à son secours; il est assailli lui-même par trois esclaves, qui veulent le forcer à se rendre ; mais il ne leur répond qu’en leur donnant la mort, et court délivrer son ami. 4. A celui de sous-lieutenant au dixième bataillon de la Haute-Saône, La-fargue, volontaire au troisième bataillon de Lot-et-Garonne. Blessé d’une balle dans le bois de Rhin-feld, il eut le courage de l'arracher lui-même et d’en charger son fusil. 5. A celui de sous-lieutenant au premier bataillon de Mayenne-et-Loire, Roussel, soldat au deuxième bataillon du cent cinquième régiment. (40) P.-V., XLVI, 5. C 320, pl. 1327, p. 5. Décret non numéroté. Rapporteur : Carnot.