[Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [27 mai 1790.] 697 l’a demandée : c’est le vœu que vient vous apporter la ville de Sens; c’est celui de toutes les provinces. La nature du gouvernement l’exige, et Je patriotisme de la ville de Paris la rend digne de cet honneur. Croyez, Messieurs, que ce ne sont pas de vaines préférences qu’elle sollicite ; les sacrifices qu’elle a faits, ce qu’elle souffre encore dans cette lutte de la liberté contre ses oppresseurs, vous répond assez, ainsi qu’à tout le royaume, qu’il n’est dans cette vie aucune espèce de" bien, d’espérance, de bonheur, de repos, qu’elle ne soit prête à sacrifier; et c’est ainsi que nous voulons dompter la haine de nos tyrans; nous voulons que notre constance à soutenir tous les maux dont ils nous ont accablés, fasse leur désespoir. Nous avons vaincu, puisque nous savons souffrir. Il n’est de salut pour eux que notre générosité et la vôtre, Messieurs, si la justice vous permet de l’écouter. « Fidèle à ses serments, la section de Saint-Eustache, toute la ville de Paris est soumise à vos sages décrets, et c’est pour les placer sur l'autel de la liberté, qu’elle aspire au moment d’une confédération générali >, et sur cet autel, en présence du meilleur des monarques, sous les yeux des pères de la patrie, à prêter le serment d'union et de fidélité à la nation, à la loi et au roi. » M. le Président répond : « Messieurs, l’Assemblée nationale, qui connaît depuis longtemps le patriotisme des habitants et. de la garde nationale de Paris, me charge de vous témoigner sa satisfaction du zèle que vous témoignez pour le bien public. Elle prendra, dans la plus haute considération, l’objet de votre demande, qui ne tend qu’à faire de tout le peuple français une seule et même famille, réunie par le même intérêt et par son amour pour la Constitution. C’est de cette coalition de tous les bons citoyens, coalition à la tête de laquelle est le monarque lui-même, que dépend le succès des opérations de l’Assemblée nationale. Désormais plus d’ennemis à craindre; et la France, aussi puissante à l’extérieur que libre à l’intérieur, va reprendre dans le monde politique la place qu’elle doit y occuper. L’Assemblée nationale, qui veille également sur toutes les classes des citoyens, prendra en considération votre demande sur les pauvres et les mendiants. Elle me charge de vous dire que vous devez compter sur l’intégrité et la vigilance des tribunaux. Elle vous permet d’assister à sa séance. » M. Girard, major de la garde nationale de Narbonne, admis à la barre, fait un discours rempli des sentiments les plus patriotiques ; il supplie l’Assemblée de ne pas lui refuser la délicieuse satisfaction de faire partager une partie de sa fortune aux soldats volontaires de la Bastille, et de récompenser leur généreux patriotisme en accordant une pension de 300 livres aux veuves des infortunés citoyens, qui, se dévouant à une mort glorieuse, ont expiré sur la brèche, martyrs de la liberté. Il demande en même temps la permission d’élever à Narbonne un obélisque pour transmettre à la postérité la régénération du royaume, les triomphes de l’Assemblée, et la gloire du prince, le père et l’ami de son peuple. 11 a terminé son discours par ces paroles remarquables ; « Sauvons la monarchie; voilà mon cri, voilà mes vœux : sauvons! mouarchie, braves et généreux Français; c’est le cri de la patrie, c’est l’impulsion des grands cœurs, c’est le soupir, c’est l’élan d’un citoyen qui pariera de la patrie jusqu’à ce que sa voix ne puisse plus se faire en’ tendre. » M. le Président répond : Monsieur, l’Assemblée nationale reçoit avec la plus vive satisfaction l’hommage de vos vœux et de votre patriotisme. L’obélisque pour l’élévation duquel vous demandez son suffrage, sera une preuve de votre amour pour le bien public, autant que l’expression de votre reconnaissance pour les représentants de la nation. G’