388 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. �novembre �J1 La Société populaire de Montfort-la-Canne [Montfort-la-Caune] invite la Convention na¬ tionale à rester à son poste, et demande ven¬ geance de l’affreux attentat fait à Toulon contre la majesté du peuple français : cette société demande aussi que la commune de Montfort-la-Canne prenne le nom de Montîort-la-Mon-tagne. Sur cette demande convertie en motion par un membre, « La Convention nationale décrète que la com¬ mune de Montîort-la-Canne [Montfort-la-Caune'! portera désormais le nom de Montfort-la-Montagne. » L’adresse sera insérée au « Bulletin » et il en sera fait mention honorable (1). Suit V adresse de la Société populaire de Mont-fort (2) : Adresse de la Société populaire de Monfort, dis¬ trict du même nom, département d’Ille-et-Vilaine, à la Convention nationale. « Citoyens représentants, « Jusqu’ici, notre ville a été connue sous le nom de Montfort-La-Caune; cette dénomina¬ tion, fruit antique de la superstition la plus absurde, ne peut qu’en rappeler et perpétuer le souvenir. Il est temps d’effacer ces traces go¬ thiques de l’erreur des peuples et des mensonges politiques de leurs prêtres. « Nous demandons que vous nous autorisiez à donner à notre ville un autre nom qui, en effa¬ çant la superstition des anciens temps, nous rap¬ pelle sans cesse à l’objet du vrai culte de tous les bons républicains, à l’objet de notre recon¬ naissance et de notre admiration et de notre amour. Nous demandons que notre ville prenne le nom de Montfort-la-Montagne. « C’est vers cette sainte Montagne que nous élevons nos cœurs pour vous prier de rester à votre poste jusqu’à la consolidation de votre propre ouvrage, jusqu’à la fin de vos glorieux travaux. C’est à vous que nous adressons nos vœux en vous demandant vengeance de l’af¬ freux attentat fait à Toulon contre la majorité du peuple français. Quoi ! les nations les plus reculées de l’Asie et de l’Afrique n’auraient pas osé autrefois charger de fers un simple citoyen de la république romaine, et l’infâme cour du tyran des îles voisines ose, en dictant le plus abominable des forfaits, insulter à toute la Répu¬ blique française ! « Citoyens, la seule détention d’un ambassa¬ deur romain fit voler au bout de l’hémisphère des légions vengeresses. C’est par cette fermeté de caractère que Rome-république fut si redou¬ table. « Il est temps que cette cour tyrannique qui a la jactance de croire qu’on ne tirera plus un seul coup de canon sur les mers, sans sa permis¬ sion, apprenne à trembler pour ses foyers, éprouve ce que peut pour sa propre vengeance le génie de la liberté française et que le tyran (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 24, p. 336. ’ (2) Archives nationales, carton C 280, dossier 765. voie si le canon républicain a besoin de sa per¬ mission pour le punir. « Les républicains composant la Société popu¬ laire de Montfort. » (Suivent 27 signatures.) Les membres du conseil général de la com¬ mune de Montagne-sur-Aisne annoncent qu’ou¬ tre les cloches qu’ils ont fait descendre très exac¬ tement, ils font passer 108 marcs 6 onces d’ar¬ genterie provenant des deux églises de leur com¬ mune. Mention honorable, insertion au « Bulle¬ tin » (1). Suit la lettre des membres du conseil général de la commune de Montagne-sur-Aisne (2) : Au citoyen Président de la Convention nationale. v Montagne-sur-Aisne, ci-devant Sainte-Menehould, ce 11e jour du 2e mois de la 2e année de la République fran¬ çaise. « Citoyen Président, « Nous vous prions d’informer la Convention nationale qu’indépendamment des cloches que nous avons fait dépendre dans les deux églises de notre commune, où il n’en est resté que le nombre prescrit par le décret, nous avons fait remettre à l’administration de district de cette ville la quantité de 108 marcs 6 onces d’argen¬ terie provenant desdites églises. « Les membres composant le conseil général permanent de Montagne-sur-Aisne, « Farcy, maire ; Ciiouet; Delapaix; L. Picart. » � Le procureur général syndic du département de la Drôme annonce à la Convention nationale le bon effet d’un arrêté pris par l’administration pour se procurer des armes, consistant à accorder une prime d’encouragement à tout citoyen qui opérera ou fera opérer une découverte de fusils de calibre; il désire que cette mesure soit rendue générale. � Il fait part des regrets que les jeunes citoyens du district de Nyons, montrent d’être réformés par défaut de taille ou de conformation, et fait passer la lettre des administrateurs de ce district à cet égard, ainsi que quelques exemplaires de l’arrêté du département.� Mention honorable, insertion au « Bulletin » et renvoi au comité de Salut public (3). Suit un extrait de la lettre du procureur général syndic du département de la Drôme, d’après le Bulletin de la Convention (4) : Le procureur général syndic du département de la Drôme instruit là Convention que cette (I) Procès-verbaux de la Convention, t. 24, p. 336. (2) Archives nationales, carton C 279, dossier 751. (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 24, p. 337 (4) Supplément au Bulletin de la Convention du 5e jour de la 2e décade du 2e mois de l’an II (mardi 5 novembre 1793). [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { 03“ 389 administration a étendu à tout le département l’arrêté qu’il avait pris pour le district de Valence, qui accordait une prime d’encourage¬ ment à tout citoyen qui opérerait ou ferait opérer une découverte de fusils de calibre. Cette mesure a fait trouver des armes par centaines, dans tel district que l’on en croyait totalement privé. La nouvelle levée est entièrement terminée dans toute l’étendue du département, sans se¬ cousse et sans l’apparence même d’un obstacle quelconque. Tout ce qui était requis s’est porté avec autant de joie que d’ardeur pour grossir la masse des défenseurs de la liberté, destinés à réduire l’infâme Toulon. Déjà 8 nouveaux ba¬ taillons sont organisés, et tous sont rendus à leur poste ou en route pour y arriver. Il y aura d’ailleurs de l’excédent dans ces deux districts dont la levée de la première classe n’a fourni qu’un bataillon. Le premier du district de Valence, arrivé le 13 octobre au soir (vieux style), au quartier général à Ollioules, a été au feu le lendemain, avec autant d’intrépidité et de bravoure que les troupes les mieux exercées. Dans le district de Nyons, les jeunes citoyens à réformer par défaut de conformation ou de taille, ont témoigné les mêmes regrets civiques que ceux du district de Valence. Les représentants du peuple près l’armée de la Moselle font passer 48 livres en argent, que le citoyen Guillot, lieutenant-colonel au 1er batail¬ lon de la Haute-Marne, leur a remis pour en faire don à la patrie. Ils envoient également 2 diplômes à bulle d’or, signés par le grand tyran, le défunt empereur François II, en faveur du petit despote Guil¬ laume-Frédéric-Auguste, noble de Freital; ils joignent à cet envoi 16 croix de Saint-Louis, avec le tableau nominatif de ceux qui leur ont remis leurs décorations et brevets militaires. Mention honorable du don patriotique du ci¬ toyen Guillot, et insertion au « Bulletin » de la lettre des représentants (1). Suit la lettre des représentants du peuple près V armée de la Moselle (2) : Les représentants du peuple près Varmée de la Moselle, au Président de la Convention natio¬ nale. k Au quartier général de l’armée de la Moselle, à Sarrebruck, le 8e jour du 2e mois de la seconde année de la République une et indivisible. « Le citoyen Guillot, lieutenant-colonel au 1er bataillon de la Haute-Marne, nous a remis 48 livres en argent, qui était le dernier et seul, numéraire qu’il possédait, pour en faire don à la patrie : nous vous les envoyons. « Nous vous envoyons également 16 croix de Saint-Louis et la liste des officiers de cette armée qui nous les ont remises dans les mois d’août et septembre derniers. « Nous vous envoyons aussi 2 diplômes à bulle d’or signés par le grand tyran, le défunt empe¬ reur François II, en faveur du petit despote Guillaume-Frédéric-Auguste, noble de Freital; l’un est une lettre de légitimation par laquelle sa soi-disant majesté impériale change en noble et illustre seigneur un enfant fait tout naturel¬ lement, et pour qu’il ne se confonde plus avec les hommes, on le hlasonne dans l’autre bulle. « Ces hochets ont été trouvés dans les archives du soi-disant prince Nassau-Sarrebruck. « Hte Richaud; Ehrmann; P. -A. SOUBRANY. » (1) Procès-verbaux de la Convention , t. 24, p. 337. (2) Archives nationales, carton C 278, dossier 739; Journal des Débats et des Décrets (brumaire an II, n° 413, p. 208); Bulletin de la Convention du 5e jour de la 2e décade du 2e mois de l’an II (mardi 5 no¬ vembre 1793). Cette lettre n’est pas mentionnée dans le Recueil des actes et de la correspondance du comité de Salut public de M. Aulard. TABLEAU.