436 | Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j “ ?é“mbre 1793 pas fertile en chevaux : où il avait été prévenu par des réquisitions sans nombre des généraux de l'armée d'Italie; où le 14e régiment de chas¬ seurs s'était remonté, et où Toulon et une partie des Alpes-Maritimes est encore au pouvoir de Pennemi. Le représentant du peuple rend justice aux corps administratifs de la commune d’Arles, qui Pont parfaitement secondé dans sa mission. Le peuple est à la hauteur des circonstances; la superstition est tombée, et l'on en a brûlé tous les signes dans une fête qui a été célébrée à Arles : tous les saints et les saintes se mettent en route pour la Monnaie de Paris. Insertion au « Bulletin » et renvoi au comité de Salut public (1). Suit la lettre de Goupiïleau (2). Ph. Ch. Ai. Goupiïleau, représentant du peuple dans la 9 e division, à la Convention natio-. nale. « Arles, le 13 frimaire de l’an II de la Répu¬ blique française. « Citoyens mes collègues, « Je n’ai reçu qu’hier, par le Bulletin de la Convention , le décret du 27 brumaire qui fixe le terme de ma commission. Je vais me confor¬ mer à ce qu’il me prescrit. « J’adresse par ce courrier, au comité de la guerre et au ministre le tableau général des che¬ vaux et de tous les effets d’armement et d’équi¬ pement que j’ai reçus. Le nombre des chevaux ne monte dans ce moment qu’à 781, mais des lettres d’avis m’annoncent qu’il m’en arrive encore environ 200 du Yar et des Alpes-Mari¬ times; ainsi le ministre de la guerre pourra disposer de 1,100 chevaux levés dans cette divi¬ sion, tous excellents et vigoureux. Je fais dépo¬ sitaire de tout la municipalité d’Arles, et je la charge de me donner avis à Paris, ainsi qu’au ministre de la guerre des chevaux et objets d’équipement qui lui parviendront après mon départ. « J’ai divisé tous ces chevaux en autant de locaux qu’il y a de départements, pour faciliter le travail des commissaires du conseil exécutif; les nombreux et vastes réfectoires des ci-devant moines d’Arles servent d’écurie, et leurs églises de greniers à foin : les fourrages ne manquent pas. « Cette levée ne laisse pas que d’être satisfai¬ sante dans un pays qui n’est pas fertile en beaux chevaux, et où. j’avais été prévenu par des réqui¬ sitions sans nombre des généraux de l’armée d’Italie, où le 14e régiment des chasseurs, s’étant remonté la veille du jour où j’y suis arrivé, et où Toulon et une partie des Alpes-Maritimes sont encore au pouvoir de l’ennemi. « Je dois, citoyens collègues, à la justice et à la vérité de vous dire que j’ai été bien secondé dans ma commission par les corps administra¬ tifs de la commune d’Arles; rien n’égale leur empressement à satisfaire aux diverses réqui¬ sitions qui leur sont faites pour l’approvision-(1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 178. (2) Archives nationales , carton AFn 252, pla¬ quette 2140, pièce 38. nement de nos armées et les besoins de la Répu blique; la Société populaire et tous les citoyen» sont, je vous l’assure, à la hauteur des circons¬ tances, et ils l’ont bien montré en triomphant, comme ils l’ont fait, de tous les genres d’aristo¬ cratie qui empoisonnaient leur belle atmosphère, et en étouffant cette secte impie dont vous n’avez. que trop entendu parler sous le nom des chif¬ fonniers ; aucun individu n’osera ici lever la. tête s’il n’est pas imbu des principes de la Révo¬ lution, et les Monaidiers justifient chaque jour le décret par lequel vous avez déclaré qu’ils. avaient bien mérité de la patrie. « Tous les signes de superstition ont dis¬ paru. Nous avons célébré solennellement la der¬ nière décade, les citoyens sous les armes, tous les corps administratifs et judiciaires dans leurs costumes et le peuple d’Arles ayant à leur tête une charrue précédée d’une musique militaire ont fait une procession civique dans les princi¬ pales rues et autour de la commune d’Arles, au bruit de plusieurs salves d’artillerie qui annon¬ çaient au loin l’anéantissement du fanatisme; dans le port, tous les bâtiments avaient déployé le pavillon de la République. Le cortège se rendit ensuite sur une place publique où, au pied d’une belle colonne de granit d’une seule pièce, qui fut autrefois sculptée par les Romains, et que les invariables Monaidiers ont consacrée à la mémoire de Marat, le procureur de la com¬ mune, monté sur le soc de la charrue, prononça un discours analogue aux circonstances, après lequel on mit le feu à tous les confessionaux de la commune qu’on y avait amoncelés. La fête finit par force farandoles, et des cris répétés de : Vive la République! « Les saints et saintes d’Arles se mettent aussi en route pour leur rendez-vous général à la Monnaie de Paris, mais comme leur substance n’est point aérienne, qu’elle est au contraire très matérielle et très lourde, il leur faudra bien quelques jours pour se rendre. «« Je pars aussi demain pour aller reprendre ma place à la Montagne, à laquelle je ne cesserai d’être fidèle. « Salut et fraternité. « Ph. Ch. Ai. Goupille au. » Le procureur syndic du district d'Autun écrit que ses concitoyens viennent de célébrer la fête la plus solennelle en l’honneur de la raison : il envoie à la Monnaie deux caisses d’argenterie d’église pesant 500 marcs. Mention honorable, insertion au « Bulletin» (1), Suit la lettre du procureur syndic d'Autun (2). Le procureur syndic du district d'Autun , au citoyen Président de la Convention nationale. « Autun, le 20 frimaire, l’an II de la Répu¬ blique, une et indivisible. « Citoyen Président, « Annonce à la Convention que les Autunois, ces fiers Montagnards de Saône-et-Loire, vien-(1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 178. (2) Archives nationales, carton C 284, dossier 815.